« C'est un record dont il se
passerait bien. François Hollande est le président le moins aimé de la Ve République. » « Mais c'est aussi une question de destin ! Le chef de l'État
est victime d'une histoire qui se répète : Chirac, Sarkozy... deux ans après
leur arrivée au pouvoir, les derniers présidents ont à chaque fois battu le
record d'impopularité de leur prédécesseur. Mais, aujourd'hui, le désamour
entre les Français et François Hollande témoigne d'une véritable rupture. »
Cet
article du Point tente d’expliquer pourquoi François Hollande bat des
records d’impopularité et je suis assez d’accord avec lui… Plus exactement, il
m’éclaire assez bien sur le ressenti que je peux avoir de pépère, puisque je
fais partie des fameux 18%...
Je vais donc le résumer maladroitement car fainéasses comme
je vous connais, vous ne liriez pas tout d’autant que j’ai été assez bavard
aujourd’hui. Je reviendrai sur des parties précises ensuite.
La baisse de popularité du président est à peu près
continue. Il paye la situation dramatique de l’état du pays. La séquence
médiatique de l’été 2012 a été calamiteuse. Les multiples couacs ont montré qu’il
n’avait pas d’autorité. Il y a eu ce fameux ras-le-bol fiscal. La réforme des
rythmes scolaires passe assez mal et le mariage pour tous a horripilé une
partie de la population.
Mais tout cela, on le sait. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy,
pourtant, ont eu leur dose. Rappelez-vous de l’été 2007 ou des âneries
proférées par leurs collaborateurs.
Le problème n’est pas dans sa capacité à séduire. Il est
plutôt jovial et rigolo. Il n’est pas rejeté par les gens. L’article cite l’exemple
du salon de l’agriculture où il peut se promener calmement, contrairement à son
prédécesseur.
« Le malaise est ailleurs. S'il
subit le courroux du peuple, c'est parce que le président peine à incarner la
fonction, reconnaissent les connaisseurs. Un double rejet lié à "un
comportement politique et personnel", explique un responsable socialiste. »
Je veux bien le croire mais ce n’est pas le sentiment que j’ai…
« De l'avis de ses proches,
il a négligé la communication, déléguant au minimum cet aspect pourtant
essentiel du présidentialisme. Ce qui pourrait expliquer, par exemple, sa stratégie
contre-productive de banaliser la fonction. Le candidat normal élu en partie
sur le rejet du clinquant Sarkozy s'est fourvoyé en continuant dans cette voie
une fois élu. »
Ainsi, il paye le « président normal ». Stéphane
Le Foll ajoute que François Hollande essaie d’être comme les gens mais ne s’adresse
pas à eux, en tant président de la République. « Paradoxalement,
en essayant d'être comme tout le monde, il s'est déconnecté du peuple. »
Et ce sont les couacs, le manque d’autorité,... qui ont fini
par désacraliser la fonction ou par faire en sorte qu’il ne l’incarne plus.
« Outre son rapport au
peuple et à son entourage politique, sa vie privée, et notamment son
comportement avec les femmes, est presque unanimement condamnée. Ils ont été nombreux
à crier à la répudiation lorsqu'il a mis fin officiellement à sa relation avec
Valérie Trierweiler par un communiqué laconique. Mais surtout, d'aucuns ont dénoncé,
lors de l'affaire Gayet, que le président puisse roucouler pendant que la
France coule. »
C’est ici que je voulais en venir : je me fous
réellement totalement de la vie privée du président et je n’ai pas sacralisé la
fonction, sauf en tant qu’élément nécessaire à la conquête du pouvoir sous la Cinquième. Je me fous de l'annonce de la fin de sa relation avec l'ex.
Dans mes blogs, je cite assez souvent la Constitution et les fameux articles
qui définissent le rôle du président et du premier ministre. C’est à ce dernier
de conduire la politique de la nation…
En allant plus loin, c’est justement surtout parce que
Nicolas Sarkozy se comportait comme un premier ministre que je ne pouvais pas le
blairer. Et c’est bien que Jacques Chirac avait bien des premiers ministres, qu’il
avait, disons, ma sympathie, sauf au cours des deux premières années, parce qu’au
cours de ces deux premières années il a pris une mauvaise décision en tant que
président de la République : la reprise des essais nucléaires (n’en
discutons pas, je n’avais pas de blog à l’époque).
Toujours plus loin : c’est exactement ce que j’ai
reproché à François Hollande, c’est de faire beaucoup d’annonces lui-même,
laissant Jean-Marc Ayrault jouer le simple rôle d’un François Fillon, pas d’un
Alain Juppé, d’un Lionel Jospin, d’un Jean-Pierre Raffarin et d’un Dominique de
Villepin.
En aparté, j’espère que la séquence actuelle est réellement
un changement de cap comportemental.
Pour le reste, étant à peu près sur la même ligne politique
(même si tout ne me plait pas), je m’en fous un peu. En outre, s’il perd de la
confiance sur sa gauche avec la politique qu’il mène, il devrait en récupérer
vers le centre mais ce n’est même pas le cas.
Ainsi, si les Français ne peuvent pas blairer François
Hollande, c’est aussi parce qu’il est le président normal, celui décrit dans
les institutions de la cinquième, mais sacralisée par cette dernière qui a un
système électoral délirant.
Comme, en plus, il a joué le rôle de premier ministre…
Il faut qu’il nous fasse du Chirac ! Allez boire des
bières en rigolant au salon de l’agriculture et laisser Raffarin et Villepin
faire des bêtises. Revenir de temps en temps pour dire : « je décide
il exécute » et pour faire joli dans les cérémonies officielles.
Que Manuel Valls se débrouille… François Hollande a fait le
job : il a nommé un premier ministre qui a composé un gouvernement et
obtenu la confiance de l’Assemblée.
N.B. : ne pas se tromper
sur la nature de ce billet. Je ne cherche pas à le défendre mais à dire
pourquoi je l’aime bien et pourquoi le niveau d’impopularité délirant m’échappe
parfois (mais j’en prends acte).
J'aime bien ton billet car je le sens (et le sais ) honnête et sincère. Tu t'en prendras plein les dents...
RépondreSupprimerJe pense pour ma part que le principal problème d'Hollande est qu'il a été élu sur une promesse de "changement c'est maintenant". Notamment dans les pratiques politiques, dans les méthodes, dans ce côté "république irréprochable".
Et sur la forme, on voit que c'est pareil en pire. On donne des postes aux copains ou au partenaire (aujourd'hui le poste donné à Voynet, qui est consternant...). Et on fait un politique différente de celle de la campagne : l'ennemi n'est pas la finance, mais les fonctionnaires : forcément ça peut surprendre.
Sur le fond je pense que la droite n'aurait pas fait ou pu faire, vraiment mieux. Donc je ne juge pas...
Mais sur la forme... C'est consternant. Mais bon, ça me confirme juste ce que j'en pensais à l'epoque (même si pour la France et pour nous, j'aurais préféré me tromper...)
Bonne soirée
Merci.
RépondreSupprimerQu'est-ce qu'elle fait Voynet ? Je n'ai pas suivi.
Pour le reste, on n'est pas d'accord. Les pratiques politiques ont changé. Tu oublies tous les scandales sous Sarko... La nomination de proches est normale, si tu veux appliquer une politique. Je ne l'ai jamais critiqué à Sarko et Hollande n'en a pas fait assez. Sarko avait décidé qu'il nommerait lui-même les président des chaînes publiques.
Le seul reproche que l'on peut faire à Hollande sur ces trucs, c'est son interventionnisme au PS. Mais tout le monde est d'accord pour dire que Désir était mauvais à ce poste.
Et quand Sarko a nommé Bertrand au gouvernement pour qu'il quitte la tête du parti ? Personne ne disait qu'il était nul à cette place.
Il est bien, ton billet. Je pense comme toi que l'article du Point a raison - Hollande manque de crédibilité à cause de son prétendu manque d'énergie, la fameuse "mollesse", qui n'est véritablement qu'un problème de communication. Il fournit un travail qui est bien meilleur que ce que laissent entendre les médias, mais comme l'opinion publique le connaît pas ou mal, les sondages sont très défavorables (d'ailleurs bravo à stopbashing.org). Dans ce contexte, Manuel Valls est sans doute un bon choix (même si je ne l'aime pas), car il ira plus facilement vers les médias.
RépondreSupprimerMais je pense également que l'article - et toi aussi, d'ailleurs - avez oublié un point important dans cette démonstration: le fait que les électeurs aient voté pour un "président normal" et se plaignent aujourd'hui d'un président qui n'a pas assez l'air d'un président - ils se plaignent qu'Hollande soit comme il a annoncé qu'il serait. En ce faisant, ils soutiennent ce qu'ils dénoncent, c'est-à-dire le fait que les promesses et les engagements soient oubliés une fois que le nouveau président est aux responsabilités. C'est assez paradoxal.
Hollande devrait cependant en apprendre que la France veut un président ferme et énergique (selon les grandes traditions de la Ve République), et non copain comme lui aujourd'hui. Effectivement, son caractère l'éloigne hélas de l'opinion au lieu de l'en rapprocher, comme tu l'as très bien souligné.
Bref, entre trop président et pas assez, Hollande devrait devrait adopter, pensé-je, au risque de nouvelles comparaisons, la ligne de François Mitterrand, c'est-à-dire président un peu en retrait, mais qui ne quitte pas pour autant son premier ministre des yeux, car tu as raison, ses actions à la place d'Ayrault lui ont nui, et autant voir comment Valls s'en sort, puisqu'il est déjà là.
On est d'accord.
SupprimerBarto fait la gueule juste parceque Hammadi n'a pas été pris à l'IGAS y a rien de "consternant" la dedans ni de moralement répréhensible. Rien à voir et à comparer avec le cirque sarkozyste.
RépondreSupprimerBonne soirée (huhuhu)
Ivrogne.
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