Mes confrères Melclalex
et Seb Musset
sont d’accord pour expliquer que le SMIC à géométrie variable proposé par
Pierre Gattaz est une belle connerie. Tout le monde à gauche est d’accord. A
droite aussi, d’ailleurs, à l’exception notable de Nathalie Kosciusko-Morizet
et d’Eric Ciotti qui ont le courage le leurs opinions, c’est assez rigolo !
Voila une série de gens qui défendaient le CPE qui se mettent à hurler contre
le patron des patrons... La plus drôle étant peut-être Laurence Parisot.
Jean-Marc Sylvestre, illustre chroniqueur libéral de droite
spécialisé en économie, est pour ce SMIC à deux vitesses et le dit dans une
tribune chez
Atlantico. Il dit même, car il sait tout, ce monsieur, que Pierre Gattaz a
fait une connerie en parlant de ça car ça aurait été proposé par Manuel Valls,
en gros.
Décryptons son discours (ou des extraits)…
« Le système français
souffre d’un coût du travail excessif mais aussi d’un manque de souplesse. C’est
d’une évidence biblique, l’existence du Smic a accéléré la délocalisation
industrielle et a provoqué du chômage. » Vous avez entendu, braves
gens ! C’est biblique ! C’est une évidence. Il n’y a pas à discuter.
Remarquez, il a parfaitement raison. Les patrons seraient
autorisés à ne pas verser de salaire, ils délocaliseraient moins…
« Le coût du travail s’est
retrouvé depuis une dizaine d’années trop élevé par rapport aux conditions d’équilibre
de l’entreprise. »
Ouh, là ! Ca devient sérieux ! Les conditions d’équilibre
de l’entreprise. Les pauvres, elles ne gagnent plus d’argent et ne versent plus
de dividendes aux actionnaires…
« De
l’avis de la majorité des experts, la solution passerait par un déblocage
du marché de l’emploi. »
Alors ! Si une majorité d’experts le dit, hein !
Qu’est-ce que vous avez à répondre à cela ?
« C’est-à-dire par une
simplification des procédures, un déverrouillage des seuils qui bloquent le développement
des entreprises, une flexibilité plus grande y compris sur les salaires… avec,
pourquoi pas, des Smic différents selon les régions et comme vient de le dire Pierre Gattaz, l’instauration
d’un Smic inférieur au niveau légal pour
inciter les jeunes à mettre un pied dans l’entreprise plutôt que de commencer
par la case "Pôle Emploi" ! »
Voilà ! Gagner une misère va inciter les jeunes à
travailler. On croit rêver…
« Le
problème, c’est que tout cela n’appartient pas au logiciel de la gauche. »
Ah !
Le mot à la mode : le logiciel. Il ne sait pas probablement pas ce que
cela veut dire, tant pis. Je vais néanmoins lui confirmer. Torpiller les
conditions de travail n’est effectivement pas un truc de gauche.
« Les militants du Front de gauche, du Parti communiste et
les adhérents syndicaux sont en général vent debout contre ce type de réformes.
Ces dernières sont donc restées de tout temps dans les cartons pour des raisons
strictement idéologiques. »
Il a raison : ce sont toujours
ceux avec qui on n’est pas d’accord qui agissent pour des raisons idéologiques.
Alors que lui, s’il veut torpiller le droit du travail, ça n’est pas par
idéologie mais par pragmatisme !
A noter que quand j’ai décidé de
faire ce billet, je n’ai pas lu le reste de sa chronique. Je parie qu’il va
parler de pragmatisme…
« François Hollande lui-même s’est laissé convaincre, par
quelques-uns de ses amis économistes, dont Elie Cohen, de réfléchir à un
salaire minimum moins élevé et pourquoi pas un salaire régionalisé pour tenir
compte des différentiels de pouvoir d’achat. »
Voilà ! Il sait mieux que les
autres ce par quoi est convaincu François Hollande. Un SMIC régionalisé ?
Je suppose qu’il ne veut pas dire qu’il faut l’augmenter en région parisienne…
Mais bien le baisser dans les territoires où les gens n’ont plus d’espoir…
A propos de Manuel Valls, « La gauche est dans un tel état qu'elle n’a pas d’autre
choix que d’accepter les prescriptions de l’un des leurs, même si ces
prescriptions ne paraissent pas dans la ligne du parti. » J’avais
oublié que le parti avait une ligne. Quelles prescriptions ?
« Or, si Pierre Gattaz
s’empare de cette idée pour la défendre avant même que le gouvernement l’ait
formalisée, il provoque immédiatement une réaction de rejet de la part des
syndicats. Ça n’a pas manqué. Tous les syndicats sont plus ou moins montés au
créneau contre cette idée du Medef redevenu pour le coup le repère des "affreux-capitalistes-prêts-à-tout-pour-optimiser-leurs-dividendes". »
J’imagine que les syndicats devraient
manifester pour exiger des baisses de salaries pour permettre l’augmentation
des dividendes…
« Reste à savoir comment vont réagir les politiques, non
ceux de droite (Ils n’ont guère travaillé à trouver des idées nouvelles), mais
les politiques de gauche brûlés vifs… On aurait voulu tuer dans l’œuf une
mesure intelligente et pragmatique qu'on n’aurait pas fait les choses différemment. »
J’ai gagné mon pari. Vous me devez
une bière. Par contre, j’avais oublié de dire qu’il parlerait de « mesure
intelligente ».
Gattaz est un âne, le smic jeune existe déjà et cela s'appelle une indemnité de stage...
RépondreSupprimerBen oui.
SupprimerUne baisse du SMIC (sauf en région parisienne) contre une suppression des stages (stage = CDD junior) ?
SupprimerSi les stages sont un problème il faut les réformer. Pas le SMIC.
SupprimerAh Sylvestre, âne libéral comme Soumier et autre Lechypre autres "experts"
RépondreSupprimerOuais..
SupprimerTout d'abord, j'ai l'impression que l'emploi du mot "libéral" est fait à tort et à travers. Affirmer que Sylvestre est libéral... ou alors, la définition de libéral a bien changé (ceci étant, si la définition de libéral en France c'est être de droite, alors oui, il est libéral).
RépondreSupprimerEnsuite, je pense le sujet ultra-sensible et ne le traiter que sous l'angle de l'opposition entre les méchants-patrons-qui-s'en-mettent-plein-les-fouilles et les gentils-ouvriers-exploités-par-les-méchants-patrons est très dommageable au problème.
Enfin, je reviens sur le libéralisme (bien que de sensibilité de gauche, le m'intéresse aux idées libérales car le liberalisme est, à mon sens, orthogonal à la séparation gauche/droite classique française) : il y a notamment un type, Alain Madelin (plus libéral que lui, tu meurs... bouh c'est limite Satan), qui répète à l'envie que la baisse du coût du travail est contreproductive, et ce, depuis de nombreuses années. Je vous invite d'ailleurs à lire un billet sur son blog : "L'avenir est aux bons salaires, non aux bas salaires". Certains points vous font tiquer (tout comme moi ;)) mais il existe je suis sûr aussi des points de convergences. Le lien ici : http://www.alainmadelin.fr/blog/analyses/l%E2%80%99avenir-est-aux-bons-salaires-pas-aux-bas-salaires/
On est à peu près d'accord.
SupprimerMême sur le libéralisme et l'utilisation de ce mot.
Et merci pour le lien.
SupprimerDe nada. Je lis (souvent mais pas tout le temps ^^) des choses intéressantes sur votre blog ou celui de Melcalex, pour une fois que je peux apporter ma minuscule contribution à l'édifice ;-)
SupprimerTu es le bienvenu !
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