Pendant deux ans, j’ai parlé de la réforme territoriale et
ça n’intéressait personne. Maintenant qu’elle est là, à nos portes, tels les
chars russes en 1981, elle ne m’intéresse presque plus. Je vais néanmoins
diffuser l’illustration officielle mais, pour faire bonne figure, je vais la
récupérer chez le
vieux.
Ce qu’il y a d’amusant est qu’elle ne prend pas en compte
les revendications de la seule région à avoir des revendications territoriales,
la Bretagne, ces sympathiques habitants dont je fais partie à temps partiel
voulant annexer la Loire-Atlantique, sans même demander leur avis aux
Ligériens. D’un autre côté, on se demande bien pourquoi on demanderait leur
avis à des gens qui s’appellent « Ligériens », le ligérien étant un
sous-étage de l’étage stratigraphique Turonien. D’ailleurs, depuis qu’on les a affublés
de ce nom grotesque mais relatif à la Loire, ils sont entrés dans une grave
dépression.
On ne leur épargne rien ! La semaine, on menaçait de
les rattacher au Poitou. D’ici quelques remaniements, ils se seraient retrouvés
avec Ségolène Royal comme présidente.
Quand j’ai vu la carte, j’ai cru que c’était une farce !
Je me suis dit que c’est une des célèbres blagounettes de François Hollande. Je
l’imagine dans son bureau avec Manuel Valls : « Tiens ! On va faire une farce à Le Drian, on va le
laisser se débrouiller avec Auxiette. » Seul Bernard Cazeneuve
était plié de rire mais c’est pour ça qu’on l’a nommé là : rigoler entre
Valls et Hollande.
J’apprends dans la presse que les braves gens de la Mayenne
(les mayonnaises ?) voudraient maintenant être rattachés aussi à la
Bretagne ! C’est peut-être une ruse pour qu’on déplace le péage de la
Gravelle, remarque. Je ne sais pas ce qu’en pensent les nationalistes Breton. On
va bien en retrouver un ou deux qui va nous expliquer qu’Anne de Bretagne a eu
une crise d’hémorroïdes à Laval, ce qui prouve que la Mayenne est en Bretagne.
A Angers, par contre, on entend assez peu de revendications.
Les Sarthois ne sont guère plus loquaces. Arrêtons de nous moquer de ces braves
gens qui ont essentiellement vocation à occuper l’espace que je parcours quand
je vais l’Ile-de-France en Bretagne. Revenons à la réforme territoriale.
Il est réjouissant de voir la presse raconter absolument n’importe
quoi, notamment chez les réacs, comme ceux de Causeur.
L’auteur, pourtant spécialiste de la question, s’offre un procès à charge. Tant
pis s’il est avocat.
Je vais lui répondre : mon canard, cette réforme n’est
pas faite dans la précipitation. Comme tu le rappelles, elle était au programme
de François Hollande. Je me permets de te tutoyer. C’est une dérive passagère.
Marylise Lebranchu traverses la France dans tous les sens pour rencontrer les
élus locaux depuis deux ans. Ce n’est pas un sujet neuf, je le rappelle moi-même
en introduction de ce billet : ça fait deux ans que je m’y intéresse.
La réforme territoriale de Nicolas Sarkozy que tu cites
était mal ficelée. Il n’avait pas supprimé les Conseils généraux mais inventé
des Conseils départementaux qui seraient composés des représentants du département
au Conseil régional, sans prévoir de transfert de compétence entre les Assemblées.
La gauche arrivée au pouvoir a été obligée de la supprimer en urgence, au grand
soulagement des élus de droite qui avaient été obligés d’avaler la pilule.
Il est particulièrement facile de dire que la carte pique
les yeux mais toutes les cartes que j’ai pu voir en quelques mois piquaient des
yeux… François Hollande et Manuel Valls s’en remettent donc à la sagesse des
Parlementaires et des Conseils généraux (tant qu’ils existent encore) et
régionaux pour affiner la carte. Ils n’ont décidé
Comme tu le soulignes, pour supprimer les départements, il
faut une modification de la Constitution. Nicolas Sarkozy n’a pas eu le courage
de la faire et a donc fait une demi-réforme. Je vais néanmoins rappeler deux
faits : d’une part, personne ne parle de supprimer les départements mais
uniquement leurs « conseils », d’autre part c’est pour supprimer ces
conseils qu’il faut modifier la Constitution. Il n’y a aucune urgence, d’où la
date de 2020 évoquée par pépère. Tu n’ignores pas cela, tu es juriste, je ne
suis qu’un gros pingouin.
D’ailleurs, tu le dis toi-même. Il suffit de modifier la loi
pour transférer les compétences.
Tu prétends que « les
missions sociales (RSA, enfance, personnes âgées etc.) passeront discrètement à
l’as. » Tu aurais du écouter Manuel Valls chez Bourdin, ce matin,
expliquant plus longuement ce volet de la réforme. Note : « je pense à l’action sociale, au travail vers les personnes
âgées, vers les handicapés, donc, ce travail-là il doit être fait. Il faut
penser aussi aux territoires ruraux, la ruralité qui est une réalité, vous la
connaissez bien, dans notre pays, donc il faut aussi regarder… »
Après, il a été coupé par Bourdin, la routine…
« Tout y est. L’amateurisme,
l’ignorance, le cynisme et la mauvaise foi, caractéristiques du médiocre
politicien d’aujourd’hui sont présents à chaque étape. Avec, et c’est le plus
rageant, une désinvolture qui en devient mépris vis-à-vis d’un pays que l’on prétend
gouverner. » Je lis plutôt le mépris chez l’avocat qui se veut
éditorialiste dans un machin réac.
Deux ans de consultations… Une première loi, sur les trois
prévues, déjà votées…
Ensuite, tu nous rappelles que « les découpages administratifs s’enracinent dans une
réalité historique et sociale ». Habitant moi-même dans le 94, je
peux aisément chier sur les réalités historiques et sociales de mon patelin qui
est devenu une cité dortoir de Paris. Tu ferais mieux de te demander pourquoi
des jeunes d’aujourd’hui arrivent à revendiquer leur appartenance au 93 ou au
94. Il devrait me revenir d’écrire dans les machins réacs…
Enfin, tu nous parles de la comparaison avec l’Allemagne et ses
Landers que l’on met en avant pour vanter cette réforme. Tu dis à juste titre
que c’est une connerie vu que les Landers allemands sont en moyenne déjà moins
grands que les régions françaises. Mais tu compares des trucs qui ne sont pas
comparables et tu reprends plus une argumentation de la gauche de la gauche qui
reproche aux socialos de vouloir faire ressembler la France à l’Allemagne…
La toute fin de ton article vire au grand guignol : tu
reproches aux socialos de vouloir faire des économies en supprimant les
indemnités des Conseillers généraux, ce qui est grotesque, comme tu le
soulignes, d’ailleurs, ce n’est pas du tout le but. Mais tu reprochais,
auparavant, aux socialos, d’avoir supprimé la réforme de Nicolas Sarkozy qui,
elle, visait uniquement à réduire ces indemnités.
Ce qu’il y a de bien avec cette réforme, surtout en période
de coupe du Monde, c’est qu’il y a à peu près 65 millions de types qui ont un
avis, même ceux qui prétendent s’en foutre.
Mais c’est dommage de s’y intéresser maintenant, le jour où
on voit une carte avec le logo du gouvernement, et pas avant, au cours des
travaux qui ont abouti à cela.
Pour ma part, j’ai contribué, à mon modeste niveau…
J’ai fait chier mes lecteurs avec la réforme territoriale
pendant deux ans. Voir autant d’avis, aujourd’hui, dans les blogs et les sites
d’information, m’amuse beaucoup.
On n'est pas d'accord mais on est d'accord sur certains points.
RépondreSupprimerIl faut la faire, cette réforme mais hier, j'ai eu un gros coup de calgon!
Cela sert aussi à ça, les blogs.
D'ailleurs, j'en avais déjà parlé avant, pas autant que toi, oui.
Ceci dit, faut attendre que ça évolue, c'est vrai qu'hier, j'étais fâchée mais aujourd'hui, je me dis que ça va rien changer en fait, et c'est peut-être ça le souci.
Tant qu'à changer, il fallait y aller carrément.
Didier Goux m'a dit en commentaire que cette réforme n'irait pas au bout.
On verra ce que ça donne.
Ce n'est pas un souci mais éventuellement un problème.
SupprimerJ'avais zappé ton commentaire (plus exactement, à réception, je suis allé lire ton billet... que j'avais déjà lu).
Didier se trompe : la réforme se fera. Hollande marquera son quinquennat avec elle et le mariage pour tous.
Pour l'instant, on en est à la proposition de découpage.
RépondreSupprimerles réactions dans les JT sont géniales. On se croirait à Clochemerle. Du genre, nous ici on a telle tradition et à côté, ils n'ont pas la même. J'aimerai juste qu'on m'explique le point commun entre le Mercantour et la Camargue qui sont tous les deux dans la même Région et qui vont y rester.
Sauf que maintenant on attend les explications.
Pourquoi un tel redécoupage ? Quels effets attendus ? Quelles compétences ? Quelles économies attendues (surement pas beaucoup) mais quels avantages tirés de ce découpage ?
Il reste du temps pour les explications, utilisons le pour en savoir plus.
Oui. Les réactions sont rigolotes.
SupprimerLes économies sont probablement substantielles mais ce qui importe est autre volet : le transfert de compétences et l'organisation à la carte de la France. Une interco de la région parisienne peut s'occuper des collèges alors que dans certaines régions les échelons locaux ne le peuvent pas...
Malo te kataki
RépondreSupprimerRattacher les Pays de la Loire à Wallis et Futuna ?
Ca c'est un bon plan pour ne plus payer d'impôts sur le revenu ( ça n'existe pas à W&F)
Et les salaires indéxés à 205% ça va faire plaisir aux fonctionnaires (sans compter les primes.
Et puis les pays de la Loire ont une tradition porcine, ils se feront vote aux coutumes wallisiennes et futuniennes
Nonofola
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Le premier objectif n'est pas de faire des économies, mais d'avoir des régions qui fassent le poids à la fois pour dans un but de décentralisation, et pour concurrencer les régions allemandes, italiennes et espagnoles.
RépondreSupprimerEt ce découpage a le mérite de ne pas charcuter dans les régions en enlevant un département à une pour le donner à une autre. Le cas de la Loire Atlantique est un bon exemple.