Alors que les Français manifestent pour tenter de sauver les retraites, un célèbre - parmi les blogueurs - entrepreneur français résidant en Suisse - pour bénéficier du climat, pourquoi ? Vous imaginiez que c'était pour échapper au fisc ? - publie une tribune dans un quotidien du pays pour sauver la France. Vous trouverez un lien dans celui vers le billet de El Camino que je cite ci-après et qui distribue des baffes.
J'ai bien envie d'en donner aussi, pas seulement à l'auteur qui ne m'intéresse qu'à titre purement intellectuel, mais à tous ces libéraux qui pullulent sur le web. J'ai envie de dire ces libéraux de pacotille puisque, en guise de liberté, ils proposent surtout la liberté à ceux qui sont nés avec une plume dorée dans le cul. Les braves citoyens comme vous et moi n'auront comme liberté que de choisir les chaînes qui les lieront à un patron. Peut-être pourront-ils choisir le cimetière dans lequel ils seront enterrés puisqu'ils n'auront plus les moyens de se soigner ? Félicitons néanmoins le pragmatisme de ces libéraux : laisser vivre uniquement les riches permettra aisément de sauver le système des retraites.
Pierre Chappaz, puisqu'il s'agit de lui, était candidat (suppléant) aux dernières élections législatives. Il nous propose un tas de solutions : "la suppression du Code du Travail, la suppression des 35 heures, la suppression du Smic (les salauds de pauvres), l'arrêt des subventions aux syndicats (repaire de gauchistes) , la réduction du nombre de fonctionnaires (les feignasses), la limitation de l'assistanat (la plaie) en limitant les indemnités chômage et j'en passe."
Ce qu'il y a de bien dans son programme c'est qu'il commence par proposer une augmentation du salaire net de 50%. Ça attire forcément l'attention. Il oublie de nous expliquer comment il pourra obliger les patrons à verser ces salaires dans son monde libéral où le sympathique patronat entretien une pression sur les salariés et les chômeurs pour éviter l'inflation.
Ben oui ! Vous donnez du pognon à ses fumiers de pauvres, ils se dépêchent de les dépenser et les méchants commerçants en profitent pour augmenter leurs tarifs. Leurs méchants fournisseurs augmentent leurs prix et ainsi de suite.
Imaginons que vous ayez un million d'euros. Un demi de bière à la Comète vaut 2€50. Vous pouvez donc en acheter 400 000 ce qui devrait répondre aux besoins (si vous en buvez 40 par jour, ça vous laisse une trentaine d'années de consommation en tenant en compte les jours de cure).
Votre salaire net augmentant de 50%, il est probable que les prix augmenteront de 50%. On va dire que le demi passera à 3€50. Le millionnaire ne pourra plus en acheter que 285 000. Vous me suivez ? Le million valait 400 000 bières. Il n'en vaut plus que 285 000.
Vous qui n'êtes pas riche, vous pourrez boire autant de bières qu'avant. C'est le riche qui va perdre gros. Son pognon vaudra beaucoup moins.
Si vous ne buvez pas de bières, vous pouvez la remplacer par n'importe quel objet de consommation courante. J'aurais pu faire la démonstration avec des godemichets, par exemple, mais j'ignore les tarifs.
L'inflation étant donc une perte de la valeur du pognon, c'est surtout ceux qui en ont beaucoup qui en sont victimes.
Ainsi, les patrons n'auront pas spécialement envie de vous augmenter puisqu'ils finiraient moins riches. En outre maintenir du chômage et tout ça permet à ce sympathique patronat de vous répondre : "vas chier, je trouverai moins cher" si vous avez le culot de demander une augmentation.
La solution proposée pour vous augmenter est simple : il suffit de supprimer les cotisations sociales (qu'il appelle évidemment des charges). Le type qui passe de 1000 euros par mois à 1500 n'aura pas nécessairement l'idée d'économiser 300 euros pour sa retraite surtout qu'il faut changer la machine à laver qui a rendu l'âme. Il ne pensera pas non plus à souscrire une assurance maladie parce qu'avec un peu de chance il ne sera pas malade et le nouvel iPhone sort ce soir. Il faut gérer les priorités.
Les actuels retraités seront heureux d'apprendre qu'il n'y à plus de pognon pour leur verser une pension. Qu'ils se débrouillent ! Le système s'arrête brutalement...
Nos braves libéraux auront ainsi torpillé la retraite par répartition (dont j'ai beaucoup parlé dans le blog à cause de la réforme) mais aussi la solidarité lié à l'assurance maladie, solidarité assurée par un principe relativement simple : on est soignés en fonction de ses besoins et on paye en fonction de ses capacités.
Ce qu'il y a d'amusant dans cette histoire est que les professions dites libérales, celles qui vivent sur le dos de la solidarité nationale, perdront leurs sources de revenus. Ce qui n'est pas grave, on n'aura plus de pognon pour payer les formations des toubibs et des infirmières.
Ce qui me contrarie avec ces libéraux, c'est qu'ils n'ont aucun sens politique. Ça limite l'intérêt des débats dans les blogs mais ça permet de rigoler un bon coup.
Le lien !
http://etmamain.blogspot.fr/2013/09/le-fantasme-du-libertare.html
Ah bah, c'est bien ce que je disais chez El C !
RépondreSupprimerVu !
SupprimerC'est limpide.
RépondreSupprimerOuf !
SupprimerÇa permet de rigoler un bon coup, ouais, tant qu'ils ne sont pas au pouvoir.
RépondreSupprimerPeu de risque. Et c'est presque ça qui est pire...
SupprimerIl y a des extrémistes partout, même chez les libéraux. Chappaz l'assume, il est "libertarien". Effectivement, le clivage, entre ceux qui croient que l'individu doit être responsable de ses cotisations prévoyance et ceux qui pensent qu'il est trop con pour ne pas tout claquer n'importe comment, est irréconciliable. En réalité il ne s'agit pas d'effacer "Fraternité" de notre devise, mais de limiter la déresponsabilisation, du fait que le décideur (l'Etat) n'est pas le payeur (contribuable), il y a des abus et des gaspillages à éliminer. Le manque de transparence est un cheval de bataille récurrent des libéraux il me semble. J'imagine qu'ils adorent les rapports de la Cour des Comptes du coup :)
RépondreSupprimerOui mais il est bon de rappeler ce que cela implique.
SupprimerLa France a un système assez équilibré entre libéralisme et communisme... Il faut le préserver autant que possible. Ce qui n’empêche pas qu'il faille rendre le système plus efficace et plus économe. Qu'il faille faire la chasse à ceux qui en abusent. Mais c'est clairement un système à préserver, car dans les pays ultra libéraux, c'est quand même chacun pour soi, et dieu pour tous...
RépondreSupprimerOn est à peu près d'accord sauf sur le rapprochement avec le communisme : on est quand même en liberté.
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