Jean-Luc Mélenchon a donné une interview dans Hexagones, nouveau machin que je ne
connais ni des lèvres ni des dents. C’est sur abonnement, ne cliquez pas où
raquez. Voilà quelques extraits, vous pourrez en lire d’autres la presse,
notamment le fait qu’il pronostique la victoire de Marine Le Pen en 2017. Toujours
est-il qu’il se met au vert.
Je suis subjugué de voir à quel point il peut se tromper. Par exemple,
alors qu’il est interrogé sur sa bonne campagne de 2012, il répond : « Ce n’est pas la campagne qui est bonne,
c’est le fait que je ne me suis pas trompé sur l’analyse du moment politique.
J’ai eu aussi de la chance. Comme personne ne croyait en ce que je faisais,
tout le monde m’a foutu la paix, y compris dans ma propre coalition. J’ai
démarré à 3,5 %. Beaucoup pensaient que si je faisais 8 %, ça serait méritoire
; on me taperait sur l’épaule, on reviendrait à la popote. Mais ce n’est pas ce
qui s’est passé. Quand je suis arrivé à 8 %, c’était trop tard, j’étais devenu
incontrôlable. De 8 pour bondir à 10, ça a pris deux mois. Et à partir de là,
c’est fini, le mouvement était tellement puissant que plus personne ne le
contrôlait, ce qui faisait mes affaires. C’est à la fois une campagne et une
insurrection. »
Tout cela
est évidemment faux. Il a grimpé
sans cesse entre début mars 2012 et le premier tour, jusqu’à atteindre 15 ou
16%, le tout pour finir à 11%. Il a été grisé par les meetings, tout comme les
militants (le tout sur une présence acquise de François Hollande au second tour
donc sans « vote utile », ce qui fait que les 15 ou 16% étaient possibles).
Il continue :
« Mon idée était que je pourrais prolonger ensuite l’insurrection en
m’appuyant sur le bilan de la campagne. » Je coupe. Il a oublié d’une
part ce que je disais, à savoir que le bilan de la campagne est mitigé (11% est
un bon score mais il est inférieur aux prévisions) et d’autre part qu’il a lui-même
fait une erreur, ensuite, en allant se présenter face à Marine Le Pen à
Hénin-Beaumont. Je continue « Ce que je n’avais pas envisagé, c’est que cette force puisse être
étouffée par le poids du retour aux vieilles traditions partiaires, aux
arrangements, aux accords électoraux. » Il pense ce qu’il veut mais
il y a forcément des accords électoraux : ce n’est pas possible de gagner
des élections sans cela. Dès le lendemain de la présidentielle, il fallait
revenir à une « tradition partiaire » et attendre les Européennes pour
en sortir vu que les partis de gauche n’ont pas la même vision de l’Europe.
« Jusqu’à ce néant
qu’a été l’élection municipale qui a complètement décrédibilisé ce qu’était le
Front de gauche, explosé entre ceux qui ne voulaient pas d’alliance avec le
Parti socialiste et ceux qui se sont vautrés dans cette alliance. »
Ils ne se sont pas vautrés, ils ont tenu une position intelligente, du moins,
je trouve.
Il poursuit en justifiant sa stratégie face aux médias où il se plante
également en jouant la victime alors qu’il a eu une forte exposition
médiatique.
La suite de ses propos est largement reprise par la presse : « Là, on est dans une période où l’on a
besoin de se reposer. Parce qu’on vient de passer cinq ans terribles. Nous
sommes en échec. Pour moi la séquence a été écrite entre deux européennes : on
a fondé le Front de Gauche pour les européennes de 2009 et à la suivante on
passait devant le PS. Tout était en place. Tout ça a été planté pour une
poignée de postes aux municipales. » Je ne crois pas qu’il ait raison. Peut-être qu’avec
une bonne dynamique, le Front de Gauche aurait-il pu bénéficier de ce qu’a
bénéficié EELV en 2009. Toujours est-il que battre le Parti Socialiste à des
européennes ne peut pas être un objectif sérieux. Il a voulu jouer avec des
élections, il a perdu…
Un peu plus
loin, il évoque le Front National et tombe sur l’éternelle rengaine du Parti
Socialiste qui fait tout pour le faire monter pour gagner des élections. S’en
plaindre n’est pas la bonne stratégie. Le Front de Gauche ne doit pas être dans
l’opposition au Parti Socialiste mais à la droite.
Ensuite :
« Madame Le Pen récite des morceaux entiers de notre programme. Leur
ligne, c’est d’occuper l’espace politique de la gauche. Quel est l’espace
politique de la gauche ? C’est le peuple. Quel est le problème de la droite ?
C’est le peuple. » Il y a des choses qu’il ne devrait pas dire,
comme le peuple est le problème de la droite, on n’insulte pas les électeurs…
Toujours est-il qu’il est temps qu’un responsable politique constate que Marine
Le Pen pique le programme de la gauche de la gauche…
Je lui souhaite bien du repos.Il
en a besoin. Dans la suite de l’article, il s’en prend à ses alliés, un peu
comme avant, les traitant quasiment de pleutres, puis il explique qu’il espère
gagner en faisant appel au peuple, tout comme il considérait sa campagne de
2012 « comme une insurrection ».
Bien du courage.
Je comprends pas cette phrase:
RépondreSupprimer"Il a été grisé par les meetings, tout comme les militants, le tout sur une présence acquise de François Hollande au second tour donc sans « vote utile ».
C'est normal. Je corrige.
SupprimerBin ça va mieux en le corrigeant... Et en relisant la 1ere version, c'était compréhensible, mais à la longue...
RépondreSupprimerSouvent on se contente de raccourcis qui n'apparaissent pas évidents au lecteur, c'est ça le bon français ! Faudrait demander conseil à Goux !
Non non. Je l'avais vu en première lecture mais j'ai eu un coup de flemme.
SupprimerJ'adhère à ton billet.
RépondreSupprimerMême si je n'aime pas tirer sur les ambulances, même quand Mélenchon j'ai pour elle une franche détestation. Qu'il se repose, qu'il prenne soin de sa santé. Et de la santé du pays en se retirant définitivement (il a fait trop de mal, et les fruits de son boulot pourrissent notre république)
Bah ! Il n'a pas eu l'occasion de faire du mal...
SupprimerMe suis fait engueuler sur twitter à cause de ça ! => http://dozoneparody.wordpress.com/2014/07/22/melenchon-en-mode-burn-out-politique/
RépondreSupprimerDu coup j'ai pris 4 apéro au lieu de de deux !
Voilà !
À moins de 22 apéros tu ne réponds pas.
Supprimer22 apéros ? J'ai pas les moyens !
Supprimer;-)
Sinon, bô billet ! Que je partage !
Rôt les coeurs !
Ouf. A l'occasion vient prendre une cuire à la comète. Hors kdb
Supprimer. J'ai les moyens
Quatre apéros… ça dépend comment on les tasse ! Moi, en quatre apéros, je vous descends un demi-litre de Ricard d'une seule main…
SupprimerTu notes avec justesse que Méluche, tout en faisant profil bas, reste très agressif et méprisant dans ses propos :
RépondreSupprimer1. Je note le terme "partiaire".
2.Je note le terme "se vautrer" qui est de la même veine
3. Je note l'éloge de Marine Le Pen ... après qu'il ait glapit qu'elle était demi-folle
4. Je note que la demi-folle lui pique ses idées ...
Pour moi, si c'est pas un délire paranoïaque ... je me demande bien ce que c'est !
" Le pauvre homme " disait Molière.
Bz
Dépression... Le pire truc qui puisse arriver.
SupprimerJean-Luc Mélenchon est d’une incommensurable naïveté politique. En s’alliant avec les communistes dès 2008, au moment même des déchirements internes du Congrès socialiste de Reims, il était inévitable qu’il courait à sa propre perte.
RépondreSupprimerIl a préjugé de ses forces en pensant qu’il serait en mesure de circonvenir le PCF et de capter à son profit l’électorat communiste (qui, soit dit en passant, vote aujourd’hui majoritairement en faveur du FN).
Comment a-t-il pu sérieusement penser qu’il pourrait manœuvrer aisément le PCF qui a des milliers d’élus locaux en France et qui gère (encore) quelques grandes villes ?
Mélenchon a fait la même erreur de jugement que ses homologues allemands de Die Linke. Il pensait enterrer le PS comme en Allemagne ses amis pensaient en finir avec la vieille SPD. Mais l’Histoire est l’Histoire. On ne contourne pas impunément les vieilles maisons : le PS existe depuis 1905 et la SPD depuis 1886 et il ne sert à rien de spéculer sur la disparition prochaine de ses maisons bien charpentées, quoi qu’on puisse en penser par ailleurs.
A gauche, les leçons de morale de Mélenchon sont inaudibles. Son positionnement politique ne convient à personne quand il ne déconcerte pas purement et simplement.
Pour les socialistes, c’est un traitre qui a craché dans la main qui l’a nourrie pendant plus de 30 ans (ancien salarié de la fédération socialiste du Jura, apparatchik vivant de ses mandats à Massy comme le fit un autre protégé de Claude Germon, l’inénarrable Marie-Noëlle Lienemann).
Pour les communistes, c’est un traitre qui a trahi ses amis et dont il faut se méfier.
Pour l’extrême gauche, c’est un social-traitre qui joue aujourd’hui au révolutionnaire.
Pour les écologistes, c’est un gars énervé qui fait marrer avec ses petites manies de bateleurs d’estrade.
Pour les Français, c’est un fada qui tantôt choque, heurte et inquiète, tantôt amuse par ses outrances verbales, ses exagérations et ses coups de menton dignes d’un Tartarin de Tarascon.
Il n’y a guère qu’à droite et à l’extrême droite qu’on aime Mélenchon parce qu’il est susceptible de gêner la gauche modérée qui, seule, est en mesure de remporter les grands rendez-vous électoraux. Et qui, elle au moins, se coltine les dossiers et réforme concrètement la société sans promettre qu’on rasera gratis demain.
Je pense à toutes celles et tous ceux qui se sont laissés séduire (sincèrement ou pas) par le bonhomme, notamment à ceux qui, très actifs sur les réseaux sociaux, se pensent souvent comme les éternels représentants de « la VRAUCHE » (contraction de "Vraie Gauche"). Combien d’insultes, de procès d’intention, de leçons de morale subit-on depuis 6 ans de la part de ces gens-là sous prétexte qu’on est proche du PS ?
Ce sont ces zélateurs de « la VRAUCHE » qui , aujourd’hui, sont les vrais dindons de la farce. Couillonnés en beauté et jusqu'au trognon par leur « génial mentor ». Lâchés en rase campagne en beau jour de juillet 2014.
Sympa le Méluche, n'est-ce pas ? Il ne faut que ses fans se formalisent : ils ont été trahis du jour au lendemain par leur idole comme beaucoup d'autres.
Mélenchon a envie de bailler aux corneilles, parait-il ?
Eh bien, je lui souhaite bonne nuit car il a effectivement besoin de se reposer.
Oui. Beaucoup de repos.
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