En salle

25 août 2014

Nicolas, téléphone !

Futur ministre avec une tache de café sur
sa seule chemise gauche caviar.
-          Oui, allo ?

-          Nicolas ? C’est François !
-          Ah ! Salut, Pépère. Ca va ? Dis donc, t’as encore fait fort. Va pas attraper une pneumonie, hein !
-          Oui, ça va et toi ! J’ai vu sur ton blog que t’avais repris le boulot. Au fait, merci pour ton billet d’hier pour faire croire que tout va bien…
-          Bah ! La routine… Dis-moi, je suis en plein taf, là. Je suppose que tu as pas mal d’occupations toi-aussi. D’ailleurs, vu ce qu’il tombe ici, à la Défense, je me demandais si tu étais passé par l’A14 pour rentrer de Villacoublay. Trêve de plaisanterie, pour me remercier, tu aurais pu envoyer un SMS, comme d’habitude. Je suppose que tu m’appelles pour autre chose ?
-          Ben… J’avais pris Montebourg comme ministre de l’économie. Il me fallait un incompétent et c’est le premier qui est passé devant de moi mais il n’arrête pas d’ouvrir sa gueule, du coup, je l’ai viré.
-          Bah !
-          Je cherche donc un type aussi incompétent mais qui aille toujours dans la ligne que je fixe quand il cause, j’ai pensé à toi.
-          Je te remercie, j’ai en effet toute l’incompétence requise.
-          Tu accepterais ?
-          Je ne sais pas. Pour l’instant, je te remercie d’avoir pensé à moi.
-          Qu’est-ce qu’il te faudrait pour accepter ? Des assurances ? Des secrétaires avec des gros nichons ?
-          Bof… Je pensais plutôt à une certaine marge de manœuvre dans certains domaines, comme la fiscalité de la bière.
-          C’est emmerdant ! C’est plutôt du ressort de Michel. Lui, c’est vraiment un fidèle, je ne peux pas le virer. Je ne peux même pas le foutre ailleurs, il ne sait faire que ça.
-          Ah !
-          Bon, ce qu’on va faire : tu réfléchis à des propositions. Manu te rappelle te rappelle plus tard et tu lui dis ça.
-          OK, a+
-          Salut.

-          Oui, allo ?
-          ¡disculpe! No comprendo.
-          Allô !
-          Ah ! Oui, Nicolas, c’est Manuel.
-          Ah ! Salut, ça va ? J’attendais ton appel, suite à celui du vieux.
-          Ben oui… J’t’appelle, andouille. Alors, tu as réfléchi ? Tu as des propositions ?
-          Oui. Tu as de quoi noter ?

Petit 1 : je nomme les membres de cabinets comme je veux. Je prendrai même des types de droite, comme FalconHill, qui au moins saura nous trouver des petits vins de pays sympathique.

-          Heu, pas Didier Goux, quand même ?
-          Mais non. Faut pas déconner, quand même. Je sais bien qu’il faut qu’on garde un minimum de crédibilité. Ou alors, tu le colles à la culture, pour rigoler, je pense qu’il saura s’occuper des intermittents…
-          Abruti !
-          Oui, chef ! Bon, je continue. A propos du cabinet, je prends aussi El Camino pour choisir les gonzesses, pardon, des secrétaires, il est plus grosses fesses que gros nichons mais tant pis. Tiens ! Il s’occupera aussi des bagnoles, ça nous fera des économies. Bon, je continue.

Petit 2 : tu te démerdes avec Stéphane, mais le commerce des céréales doit rentrer dans giron du ministère de l’économie.

-          Ça ne va pas être facile à justifier…
-          Mais si ! Avec quoi est faite la bière, hein ? De quoi dépend son prix si ce n’est du cours mondial des céréales, ou, du moins, de l’orge.
-          Ah oui, tiens !
-          Voila… Tiens ! On va faire une première mesure particulièrement gauchiste pour tromper les autres couillons : le prix des céréales ne sera plus dépendant des marchés mais sera fixé par décret après concertation, tu sais, le truc socdem ?, avec les paysans et les brasseurs. Comme ça, on pourra, en plus, envoyer chier les céréaliers.
-          Ben ça ne va pas être possible, et nos partenaires étrangers.
-          On s’en fout. On va dire qu’on privilégie les circuits courts, ça fera plaisir aux écolos. Au fait, ma troisième exigence.

Petit 3 : que Placé ne soit pas au gouvernement.

-          OK évidemment, continue le deuxième point, je ne vois pas comment tu vas procéder.
-          On va faire une loi qui oblige les céréaliers français à livrer en priorité les industriels français. On trouvera des très bons prétextes, qui seront validés par le Conseil Constitutionnel. De toute manière, c’est probablement déjà le cas mais le prix n’est pas négocié en France. Le problème est seulement le prix. On trouvera un truc. Ils pourront vendre les excédents à l’international aux prix du marché.
-          Et tu as un objectif précis, quelque chose de chiffré ?
-          Oui, que le demi-pression au comptoir à 2€10 soit rentable pour le bistrotier et le brasseur. On va se mettre dans la poche les commerçants et le peuple, ou, du moins, les pochetrons.
-          Je vois que tu as pensé à tout !
-          Ben oui, je l’ai dit à François, j’ai toute l’incompétence requise. Je continue. Par contre, il faudra que Christian [NDLR : Eckert, ministre du budget] y mette du sien pour la fiscalité. Bon, je continue.

Petit 4 : pour les professions réglementées, je continue le boulot de Nono et je vais encore plus à la hache que lui.

-          T’es fou ? On va avoir tout le monde dans la rue, notamment les taxis qui vont faire des opérations escargots et ce genre d’emmerdements.
-          On s’en fout ! Tu connais beaucoup de taxis qui votent à gauche… ? Et on va faire appel au peuple, lui expliquer la situation,… Tu penses que les types qui crèvent la dalle vont défendre les revenus des pharmaciens ou des greffiers ?
-          T’as raison ! Bon, j’accepte tes quatre conditions.
-          Hé ! J’ai pas fini.
-          Fais pas chier, envoie le reste par mail à ma secrétaire. La concierge de l’école de son fils étudiera ça.
-          Attends, juste un point.

Petit 5 : si tu crées un grand ministère du numérique avec Blachier à la tête, tu ne le fous pas sous mes ordres, ni même à Bercy, on passerait notre temps à buvette.

-          C’est bien le type avec des cernes et une légère surcharge pondérale qui avait fait campagne pour moi ?
-          Ouais. Bon ! Je commence quand ?
-          Demain après-midi. Appelle le secrétariat de Nono pour organiser la passation.
-          Ca roule ! On se voit mercredi pour le Conseil ?
-          OK. A+.
-          Salut,
-          Beep, beep, beep.


3 commentaires:

  1. je regarderai avec encore plus d'intérêt la lecture de la liste finale sur le perron de l'Elysée demain soir

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  2. Nicolas, si vous en êtes encore à croire qu'une chemise Lacoste avec une pochette c'est "gauche caviar" alors il est vraiment temps de dissoudre... :)

    Sinon " Je te remercie, j’ai en effet toute l’incompétence requise. ".... No comment.

    Pour le reste, j'ai bien rigolé. Goux à la culture ce serait pas mal...

    Je veux bien le ministère des forêts moi (pour faire gouvernement africain...).

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