Mon confrère Elie
Arié constate dans son dernier billet que les antisarkozy et les antihollande
sombrent parfois dans l’irrationnel. Son constat est simple : une décision
politique sera contestée presque systématiquement par les opposants. Il prend
différents exemples comme les partisans de Nicolas Sarkozy qui reprochent
à la gauche de ne pas diminuer assez les déficits alors qu’ils ont explosé lors
du quinquennat précédent. A gauche, certains vont critiquer Nicolas Sarkozy d’avoir
laissé filé ce déficit et la dette mais reprocher au gouvernement actuel d’avoir
une politique d’austérité.
Mon autre confrère, Sarkofrance,
qui fut à la pointe de l’antisarkozysme, lui répond et revient sur ce
que fut cette époque, les différences entre Nicolas Sarkozy et François
Hollande. Je ne vois pas pourquoi je ne
ferais pas un billet aussi, tout d’abord pour signaler que je suis d’accord
avec les deux. Comme Sarkofrance, je vais apporter quelques précisions.
Sarkozysme
On voit assez bien ce que fut le sarkozysme. Il a d’ailleurs
une page Wikipedia, pas le hollandisme. Ca n’existe pas. Ainsi, l’antihollandisme
est relativement fictif alors que l’antisarkozysme est (ou était) réel.
Les Français ne sont pas contre François Hollande. Sa popularité est basse, ils
ne lui font pas confiance pour « faire le job » mais il n’y a rien de
personnel.
La droite est opposée à la gauche, ce qui est la moindre des
choses. La gauche était opposée à la droite, ce qui est aussi la moindre des
choses, mais aussi opposée à Nicolas Sarkozy et à une manière de pratiquer la
politique dont François Hollande a beaucoup de mal à se débarrasser.
L’antihollandisme est un truc que l’on rencontre dans les
réseaux sociaux, presque exclusivement. Dans les bistros, tout le monde se fout
de François Hollande, ce qui n’était pas le cas de Nicolas Sarkozy. C’est une
posture de certains à droite qui tentent de reproduire le schéma politique du
précédent quinquennat…
De l’opposition de principe
J’évoquais en introduction cette opposition de principe
faite par un camp contre l’autre. Il se trouve que Nicolas Sarkozy et ces
gouvernements étaient beaucoup plus actifs et communicants que nos actuels
dirigeants. Nous avions donc beaucoup de facilité à critiquer, à faire de l’antisarkozysme.
Nous avions quasiment un sujet par jour !
Avec François Hollande, on le voit dans les réseaux sociaux,
la droite a beaucoup plus de mal à faire des critiques structurées. Elle n’a,
au fond, que deux sujets : l’opposition au mariage pour tous et le soi-disant
laxisme de la gauche, sujet qui leur retombe périodiquement sur le coin de la
gueule.
Ils sont donc obligés de chercher la petite bête. Je citais
dans l’après-midi un billet d’un blogueur de droite dans lequel il se vautre
lamentablement : il reproche à François Hollande de ne pas faire voter le
Parlement pour l’intervention en Syrie alors que c’est la droite qui a empêché
que la Constitution permette ce vote.
De fait, quand nous étions dans l’opposition, il nous était
plus facile de trouver des sujets pour faire mouche…
Légitimité
C’est une tradition dans la droite française : elle
seule a la légitimité pour gouverner. Elle pense donc parfois que François
Hollande a volé l’élection. Une partie de l’opposition repose uniquement sur
cela. On l’a vu à l’occasion des manifestations contre le mariage pour tous,
par exemple : certains commentateurs de droite remettaient en cause la
légitimité de la gauche à faire passer cette mesure parce que le peuple était avec
eux ce qui est une monstrueuse connerie.
Les antisarkozystes n’ont jamais remis en cause le
fait que Nicolas Sarkozy ait gagné l’élection de 2007. On n’a jamais pensé
avoir été volé d’une victoire.
Personne
L’antisarkozysme était avant tout une histoire de
personne. Nous étions contre la politique qu’il mettait en œuvre, ce qui est
normal, mais c’est bien au personnage que nous en avions. Il était exaspérant.
Il gesticulait dans tous les sens. On le trouvait arrogant, méprisant,…
Beaucoup de confrères à moi (mais pas moi, je me contentais
des artifices qu’il développait pour masquer sa petite taille, comme si je
portais des costars à rayure pour masquer ma légère surcharge pondérale) en
sont même venus aux remarques sur le physique, l’appelant le nain ou le nabot,
ce qui décrédibilisait la cause.
Bizarrement, certains observateurs à droite ont tenté de
reporter leurs critiques sur la personne de François Hollande, tapant sur le
personnage pour des raisons qui m’échappent totalement (et qui font parfois
mal) et pas sur la politique menée, sans relativiser. Par exemple, le mariage
pour tous n’est pas un truc d’Hollande mais de la gauche…
Par ailleurs, en nommant certaines personnes autour de lui,
il a permis qu’on détourne nos critiques vers elles, en tant que sarkozystes.
Par contre, très peu de membres du gouvernement peuvent prétendre faire partie
d’un cercle rapproché de François Hollande. Par exemple, on ne trouvera pas, à
gauche, une Nadine Morano qui est ouvertement sarkozyste et a été très présente
dans les médias.
Antihollandisme de gauche
Au moins dans les réseaux sociaux, les critiques les plus
dures proviennent de la gauche de la gauche (de la vrauche comme on disait la
semaine dernière, ce qui regroupe la moitié la plus à gauche du PS, le Front de
Gauche et toute l’extrême gauche). Après cinq années de sarkozysme, ils n’ont
pas trouvé mieux à faire que de reporter les critiques sur l’homme, niant par
ailleurs un des principes qui devrait séparer la droite de la gauche : à
gauche, nous ne devrions pas avoir le culte de la personnalité. C’est bien le
gouvernement et le parlement qui font les lois…
Procès d’intention
Les critiques contre le mariage pour tous, pour reprendre
cet exemple, ont vite trouvé leurs limites. Après tout, il n’y a aucune
raison que le Code civil ne prévoit pas la même union homosexuelle que l’union
hétérosexuelle. Tout le reste n’est que de la littérature qui fait plaisir aux
réactionnaires (et que je ne dénigre pas, hein !, ce n’est pas l’objet de
mon billet).
De fait, les opposants ont rapidement agité des
épouvantails : la Procréation Médicalement Assistée, la Gestation Pour
Autrui,… et même l’enseignement à l’école d’un truc qui n’existe pas : la
théorie du genre.
Ainsi, alors que nous critiquions des faits précis,
explicitement liés à Nicolas Sarkozy, comme la loi TEPA, le discours de
Grenoble,… Il ne me semble pas que nous faisions ce genre de procès d’intention.
Réseaux sociaux
Les réseaux sociaux antisarkozystes étaient très présents. D’ailleurs,
la blogosphère reste très à gauche et les blogs proches de l’UMP sont assez
rares. Ainsi, l’antisarkozysme était assez « puissant ». L’opposition
d’une droite modérée reste marginale sur le web…
Concluons
Rappelons-nous Jacques Chirac ! A lui les essais
nucléaires, les discours à l’ONU contre la guerre en Irak,… Il laissait ses
premiers ministres et ses gouvernements agir. Nicolas Sarkozy a bouleversé la
donne (à tort ou à raison, la question n’est pas là) par cette omniprésidence.
Il a réussi à focaliser les critiques contre lui et contre
quelques personnages qui symbolisaient le sarkozysme.
Il y avait une chiraquie, un « clan Chirac », mais
pas réellement de chiraquisme, comme il n’y a pas d’hollandisme. Le
mitterrandisme se limite à une vénération d’une autre époque. Peut-être que le
sarkozysme finira ainsi.
Mais il a été : l’omniprésidence, la rupture, le choc
des civilisations, le discours de Grenoble, le collaborateur, l’ouverture
inutile, l’opportunisme, le jogging, le people, le bling-bling et, pour positiver,
une forme de volontarisme,…
Rien de tel pour désigner François Hollande.
"L’antihollandisme est un truc que l’on rencontre dans les réseaux sociaux, presque exclusivement. Dans les bistros, tout le monde se fout de François Hollande, ce qui n’était pas le cas de Nicolas Sarkozy. C’est une posture de certains à droite qui tentent de reproduire le schéma politique du précédent quinquennat…"
RépondreSupprimerTout à fait, comme quand ils inventent leur "peuple".
Oui. Ils sont rigolos.
Supprimerbien dit
RépondreSupprimerÇa s'arrose.
SupprimerPourquoi les opposer ? Ils ont la même politique extérieure, la même politique sociale, la même politique économique, les mêmes résultats pour le chômage... En revanche, au niveau de la Justice (mais pas de l'Intérieur) on note un vrai changement ; dans le sociétal on voit des progrès (ceux que reprochent les gens de la droite extrême bien entendu). Je ne suis pas certain que cela suffise pour les départager.
RépondreSupprimerLa gauche a d'autres ambitions. L'extrême gauche d'autres encore, plus radicales mais cela va de soi.
Je dois avouer que l'antisarkozysme m'incitait à bloguer
RépondreSupprimerLe bon temps ?
SupprimerPour le blogage, oui pour le reste, je ne pense pas..
RépondreSupprimerPour moi l'antisarkozisme est toujours d'actualité. Pas au sens anti-sarkozy (car j'espère bien que ce nuisible va rester dans les poubelles de l'Histoire) mais au sens anti-sarkozie. La Sarkozie est toujours d'actualité, car son passage à l'Elysée a décomplexé tous les amoureux du fric et du Dieu Profit . Sarkozy est parti mais les autres sont toujours là et bien là, pas du tout prêts à refaire profil bas !
RépondreSupprimerC'est bien pourquoi je continue à intervenir activement sur le forum www.sarkostique.fr ..... Il y a encore largement de quoi être "vigilants" !