Hier, François Hollande et Arnaud Montebourg doivent
annoncer un grand plan pour l'industrie avec un paquet de mesures. Parmi elles,
il y a l'informatique en nuage, le "cloud computing". Vous ne savez
pas ce que c'est ? Pas grave, je suis là. Je vais vous expliquer. Mais ce
qui m’intéresse plus est de savoir comment l’Etat compte soutenir cette
industrie numérique du futur…
Je vais donc parler de cloud ou de nuage mais je dois préciser
que je ne sais pas ce qu’a prévu le Gouvernement. Pour tout vous dire, j’avais
préparé ce billet avant mais c’est en cherchant le titre de mon précédent
billet (« Montebourg au dessus des nuages ») que je me suis rappelé de
celui-ci (« Montebourg in the cloud »).
L'informatique en nuage ?
Le particulier commence à savoir ce dont il s'agit. Il prend ses photos avec son smartphone et les retrouve sur son ordinateur sans rien faire : les photos sont rangées dans le Cloud. Souvent, il ne sait même pas ce qu'il fait. Il range ses photos dans des albums de Facebook sans se rendre compte qu'elles seront stockées dans les serveurs du géant.
Pour une entreprise, c'est moins clair. Dans une boîte, on a deux types de logiciels. Ceux de bureautique et ceux liés à la profession. Par exemple, un cabinet d'experts comptables aura un logiciel de comptabilité en plus de ses suites bureautiques.
Les PC de chacun des comptables auront ce logiciel et les données relatives à la comptabilité des clients seront stockées sur un serveur. Ce serveur lui coûte très cher. Il est obligé d'en avoir un de secours en cas de panne, il faut qu'il fasse des sauvegardes, qu'il stocke ces sauvegardes ailleurs, en cas d'incendie,...
La première idée du cloud est là : les données ne sont plus stockées sur serveur dans l'entreprise mais sur les serveurs d'une entreprise spécialisée, un hébergeur.
On appelle ça le nuage parce qu'on ne sait pas trop où sont les serveurs, que plusieurs serveurs sont connectés entre eux sur des lieux différents pour des raisons de sécurité.
L'informatique, c'était simple. On avait des PC avec les logiciels et des serveurs. Avec le développement des technologies liées à internet, les logiciels sont installés sur les serveurs. Les utilisateurs se connectent aux applications via le navigateur internet. C'est beaucoup plus simple pour l'entreprise. Elle n'a plus de logiciels installés sur les PC, de mises à jour à effectuer, de licences individuelles à acquérir ! Un poste de travail tombe en panne ? La secrétaire du patron fonce à l'hypermarché du coin et en achète un pour 500 euros.
Tiens ! Je parlais de logiciels et je parle maintenant d'application. Ne faites gaffe, c'est le progrès. Cela mérite un aparté. On parle souvent d’application à propos de ce qu’on charge sur son smartphone mais c’est presque un abus de langage. Une application est un logiciel appliqué aux besoins d’un client. Par exemple, quand vous installez un logiciel de messagerie, vous saisissez votre adresse mail, votre mot de passe et d’autres cochonneries comme une formule de politesse qui s’affichera en bas de tous les mails que vous rédigerez. Vous ajouterez des destinataires au carnet d’adresse… C’est une application.
Trève d’aparté. C'est la deuxième idée du cloud : les applications ne sont pas installées sur des serveurs de l'entreprise mais des serveurs de sociétés spécialisées.
Rien de révolutionnaire me direz-vous ? Ben si ! Les sociétés rechignent à venir au cloud car les patrons ont peut du progrès qu'ils ne maîtrisent pas. Ils craignent aussi pour la sécurité des données du client et de l'entreprise qui deviennent accessibles par internet. Ils ont peur de ne pas tout maîtriser, de ne pas avoir de CD de sauvegarde, d'informaticien stagiaire sous la main...
L'informatique en nuage ?
Le particulier commence à savoir ce dont il s'agit. Il prend ses photos avec son smartphone et les retrouve sur son ordinateur sans rien faire : les photos sont rangées dans le Cloud. Souvent, il ne sait même pas ce qu'il fait. Il range ses photos dans des albums de Facebook sans se rendre compte qu'elles seront stockées dans les serveurs du géant.
Pour une entreprise, c'est moins clair. Dans une boîte, on a deux types de logiciels. Ceux de bureautique et ceux liés à la profession. Par exemple, un cabinet d'experts comptables aura un logiciel de comptabilité en plus de ses suites bureautiques.
Les PC de chacun des comptables auront ce logiciel et les données relatives à la comptabilité des clients seront stockées sur un serveur. Ce serveur lui coûte très cher. Il est obligé d'en avoir un de secours en cas de panne, il faut qu'il fasse des sauvegardes, qu'il stocke ces sauvegardes ailleurs, en cas d'incendie,...
La première idée du cloud est là : les données ne sont plus stockées sur serveur dans l'entreprise mais sur les serveurs d'une entreprise spécialisée, un hébergeur.
On appelle ça le nuage parce qu'on ne sait pas trop où sont les serveurs, que plusieurs serveurs sont connectés entre eux sur des lieux différents pour des raisons de sécurité.
L'informatique, c'était simple. On avait des PC avec les logiciels et des serveurs. Avec le développement des technologies liées à internet, les logiciels sont installés sur les serveurs. Les utilisateurs se connectent aux applications via le navigateur internet. C'est beaucoup plus simple pour l'entreprise. Elle n'a plus de logiciels installés sur les PC, de mises à jour à effectuer, de licences individuelles à acquérir ! Un poste de travail tombe en panne ? La secrétaire du patron fonce à l'hypermarché du coin et en achète un pour 500 euros.
Tiens ! Je parlais de logiciels et je parle maintenant d'application. Ne faites gaffe, c'est le progrès. Cela mérite un aparté. On parle souvent d’application à propos de ce qu’on charge sur son smartphone mais c’est presque un abus de langage. Une application est un logiciel appliqué aux besoins d’un client. Par exemple, quand vous installez un logiciel de messagerie, vous saisissez votre adresse mail, votre mot de passe et d’autres cochonneries comme une formule de politesse qui s’affichera en bas de tous les mails que vous rédigerez. Vous ajouterez des destinataires au carnet d’adresse… C’est une application.
Trève d’aparté. C'est la deuxième idée du cloud : les applications ne sont pas installées sur des serveurs de l'entreprise mais des serveurs de sociétés spécialisées.
Rien de révolutionnaire me direz-vous ? Ben si ! Les sociétés rechignent à venir au cloud car les patrons ont peut du progrès qu'ils ne maîtrisent pas. Ils craignent aussi pour la sécurité des données du client et de l'entreprise qui deviennent accessibles par internet. Ils ont peur de ne pas tout maîtriser, de ne pas avoir de CD de sauvegarde, d'informaticien stagiaire sous la main...
Les professionnels (c'est-à-dire ceux qui gagnent du pognon
en vendant ça…) estiment que le gain est de l’ordre de 80% pour une entreprise
pour ce qui concerne l’exploitation des logiciels (en comptant les mètres
carrés pour héberger le serveur, le coffre ignifugé pour les sauvegardes, le
temps passé,…).
Le SaaS
Derrière le cloud, il y a une troisième idée à creuser. Le SaaS (Software as a Service). C'est un machin assez ancien qu'on utilise tous les jours sans le savoir mais encore peu utilisé dans le monde de l'entreprise.
Reprenons notre patron de cabinet d'expert comptable. Pourquoi s'embêterait-il à acheter un hébergement, des logiciels, à installer ses applications… s’il peut trouver un service clé en main ? S’il peut payer une redevance pour l’utilisation d’un logiciel hébergé sur un serveur « dans le nuage » plutôt que du logiciel et des informaticiens pour le mettre en œuvre ? C’est l’idée du SaaS. L’éditeur de logiciel ne vend plus des licences mais un service complet aux entreprises : la possibilité d’utiliser une application hébergée par ses soins.
Derrière le cloud, il y a une troisième idée à creuser. Le SaaS (Software as a Service). C'est un machin assez ancien qu'on utilise tous les jours sans le savoir mais encore peu utilisé dans le monde de l'entreprise.
Reprenons notre patron de cabinet d'expert comptable. Pourquoi s'embêterait-il à acheter un hébergement, des logiciels, à installer ses applications… s’il peut trouver un service clé en main ? S’il peut payer une redevance pour l’utilisation d’un logiciel hébergé sur un serveur « dans le nuage » plutôt que du logiciel et des informaticiens pour le mettre en œuvre ? C’est l’idée du SaaS. L’éditeur de logiciel ne vend plus des licences mais un service complet aux entreprises : la possibilité d’utiliser une application hébergée par ses soins.
C’est un truc que le particulier fait tous les jours dans le
domaine grand public (d’ailleurs, je parlais de logiciel de messagerie. En
fait, ils disparaissent progressivement. Pour accéder à ta messagerie, tu te
connectes à orange.fr ou gmail.com, tu n’as pas de logiciel installé sur ton
PC) mais qui est encore rare dans le domaine professionnel, notamment pour ce
qui concerne les logiciels spécifiques à une profession.
Je ne sais pas si le SaaS est dans le cœur de cible des
projets du gouvernement mais il me parait un axe majeur de développement. Et un
risque fort de plantage majestueux si les éditeurs de logiciels français n’y
vont pas.
Pourquoi n’iraient-ils pas ?
Parce qu’elles sont comme vous et moi : elles n’ont pas
que ça à foutre. Les ingénieurs ont la tête dans le guidon et les commerciaux n’ont
pas « de besoin », ils doivent répondre aux exigences du moment des
clients. Les patrons ne peuvent donc pas nécessairement dégager un budget, du
temps de ses ingénieurs, … pour entretenir une veille technologique, développer
une offre, acheter des serveurs,…
En outre, l’hébergement est un métier spécifique qui est
bien loin de celui de développeur informatique. Il faut du matériel, des locaux
mais surtout une très forte disponibilité, donc une surveillance 24 heures sur
24, des très bonnes performances,…
Tiens ! Je vais lancer une vacherie personnelle. Toutes
les boites d’informatiques avec qui je bosse actuellement qui se sont lancées
dans l’hébergement, le SaaS, se sont plantées : je connais le métier bien
plus qu’eux… Quand je dis « je », c’est une façon de parler :
mon employeur héberge ses propres serveurs depuis 40 ou 50 ans et ils
fonctionnent de jour comme de nuit, sinon vous auriez des problèmes pour payer
vos notes de bistro.
Le SaaS est donc en priorité destiné aux petites entreprises
qui n’ont pas les moyens d’héberger leurs propres serveurs. Or, les éditeurs de
logiciels spécifiques pour les petites boites n’ont pas, non plus, les moyens
de développer une offre. Compliqué, tout ça. D’autant qu’ils vont vous jurer le
contraire et dire que c’est aussi pour les grandes boites. Vaste débat. Je n’ai
pas à me positionner.
Que peut faire l’Etat ?
Il a déjà aidé financière deux entreprises françaises, Cloudwatt et Numergy, à
investir dans le cloud mais je ne crois pas spécialement que de telles
interventions de l’Etat sauveront l’industrie française. Je ne crois pas que
son rôle soit d’investir dans l’industrie.
Ce
projet de développement d’un cloud à la Française avait été lancé par le
gouvernement de droite et concrétisé par la gauche. On va dire que cette
dernière n’avait pas d’autre choix. Je vous passe les noms de ces sociétés qui
me paraissent idiots pour symboliser le cloud français, je trouve crétin d’aider
des filiales de grands groupes français (Orange, SFR, Bull,…) et de laisser de
côté des acteurs importants et français du domaine comme OVH et Gandi, bien
connus dans notre monde de blogueurs.
Je
ne sais pas ce que prévoit exactement le gouvernement même si je suppose que
ces deux boites seront le fer de lance de la stratégie pour développer un cloud
tricolore…
Etre exemplaire
Dans les stratégies d’équipement informatique de l’Etat et
des collectivités territoriales (surtout elles, d’ailleurs), l’Etat peut
privilégier le cloud et le SaaS (surtout qu’ils permettent des économies non
négligeables). Pourquoi les municipalités, par exemple, n’utiliseraient pas d’application
en SaaS dans le cloud pour gérer leur comptabilité ?
Favoriser les infrastructures
Je suppose que cela sera traité indépendamment du chantier « nuage ».
Il n’empêche que favoriser le cloud nécessite un internet qui fonctionne ce qui
n’est pas nécessairement le cas partout (hier après-midi, internet de
fonctionnait pas chez un opérateur dans la partie nord du Kremlin-Bicêtre, aux
portes de Paris).
Aider les industriels à se structurer
Pour développer leurs activités commerciales, les
industriels n’ont pas d’autre choix que de travailler ensemble, essentiellement
pour deux raisons que je vais détailler ci-après. On distinguera deux types d’industriels :
les hébergeurs et les éditeurs SaaS (qui sous-traiteront l’hébergement).
L’Etat peut donc les aider à s’asseoir autour d’une table pour
les aider à assurer la promotion du cloud, promotion nécessaire parce que les
gens (patrons de PME), ne comprennent rien à tout ça. Je viens de faire un
billet pour comparer les offres online de Microsoft et Google, c’est à se
les arracher.
Cette promotion doit avoir un volet permettant de rassurer
les gens en question. Il faut donc une grosse dose de normalisation :
-
sécurité de l’accès aux données pour
vérifier que le piratage est impossible,
-
sécurité physique des données pour
assurer qu’elles ne seront perdues en cas de catastrophe nucléaire ou d’autres
incidents plus mineurs.
Cette promotion doit aussi être orientée vers les éditeurs
de logiciel (notamment pour le SaaS) : hé ho, les gars, on y va !
Sinon, on va être grillés, d’autres vont prendre la place !
Je suppose que ces normes existent mais il faut les
renforcer en permanence (c’est de l’intérêt des industriels français de montrer
qu’ils sont les plus exigeants). L’Etat français peut probablement les
soutenir.
Ces normes doivent être
accompagnées d’un dispositif de certification ou d’agrément et d’audit. Il faut
donc des cabinets spécialisés qui vérifient que les industriels respectent bien
les normes ci-dessus. L’Etat peut les soutenir (pour ma part, j’aime bien que
ces contrôles soient de la responsabilité de l’Etat mais je ne tiens pas à me
faire tomber dessus par des libéraux).
Enfin, il n’est pas concevable de concevoir des trucs
purement Français. Les processus (normes et certifications) doivent être
établis, au minimum, à l’échelle Européenne. Paf ! Intervention de l’Etat.
Dans ce cadre international, il faut aussi penser autres pays, notamment les
USA avec qui on a commencé un accord de libre échange. Cette fois, c’est bien l’Etat,
notamment en tant que co-décideur pour l’avenir, qui a son rôle à jouer.
Et n’oubliez pas que si vous faites héberger vos données aux
Etats-Unis, vous êtes soumis au Patriot Act qui autorise les services de
sécurité de ce pays à lire vos données…
Concluons !
Le cloud est probablement l’avenir et le gouvernement a bien
raison de lancer ce projet ! Par contre, il n’est pas évident que le cloud
crée beaucoup d’emplois en France d’autant qu’il me semble qu’il vaudrait mieux
que les serveurs soient hébergés dans des pays très froids…
Je pense que le pognon à gagner – pardon ! Les emplois
à créer – est plus dans les services utilisant le cloud, principalement les
services aux entreprises (on pense trop aux services grand public mais les
marchés ont déjà été pris).
Et c’est le SaaS.
On y passe !
Je propose un grand jeu de l'été. Les personnes ayant lu ce billet jusqu'au bout et sans sauter une ligne seront :
RépondreSupprimer1) moins de deux et demie,
2) compris entre deux et demi et quatre un quart,
3) au moins sept.
Le vainqueur, tiré au sort, gagnera un abonnement d'un an à tous les blogs du gros frisé.
Vous ne connaissez pas les fans de Montebourg, vous !
SupprimerN'empêche que les commentaires ne se bousculent pas au portillon, hein !
RépondreSupprimerAh mais n'insistez pas. J'ai fait mon constat d'échec simur mon annexe, hier soir. Les Montebourgeois sont en baisse.
SupprimerIl n'empêche que ce genre de billet "m'intéresse". Outre le fait que je suis en plein dans mon "domaine de compétences" et donc que ça m'intéresse, ça me permet de dire que les autres n'ont pas de fond.
Merci pour cet article. Il donne bien une idée de ce que le cloud est et permet de voir les avantages et les inconvénients. Pour ma part, il n'y a pas à hésiter, c'est une innovation technologique qui devient incontournable. Ce n'est pas parfait mais en termes de sécurité informatique, c'est encore ce qui se fait de mieux.
RépondreSupprimerDu moment qu'il n'y a pas de spam.
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