En décembre, la Banque de France a sorti un rapport pondu
notamment par un Strauss-Kahn, mais pas Dominique, son frère, Marc-Olivier. Je
vous livre le titre « Productivité horaire et
PIB par tête aux États-Unis et en France — Comparaisons et recommandations. ».
On y voit notamment que la France est le troisième pays en terme de
productivité horaire, derrière la Norvège et la Belgique, mais que le PIB par
habitant recule par rapport à celui des Etats-Unis. Le rapport, fort indigeste,
est bourré de recommandations. François Hollande s’en inspirerait-il pour
conduire le pacte de responsabilité ?
En première lecture, on en retiendra une conclusion évidente :
le projet de l’UMP qui consiste à vouloir nous faire travailler plus est une
horrible erreur. Si chaque travailleur produit plus, il faudra moins de
travailleur pour produire autant. Hop ! S’il travaille plus, il sera plus
fatigué parce qu’il sera obligé de rester plus tard au bistro le soir et finira
par être moins productif. J’y reviendrai car le rapport y consacre une section.
Cela étant, ce n’est pas une très bonne nouvelle : il y
a encore quelques années nous étions les premiers. Les ravages du Sarkozysme,
surtout à l’ère des dictaphones numériques construits en Chine. Au moins, du
temps de Mitterrand, on faisait des écoutes téléphones enregistrées avec du
matériel de marque française et des bandes magnétiques cousues à la main par
des bonnes ménagères de chez nous.
Un peu de sérieux. Revenons au rapport. Le pdf est ici.
Je vais traduire la seconde partie de l’introduction… Lors du sommet de
Lisbonne, les zozos de l’Europe ont décidé de réduire le chômage mais ça passe
par l’augmentation du PIB par habitant, donc la croissance. Comme des
travailleurs supplémentaires peu qualifiés vont se pointer, la productivité va
baisser. Comme on est en retard de PIB par rapport aux Etats-Unis, il faut
faire des réformes structurelles du marché des biens et du travail. Et hop !
Grace à ses réformes, on va encore augmenter la productivité et la croissance.
Ce qu’il y a de bien, c’est qu’ils sont optimistes, à la
Banque de France, mais font bien attention à faire des documents
incompréhensibles. Il faudrait qu’un blogueur spécialisé en économie fasse de
la vulgarisation. Je pourrais alors reprendre sa prose pour regulgariser et
ainsi de suite : Ca devrait donner ceci : si pépère y en a supprimer
le code du travail, y en aura moins de chômeurs et on aura plein de pognon.
Je vais faire un aparté. Vous devriez chercher Marc-Olivier Strauss-Kahn
dans Google. Il y a quelques années, il a été nommé représentant de la BdF aux Etats-Unis,
ça avait fait scandale et ça aurait pu gêner son frère. C’était avant mai 2011.
Je résume la fin du rapport, maintenant : la croissance
de la productivité doit être recherchée. Déjà que la nôtre est bonne même si elle
a baissé à cause de la droite patati patata, c’est de bonne augure. Cette
productivité permettra d’augmenter la croissance mais il faut que ce gain soit
tourné vers la croissance. Là, Marc-Olivier et son collègue nous disent : le
partage de la croissance doit « demeurer équilibré
de façon à éviter tant une incitation insuffisante à investir ».
Eviter une incitation insuffisante. Ils ont osé. Je résume : il faut que
les entreprises investissent.
La suite est assez drôle aussi : il faut de la
modération salariale. Ca permettra de réduire les prix et de favoriser le
pouvoir d’achat. Présenté ainsi, ça va nous exciter le gauchiste. Je suppose
que nos sympathiques lascars ont voulu dire un tas de truc sérieux. Comme quoi,
il faut augmenter la compétitivité par rapport aux Etats-Unis donc ne pas
augmenter les salaires pour que les coûts de production américains finissent
par être supérieurs aux nôtres ou un truc comme ça. Nous allons positiver :
il faut augmenter le pouvoir d’achat par une baisse des prix plutôt qu’une
augmentation des salaires. Amen.
Par ailleurs, il faut augmenter la formation des salariés
dont le niveau est inférieur à celui de nos lointains voisins ou de nos proches
éloignés amis américains. Cela passe par la formation initiale, la formation
professionnelle. C’est notamment les formations supérieures qu’il faut
augmenter (nous dépensons à peu près la moitié des américains par rapport au
PIB). Pourquoi améliorer la formation me demanderez-vous ? Parce que. Pour
augmenter la productivité, il faut des nouvelles technologies, donc des types
formés.
Nos amis abordent la nécessité d’alléger la réglementation. Là,
ça devient franchement libéral mais pas complètement con. Ils veulent assouplir
le droit du travail au profit d’accords de branches pour coller au mieux à
leurs besoins.
Enfin, nos apprentis économistes abordent ce qui peut
pousser les gens à ne pas vouloir travailler, les « trappes à inactivité ».
Par exemple, un lascar qui touche des revenus sociaux ne gagnera pas
beaucoup plus s’il travaille. Il faut donc améliorer la prime pour l’emploi,
disent-ils (comme elle est liée à l’impôt sur le revenu, elle est versée à la
fin de l’année suivante).
Reprenons l’essentiel
Il faut « dynamiser la
productivité du travail et augmenter la quantité d’heures travaillées
globalement. »
Le temps de travail ! Nous y voila. Filochard et
Ribouldingue le disent : l’augmentation de la quantité d’heures
travaillées passe soit par une augmentation du taux d’emploi soit par une
augmentation du nombre d’heures travaillées individuellement. Même s’ils
pensent que l’on pourrait augmenter ce dernier, par choix du salarié et selon
les besoins des branches, ils insistent sur la nécessité de l’augmentation du
taux d’emploi des moins de 25 ans et des plus de 65.
En résumé, il faut poursuivre les réformes. Attendons de
voir ce qui sortira du pacte machin…
François Hollande ne serait guidé par le fantôme de DSK mais par son frère...
François Hollande ne serait guidé par le fantôme de DSK mais par son frère...
Est-ce que nos amis de la Banque de France appliquent ces bonnes recettes à eux-même? Doucement, faut pas bousculer mémé.
RépondreSupprimerLes brusque pas.
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