En salle

07 mars 2014

Le rapport de la Banque de France qui guide François Hollande ?

En décembre, la Banque de France a sorti un rapport pondu notamment par un Strauss-Kahn, mais pas Dominique, son frère, Marc-Olivier. Je vous livre le titre « Productivité horaire et PIB par tête aux États-Unis et en France — Comparaisons et recommandations. ». On y voit notamment que la France est le troisième pays en terme de productivité horaire, derrière la Norvège et la Belgique, mais que le PIB par habitant recule par rapport à celui des Etats-Unis. Le rapport, fort indigeste, est bourré de recommandations. François Hollande s’en inspirerait-il pour conduire le pacte de responsabilité ?

En première lecture, on en retiendra une conclusion évidente : le projet de l’UMP qui consiste à vouloir nous faire travailler plus est une horrible erreur. Si chaque travailleur produit plus, il faudra moins de travailleur pour produire autant. Hop ! S’il travaille plus, il sera plus fatigué parce qu’il sera obligé de rester plus tard au bistro le soir et finira par être moins productif. J’y reviendrai car le rapport y consacre une section.

Cela étant, ce n’est pas une très bonne nouvelle : il y a encore quelques années nous étions les premiers. Les ravages du Sarkozysme, surtout à l’ère des dictaphones numériques construits en Chine. Au moins, du temps de Mitterrand, on faisait des écoutes téléphones enregistrées avec du matériel de marque française et des bandes magnétiques cousues à la main par des bonnes ménagères de chez nous.

Un peu de sérieux. Revenons au rapport. Le pdf est ici. Je vais traduire la seconde partie de l’introduction… Lors du sommet de Lisbonne, les zozos de l’Europe ont décidé de réduire le chômage mais ça passe par l’augmentation du PIB par habitant, donc la croissance. Comme des travailleurs supplémentaires peu qualifiés vont se pointer, la productivité va baisser. Comme on est en retard de PIB par rapport aux Etats-Unis, il faut faire des réformes structurelles du marché des biens et du travail. Et hop ! Grace à ses réformes, on va encore augmenter la productivité et la croissance.

Ce qu’il y a de bien, c’est qu’ils sont optimistes, à la Banque de France, mais font bien attention à faire des documents incompréhensibles. Il faudrait qu’un blogueur spécialisé en économie fasse de la vulgarisation. Je pourrais alors reprendre sa prose pour regulgariser et ainsi de suite : Ca devrait donner ceci : si pépère y en a supprimer le code du travail, y en aura moins de chômeurs et on aura plein de pognon.

Je vais faire un aparté. Vous devriez chercher Marc-Olivier Strauss-Kahn dans Google. Il y a quelques années, il a été nommé représentant de la BdF aux Etats-Unis, ça avait fait scandale et ça aurait pu gêner son frère. C’était avant mai 2011.

Je résume la fin du rapport, maintenant : la croissance de la productivité doit être recherchée. Déjà que la nôtre est bonne même si elle a baissé à cause de la droite patati patata, c’est de bonne augure. Cette productivité permettra d’augmenter la croissance mais il faut que ce gain soit tourné vers la croissance. Là, Marc-Olivier et son collègue nous disent : le partage de la croissance doit « demeurer équilibré de façon à éviter tant une incitation insuffisante à investir ». Eviter une incitation insuffisante. Ils ont osé. Je résume : il faut que les entreprises investissent.

La suite est assez drôle aussi : il faut de la modération salariale. Ca permettra de réduire les prix et de favoriser le pouvoir d’achat. Présenté ainsi, ça va nous exciter le gauchiste. Je suppose que nos sympathiques lascars ont voulu dire un tas de truc sérieux. Comme quoi, il faut augmenter la compétitivité par rapport aux Etats-Unis donc ne pas augmenter les salaires pour que les coûts de production américains finissent par être supérieurs aux nôtres ou un truc comme ça. Nous allons positiver : il faut augmenter le pouvoir d’achat par une baisse des prix plutôt qu’une augmentation des salaires. Amen.

Par ailleurs, il faut augmenter la formation des salariés dont le niveau est inférieur à celui de nos lointains voisins ou de nos proches éloignés amis américains. Cela passe par la formation initiale, la formation professionnelle. C’est notamment les formations supérieures qu’il faut augmenter (nous dépensons à peu près la moitié des américains par rapport au PIB). Pourquoi améliorer la formation me demanderez-vous ? Parce que. Pour augmenter la productivité, il faut des nouvelles technologies, donc des types formés.

Nos amis abordent la nécessité d’alléger la réglementation. Là, ça devient franchement libéral mais pas complètement con. Ils veulent assouplir le droit du travail au profit d’accords de branches pour coller au mieux à leurs besoins.

Enfin, nos apprentis économistes abordent ce qui peut pousser les gens à ne pas vouloir travailler, les « trappes à inactivité ». Par exemple, un lascar qui touche des revenus sociaux ne gagnera pas beaucoup plus s’il travaille. Il faut donc améliorer la prime pour l’emploi, disent-ils (comme elle est liée à l’impôt sur le revenu, elle est versée à la fin de l’année suivante).

Reprenons l’essentiel

Il faut « dynamiser la productivité du travail et augmenter la quantité d’heures travaillées globalement. »

Le temps de travail ! Nous y voila. Filochard et Ribouldingue le disent : l’augmentation de la quantité d’heures travaillées passe soit par une augmentation du taux d’emploi soit par une augmentation du nombre d’heures travaillées individuellement. Même s’ils pensent que l’on pourrait augmenter ce dernier, par choix du salarié et selon les besoins des branches, ils insistent sur la nécessité de l’augmentation du taux d’emploi des moins de 25 ans et des plus de 65.

En résumé, il faut poursuivre les réformes. Attendons de voir ce qui sortira du pacte machin…

François Hollande ne serait guidé par le fantôme de DSK mais par son frère...

2 commentaires:

  1. Est-ce que nos amis de la Banque de France appliquent ces bonnes recettes à eux-même? Doucement, faut pas bousculer mémé.

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