Le conseil des ministres avait un ordre du jour bien chargé,
ce matin. On ne s’étonne pas de voir la presse et Twitter évoquer uniquement la
remontée de bretelle, objet de mon billet de ce matin, mais on peut se demander
pourquoi des personnalités politiques de droite ne parlent que de François
Hollande et de sa réaction vis-à-vis de Cécile Duflot et Manuel Valls, si ce n’est
pas une volonté morbide de désinformation, ce qui ne veut pas dire grand-chose.
Au menu du Conseil de ce matin, il y avait :
-
ordonnance relative à la procédure intégrée
pour le logement,
-
ordonnance relative à la garantie financière
en cas de vente en l’état futur d’achèvement,
-
ordonnance relative au développement de
la construction de logements,
-
décret visant à favoriser la construction
de logements,
-
décret […] fixant les modalités de calcul
des émoluments des personnels de l’État et […] en service à l’étranger,
-
le lancement de la « garantie jeunes »,
-
la politique de développement du numérique
dans l’enseignement supérieur.
En plus des traditionnelles communications des ministres des
affaires étrangères, de l’économie et du travail.
Christian Jacob, le chef des députés UMP, a déclaré
ce matin que le gouvernement était comme un bateau ivre, ce qui est bien
naturel de sa part. Le gouvernement est donc comme un fameux poème d’Arthur
Rimbaud ce qui est très sympathique. Comme je descendais des
Fleuves impassibles et tout ça.
Il a déclaré aussi : « On apprend qu'en Conseil des ministres, le président de la
République va faire un recadrage. De l'humiliation on passe au ridicule. Le
Conseil des ministres (...), on y gère les affaires de la France. »
Justement ! On y gère des affaires de la France. Ce
matin, on s’occupait principalement de logement. J’invite Monsieur Jacob et
toute la presse française à aller faire un tour, occasionnellement, sur le site
web de l’Elysée où est annoncé l’ordre du jour des conseils des ministres.
A propos de bateaux ivre, la métaphore est jolie mais on
pourra se rappeler de la dernière législature et du dernier quinquennat, voire
de la France qui a coulé corps et âme. Amen.
Comme la presse, comme les blogueurs, comme Twitter,
Christian Jacob préfère parler d’un recadrage dont les Français n’ont rien à
cirer. Qu’a fait Christian Jacob pour le logement quand il est au gouvernement ?
Le bateau ivre dépend Duflot, ministre du logement...
Le bateau ivre dépend Duflot, ministre du logement...
Comme je descendais des Fleuves
impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les
haleurs :
Des Peaux-rouges criards les
avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de
couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de
cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces
tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre
où je voulais.
Dans les clapotements furieux des
marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que
les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus
triomphants.
La tempête a béni mes éveils
maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé
sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de
victimes,
Dix nuits, sans regretter l'œil
niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair
des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de
sapin
Et des taches de vins bleus et des
vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et
grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans
le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et
lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où,
flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois
descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités,
délires
Et rythmes lents sous les rutilements
du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus
vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de
l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs,
et les trombes
Et les ressacs et les courants : je
sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple
de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que
l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs
mystiques,
Illuminant de longs figements
violets,
Pareils à des acteurs de drames très
antiques
Les flots roulant au loin leurs
frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers
avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des
phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins,
pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut
des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux
des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans
poussifs !
J'ai heurté, savez-vous,
d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères
à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus
comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de
glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes,
nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan
!
Des écroulements d'eaux au milieu
des bonaces,
Et des lointains vers les gouffres
cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots
nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes
bruns
Où les serpents géants dévorés des
punaises
Choient, des arbres tordus, avec de
noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants
ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or,
ces poissons chantants.
− Des écumes de fleurs ont bercé mes
dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par
instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et
des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon
roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre
aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à
genoux...
Presque île, ballottant sur mes
bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux
clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes
liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons
!
Or moi, bateau perdu sous les
cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther
sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les
voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse
ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes
violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant
comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux
bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves
d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des
hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient
crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents
entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à
cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les
Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités
bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens
parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et
des îles
Dont les cieux délirants sont
ouverts au vogueur :
− Est-ce en ces nuits sans fonds
que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future
Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les
Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout
soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs
enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que
j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe,
c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule
embaumé
Un enfant accroupi plein de
tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon
de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos
langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs
de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux
et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles
des pontons.
Le bateau ivre n'a rien à voir avec la voiture d'un élu loudéacien ?
RépondreSupprimerDe qui tu parles ? (Le plus drôle c'est que j'avais lu ton billet sans comprendre que c'était lui..).
SupprimerJe ne sais pas si C.JACOB avait vu jusque là !
RépondreSupprimerTu as bien raison de recadrer ...le sujet : celui d'un Conseil des Ministres riche en textes très importants que nous allons devoir lire au plus tôt.
Bz
Oui. C'est dingue comment l'information peut passer de côté.
SupprimerMais dites donc, tu découvres la politique ?
RépondreSupprimerTrès joli poème, il s'améliore, ce Jacob/
Jacob Delafond ?
SupprimerEh ben, j'ai relu Rimbaud.
RépondreSupprimerUn peu de Victor Hugo maintenant ?
Manuel Valls nous exaspère
Du tropique au flot polaire
Disent les militants
Au-dessus de l'eau sonore
Se construisent dans l'aurore
Superbement
Les Verts couleur d'espérance
Les progrès et les idées
Pont de cent mille coudées
Que rien ne rompt
Car sur les sombres marées
Des racistes décomplexés
Ces arches démesurées
Resplendiront.
Ça tombe bien j'habite place Victor Hugo et il est temps que je rentre.
SupprimerMoi aussi j'ai relu cet interminable Rimbaud. Et il m'emmerde toujours autant, je dois dire. Moins que Duflot, cependant.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu Duflot. Même pas une branlette en y pensant. Et c'est parce que j'ai lu le bateau ivre pour faire ce billet (sans rien en tirer) que j'ai mis le texte. Une espèce de vengeance.
SupprimerJe trouve que C.Jacob a un petit coté C.Estrosi quand il se met à être ridicule.
RépondreSupprimerOui. Ils sont rigolos tous les deux.
SupprimerPourquoi j'avais répondu à tout le monde sauf au vieux ? Il faut que je consulte.
RépondreSupprimerPourquoi ridiculiser encore plus ces personnages insignifiants que sont les Jacob, Estrosi, Ciotti, Morano et Copé?
RépondreSupprimerIls le font si bien eux-même à l'insu de leur pleins gré!
Certes.
SupprimerQuand je pense qu'ado, il fallait qu'on l'apprenne par coeur
RépondreSupprimerJe n'ai pas eu cette chance. Je ne sais pas par quel miracle je me suis rappelé de la première strophe en rédigeant ce billet d'autant que je l'ai à moitié oubliée.
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