Il y avait un grand débat, dans les réseaux sociaux, hier, à
gauche. La gauche doit-elle freiner sur les sujets sociétaux et se consacrer au
reste : l’économique et le social ? L’ami Sarkofrance revient sur le
sujet, ce
matin, et il a parfaitement raison : ceux qui, à gauche de la gauche,
disent que le PS en fait trop sur ces sujets pour masquer le reste, sont les
premier à gueuler quand le gouvernement fait marche arrière, comme hier.
Commençons par une anecdote. Hier, au bureau, on avait une
réunion d’information sur notre formation professionnelle. On nous a dit qu’on
pouvait choisir une formation technique, une formation plus générale
(management, gestion de projet,…) ou une formation sociétale. J’ai évidemment
tiqué en entendant l’expression et on nous a rapidement expliqué de quoi il
retournait. On y trouvera ainsi des formations telles que « le
développement durable en entreprise ». Ceci n’a aucun intérêt mais une
collègue a posé la question : ça veut dire quoi, « sociétale » ?
Elle n’avait jamais entendu le mot. A vrai dire, je dois reconnaître que je me
demande si on utilise pas un peu trop ce terme dans nos milieux bas du genou de
blogueurs politiques…
Le Larousse définit l’adjectif
sociétal ainsi : « Qui se rapporte aux
divers aspects de la vie sociale des individus, en ce qu'ils constituent une
société organisée. » Nous voila bien rassurés.
Je dois reconnaître que ces sujets sociétaux ne m’intéressent
pas spécialement, pris un par un. Ils m’intéressent quand ils font la une de l’actualité
et quand ils sont des promesses de campagne mais je considère que c’est souvent
une connerie quand ils sont mis en avant. C’est une connerie pour plusieurs
raisons.
La première : ils servent de prétexte à l’opposition
(de droite comme de gauche) pour dire que c’est un cache misère…
La deuxième : c’est un cache misère. A force de mettre
ces sujets sociétaux en avant, on en oublie des sujets qui devraient nous
sembler plus importants.
Ce cache misère est aussi utilisé par l’opposition. Je vais
prendre un exemple tordu. Vous vous rappelez de la catastrophe de Brétigny. Les
réactionnaires ont fait un scandale parce qu’il y aurait eu des émeutes.
Admettons qu’elles aient existé. On ne peut en tirer aucune conclusion. Un type
de la droite de la droite en dira qu’il faut moins d’immigration mais ça n’empêche
pas qu’on a un tas de cons entassés dans des cités fumeuses. Comme on ne peut
pas faire grand-chose, autant traiter un sujet qui me parait important :
la SNCF a-t-elle les moyens d’entretenir ses lignes pour éviter que ce genre de
catastrophe, l’accident de train, ne puisse se reproduire ? J’avais dit
que j’allais prendre un exemple tordu mais je n’avais pas envie de parler de
PMA. La sortie de la crise, la fin du chômage,… et donc le pacte machin de
pépère me semblent plus important que la possibilité pour les homosexuelles d’avoir
des enfants. Ce qui ne veut pas dire que c’est important.
La troisième : cela perturbe l’électeur qui a l’impression
qu’on ne s’occupe plus de lui. Par exemple, les parlementaires socialistes ont
fait un pataquès, hier, à propos de la PMA. Ils ont dénoncé le fait qu’elle ne
soit pas dans le projet et que le gouvernement s’oppose à l’y intégrer. L’électeur
moyen (ce qui n’est pas une critique, c’est par opposition à « militant »)
va penser, je cite de mémoire : « mais qu’est-ce
qu’ils nous font chier avec ces conneries, ils n’ont rien de plus important à
faire ? ».
Dans ce billet, j’utilise beaucoup les mots « importants »
et « conneries ». C’est une question d’appréciation. Je discute
beaucoup avec des blogueurs réactionnaires et on n’utilisera pas le même de ces
mots pour qualifier chacun des sujets. Sauf autour d’un verre, on finira
toujours par dire : « de toute manière, on
n’y peut rien. » D’ailleurs, souvent, on y peut rien. Que cela soit
le déficit de l’Etat, la crise économique, l’entassement des andouilles dans
des cités, les problèmes existent et viennent de mauvaises politiques menées
pendant des décennies, des siècles,… Les modifications ou corrections ne
peuvent plus se faire que petit pas par petit pas.
On dit qualifie souvent les réactionnaires par la locution « c’était mieux avant. » Ils ont raison, c’était
mieux avant. C’était mieux quand il y avait le plein emploi, qu’on n’avait pas
de problème de pollution, de ressources, … Qui n’est pas réactionnaire ?
Toujours est-il que même si les sujets ne sont pas importants,
la gauche doit faire évoluer la société vers ce qu’elle appelle le progrès. Oui !
Nous sommes les progressistes, par opposition aux réactionnaires. Elle doit la
faire évoluer pour tout un tas de raison dont celle qu’on n’est pas à l’abri d’un
recul. Voyez ce qui se passe en Espagne !
Nous sommes là en train de gueuler après la droite
espagnole, néanmoins légitimement élue, alors que l’IVG n’a pas quarante ans en
France et qu’on ne pensait qu’un tel pays, un voisin, pourrait prendre une
telle décision.
En 2013, la gauche a fait le mariage pour tous, une
quinzaine d’années après le PACS. La PMA pourra bien attendre un peu. Elle se
fera. Mais elle ne pourra se faire que si la droite réactionnaire ne revient
pas au pouvoir.
Arrêtons d’effrayer les braves gens avec des sujets qui nous
sont potentiellement chers mais dont on sait qu’ils font peur.
En même temps c'est absurde de penser que même une enorme reforme sur le travail influerait sur le chōmage sur un mois dans un pays de 65 millions d'habitants. Donc parler de chōmage constamment ne reglera jamais le probleme par contre ce qui est sur c'est que ca fait de la prophetie autorealisatrice, cela nourrit la morosite qui influe sur les embauches et l'investissement qui augmente le chōmage...,il est certain que les 10% les plus pauvres voient vraiment leurs conditions de vie se dégrader mais entendre les autres geindre qu'ils ont perdu 10 euros de pouvoir d'achat c'est juste indecent. C'est le paradoxe francais, ce sont les plus proteges qui ont le plus peur.
RépondreSupprimerOn est d'accord.
SupprimerMais ce qui se passe en Espagne n'est pas du tout un recul, même si le projet méritait un tout petit peu plus de nuance. Ils me font bien marrer tous ces progressistes avec leurs sacro-saints "droits à". Où seraient-ils tous ces connards si le tout premier droit dont tous les autres procèdent n'avait pas été respecté : le droit à la vie, qui fait partie des droits naturels sur laquelle cette république est soi-disant fondée ?
RépondreSupprimerLe droit à la vie ? Vous etes pour la peine de mort, je suppose.
SupprimerJustement non, même si j'avoue parfois que dans certains cas. En revanche, je suis pour la fermeté de la justice et l'exemplarité des peines, effectuées jusqu'au dernier jour.
SupprimerMême pas un p'tit tour de garrot ?
Supprimer« l’entassement des andouilles dans des cités, »
RépondreSupprimerJe rappelle que l'andouille est une délicieuse charcuterie à base de porc ; il n'est donc peut-être pas très judicieux de l'entreposer dans les cités…
Ce n'est plus pour moi mais le recul des droits des femmes me soucie énormément, pour nos filles et petites-filles. Pour préciser, je n'ai pas à être pour ou contre l'avortement, mais je suis à fond pour que chacun(e) puisse choisir en conscience, pareil pour les autres changements sociétaux puisque l'évolution de la recherche les a rendus possibles.
RépondreSupprimerce qui m'amuse c'est quand la droite parle que de sociétal et reproche à la gauche d'en parler au motif que ce serait une diversion.
RépondreSupprimerCe qui n'est pas mon cas. Je défends une vision naturelle et par là humaine de la société. Après,les borborygmes du marigot politicien m'indiffèrent
Supprimer