En salle

30 août 2013

Blogs et retraites : ça va chier !

A l'occasion de ma dernière semaine de vacances, je fais le point sur les blogs. Je l'ai dit l'autre l'autre jour : ça va chier. Plus exactement, j'ai dit : il faudra être violent. Ce billet a mal été compris. J'ai fait plusieurs billets sur la réforme des retraites : ils ont mal été compris par une partie de la gauche. Surtout, mes réponses aux commentaires sont mal comprises.  Vous me direz qu'à force de faire des billets mal compris, je ferais mieux de m'interroger...

Ce matin, je lisais la presse en ligne gratuite. Je trouvais qu'elle parlait beaucoup de Fillon. J'ai donc commencé à faire un billet mais je me suis rendu qu'au bout de trois lignes, mon billet était terminé. Je concluais l'introduction par : "Fillon me fait de plus en plus penser à Balladur. Il a tout pour gagner mais accumule les petites conneries médiocres". Vous ne trouvez pas ça violent ? Vous ne croyez pas que trois lignes suffisent par rapport à de longs pavés que pourraient faire des confrères ? Évidemment, je gueule assez après Twitter pour ne pas me satisfaire de courts billets. 

Il n'empêche : à certains moments, il fut arrêter d'argumenter. Si Fillon montre dès maintenant que rien d'autre que la présidentielle ne l'intéresse, les électeurs de droite lui feront la même réponse qu'à Balladur en 1995. Ou en 1789, je ne sais plus trop. 

La réforme des retraites. J'en ai trop dit. Je n'ai pas été assez violent, assez direct. Pourtant, deux arguments suffisent :

Petit 1 : la gauche ne peut pas incarner n'augmentation du temps de travail or la réforme fait qu'on travaillera plus. Ça tue donc les notions de partage, de vision globale, d'accompagnement des gains de productivité. 

Petit 2 : faire une réforme en prenant des mesures à long ou moyen terme, comme une augmentation de la durée de cotisation dans 20 ans est crétin dans la mesure où personne n'est capable de faire des prévisions de conjoncture dépassant quelques mois. Aussi bien en 2035, les réserves de pétroles seront épuisées. Qui en aura quelque chose à foutre d'un trimestre de cotisation. Ou alors, on aura trouvé une méthode pour produire de l'énergie en même temps que la bière. On pourra alors partir à la retraite à 50 ans à condition d'avoir picolé.

Je résume le petit 2 : la gauche devrait avoir l'image de gestionnaire et de visionnaire. Elle vient de chier grave dans la colle. Ou dans la colle grave, je ne sais plus.

Toujours est-il que des braves gens viennent me donner des arguments sérieux dans les commentaires en faveur de cette réforme. Je n'en ai rien à foutre et les déclare hors sujet. Bien sûr qu'il y a du bien dans cette réforme...

J'oubliais le petit 3 : elle ressemble aux réformes précédentes qui n'ont rien sauvé. On passe donc pour des incompétents, en plus du reste. 

Je vais mettre des pincettes. Pour la violence, j'ai encore des progrès à faire. Il n'empêche que par cette stupide réforme, MM. Ayrault et Hollande viennent de tuer l'idée de "ma gauche", celle de nombreux sociaux démocrates en France, probablement le courant politique majoritaire dans ce pays. 

C'est une grosse connerie. 

Et je gère mon blog comme je veux. 

En sac à vin. Pardon. En outre, personne ne part rassuré quant à l'avenir des retraites. Il n'y a pourtant pas 36 réformes possibles pour sauver la répartition : il faut mettre dans la loi que le taux de cotisation doit permettre de payer les pensions ! Je ne rigole pas. Mais pas du tout. 

Dans notre système actuel, la "loi" fixe les paramètres, notamment le montant des pensions, la durée de cotisation et le taux de cotisation. Personne ne s'occupe des variables que ne peut pas fixer la loi : le nombre de cotisants, de pensionnés et donc le taux de croissance, de chômage, la démographie,... C'est d'un crétinisme sans fond. Le système est ainsi fait qu'on ne peut que constater un déficit en fin d'année et dire : ah merde ! Il faut une nouvelle réforme. 

On a un système qui est un défit aux lois des mathématiques et ça fait des années que ça dure. On ne peut résoudre une équation que lorsque les paramètres sont connus. 

Il faut que la loi prévoit un calcul du taux de cotisation en fonction des besoins de financement (pour l'année en cours en prenant en compte le résultat de l'année précédente). Une fois que ce principe de base sera fixé, on pourra faire toutes les réformes qu'on veut, en fonction des choix de société (ajustement des niveaux de pension, des durées de cotisation,...) et de la conjoncture économique. Il ne faut pas que la loi fixe le taux de cotisation mais son système de calcul. C'est la seule manière de garantir le financement. C'est la seule manière de garantir le fameux principe de répartition. 

Tout ce que je viens de dire sur les retraites, dans ce billet, je l'ai dit dans d'autres billets cette semaine. Les commentaires n'ont pas porté sur ces thèmes : ils sont déclarés hors sujet. J'ai dit également que d'autres cotisations sociales pouvaient être reportées sur la CSG, en conséquence, pour garantir une meilleure assiette des prélèvements (que tout le monde paye, quoi). 

Mais quand je vois les cadres de l'UMP critiquer la réforme alors qu'ils ont échoué dans les leurs et qu'on ne peut pas y répondre parce qu'ont sait d'ores et déjà que cette réforme ne sera pas la dernière, ça fait mal au blogueur qui a combattu les autres réformes. 

L'heure n'est pas aux choix techniques mais aux choix politiques.

24 commentaires:

  1. Je me méfie des taux variables, l'exemple des subprimes devrait nous faire réagir mais je ne vois peut être que la partie immergée du problème c'est à dire, combien ça va ME coûter

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  2. " une augmentation de la durée de cotisation dans 20 ans est crétin dans la mesure où personne n'est capable de faire des prévisions de conjoncture dépassant quelques mois"

    L'Allemagne étale le passage de l'âge de la retraite à 67 ans sur une bonne vingtaine d'années, mais le soumet à un certain taux de croissance minimum du PIB: lorsque la croissance descend au-dessous de ce seuil, le calendrier s'interrompt; il reprend lorsqu'elle repasse au-dessus.

    Par nature, un système de retraites (par répartition ou par capitalisation) est un système fondé sur l'avenir au très long terme: un salarié qui est embauché pour son premier boulot cotise à la branche vieillesse de la Sécu en France ou à un fonds de pension aux USA en espérant que cela lui permettra de toucher des sous sans travailler dans 44 ans (ou davantage): sinon, ce n'est pas la peine.

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    1. Arrêtez d'être peofessoral si vous répondre encore à côté de la plaque en extrayant un paragraphe et l'interprétant comme vous le voulez.

      Un système de retraite s'appuie sur le long terme. Évidemment. Mais quand on ne connait pas le long terme, c'est complètement crétin.

      Mais vous êtes hors sujet.

      A. Le volet politique, être de gauche, l'hérésie de travailler plus et de ne pas voir l'économie de manière globale.

      B. Le fait de prévoir le calcul du taux dans la loi et pas le taux lui même.

      Enfin, vous voyez le système de retraite comme un moyen de cotiser pour votre retraite cor on cotise pour celle des autres. Vous tuez le système de répartition.

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  3. Purée, t'es quelqu'un de bien, en fait, quand tu veux !

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    1. Ben oui. C'est pour ça que je ne suis pas au Front de Gauche.

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    2. Non, tu n'y es pas, mais dans ce genre de moments, tu pourrais presque !

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  4. "vous voyez le système de retraite comme un moyen de cotiser pour votre retraite cor on cotise pour celle des autres. Vous tuez le système de répartition."

    On ne cotise pour celle des autres que parce qu'on espère qu'un jour, d'autres cotiseront pour la vôtre: sinon, on n'accepterait pas de le faire, il serait alors préférable de consacrer l'argent des cotisations à épargner pour soi; le principe de la répartition, c'est de ne pas oublier que nous serons tous, un jour, des retraités.

    Et c'est cette solidarité entre générations qui est aujourd'hui menacée par cette prophétie autoréalisatrice, qu'on lit de plus en plus souvent, selon laquelle "les jeunes d'aujourd'hui cotisent, mais ne toucheront presque rien", alors que cela ne dépend que de nous.

    On oublie trop qu'aux USA,plus de la moitié des retraites sont des retraites par répartition (la Social Security, créée par Roosevelt): les fonds de pension et autres capitalisations, c'est pour avoir un rab, et pour ceux qui le peuvent.

    Mais pour que le système reste crédible, notamment pour les jeunes, il faut que le montant des pensions ne devienne pas ridicule, d'où l'importance de préserver l'équilibre financier du système,en l'adaptant en permanence aux variations de la conjoncture: sinon, ça en serait alors fini de la retraite par répartition et de la solidarité entre générations.

    Et je ne vois pas ce qu'il y a de professoral ni de hors sujet à rappeler que le problème ne peut pas être QUE politique, et que le slogan "pas un euro de retraite de moins, pas un trimestre de travail de plus" est suicidaire.

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    1. Vous n'auriez pas du partir en vacances. Tâchez de vous remettre avant de revenir ici.

      " le principe de la répartition, c'est de ne pas oublier que nous serons tous, un jour, des retraités." Tout est fait pour montrer le contraire justement ! En oubliant de fixer les bases et en faisant des tambouilles à la petite semaine.

      Vous êtes hors sujet encore une fous et vous vous étalez dans mon blog. J'ai été assez patient.

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  5. Le problème c'est que la répartition se meurt, elle n'en finit pas de mourir. Mais voilà, on préfère perdre énormément de temps, piquer des masses de fric aux français plutôt que de rédiger l'acte de décès et passer à la capitalisation.

    Ce n'est pas par hasard si les retraités chiliens sont les mieux lotis de toute l'Amérique du Sud. Les retraites chiliennes sont fondées sur la capitalisation.

    Mais ça, c'est le mal. Pour la gauche française la plus archaïque qui soit, mis à part quelques paradis du socialisme réel, pour la soi-disant droite française qui préfère défendre ce machin hérité des communistes qui noyautèrent le CNR, plutôt que d'agir en hommes de droite.

    A quand la prochaine réforme "attention les yeux on a mis le paquet cette fois-ci" ?

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    1. Ah ! La propagande libérale qui prend le Chili pour exemple.

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    2. Je ne vois vraiment pas pourquoi la retraite par capitalisation serait "le" remède miracle!... Si on me prélève 400 € par mois pour la retraite par répartition, ou bien si je les mets dans un "pot commun" pour la répartir entre tous les cotisants, cela devrait aboutir, à terme, au même, non?
      Sauf que si c'est par capitalisation, les cotisants ne rechigneront pas à mettre 500 ou 600 € (c'est "mon" argent!); alors que si c'est par répartition et que la cotisation augmente, les mêmes vont hurler!...
      C'est ça le fond du problème; plus aucune solidarité, chacun pour soi. Les parents à l'hospice dès qu'ils sont vieux!

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  6. Ne change rien!
    Tu n'aurais + le même peps!
    Et depuis quand doit-on satisfaire tous ses lecteurs?
    Au niveau de la retraite, c'est pour moi un peu le même constat.
    La capitalisation marche tellement bien quand on ne peut plus piller le travail des autres, que des fonds de pensions des retraites américaines ont fait faillite en nombre depuis 2008, laissant nos pillards sur le carreau.
    Faudrait vraiment penser autrement.

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    1. Oui. La gauche ne pense plus redistribution.

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    2. Sauf qu'on s'aperçoit maintenant que les systèmes par répartition peuvent aussi faire faillite lorsqu'il s'agit de payer des retraites pendant plus de 20 ans avec une croissance nulle et un chômage à 10 %.

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  7. Tu verses de plus en plus dans la #vrauche, comme dirait l'autre...

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