« En 2012, si j’ai gagné, ce
n’est pas parce que j’avais un programme étincelant, c’est sans doute parce que
mon prédécesseur avait échoué, c’est parce que les Français savaient bien
quelle était l’ampleur de la crise. » Je crois que c’est cette
phrase qui marquera l’interview de François Hollande par Jean-Jacques Bourdin,
ce matin. Je ne l’ai pas écouté, j’étais dans les transports en commun, c’est
donc dans Twitter que j’ai pu suivre mais comme je suis surtout abonné à des
supporters du président, je ne sais pas si ma TL était vraiment objective…
Voila, c’est dit : il a été élu pour virer cette droite
incompétente qui a foutu la France dans la merde.
« Est-ce que j'ai dissimulé la
gravité de la crise ? Non, je l'avais évoquée pendant la campagne présidentielle.
Est-ce que je n'ai pas suffisamment dit au lendemain de l'élection que la
situation que j'avais trouvée était grave ? Oui, je ne l'ai pas suffisamment
dit. » Il a aussi rappelé à une auditrice que la France était au
bord du bilan en 2012.
Il a dit, aussi : « Comment
voulez-vous qu’à la fin du mandat, si j’ai échoué sur la croissance, échoué sur
le chômage, échoué sur le redressement du pays, je puisse dire "j’ai la
solution pour la suite" ? » C’est aussi une belle critique de
son prédécesseur qui n’aurait jamais du se représenter.
A propos de sa vie privée : « Jamais je n'ai été dans une forme de vulgarité ou de
grossièreté. » Ah ! Hé hé… Encore une allusion…
A propos de son soi-disant amateurisme : « Amateurisme quand il s’est agi de sortir de la crise de la
zone euro ? Amateurisme quand il s’est agi d’intervenir au Mali quand personne
ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie ?
Amateurisme quand il s’est agi d’aller en Centrafrique pour éviter un génocide
? Amateurisme sur la crise syrienne quand j’ai été le seul chef d’Etat
occidental à dire "Attention, ce qu’on est en train de laisser faire, c’est
un massacre" ? Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur
mes résultats. »
Pour le reste, pas trop de surprise à part le possible
report des élections régionales qui serait rendu nécessaire par la réforme
territoriale et qui, n’en doutons pas, sera bien critiqué !
Selon Twitter, les échanges avec les auditeurs ont été
grotesques. Je cite un tweet de mémoire : « #BourdinPR :
M. Le Président, j’ai une lessive de coton à faire, je mets sur 30 ou 40. »
Le comble du ridicule a été atteint quand on a su qu’une des auditrices était une
élue UMP de Meaux, donc a priori une proche de Jean-François Copé.
Deux ans
Avant cette interview, je lisais différents articles de
presse qui tiraient un bilan de ces deux ans. Généralement, les éditorialistes
notent deux énormes bordels : Cahuzac et Léonarda, une communication qui
ne passe pas, l’étrange promesse d’inversion de la courbe qu’on a entendue
pendant longtemps, le débat sur le mariage pour tous qui a trop duré,…
Je vais ajouter trois points qui me sont restés en travers
de la gorge. Les deux premiers sont l’augmentation de la TVA et la réforme des
retraites. On s’était battus contre quand Nicolas Sarkozy était au pouvoir et
il aurait fallu les défendre maintenant. Le troisième est la réforme
territoriale et la décentralisation, notamment pour ce qui concerne la
métropole du Grand Paris, qui me parait être un gros bricolage. On aimerait
voir clairement où l’on va…
Pour le reste, je n’ai pas le courage de mon confrère
Sarkofrance qui se livre à un abécédaire
complet… On y retiendra des points positifs et des points négatifs et
chacun partagera ou non son avis. Je vais simplement prendre un exemple pour
rigoler. « La suppression de la défiscalisation
des heures supplémentaires dès l'été 2012, mesure macro-économiquement désastreuse,
provoque une petite secousse, entre 3 et 4 milliards d'euros en jeu. »
Quand la défiscalisation a été mise en œuvre, on disait, à gauche, que c’était
une mesure macro-économiquement désastreuse.
Ce que je retiens de ces deux ans de « blogage de
gouvernement », c’est l’impatience de tous, de la mienne, des twittos, des
réseaux sociaux, des journalistes,… Je retiens aussi la nullité de certains
médias, débordés par l’évolution de l’actualité (chaînes d’information en
contenu, chasse au tweet, à la rapidité,…),… Ce qui m’amusait beaucoup quand la
droite était au pouvoir.
Je retiens aussi un tas de mesures qu’il fallait prendre et
qui ont été prises.
On a un président qui se bat.
La vie continue. L’OCDE prévoit des
chiffres légèrement moins bons que prévus pour 2014 et 2015. En plus, ils
disent : « Dans le contexte d’une reprise
toujours fragile, les pouvoirs publics ont de la marge pour laisser jouer les
stabilisateurs automatiques. »
Ce qui veut dire : pas trop de rigueur, hein !
"Les deux premiers sont l’augmentation de la TVA et la réforme des retraites. On s’était battus contre quand Nicolas Sarkozy était au pouvoir et il aurait fallu les défendre maintenant."
RépondreSupprimerCe qui prouve l'absurdité de l'opposition systématique et par principe, ne serait-ce que sur le plan tactique: si une opposition espère accéder bientôt au pouvoir, il est plus malin de voter pour les réformes dont elle sait très bien qu'elle sera obligée de les poursuivre.
Oui et non. Je reste convaincu que les deux mesures en question sont mauvaises, surtout les retraites. Mais oui, l'opposition systématique est grotesque.
SupprimerOn le voir d'ailleurs actuellement (dans l'autre sens). L'UMP gueule contre un pacte qu'ils auraient du faire au prétexte qu'il est pas suffisant.
Pareil!
RépondreSupprimerHem...
SupprimerC'est vrai qu'on a tendance à oublier ce qu'il a déjà fait, et en deux ans c'est bien.
RépondreSupprimerSauf les taxes sur la bière.
SupprimerOuais bof, s'il n'y avait que ça.
SupprimerBah ! Seule importe la bière.
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