Fin 2001, François Hollande était premier secrétaire du
Parti Socialiste. L’élection présidentielle approchait. Le PS avait un bon
résultat à l’issue de la législature avec une vraie diminution du chômage et
une belle croissance, liées à de bonnes mesures de gauche, comme la réduction
du temps de travail mais aussi la prime pour l’emploi, les emplois-jeunes, la
baisse de la TVA, , mais aussi à une bonne conjoncture économique qui s’était
néanmoins émoussée, sur la fin, avec l’éclatement de la bulle informatique.
Mais c’est la baisse du temps de travail dont il était le
plus content même si elle avait été mal gérée par Martine Aubry et Dominique
Strauss-Kahn, car il est évident que le progrès technologique permet de moins
travailler et que la mondialisation galopante allait faire que les emplois
industriels seraient pour beaucoup délocalisés dans des pays en développement.
D’ailleurs, cette mondialisation et la création prochaine de l’Euro allaient
avoir des impacts importants sur l’économie et le gouvernement Jospin avait
pris des premières mesures radicales pour l’accompagner. Par exemple, il
fallait privatiser France Télécom parce que nous connaissons aujourd’hui, la
concurrence, le dégroupage,… étaient inéluctables. Ces mesures faisaient grincer,
à gauche, évidemment, mais François étaient sûr de lui. D’ailleurs, 13 ans plus
tard, on le constate : tout le monde à un mobile voire un smartphone et un
accès à internet. Les mesures étaient bonnes.
Mais contestées. Entant que chef du premier parti de la
majorité et éminent député, celui qui se ferait appeler volontairement Flamby,
aidé par son ami Arnaud Montebourg, pour entretenir une image de bonhommie, les
avait fidèlement accompagnées.
Fin 2001, il regardait la présidentielle arriver, quelques
mois plus tard. Lionel Jospin était sûr de gagner. Il avait de bons résultats et
Jacques Chirac une très mauvaise image. Il savait par ailleurs que, quel que
soit le gouvernement, il aurait à continuer à gérer cette mondialisation et qu’il
faudrait prendre des mesures très douloureuses. Il fallait que cela soit la
droite qui les prenne sinon la gauche serait grillée pour des dizaines d’années
et sa propre carrière serait compromise. Car il ne pensait qu’à cela : sa
propre carrière et les dix ans qu’il allait passer à l’Elysée, en réformant la France
et en laissant un nom dans l’histoire du pays et de l’Europe.
Encore une fois, l’avenir lui a donné raison : la
gauche allemande, menée par Gerhard Schroder, a pris ses mesures et est évincée
du pouvoir. Pire ! La droite ayant pris le relai, la situation économique
du pays s’est bien améliorée mais, en l’absence de la gauche au pouvoir,
personne n’a pu mener la politique sociale nécessaire à l’accompagnement des
braves gens qui allaient subir les dommages causés par ses réformes.
En laissant Lionel Jospin gagner, il foutait en l’air sa
carrière mais aussi tout le progrès social dans le pays. D’ailleurs, c’est
Lionel Jospin lui-même qui le lui a dit. C’était un grand homme d’Etat et ne
voulait pas laisser le peuple dans la merde. Et supputait déjà que l’image de
Gerhard Schroder qui se préparait à faire ces réformes ne serait pas au top !
François Hollande et Lionel Jospin décidèrent alors de
perdre la présidentielle. Ils allaient faire une mauvaise campagne, accumuler
les bourdes. Mais François Hollande était déjà un fin tacticien électoral. Il
savait que Jacques Chirac ne trouverait jamais 20% des électeurs pour passer le
premier tour. Même en foirant la campagne, Lionel Jospin était sûr de gagner.
Ils décidèrent alors de rencontrer Christiane Taubira et Jean-Pierre
Chevènement. Le premier secrétaire du Parti Socialiste les invita a déjeuner au
Récamier et leur dit la vérité : voila, nous ne sommes pas sur la même
ligne politique mais si on gagne l’élection, la gauche est foutue pour l’avenir
quelles que soient les mesures qu’elle pouvait prendre. Il poussa la réflexion
dans tous les sens, exposa toutes les réformes possibles, celles qu’allaient
faire l’Allemagne et celles qu’envisageaient la gauche de la gauche. Un seul
constat : la gauche serait définitivement out et le peuple allait
souffrir. Avant même que François le leur suggère, Christiane et Jean-Pierre
comprirent. La seule solution pour ne pas gagner l’élection présidentielle
était de perdre dès le premier et perdre le premier nécessitait d’avoir moins
de voix que le candidat d’extrême droite. Il fallait laisser se disperser les
voix de gauche. Christiane et Jean-Pierre seraient donc candidat et on allait
laisser croire aux électeurs qu’on s’en foutait, on était sûr de gagner.
Moi-même, je ne suis pas allé voter… Ca ne faisait pas un pli dans mon esprit :
il y avait un seul candidat de gauche susceptible un bon score au premier tour et
il y aurait forcément un candidat de gauche à ce deuxième tour…
La présidentielle de 2002 fut perdue avec brio. La seule
anecdote notable de la campagne fût quand ils apprirent que Bruno Mégret serait
candidat, en plus de Jean-Marie Le Pen ! Ce dernier, pas fou, savait que s’il
était au second tour face à Jacques Chirac, il perdrait nécessairement, ce qui
est logique. Un candidat frontiste ne pouvait gagner à un second tour que s’il
était opposé à un candidat de gauche. Pire ! S’il passait le premier tour
pour perdre un second, les Français comprendraient que le premier tour est
important. Jean-Marie Le Pen avait compris la stratégie de Lionel Jospin et
décidé d’appliquer la même : disperser son stock d’électeurs. Après sa « victoire », d’ailleurs, il
comprit qu’il était grillé définitivement. Il fallait passer le relai à sa
fille mais 2007 était trop tôt, il fallait attendre 2012 pour qu’elle soit
candidate et prenne de l’expérience. Mais c’est une autre histoire.
François Hollande, soutenu par Lionel Jospin malgré une
légère comédie de ce dernier, resta premier secrétaire du parti et s’occupa de reconquérir les
collectivités territoriales avec le succès que l’on connaît. C’était important
pour lui, il fallait qu’il représente la gauche qui gagne. Il était resté sur
un mauvais résultat, avec la présidentielle de 2002 mais aussi sur un résultat
mitigé, aux européennes de 1999. Seules les élections locales lui
réussissaient, comme les municipales de 2001 qui vit une victoire inespérée
dans certaines villes. La liste qu’il menait était arrivée en tête, certes,
mais sur fond de forte division de la droite. Alors, le Parti Socialiste gagna
les cantonales et régionales de 2004. Le Parti Socialiste fit un très bon
résultat aux européennes, cette année-là. Les élections locales de 2008 se sont
correctement déroulées, également. Mais ne brulons pas les étapes.
Restons en 2004. Il y avait le referendum de 2005 à
préparer, au sujet du traité européen. Il se foutait royalement de ce traité qu’il
ne jugeait ni bon ni mauvais, à part sur la forme. C’est le traité de 1992 qui
était mauvais puisqu’il n’incluait qu’un volet économique libéral et rien pour
le peuple. D’ailleurs, seuls les Etat compteraient pour la gestion de l’Europe
pendant des décennies : la démocratie européenne resterait balbutiante, ce
qui, au fond, n’était pas un problème : les peuples n’étaient pas prêts
et, au fond, c’est bien à eux que revient la décision ! Néanmoins, il
savait que la question européenne diviserait profondément le Parti Socialiste
et, surtout, ses militants, la plupart des cadres étant convaincus, comme
François Hollande, qu’un parti antieuropéen ne pouvait pas prendre le pouvoir
en France. Il eut alors l’idée d’organiser un vote interne : il savait que
s’il soutenait le « oui », il serait largement en tête, ce qui est
arrivé (59%). Il serait confirmé comme patron du parti malgré les lourds
clivages internes.
Il lui fallait organiser le «
non » pour ne pas prendre le risque de voir des électrons
libres prendre de l’importance. Il a donc invité des amis à lui à prendre la
tête des opposants au traités : Arnaud Montebourg (encore lui…), Manuel
Valls (
et
oui !), Jean-Luc Mélenchon (tiens, le voilà) et Laurent Fabius (il
fallait un homme de poids). Ils furent rejoints par Henri Emmanuelli mais c’est
le hasard...
Vous connaissez la suite pour ce qui concerne ce vote.
Hollande a pris la tête du oui de gauche. Sa réputation est clairement faite.
Cela nous pousse à 2006 ou, du moins, à la préparation de la
présidentielle de 2007. Le constat était clair : la droite n’avait rien
fait ou presque, écorchant les 35 heures, et, surtout, les gérant mal en ne
poursuivant pas les travaux – mal – prévus par les lois de Martine Aubry
notamment dans le secteur hospitalier. Pour le reste : rien. Tout le
travail – de décorticage du droit du travail, il faut bien appeler les choses
par leur nom – était à faire. On était dans la même situation qu’en 2002, mais avec
une évolution évidente de la société, poussée par les nouvelles technologies et
la poursuite de la mondialisation.
Il ne fallait pas que la gauche gagne 2007 sinon, elle
serait foutue.
C’est le constat qu’a fait François Hollande devant sa
compagne à l’issue d’une sieste crapuleuse (les livres d’histoires sont
imprécis à ce sujet mais, au fond, cela ne nous regarde pas). Avec elle,
Ségolène Royal, donc !, ils formaient un couple très moderne. Ils ne se
sont jamais mariés mais on eut quatre enfants. Ils s’entendaient à merveille
sur à peu près tout ! D’ailleurs, ils rigolaient beaucoup d’une jeune
maitresse qu’il avait depuis peu, une journaliste à Paris Match…
François Hollande : voila, comment être sûr de perdre
cette élection ?
Ségolène Royal : on n’a qu’à présenter une femme, dans
ce pays de machos, elle n’aurait aucune chance d’être élue !
FH : oui, tiens ! Excellent ! T’as qu’à y aller...
SR : hé ho, tu crois que j’ai ça à foutre ?
FH : tu ne veux pas que je demande à Valérie, non plus ?
Et tu verrais qui ? Martine… Tellement entêtée qu’elle serait capable de
se faire élire. Toi tu as une bonne cote. On va organiser tout ça, tu vas voir.
On va te créer des comités de soutiens, des réseaux sociaux et tout ça… De
toute manière, Fabius et DSK n’ont aucune chance de passer la primaire, Fabius
parce qu’il n’en veut pas, il me l’a dit quand on a préparé le vote pour le
referendum, et Dominique parce qu’il est encore en plein dans les affaires.
SR : c’est OK ! Mais si je suis élue, on fait quoi ?
Et tu passeras pour quoi, toi ? Et ta propre carrière ?
FH : on va faire en sorte que tu ne sois pas élue. Tu
vas multiplier les gaffes et je ferai en sorte que le parti ne soit pas clairement
derrière toi.
SR : oui, mais ça risque de te griller, tu risques de
passer pour responsable de la défaite.
FH : Tu as raison. Trouvons autre chose !
SR : j’y suis ! Tu vas me larguer pour ta
journaliste, la petite jeune, tu vas batifoler pendant la campagne, après la
défaite, on se sépare et je continuerai à foutre la merde dans le parti, jusqu’au
congrès de 2008 parce qu’il faudra bien que tu quittes la direction du parti… T’imagines
que Martine gagne le congrès brillamment ? Tu es foutu pour 2012.
FH : OK, mais on tentera de se rabibocher, quand même
après, hein ?
SR : ne t’inquiète pas, on verra à l’occasion. Tu auras
peut-être encore besoin de Valérie et notre rivalité pourrait avoir des
avantages…
Vous connaissez la suite, du moins pour 2006, 2007 et 2008.
Notamment 2007 : l’élection était imperdable. Il a fallu la force de
Ségolène Royal et de François Hollande pour réussir à la perdre.
Nous voilà fin 2008. 2012 était en ligne de mire mais
François Hollande fit un constat : la gauche est malade, surtout la gauche
de la gauche. Un candidat socialiste ne peut pas gagner sans une gauche de la
gauche forte. Il faut sauver le parti communiste en les intégrant à une force
politique modernisée. Pépère eut alors une idée : il appela son copain
Jean-Luc Mélenchon. J’ai l’enregistrement de la conversation si vous voulez…
Mais passons cet épisode.
En 2009, il y avait une échéance électorale importante :
des européennes. François Hollande et Ségolène Royal, et donc leurs soutiens
réciproques, ne pouvaient pas tolérer une victoire du Parti Socialiste qui
aurait été mise au crédit de Martine Aubry. François Hollande invita alors à
déjeuner Daniel Cohn Bendit, Eva Joly, Cécile Duflot et quelques autres. Il
leur tint à peu près ce discours : le PS est divisé, les partisans de Ségo
ne peuvent pas blairer Aubry, vous faites des listes ouvertes avec des têtes de
liste comme Bové et vous avez un boulevard pour être à égalité avec le PS.
Et hop !
Après la réussite de ce nouvel échec du Parti Socialiste,
François Hollande commença à préparer 2012, mais pour lui, cette fois ! Si
un autre type était élu, à gauche, sa carrière serait terminée. En outre, il
apparaissait évident que Nicolas Sarkozy conduisait une mauvaise politique et
qu’il ne fallait pas laisser le pays aux mains de ces gens-là. Tant pis ! On a laissé la droite faire des
conneries en espérant qu’elles prennent des bonnes mesures mais tout ce qu’elle
a fait est de créer le statut d’auto-entrepreneur, signifiant encore plus la
fin du salariat.
Dans dix ou vingt ans, il n’y aura plus de salariés ou, du
moins, leur nombre aura diminué au profit de travailleurs indépendants de
statuts divers, forcément précaires. Il faut préparer la société à cette
évolution et, pour se faire, il faut renforcer notre modèle redistributif ce
qui nécessite de sortir de la spirale infernale du chômage, de l’aide aux PME
et à toutes formes d’entreprise, de statut, susceptibles de travailler auprès
de grands groupes aux mains des puissances financières.
Tiens ! « Mon adversaire, c’est la finance »
serait un bon truc, non ?
C’est ainsi que raisonnait François Hollande en se rasant.
Il lui restait évidemment une étape à franchir. Il est
rapidement apparu, au vu des sondages, que la présidentielle ne serait qu’une
formalité, d’autant qu’à l’été 2010, Nicolas Sarkozy a commencé à durcir ses
propos, faisant fuir les centristes.
Il restait une formalité : la primaire. Il se mit en
campagne : le tour de France pour présenter son projet, la relation avec
Valérie Trierweiler, le régime,… Elle n’aurait vraiment été qu’une formalité.
Face à Dominique Strauss-Kahn, lui, le social libéral, allait passer pour le
gauchiste de service. A mourir de rire… DSK s’était grillé en allant au FMI et
s’était grillé pour la présidentielle. Nicolas Sarkozy n’avait pas compris cela
et était même persuadé du contraire : Dominique Strauss-Kahn était son
pire concurrent. Il a donc organisé sa chute en passant par des intermédiaires
Libyens (cette partie de mon récit est outrageusement romancée alors que le
reste n’est qu’embelli).
Catastrophe ! Il serait opposé à Martine Aubry et elle
pouvait très bien gagner, il lui fallut organiser le deuxième tour, dès le
premier. Il a donc choisi lui-même ses copains pour être candidat au premier
tour : Ségolène Royal, sa fidèle vaguement compagne, Jean-Michel Baylet,
pour montrer l’ouverture, Manuel Valls et Arnaud Montebourg qui pourraient
faire leur premières armes dans des ministères le temps de penser à leur propre
carrière alors qu’ils sont minoritaires au PS et pour montrer qu’il ratisse
large au sein du parti. Il avait réussi son coup : les quatre candidats
éliminés au premier tour se sont prononcé pour lui pour le second. Mais, dès le
mois de juillet – deux mois après l’affaire DSK – il fallait bien se rendre
compte que Martine Aubry ne voulait pas y aller. Comme elle n’avait pas compris
la stratégie de pépère, elle organisa elle-même sa propre chute en promettant
une augmentation de 30% du budget de la culture. Elle s’en foutait ! Elle
aura alors été la femme qui a remis de l’ordre au sein du Parti Socialiste et
qui lui a permis de garder le pouvoir.
La campagne pour 2012 pouvait démarrer. François Hollande
serait enfin candidat à la présidence de la République, pour sauver la France et
était absolument sûr de gagner. Néanmoins, les sondages lui donnaient une telle
avance que cela compromettait sa stratégie pour la suite. En effet, si un
candidat socialiste était élu avec 60% des voix, il serait obligé de mener une
politique franchement de gauche ce qui était en désaccord complet avec ses
idées : la quantité de travail allait diminuer tout comme la part de
salariés réalisant ce travail. Il fallait relancer l’industrie française et
supprimer quelques avantages liés au
travail pour permettre de faire fonctionner l’économie et améliorer la
redistribution pour ceux qui ne pourraient pas gagner de l’argent avec un
travail salarié. Il fallait dépasser l’Allemagne, libéraliser le travail tout
en protégeant les êtres humains…
Avec 60%, il était sûr de ne pas pouvoir le faire.
Il eut un coup de génie et a appelé Martine Aubry. De
mémoire, il lui a dit : dis donc, Martine, comme tu as la réputation de ne
pas pouvoir me blairer, tu ne pourrais pas me faire un coup dans le dos ?
Après tout, je t’ai bien rendu service en gagnant la primaire.
Elle répondit (toujours de mémoire) : ah oui, tiens !
J’y pensais ce matin en me rasant. Je me disais que si j’avais gagné, j’aurais
du faire un accord électoral foireux avec les écolos. Tu veux que je le fasse
pour toi ?
Lui : mouarf ! Extra ! Prévoit des trucs
rigolos comme la sortie du nucléaire pour bien faire peur aux Français et tout
ça.
Lui-même ajouta deux ou trois conneries dans sa campagne,
comme le droit de vote des étrangers aux élections locales. Ca allait souder
les gauchistes et donner à la droite l’occasion de s’exciter et ça allait faire
hurler François Bayrou.
Tiens ! Le Bayrou ! Dès le début, François
Hollande l’a appelé : dis donc, cher homonyme, tu te rends compte que tu
feras un petit score. L’autre lui répondit : ben, oui, ça commence à me
gaver, tout ça, mais je n’ai pas le choix… mais ça sera la dernière fois sauf
si Morin se présente en 2017.
Hollande : j’ai une idée, tu ne fais pas campagne
contre moi, je te promets que je vais réellement m’attaquer au problème de la
dette, tu me soutiens au second tour pour ce prétexte et, comme l’UMP
présentera un candidat contre toi, je m’arrange pour que le PS te soutienne aux
législatives.
Bayrou : OK pour le soutien d’entre deux tours, mais
rends-moi service. J’en ai ma claque d’être député. Ca n’avance à rien et si le
PS me soutient, je serais catalogué à gauche, je ne pourrai plus rien faire au
centre. Tu vas t’arranger pour que je sois battu à cause du PS.
Hollande : OK.
Nous voila au 17 mai 2012, le lendemain de l’investiture.
François Hollande avait été élu au ras des pâquerettes, comme il le voulait,
alors que des sondages le donnaient à 60%, il avait été odieux avec Sarkozy
lors de la cérémonie d’investiture.
Il avait réuni sa garde rapprochée dans un des salons de l’Elysée
et leur tint se discours : il faut absolument que notre popularité baisse
très rapidement pour que l’on puisse avoir les mains libres dès le début. Sur
une idée de toi, Ségo, j’ai obtenu de Valérie qu’elle envoie un tweet de
soutien à Falorni. Je comprends bien que tu n’aies pas envie de redevenir
député et que ta situation serait impossible. Obligée de conquérir la présidence
de l’Assemblée avec moi à l’Elysée… Ca aurait été complètement grotesque. Mais
je tiens à te remercier. Après, on va nommer un gouvernement de branquignoles,
je vais faire des conneries, comme convoquer les journalistes pour mon départ
en vacances en TGV et des trucs comme ça. Tiens ! On va mettre Cahuzac
ministre du budget, avec toutes les casseroles qu’il a au cul… J’ai appelé
Plenel, tiens ! Je lui dois un service à propos d’un épisode pendant la
campagne. Sinon, on va mettre Harlem à la tête du PS et quand il aura bien foutu la merde, on le nommera ministre.
Les autres étaient pliés de rire !
Fin 2013, début 2014, la popularité n’était pas encore
inscrite durablement au-dessous des vingt pourcents et il y avait un risque
pour qu’elle remonte, surtout que la droite était toujours en lambeaux… Le
travail avait été pourtant bien fait avec le mariage pour tous qui a fait
plaisir aux gauchistes en fâchant les réacs et d’autres mesures comme l’ANI qui
avait eu le résultat inverse.
Il fallait frapper fort. La décision de faire un tournant
social libéral et de mettre Valls premier ministre après les municipales mais
toujours avec un gouvernement de branquignoles, à peu près les mêmes, d’ailleurs,
était prise depuis longtemps mais il fallait frapper fort.
Valérie Trierweiler commençait à s’ennuyer à l’Elysée. Pas
facile d’être première dame, pas possible de coucher à droite ou à gauche
contrairement à son homme. Elle fit une proposition à François Hollande vu qu’elle
avait un copain qui bossait pour Closer. La scène aurait tellement été ridicule
qu’il fut convaincu dès le début que l’idée était bonne. Il prit soin, alors,
de peaufiner le scénario : on va faire un peu de bordel pendant quelques
temps, je vais te larguer ! Tiens ! Tu pourrais même sortir un
bouquin sur notre histoire, vers la fin de l’été, ça te permettra de gagner un
peu d’oseille, en plus, car je ne pourrais plus t’entretenir, avec tes fistons.
Il fallait tenir au plus bas jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy
annonce officiellement son retour. C’est chose faite. Je peux réécrire l’histoire.
Compte tenu du positionnement politique de Hollande, il ne pourra que proposer
une politique ultralibérale sur le plan économique et bien à droite pour le
reste. L’élection de 2017 serait une formalité : François Hollande passera
pour un rempart contre cela et pourra mettre en œuvre la politique qu’il a
toujours voulu mener.
Comment tout ce bordel serait-il possible si cette histoire
n’était pas rigoureusement exacte ?