En salle

20 février 2014

La tribune imprécise de Jean-Marie Le Guen

Jean-Marie Le Guen a signé, avec d’autres personnalités, une tribune qu’il diffuse aujourd’hui sur son blog. Il y parle de l’industrie en France, fait le rapprochement entre les années 1981 et 1983 et les années 2012 et 2014, avec des fameux virages. Globalement, il y défend et justifie le pacte de responsabilité de François Hollande. La tribune devrait déplaire à un paquet de gauchiste mais peu importe. Je vous invite à la lire, ça m’évitera de faire un billet aujourd’hui (pas le temps). Je partage totalement le diagnostic (et je pense que beaucoup de Français aussi mais la question n’est pas là) et pourrais la signer à deux mains les yeux fermés et le nez bouché.

Sauf un passage, vers la fin.

« Pour l’emploi, il faudra que F. Hollande s’attaque à un ultime et redoutable tabou national : celui des rigidités d’un code du travail qui, de protecteur du salarié, est devenu un puissant répulsif de l’emploi. Pour cela, il devra affronter le redoutable consensus d’exclusion dont s’accommode notre pays au prix de coûteuses dépenses sociales, avec pour solde la désespérance des jeunes et des chômeurs. »

Première partie : ce n’est pas un tabou national mais un tabou à gauche. Deuxième partie : oui mais ça ne veut pas dire grand-chose. M. Le Guen veut-il dire qu’à cause de la sécu, il y a des chômeurs ?

Je n’aime pas quand une personnalité de gauche raconte ce genre de truc sans avancer plus de précisions. Outre le fait que c’est hautement populiste (ben oui « y qu’à réformer le code du travail » sans dire en quoi, ou « y a qu’à verser moins de pognon » sans préciser à qui), c’est un coup à se couper de la gauche encore plus.

Que M. Le Guen nous dise quelles réformes du code du travail il souhaite faire. Clairement. Sans tabou. Qu’il nous dise aussi comment il compte affronter le redoutable consensus d’exclusion ? Qu’est-ce qu’il entend par ça.

C’est dommage de faire une si belle chronique avec de si juste constats pour finir par une telle conclusion.

16 commentaires:

  1. « Que M. Le Guen nous dise quelles réformes du code du travail il souhaite faire. »

    Mais enfin, il n'en sait foutre rien, ce pauvre homme ! Comme s'il avait l'intention de faire réellement une réforme ! Qu'il fasse comme ses collègues et s'occupe de parité et de stéréotypes : ça, au moins, c'est sans risque…

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    1. Z'avez raison. Remarquez, c'est pareil à droite, ils ne font que parler de connerie (voir l'UMP qui était "pour le genre" dans la majorité et est contre dans l'opposition).

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  2. S'il veut dire que le "consensus d'exclusion" résulte du fait que la gauche ne veut pas réformer le code du travail, il a probablement raison mais il devrait préciser, c'est vrai.
    En son temps le CPE me paraissait une réforme assez acceptable (sauf le fait de ne pas avoir à motiver un licenciement).

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    1. Il ne l'était pas. Imposé par en haut sans concertation. Après ils auraient fait un contrat deuxième embauche. C'est encore la gauche qui s'y colle en améliorant le cadre des stages : la vraie première embauche.

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  3. J'ai bien une idée, mais elle ne va pas plaire à gauche. Commencer par supprimer les comités d'entreprise, ce serait une bonne chose. Je ne vois pas au nom de quoi des types qui n'ont pas mis un rond dans une entreprise se retrouveraient investis du moindre droit de demander des comptes à son propriétaire.

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    1. C'est vrai ça.
      Tous ces employés qui croient qu'ils participent au fonctionnement d'une boite...Les cons.

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    2. FCB a répondu avant moi. Les salariés apportent à une boîte autant que le capital. Sinon, elle ne sert à rien.

      Le CE n'est pas là pour demander des comptes mais pour s'assurer du respect de la loi et pour permettre des accords d'entreprise.

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    3. Ils sont payés pour effectuer un travail, pas pour contester la stratégie de l'entreprise.

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    4. Vous êtes complètement déconnecté. Le CE n'est pas là pour discuter de la stratégie de l'entreprise. Elle ne le fait que dans le cadre de la loi et essentiellement s'il y a des conséquences importantes pour les salariés. Pour le reste elle représente les salariés auprès de la direction. Par exemple, quand ma filiale a été créée, c'est le ce en parfait accord avec la direction qui a travaillé avec la direction pour négocier les nouveaux contrats de travail, le règlement intérieur.

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  4. Ce qu'il veut mettre en avant c'est le paradoxe français d'avoir une grande protection de l'emploi mais d'avoir le pendant que ceux qui n'ont pas réussi à rentrer ou qui sont sortis de ce cadre protecteur sont exclus durablement du marche du travail. La peur du chōmage est donc plus importante en France que dans les autres pays à taux de chōmage approchant car y a un vrai phénomène d'exclusion des chômeurs et qui en plus agir comme une épée de damoclès au-dessus qui ont pourtant un emploi protégé. (D'oū un mal-être au travail et un taux de suicide élevés en France alors que relativement au reste du monde on est quand même très bien loti)

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    1. Bof. On pourrait aussi parler du paradoxe allemand. Faible taux de chômage, pays riche mais plus de pauvreté que chez nous. C'est une question d'équilibre mais personne ne veut y toucher.

      Mais la frite allemande, grâce aux socdems a accepté un vague SMIC. C'est la gauche qui aurait dû le mettre en œuvre quand elle a fait ses réformes de droite.

      C'est ce que très peu arrivent à comprendre en France, la gauche de la gauche et la droite ne voulant aucune concession.

      Et seuls Hollande et le gouvernement sont dans une démarche de négociation.

      Mais pour en revenir à l'objet du billet, les types de gauche "hollandaise" sont incapables de faire des propositions.

      On en arrive à des aberrations. Par exemple, il y en a qui veulent faciliter les licenciements et réduire le chômage. Alors qu'il faudrait faire l'un et le contraire de l'autre. Proposer un pacte aux entreprises. Tiens, celles qui veulent des facilitations de licenciements auront des salariés mieux protégés par l'assurance chômage et elle paieront plus. Et celle qui veulent durcir les le envièrent auront leurs cotisations allégées...

      Il est là, le paradoxe. On se tient dans des positions idéologiques à la con.

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    2. Alors, si la frite allemande accepte le SMIC, y a plus qu'à fermer sa gueule. Ou à lui demander d'accepter aussi la mayonnaise.

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    3. Je dis le contraire : si la frite allemande accepte la mayonnaise, on peut accepter qu'elle soit surgelée.

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    4. À rapprocher d'un de mes billets : dans la mesure où la plupart des gens bouffent des frites avec de la sauce, qu'ils ne nous fassent pas chier avec la qualité des pommes de terre. Et un billet plus récent : dans la mesure où je mange des plats en sauce, je peux préférer le croustillant des frites.

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    5. "On en arrive à des aberrations. Par exemple, il y en a qui veulent faciliter les licenciements et réduire le chômage. Alors qu'il faudrait faire l'un et le contraire de l'autre."
      Dire que c'est une aberration est aussi une position idéologique à la con (je reprends ton com' si je puis me permettre :-) )
      La "flexisécurité" a très bien fonctionné au Canada, aux royaume-uni, aux pays-bas en temps de croissance alors que la France avait toujours ses 9% de chômage. Apparemment le pays-bas continue à se maintenir en temps de crise. Le système français a par contre permis d'amortir la crise au moins quelques années.
      On reste sur des politiques très idéologiques, il faut que tel parti soit absolument contre l'autre, tout noir ou tout blanc, ça cristallise le débat, fait peur aux gens à qui on promet l’apocalypse d'un côté ou de l'autre.
      Et si on pouvait comparer, débattre sereinement, essayer d’adapter d'autres recettes pour un temps? sans dire que l'un ou l'autre système est "mieux".
      Quand je vois mes collègues baby-boomers arriver en retraite à moins de 60 ans, avoir un logement payé, partir en vacances à l'étranger chaque année, n'avoir absolument jamais connu le chômage, et les voir si terrorisés, si mal complètement sur une autre planète se plaignant auprès des armées de jeunes en statut précaire, franchement il y a quelquechose qui ne va pas...

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    6. On est d'accord ! Il y a quelque chose qui ne va pas.Mais dans tous les payse du monde !

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