Hier, je ronchonnais contre les geeks et les réacs qui
racontaient n’importe quoi à propos de propositions du CSA. Aujourd’hui, c’est
reparti, mais à propos d’un vote du Parlement Européen à propos d’un nouveau
machin sur une proposition de la Commission. A croire qu’ils veulent donner une
mauvaise image du Parlement à quelques semaines des élections. Ou que le
Parlement veut donner une mauvaise image de lui-même.
Toujours est-il que ceux qui ronchonnent ne connaissent
pas le fonctionnement de l’Europe…
Ce nouveau machin est eCall, une carte SIM qui sera intégrée
aux véhicules pour déclencher un appel aux services de secours en cas d’accident
détecté. Ce machin transmettra des informations comme le lieu de l’accident
mais aussi le modèle de véhicule ce qui permettra de préparer le matériel de
désincarcération adéquat. Vous en saurez plus en lisant la page Wikipedia (lisez, c’est
passionnant). Le système permettra de sauver des vies en réduisant le délai d’intervention
et de désincarcération mais aussi, par exemple, de diminuer les embouteillages
en anticipant les déviations. A terme, il devrait permettre des économies de l’ordre
de 26 milliards à l’échelle européenne. Le système sera obligatoire sur les nouveaux
modèles de voiture à partir d’octobre 2015 (2017, en fait, les constructeurs
ayant obtenu des délais supplémentaires au cas où ils ne seraient pas prêts).
J’ai découvert l’information chez l’ami Korben qui dit que c’est
« un exemple de libertés individuelles rognées
par les bons sentiments... » « Et
pourtant, c'est un putain de tour de magie qui est en train de se passer sous
nos yeux ébahis. Car oui, même si d'après la Commission Européenne, ce système
n'est pas conçu pour vous fliquer, il sera possible à votre assurance ou à la
police de savoir combien de temps vous avez roulé, à quelles vitesses, par où vous
êtes passé, combien de kilomètres ont été parcourus...etc. Et on le sait tous,
même si ce système n'est conçu que pour se déclencher uniquement en cas
d'accident, il sera probablement activable à distance tôt ou tard (pour tracer
une voiture volée par exemple). »
Et comme hier, c’est Numérama qui lance le cri
d’alarme. « Cependant, Bruxelles reconnaît également
que "les possibilités de la plateforme technologique eCall (par exemple
les modules de positionnement, de calcul et de communication) pourraient être
exploitées pour des services additionnels". La Commission cite d'elle-même
les "schémas d'assurance avancés", qui permettraient aux assureurs de
savoir si un véhicule roulait trop vite sur une route donnée, de facturer au
kilomètre parcouru, etc., ou le traçage des véhicules volés. L'eCall oblige à avoir
un système embarqué de téléphonie mobile dans toutes les voitures. Le reste
n'est qu'affaire d'imagination. »
Ils ont probablement raison mais les geeks sont parfois
amusants. Ils hurlent contre les géants du net et les atteintes à la vie privée
mais recommandent des téléphones portables avec des systèmes d’exploitation
faits par ces géants du net. Ces téléphones portables assurent la
géolocalisation de tous les possesseurs mais potentiellement géolocaliser les
véhicules est interdits. Le bord de nos routes est jonché de radars qui coûtent
la peau des fesses – et je ne parle même pas des portiques de l’écotaxe – qui permettent
de savoir où on est. On paye les péages avec des cartes bancaires où, mieux,
des machins comme le télépéage qui permet de suivre les mouvements des
véhicules, mais ça, c’est bien ! Par contre, un truc pour sauver des vies,
non.
Si un constructeur faisait une voiture avec une carte SIM
pour capter le téléphone ou tracer la voiture en cas de vol, nos geeks seraient
fous de joie et feraient des billets dithyrambiques pour louer le progrès. D’ailleurs,
on peut parier que nos voitures auraient toutes équipées d’un tel système –
avec l’appel des services d’urgence en cas d’accident ou de panne – d’ici
quelques années d’autant que certaines le sont déjà.
Mais quand ça vient de Bruxelles, c’est mal ! C’est
surtout mal connaître le fonctionnement.
Tout d’abord, le système eCall n’est pas neuf. L’essentiel
du boulot de la Commission a été de mettre des braves gens autour d’une table :
opérateurs téléphoniques, centres d’appels de secours et constructeurs
automobiles. Ceci a été un très long travail qui a permis d’aboutir à des
normes qui font que le même système fonctionne sur tous les véhicules, partout
en Europe. Ce n’est pas simple. Il a fallu adapter le 112 (le service d’urgence
européen), un service public, pour traiter les nouvelles informations comme la
géolocalisation,…
Ensuite, la Commission finance (environ 50 millions par an)
la recherche sur les technologies de l’information pour améliorer la sécurité
des transports, ce qui évite à chaque Etat de le faire.
Enfin, ce n’est ni la Commission ni le Parlement qui imposent
ce truc mais les Etats qui ont signé des accords avec la
Commission qui a pris l’initiative des travaux. Le texte est passé en première lecture et devra être validé par le Conseil et la Commission.
« Le déploiement d'un système
d'appel d'urgence public à l'échelle de l'UE représente un progrès très
important pour la sécurité des utilisateurs routiers européens. Près de 2500 vies
pourraient être sauvées chaque année en Europe et la gravité des blessures
pourrait être atténuée dans des dizaines de milliers de cas. Le système eCall
sera gratuit, au bénéfice de tout conducteur en Europe, indépendamment de la
voiture qu'il conduit. »
Mais il faut bien gueuler !
On a maintenant un standard à propos d’un dispositif de
sécurité qui deviendra obligatoire mais qui aurait été déployé quoiqu’il arrive notamment dans les voitures des geeks qui aiment bien ce genre de gadget…
Ca me rappelle quand la ceinture de sécurité a été rendue obligatoire en ville.
Quelques années plus tard (5), je passais mon permis (mon dieu, ça fera 30 ans
en juin), et des andouilles gueulaient toujours en disant que c’était
dangereux, ça risquait d’étranger les gens en cas d’accident.
En 40 ans, le nombre de morts sur les routes a été divisé
par 4 en France malgré l’augmentation de la circulation.
Éventuellement, si la voiture pouvait te ramener à la maison certains soirs ou tu as abusé (quand je dis te et tu, je pense bien entendu à moi et pas aux autres)
RépondreSupprimerTu penses à une édile ?
SupprimerCa pourrait lui être PLUS qu'utile
SupprimerEt puis, c'est bien connu, toutes ces vigies de la liberté et de la vie privée coupent et débranchent les batteries de leur téléphone mobile quand ils se déplacent, en bagnole ou en transports en commun...
RépondreSupprimerSans vouloir tomber dans l'argument fallacieux selon lequel les gens honnêtes n'ont rien à craindre, il faut savoir que les autorités ont DÉJÀ la possibilité légale d'identifier et de tracer qui ils veulent, même téléphone éteint (je suis bien placé pour en parler). Donc ce n'est pas ce dispositif qui va faire basculer notre société dans un système totalitaire. Ce n'est pas l'existence de moyens de surveillance qui distingue les démocraties des Etats policiers, mais la façon dont cette surveillance s'exerce.
Voila
SupprimerJe le trouve bien ce e-call !
RépondreSupprimer(Je garde l'exemple pour mon bidule-télé de la semaine prochaine sur l'Europe)
Merci.
Merci. De rien. À force de faire des billlets aujourd'hui j'avais oublié que je l'avais fait.
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