Les VTC semblent en train de perdre leur bataille contre les
taxis. Les véhicules de tourisme avec chauffeurs sont des concurrents de ces
derniers qui leur reprochent de leur faire une concurrence déloyale en prenant,
illégalement, des clients « à la volée » (Hep ! Taxi !) ou
dans les gares et aéroports.
Je ne vais pas refaire mon billet de la semaine dernière
mais je n’aime pas le système de licence pour les taxis. Je pense que la
licence devrait être là uniquement pour protéger les clients en garantissant la
conformité du compteur, par exemple. Pour le reste, je ne vois pas pourquoi un
type serait obligé de payer 200 000 € pour avoir le droit de
travailler.
A l’origine, les VTC étaient des limousines avec chauffeurs,
essentiellement louées par des stars ou des riches. Avec le développement des
applications pour smartphones, la géolocalisation,… ils ont progressivement eu
une clientèle plus large et se sont mis, effectivement, à concurrencer
sérieusement les taxis. Ces sociétés ont pu se développer grâce à une
déréglementation lancée en 2009 par le gouvernement Fillon.
Comment ça marche ?
Différentes sociétés offrent le service (Uber, Voitures
jaunes, SnapCar, LeCab, Chauffeur-privé), essentiellement dans les grandes
villes (exclusivement à Paris pour certaines d’entre elles, d’ailleurs). Le
fonctionnement est globalement le même : vous téléchargez une application
dans votre mobile, vous vous identifiez et rentrez vos coordonnées bancaires.
Quand vous avez besoin d’une voiture, vous cliquez sur un
truc : le machin vous trouve un VTC de la société à proximité grâce à la
géolocalisation. Et hop ! Les applications ont différentes fonctionnalités
(prévoir le prix de la course, estimer les délais, réserver à l’avance,…). Une
des caractéristiques est que le paiement se fait au travers de l’application
qui gère tout, contrairement aux taxis où le paiement se fait en fin de course.
Les grandes sociétés de taxis parisiens ont également des
applications pour smartphone mais sans identification préalable du client. Il m’arrive
d’en utiliser pour des clients de la Comète…
Mais ce sont bien les nouvelles technologies qui ont permis
d’ouvrir une concurrence aux taxis : vous n’avez plus besoin de connaître un
numéro de téléphone pour appeler un taxi... Le système favorisait les grandes
sociétés parisiennes.
Et alors ?
Les VTC étaient donc, à l’origine, des concurrents directs
pour les taxis sauf :
-
pour la prise en charge à la volée (la « maraude »),
-
pour la prise en charge dans les stations
de taxis, dont, en particulier, les gares et les aéroports.
Les VTC se sont mises à concurrencer les taxis sur tous
leurs marchés, créant ainsi une concurrence déloyale dans la mesure où les
taxis ont des contraintes supplémentaires. La maraude n’est pas spécialement un
problème : les VTC, contrairement aux taxis, ne sont pas identifiables
visuellement. Les clients ne peuvent donc pas les héler.
Par contre, les VTC se sont mis à faire du racolage autour
des gares et des aéroports. Pour résumer, ils attendaient dans des coins
discrets… Evitant aux clients de faire la queue et permettant aux VTC de
griller la priorité aux taxis, évitant leurs propres temps d’attente aux heures
de pointe.
Les taxis ont donc appelé le gouvernement à l’aide pour lui
demander de renforcer la loi à défaut de la faire appliquer. Ils voulaient un
délai d’au moins une heure entre la réservation et la prise en charge. Un
système avait été imaginé par nos pouvoirs publics : un délai d’un quart d’heures
serait nécessaire mais sauf pour les abonnés. Les chauffeurs de taxis n’étaient
pas satisfaits ce qui est logique (les utilisateurs sont tous abonnés…).
Finalement, vendredi soir, Sylvia Pinel et Manuel Valls ont
tranché.
Que dit le
communiqué de presse ?
Tout d’abord que la loi pondue par le gouvernement précédent,
en juillet 2009, a bien créé le bordel. La concurrence ne doit s’exercer que
sur la réservation préalable (la « maraude », prise en charge sur la
voie publique) doit être réservée aux taxis.
Il est décidé que :
-
Le délai de 15 minutes pour les VTC s’appliquera
à tous les clients (sauf pour les hôtels et les salons professionnels),
-
1000 licences supplémentaires de taxis
seront ouvertes à Paris mais les conducteurs concernés devront s’engager à
travailler aux heures chargées.
Ce que j’en pense ?
Ce délai est grotesque. Si je sors d’une réunion (ou du
bistro) et que je veux appeler une voiture, si elle est disponible dans le
quartier, je ne vois pas pourquoi j’attendrais un quart d’heure. J’imagine la
voiture en double file devant le bistro ou le bureau et moi sur le trottoir à
attendre…
Ce que je pense, aussi, c’est qu’un gouvernement de gauche
devrait envoyer chier les taxis : de toute manière, ils ne votent pas pour
lui. Ce mode de transport « alternatif » va se développer. Le mode de
fonctionnement des taxis dans les grandes villes ou très grandes villes est
obsolète. On a un smartphone, on clique, la voiture arrive. Que demander de
mieux ?
Le métier de taxi n’est plus le même. Les taxis devaient
avoir des épreuves pour montrer qu’ils connaissaient la ville, notamment à
Paris. Les systèmes d’assistance à la conduite sur la base des GPS rendent
obsolète cette exigence. Les taxis doivent passer des visites annuelles pour la
mise à niveau des compteurs. La facturation sur la base d’applications
informatiques basée sur la géolocalisation ne nécessite plus ces contraintes.
Les chauffeurs de taxis ont un tas d’examen à passer (français, gestion,…) qui
ne sont plus nécessaires.
Les taxis ont un avantage : ils sont identifiables. Ils
ont un truc sur le toi qui dit qu’ils sont taxis et s’ils sont libres ou non.
Ce machin leur donne la possibilité d’emprunter les couloirs de bus, ce qui est
vraiment un plus en région parisienne (et dans toutes les villes, je suppose).
Ce que j’aurais fait ?
S’il fallait vraiment faire quelque chose pour protéger les
taxis, c’est de lutter contre la concurrence dans les lieux tels que les gares
ou les aéroports, voire toutes les stations de taxis. On va le formuler
autrement. Compte tenu des contraintes des taxis, ils devraient être les seuls
à pouvoir attendre les clients dans des endroits identifiés par ces derniers,
sans réservation préalable.
Je suppose que les taxis auraient été contents si on leur
avait accordé un délai d’une heure entre la réservation et la prise en charge à
moins de 300 mètres d’une grande gare et un kilomètre d’un aéroport. Mais c’est
bien pour leur faire plaisir… Et pour permettre une bonne régulation de la
circulation des véhicules dans les zones concernées.
A une époque, je prenais souvent le taxi à Montparnasse vers
22h30 quand je rentrais de Bretagne, ne voulant pas faire le trajet de nuit
vers la banlieue. Il m’arrivait aussi de le prendre à Orly mais j’avais mal au cœur
pour le chauffeur qui aurait eu un long temps d’attente pour une course d’un
montant réduit (j’habite relativement près d’Orly). Le problème central est là :
des centaines de personnes attendent des voitures et des centaines de voiture
attendent que les précédentes soient passées pour prendre des clients.
Si les VTC se développent et si les clients prennent l’habitude
de les utiliser, la circulation sera rendue infernale dans les aéroports et les
gares.
Pour le reste, qu’ils se débrouillent…
Il y a une loi, bonne ou mauvaise, et en bon français, la première chose à faire, c'est la détourner légalement ou illégalement.
RépondreSupprimerLe VTC au début je croyais que c'était l'acronyme de Vélo Tout Chemin et je ne voyais pas les parisiens ou les autres monter sur la selle du vélo, qui n'en n'a pas, de selle
J'ai fait la même erreur ce matin. Elle est d'ailleurs plus ou moins à l'origine du billet. J'ai cherché VTC dans Google...
SupprimerBien d'accord avec toi.
RépondreSupprimerSi les VTC se développent et bouffent la laine sur le dos des taxis, ces derniers ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. On ne compte plus les fois où des clients se font rembarrer par un " ce n'est pas sur mon chemin" ou par un "ce n'est pas assez loin". Et puis il y a les malhonnêtes qui carottent les clients de province ou étrangers en prenant des chemins qui rallongent la course. Et puis un VTC, c'est propre, confortable, ça permet de connecter son ordi sur le net, etc
RépondreSupprimerDans le fond, les taxis livrent le même combat d'arrière-garde que les libraires, ils veulent rester accrochés à leur petit monopole désuet.
On est d'accord. Le seul truc qui me gêne c'est pour les taxis de province qui sont honnêtes pour la plupart.
SupprimerGlobalement, à part dans de grosses villes aéroportuaires comme Bordeaux, Lyon, etc., ils ne subissent pas la concurrence des VTC. Idem pour les taxis de banlieue. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'ils aient une clientèle d'habitués.
SupprimerCe que je voulais dire c'est que je n'ai jamais été arnaqué en province (au moins quand j'ai pu vérifier, ce qui est souvent le cas) et je suis toujours bien reçu.
SupprimerÀ une époque, avec les taxis parisiens, je faisais semblant d'être un touriste bourré, genre hips ! Au Kremlin Bicetre, je sais pas trop où, le gars qui l'héberge habite près du métro, z'avez qu'à m'y déposer.
À fait pas un pli, rive droite, ils prennent les quais et foncent jusqu'au périph à l'est. Arrivé vers Austerlitz je fais le gars à jeun quand il prend la mauvaise file et je l'engueule. Mon côté joueur.
Le mieux que j'ai vu c'est à Brest. J'ai vu des chauffeurs prendre le chemin le plus court pour que ça fasse moins cher et c'est moi qui leur disait de ne pas s'emmerder et de prendre un chemin plus long mais plus rapide. (Pendant deux ou trois ans, je passais une trentaine de nuit par an à Brest pour le boulot).
SupprimerC'est bon, on attendra toujours autant un taxi. Merci Valls
RépondreSupprimerBen non. Tu n'attendras plus qu'un quart d'heure. En d'autres termes au moment de commander l'addition, tu cliqueras et ta voiture sera là quand tu sortiras après avoir bu la tournée du patron.
Supprimer