En salle

16 janvier 2014

Ce qui m'énerve

Les discours de droite m’énervent, les fous furieux libéraux, mes copains réactionnaires, mes copains de droite pas réactionnaires m’énervent. Mais certains à gauche m’énervent plus, ceux qui utilisent en permanence des mots pour qualifier autrui (comme le méchant social-libéralisme) m’énervent. Ceux qui transforment le discours du Bourget pour travestir les promesses de François Hollande m’énervent. Ceux qui confondent la victoire de la gauche avec une victoire personnelle qu’ils auraient eue et se revendiquent propriétaires des voix m’énervent. Les haineux m’énervent.

Tiens ! Je n’ai pas regardé la conférence de presse de François Hollande. Après mon boulot, je cherchais à savoir ce qu’il disait et je suis allé voir dans Twitter, j’ai cherché « #ConfPR » et je suis tombé sur un tweet où un imbécile disait « Putain, donnez moi un 22 qu’on en finisse #Confpr ». Il y a des types de gauche qui détestent Hollande plus que l’on détestait Sarkozy. C’est un peu le thème du billet de Sarkofrance, ce matin.

Si vous ne saviez pas à quoi sert Sarkofrance : à me donner des idées de billets (Smiley, l’ami !). Aujourd’hui, il tombe (encore !) sur des sujets qui me passionnent dont la mécanique électorale. Le premier commentaire est intéressant, aussi. Je n’ai pas lu les autres.

Je vais en citer une phrase avant de revenir à Sarkofrance : « Ici, il n’y a pas synthèse mais une ligne droite vers du social libéralisme que l’on sentait poindre déjà chez Hollande. » Oui. Je l’ai déjà dit, il n’y a pas grand-chose de neuf chez Hollande et il a été choisi par la gauche pour être l’adversaire de la droite au second tour de la présidentielle : il a gagné le premier tour de la primaire, le deuxième puis était en tête au premier tour de la présidentielle. On ne saura jamais pourquoi les gens ont voté aux « trois premiers tours » pour pépère. Par conviction pour son projet ou pour être sûrs de virer Nicolas Sarkozy.

Cette gauche qui prétend que les deux hommes se valent m’énerve aussi, tiens ! On a l’impression que les clowns avaient le choix entre la peste et le choléra. Si j’étais à leur place, c'est-à-dire dans une certaine opposition à ceux qui nous gouvernent, j’aurais plutôt tendance qu’on avait le choix entre la grippe et le cancer du pancréas. Avec « Sarko », on aurait eu une beaucoup plus forte augmentation de la TVA, un referendum abject pour savoir si on pouvait radier du chômage un type qui refusait une formation (ou un truc comme ça, j’ai oublié). Et c’est à peu près tout vu qu’il n’avait pas de projet. Et un discours basé sur la haine de l’autre, de l’étranger, de l’assisté, du chômeur, du fonctionnaire, du syndicaliste, du musulman,…

N’oublions pas d’où on vient…

Pour reprendre ce commentaire, l’auteur utilise la locution « social libéralisme ». François Hollande a déclaré qu’il était « social démocrate » et la presse en fait la une ». Melclalex, dans son billet d’hier, nous parle du socialisme à la Française. Il parle aussi du virage opéré par François Hollande. Il introduit son billet : « Hier le socialisme à la française a disparu des écrans radars du Président de la République. Le socialisme n'existe plus au PS, ce parti est devenu ou est resté, c'est comme vous voulez, un parti réformiste à l'allemande, le SPD français est né, Jaurès doit se retourner dans sa tombe. » J’aime bien les gens qui invoquent Jaurès, même Nicolas Sarkozy le faisait.

En 2002, Lionel Jospin a dit « mon projet n’est pas socialiste. » Ca a probablement participé au fait qu’il ne soit pas au second tour en faisant un score dérisoire (en 1965, 1981, 1988, 2007 et 2012, les candidats en tête à gauche ont tous fait plus de 25% au premier tour. Reste Duclos en 1969 et … deux fois Jospin). Toujours est-il qu’il faut faire attention aux mots. Il faudrait lancer une chaîne de blog pour que les tous ces  braves gens qui utilisent les mots « socialisme », « social démocrate » ou « social libéral » dans tous les sens nous expliquent de quoi il s’agit et que, ensuite, ils nous expliquent ce qu’ils peuvent mettre en face. Ensuite, ils pourront nous dresser la liste des partis réellement socialistes dans le monde entier.

Je suppose Lionel Jospin ne voulait pas de nationalisation des moyens de production. Son projet n’était donc pas socialiste et il n’y a pas à en chier une pendule.

Revenons au billet de Sarkofrance et la haine qu’ont certains types de la vraie gauche contre François Hollande.

Mon confrère rappelle une logique arithmétique : les seules voix recueillies par Jean-Luc Mélenchon au premier tour ajoutée aux voix de François Hollande n’arrivent pas à expliquer le gain de cette élection. A eux deux, ils ont obtenu 40%. Vous ajoutez les autres forces de gauche, cela fait 44%, tout rond. Pour obtenir 51,64%, il a donc du aller « chercher » 7,64% d’électeurs à sa droite.

Si l’on divisait le Parti Socialiste en autant de candidat à la Présidentielle en autant de voix que les candidats ont obtenu au premier tour de la primaire, François Hollande aurait remporté plus de suffrage que Jean-Luc Mélenchon (c’est facile à calculer, 28% à la présidentielle, 40% à la primaire, vous multiplié, vous divisez par 100 et vous tombez sur 11,2%, Mélenchon a fait 11,1%. On peut même faire mieux et multiplier les comparaisons : si l’on considère que la part de la population qui lui fait encore confiance est le dernier carré de ses fanatiques, ça fait un « score » supérieur au cumul des scores des candidats de la gauche.

Mais surtout, ces électeurs, ceux que j’additionne bêtement pour les besoins d’une démonstration, n’appartiennent à personne, pas plus à moi pour une bête démonstration qu’à d’autres. Ce ne sont pas les 11% de Mélenchon qui ont fait gagner Hollande mais 52% des Français ayant voté ce jour-là. Ce ne sont pas les militants du Front de Gauche qui ont fait gagner François Hollande mais François Hollande lui-même, avec les militants du Parti Socialiste.

Et tous méritent du respect.

Enfin, je vais rappeler le paragraphe d’un discours. « Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. » Vous pouvez lire l’intégralité du discours du Bourget sur le web.

Si certains ont interprété ce discours, ce « cet adversaire, c’est le monde de la finance » en dehors du contexte ou en « cet adversaire, c’est le monde de l’entreprise » l’ont dans l’os… Ceux qui ont cru que les peuples ou les Etats reprendraient le contrôle de l’économie en six mois se sont lourdement trompés.

Il y avait ça, aussi, dans le discours : « La Gauche, je l’ai choisie, je l’ai aimée, je l’ai rêvée avec François Mitterrand dans la conquête. La Gauche, je l’ai défendue fermement dans ses réalisations : celles de 1981, celles de 1988. La Gauche, je l’ai servie comme élu de la République, comme député. La Gauche, je l’ai dirigée avec Lionel Jospin, quand nous gouvernions ensemble le pays avec honneur et j’en revendique les avancées. Aujourd'hui, c’est moi qui vous représente. C’est moi qui porte votre espoir. C’est moi qui porte l’obligation de gagner. C’est moi qui vais dans ce combat vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps, dix ans déjà. Dix ans qu’une droite s’est installée au pouvoir et qu’elle a défait ce que nous avons construit. »

Relisez tout le discours, relisez les deux dernières phrases de cet extrait.

Et rappelez-vous la fin du discours, cette fin du discours auquel j’ai assisté, seul au milieu de 20000 autres personnes qui voulaient la victoire de François Hollande. Cette fin du discours du 22 janvier 2012 qu’on écoutait avec émotion dans les jours qui suivaient le 6 mai.

« La France, la France n’est pas un problème. La France est la solution !

Voilà le choix, chers amis, voilà le choix qui vous attend. Toujours le même, toujours celui, depuis que la démocratie existe, entre la peur et l’espoir, entre la résignation et le sursaut, entre l’agitation et le changement. Eh bien le changement, le changement, c’est maintenant ! Le redressement, c’est maintenant ! La justice, c’est maintenant ! L’espérance, c’est maintenant ! La République c’est maintenant !

Mobilisons-nous, rassemblons-nous et dans trois mois, dans trois mois, nous ferons gagner la Gauche, avancer la France et nous réussirons le changement ! Le changement, j’y suis prêt !

Vive la République ! Et vive la France ! »

Le changement, c’est maintenant. Ca a commencé. Il a changé de compagne.

22 commentaires:

  1. Non rien n'a changé, je lis avec toujours autant de plaisir ces mots qui ont conclu le discours du Bourget.

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  2. Cocus comme le sont les militants de gauche aujourd'hui, je leur propose comme slogan réunificateur : « Nous sommes tous des Trierweiler »…

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    1. Elle n'est pas cocue, elle n'avait qu'à se marier.

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  3. A droite on les connait, ils refusent toutes proposition par principe, ce qui revient à être stupide.

    A gauche ils confondent et mélangent "tout entreprises capital et finance nuisible". Ils ont oublié que c'est la finance en particulier les banques mais pas seulement qui nous ont mis dans le caca ..

    Ce que je reproche à Hollande c'est c'est de ne pas avoir tenu sa promesse envers cette finance dont il a dit qu'elle était son ennemi.

    Ce que je lui reproche également c'est de ne pas avoir renversé la table envers Bruxelles, il aurait pu au moins essayer, il s'est dégonflé, car je suis certain et convaincu qu'il aurait obtenu des résultats.

    Je ne crois au baratin qui consiste à dire que ce n'est pas possible car dans cette Europe à la con c'est ceux qui tape du point sur la table dixit la Le royaume uni qui plus est n'est pas dans la zone euro qui en parti fait la loi.

    Il n'est peut être pas trop tard

    David75

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    1. Pas ennemi, adversaire. Les mots ont un sens.

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    2. Ce sont les propres mots de François Hollande, pas les miens

      David75

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    3. Non. Il a dit adversaire. La citation et le lien sont dans mon billet

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  4. merci Nicolas de ce rappel salutaire
    le PS issu d' Épinay n'est pas un parti trotskiste , ça se saurait
    que la merluche s'y soit égaré un temps pour faire perdre Massy et qq autres villes du 91 ne change rien à l'affaire

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  5. "Le changement, c’est maintenant. Ça a commencé. Il a changé de compagne."
    ...et comme, selon la rumeur, elle attend un enfant, quand ils changeront ses couches, ils pourront s'exclamer en chœur : "le changement, c'est maintenant !"

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    1. C'est malin.

      Elle n'est pas enceinte de Hollande. Elle fait une GPA pour un copain homo.

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    2. Delanoë, maintenant ! Mais vous ne respectez personne !

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    3. Pourquoi ? Il est homo ? Et paf !

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  6. Et moi, ce qui m'énerve également, ce sont les commentateurs qui viennent mettre un mot sous un billet de Jegoun qui prend la peine de raisonner et de nous inciter à réfléchir, pour le plaisir douteux de montrer comme ils sont marrants en plaçant une blague idiote. Zavez pas mieux à faire ?

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