En salle

01 avril 2014

Que Valls devienne...

Que les choses soient claires : je ne suis pas un partisan de Manuel Valls. Je suis en désaccord complet avec des propos qu'il a pu tenir. Il n’empêche qu'il fallait bien un premier ministre, le précédent était un peu usé. Quoi qu'on en dise, François Hollande n'avait pas vraiment pas d'autre choix.

Il fallait quelqu'un de connu pouvant incarner l'autorité et pas incompatible avec sa ligne politique. Cela n'en fait pas pour autant un choix par défaut : Valls est populaire et assez dans la ligne politique incarnée par Hollande et que j'ai choisie lors de la primaire. Car je ne suis pas, non plus, militant socialiste. Sympathisant, seulement. Je me fous des querelles de clocher plus à gauche que moi tu meurs…

Et comme dirait l’autre : « en politique, ce n'est pas l'homme qui compte, mais les conditions politiques qui l'ont mis en poste. Valls est peut-être celui qui est le plus en situation de mener une politique de justice sociale plus offensive, parce qu'il est populaire à droite (même si ça ne va pas durer, mais ça lui donne des marges de manœuvre), parce qu'il arrive au poste de PM à un moment où l'électorat de gauche s'est mis en attente (le peuple de gauche a pour une part refusé de voter PS, sans pour autant se tourner vers le FdG), et peut-être surtout parce que Valls vise au-delà de Matignon et que ça implique désormais pour lui, maintenant qu'il s'est assuré sur sa droite sur la sécurité, de donner des gages de sa dimension sociale. »

En d’autres termes, on regarde beaucoup la carrière de Valls mais il n’a pas été mis là pour appliquer sa ligne politique mais pour respecter la feuille de route fournie par Pépère. Sa carrière passe par la primaire qui devrait avoir lieu en 2021 pour avoir l’investiture du parti en 2022 soit pour succéder à François Hollande soit pour succéder à un type de droite qui aura remplacé Hollande en 2017.

Dans les blogs, on trouve assez peu de blogueurs de gauche contents de cette décision. Il y a bien Cyril et probablement Dedalus (c’est lui, l’autre, ci-dessus, mais il n’a pas encore fait de billet pour la nomination de Valls). Cyril dit par exemple : « François Hollande l'a annoncé en ouverture de sa déclaration, il veut un gouvernement de combat. Manuel Valls a le profil du chef d'une gauche de combat. Son autorité doit lui permettre de mieux tenir son gouvernement, ce que n'a pas réussi Jean-Marc Ayrault. L'équipe que va constituer Manuel Valls va devoir marcher droit, éviter les couacs et les propos non solidaires de la politique gouvernementale. Ce n'est qu'ainsi que l'action du gouvernement gagnera en lisibilité et en crédibilité. »

Les mécontents sont légions. Parmi les leftblogs, on trouve évidemment Bembelly mais aussi Sarkofrance. Il en fait une chronique sur le blog principal. Dans l’annexe, il explique globalement qu’il passe dans l’opposition. Abadinte pense, à l’opposé de moi, que c’est un boulevard pour Marine Le Pen. Cette dernière a pourtant qualifié Valls de danger… Il fait un deuxième billet, ce matin (si ! deux billets en deux jours !), il nous montre ce que pourrait être le gouvernement de Valls. Je suis en partie d’accord avec lui. Pour le reste, il plaisante… Enfin, j’espère… 1er avril et tout ça.

Dans sa chronique, Sarkofrance explique : « Tactiquement, la démarche est doublement utile. Elle propulse Valls au devant de la scène pour mieux l'exposer. Elle permet aussi de doter la France d'un gouvernement à droite, sous un président (majoritairement) élu à gauche. Chapeau l'artiste ! Hollande poursuit son œuvre de triangulation de l'UMP qu'il voit encore comme son principal opposant en 2017, avec ou sans Nicolas Sarkozy. » Je suis d’accord sur la triangulation. Le gouvernement ne sera pas à droite. Il est probable qu’on y trouve Hamon et Montebourg, par exemple. La triangulation est importante : l’UMP qui n’a déjà aucune proposition va se retrouver coincée. D’ailleurs, dans ses critiques, hier, elle sortait des éléments de langage tout à fait drôle.

Plus loin, il développe : « Il est tout aussi difficile de tirer une quelconque conclusion politique que la ligne politique incarnée par Manuel Valls - soc-lib à souhait, sécuritaire en pire- corresponde un temps soit peu aux attentes des électeurs qui ont récusé les listes municipales socialistes : l'abstention a frappé lourdement un électorat découragé mais pas convaincu par l'opposition de gauche; d'autres ont choisi justement cette opposition de gauche, qu'il s'agisse de sa version light à Grenoble (alliance EELV/PG) ou ailleurs. Ignorer celles et ceux qui ont délaissé les candidats socialistes au profit d'autres listes à gauche ou de l'abstention pure et simple est une curieuse attitude politique. »

Ca aurait du être l’objet de mon billet : il y a différente manière d’interpréter le scrutin d’hier. A Villejuif, par exemple, des écolos et des socialos, rejetés par leurs partis, se sont alliés à l’UMP pour virer la liste « officiel » de gauche, menée par la communiste Claudine Cordillot. Beaucoup de monde à la gauche de la gauche pense que les électeurs de gauche découragé n’ont pas été voté parce qu’il n’y a pas assez de gauche au gouvernement. J’aurais pour ma part une autre interprétation : si les gens n’ont pas voté à gauche, c’est qu’ils ne veulent plus de la gauche. J’ai l’impression que le résultat de 2012 n’a pas été suffisamment ingurgité : les gens ont voulu jeter Nicolas Sarkozy. Et malgré la haine qu’il pouvait susciter, il a quand même obtenu plus de 48% des voix. Mais cela ne sera pas l’objet de mon billet.

J’ai vu beaucoup de copains qui, tels Sarkofrance, estiment que François Hollande n’a pas compris, notamment dans Facebook (je ne lis plus ce qui est écrit dans Twitter…).

Je note enfin tous ceux qui estiment que Hollande a fait un virage à droite. Ont-ils compté le nombre de virages à droite qu’ils ont dénoncé en moins de deux ans ? François Hollande a dit, hier : « Je vous le confirme ici : le redressement du pays est indispensable. Celui de notre appareil productif. Celui de nos comptes publics. Celui de notre influence en Europe et dans le monde. Je l’ai donc décidé dès mon arrivée à la tête de l’Etat, et sans cet effort national, la France aurait continué à décrocher. » Il aurait quasiment pu tenir les mêmes propos pendant la primaire… Il n’y a pas de virage. Il pensait, comme beaucoup d’économistes, que la croissance allait revenir mi 2013.

Il a donné trois objectifs à Manuel Valls. Le premier est de redonner de la force à notre économie. « Produire plus et mieux, produire en France. » Vous êtes contre ? Le deuxième : produire différemment. C’est la transition énergétique. Elle est relancée. Le troisième est la justice sociale.

On verra ce que fera Valls. On ne fait pas de procès d’intention. Sinon, on va avoir besoin de plus en plus d’auteurs sur Stopbashing… Deux des meilleurs contributeurs viennent de créer des blogs « anti Valls ». Lui et lui

Mais David revient. "Manuel Valls a toute ma confiance. Jean-Marc Ayrault a toute ma sympathie."

Pas mieux.

10 commentaires:

  1. wait and see
    on va pas jeter tout de suite le bébé avec l'eau du bain
    on jugera le gouvernement sur sa production et pas sur des procès d'intention avant même qu'il ne soit constitué

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  2. Nicolas, tenant compte du pays réel qui s'est exprimé avec clarté et force - à Grenoble et dans le 20e arrondissement de Paris -, François Hollande aurait dû appeler Alexis Corbière à Matignon pour lancer la République des conseils.
    Quoi c'est du troll ?

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  3. Si j'avais écrit un billet, c'était le titre que j'avais trouvé :) (il est bon ce titre).

    Maintenant, je vais lire le billet

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