Madame Bovary se demandant ce qu'elle vient foutre dans cette galère. |
Le jour de sa sortie, le livre de
Valérie Trierweiler fait encore la une de l’actualité. Il est qualifié
de « livre de rupture dévastateur » par la presse. Dans ma TL, une
majorité de twittos condamnent ce livre et son auteur, assez violemment. C’est
le cas, d’ailleurs, de celui qui est l’auteur du tweet que je mets en
illustration de ce billet. Néanmoins, il prend, ici, la peine de préciser que François
Hollande est « un sale type ».
Je trouve amusant que l’on puisse
dénoncer un livre et tirer des conclusions de son contenu, d’autant qu’il ne l’a
probablement pas lu… C’est une espèce de paradoxe de la vie politique française.
Pour résumer, tout le monde dit que la vie privée des politiques de nous
regarde pas mais on ne parle que de ça, moi le premier d’ailleurs, vu que je me
fous totalement de ce que peut faire pépère dans le privé, voire comment il
appelle les pauvres, mais je suis au troisième ou quatrième billet sur le sujet…
Avant de défendre son ex,
Ségolène Royal a déclaré : « Je n'alimenterai en aucune façon ce débat. » puis :
« il faut avoir une certaine dignité de la fonction politique que
l'on exerce et ne pas s'en laisser dévier. »
Je vais citer, là, immédiatement,
pour vous faire plaisir, les trois premiers paragraphes d’un
article des Echos. Tenez-vous prêts.
« Selon le baromètre Ifop
pour Paris Match publié mercredi 3 septembre, la cote de popularité du
président de la République s’établit à 19% en septembre. C’est le dernier
sondage qui montre, une fois encore, la désaffection des Français pour ce
président qu’ils ont élu à 51,7 % des voix en 2012.
Le passage de quelques
chaînes traditionnelles à un grand nombre de chaînes et l’émergence
grandissante des chaînes d’infos en continu ont favorisé une concurrence accrue
de l’information, et donc une surenchère permanente qui les a fait s’orienter
vers une zone grise, plus nuageuse, où les frontières de la vie privée sont
parfois franchies.
A n'en pas douter, la
publication du livre de l’ex Première Dame de France, en alimentant la machine
médiatique, va accompagner, si ce n'est amplifier le mouvement de
désacralisation de la fonction présidentielle. Malgré sa forte impopularité, le
président de la République avait gardé jusqu’alors une image personnelle
relativement bonne : sympathique, intègre et proche des gens. Le livre ne peut
qu’entacher gravement et durablement cette image. »
Vous pouvez lire la suite. J’aurais
d’ailleurs pu tout citer. L’article montre comment François Hollande a accumulé
les erreurs de communication depuis le début. Voilà comment un twittos arrive à
dire que le président de la République est un sale type. Vous pouvez lire. D’ailleurs,
il est aussi disponible dans Le
Figaro, c’est étrange…
Je ne vais citer une autre
partie, la conclusion : « De son absence totale de maitrise du temps jusqu’à la
multiplication répétée d’erreurs de communication en passant par la dramatique
mise en scène de son action politique, l’opinion publique ne retiendra de lui
que l’image d’un président impuissant. Ajoutez à cela le livre déconstruisant
le seul élément positif attribué par l’opinion à son image et vous obtenez une
situation inédite : jamais un président n’a paru aussi éloigné des Français et
de leurs préoccupations. A vouloir apparaître comme l’anti-sarkozy absolu, il a
fini assimilé à un René Coty molettiste. »
Parlera-t-on un jour du « François
Hollande vallsiste » ?
Avec cette histoire de « président
normal », François Hollande a voulu désacraliser la fonction
présidentielle et force est de constater qu’il a réussi au-delà de ses
espérances.
Je suis évidemment convaincu de la
bonne foi de François Hollande, je ne le crois pas capable, par exemple, de
tenir les propose que rapporte son ex de manière méprisante. Il n’empêche que
le mal est fait. Que restera-t-il de cette histoire ? Ce qu’il y a de sûr,
c’est que Valérie Trierweiler conservera l’image d’une femme antipathique,
celle qu’elle a toujours eue. Elle a voulu se venger, elle a probablement raté
son coup puisqu’elle risque de prendre des baffes dans tous les sens.
Pour ce qui concerne François
Hollande, je ne sais pas si les dommages seront terribles dans la mesure où il
est déjà au fond du trou. Il reste une petite vingtaine de pourcents de braves
gens qui lui font confiance et ils ne sont pas intéressés par ce genre de bordel
mais uniquement par la politique menée. Je les connais bien, j’en fais partie. D’ailleurs,
un sondage IFOP pour Paris Mach, sorti hier, disait que les français étaient de
plus en plus nombreux à penser que la droite ne ferait pas mieux si elle était
au pouvoir. La déprime se stabilise…
Un autre article du Figaro
part de ce thème : il ne faut pas raisonner en termes de popularité dans
la mesure où elle est au plus bas. Lisez-le aussi, je vais en citer des
extraits.
« Or, l'homme qui exerce le
pouvoir est depuis devenu un homme ordinaire, recherchant avant tout le lien
affectif, la proximité avec ses compatriotes, la sympathie du public: toutes
les mises en scène des enfants et des femmes des hommes de pouvoir vont dans ce
sens.
Ce qui me frappe, c'est
qu'on assiste à une rupture. Jusqu'ici, ce système fonctionnait car il était
sous contrôle. Là, François Hollande semble être dépassé par la machine
médiatique et la communication présidentielle est juste mobilisée pour tenter
d'éteindre l'incendie. »
Ce n’est pas pour se faire du
bien, mais à l’occasion du précédent quinquennat, c’était déjà le cas…
Rappelez-vous les interventions désastreuses des proches de Nicolas Sarkozy,
les éléments de langage sortis par l’UMP qui nous faisaient tant rigoler dans
les blogs… D’ailleurs (selon TNS
Sofres, cette fois), si François Hollande a obtenu un record d’impopularité,
en juin (16% d’opinions positives), Nicolas Sarkozy avait aussi atteint des
planchers (certes supérieurs, à 20%). Jacques Chirac était tombé à ce faible
niveau (16%) également, à une époque où Twitter n’existait pas et où l’information
était traitée différemment et où la conjoncture économique était plus
favorable, avec une nouvelle période de baisse du chômage.
Le journaliste pose la question :
« Alors que le président accumule les crises (politique, diplomatique
avec la Russie, économique), ce nouveau camouflet peut-il être tourné à son
avantage? Peut-il utiliser cette publication pour regagner la sympathie des
Français ? » La personne interviewée répond : « A mon avis, François
Hollande a surtout intérêt à baisser la tête, laisser passer l'orage et montrer
qu'il se bat pour la France. Plus que jamais, la séparation entre vie privée et
vie publique doit être claire et sans faille. Tout ce qu'il dira sur Valérie
Trierweiler le desservira ; il doit montrer qu'il ne se préoccupe même pas du
dérisoire, des règlements de compte, et que seul importe son combat pour notre
pays. »
Alors, François Hollande peut-il
rebondir. La réponse est assurément positive… En politique tout peut arriver.
Enfin d’article, l’interviewé démontre
que François Hollande n’a probablement pas perdu la majorité de son électorat.
De toute manière, seule la situation économique en fin de quinquennat devrait jouer,
sauf crise diplomatique infernale… et nous n’en sommes pas loin.
On devrait faire un sondage
auprès des électeurs de François Hollande. Pensez-vous qu’à part ces deux mots
utilisés par Valérie Trierweiler pour montre que François Hollande méprise les
pauvres, ce livre a-t-il le moindre intérêt ? On pourrait alors faire un
deuxième sondage : pépère méprise-t-il réellement les pauvres ? J’ignore
le résultat.
Continuons les questions de ce
sondage… Ne croyez-vous pas que toutes ces histoires commencent à nous les
brouter sérieusement ? Ne pensez-vous qu’il y a plus important ? Ne
croyez-vous pas que François Hollande est la victime de tout ce pataquès et qu’il
mérite un brin d’empathie ?
Ce livre sera oublié dans trois
jours. Mme @Valtrier en vendra 20 ou 50000 exemplaires, essentiellement à des
journalistes politiques et à quelques vieilles réactionnaires voulant un
élément de plus les confortant que François Hollande est un salopard… Il
laissera néanmoins des traces.
Une des questions que l’on
pourrait poser est : n’estimez-vous pas que ce livre est une grave attaque
contre les institutions, une déstabilisation de la Cinquième République ?
C’est ce qu’exprimer Renaud Dély,
dans le
Nouvel Obs.
« Et une menace pour nos
institutions puisqu’il s’attaque à un de ses piliers, la fonction
présidentielle, garantie de stabilité, qui perdurera après le passage de
François Hollande à l’Elysée.
En agissant de la sorte,
Valérie Trierweiler piège les commentateurs, contraints de se pencher sur ces
secrets d’alcôve qui auraient dû le rester, et pollue un peu plus le débat
public, qui n’avait pas besoin de ça. Puisque nous ne pouvons-nous forcer à
regarder ailleurs, dépêchons nous d’oublier ce que nous aurons lu, et entendu.
Car la démocratie ne repose pas uniquement sur la transparence la plus absolue,
combat nécessaire et quotidien, pour connaître le ressort des décisions des
responsables publics, elle exige aussi un droit à l’ignorance quant à
l’intimité de ces mêmes responsables. »
A défaut d’y croire réellement, j’espère
que cette histoire agira comme un vaccin auprès des Français et auprès d’une
presse complètement à la dérive, forcée de parler de sujets sans le moindre
intérêt (la crise en Ukraine n’occupe que la cinquième place de Google News,
après le livre, l’ado qui avoue le meurtre de sa sœur, l’audition d’un type
dans une affaire de Nicolas Sarkozy, le redressement judiciaire d’une société,
la SNCM, qui n’en finit pas de se redresser). La presse va perdre ses moyens
financiers. Amen.
Alors je laisse la conclusion à
Renaud Dély.
« Au passage, en participant
à la démolition de François Hollande, et en se détruisant elle-même, Valérie
Trierweiler rehausse un peu plus la stature de son ancienne rivale. Mue par la
vengeance et la rage d’être trompée, la "femme blessée" l’était moins
lorsqu’elle était elle-même la maîtresse d’un François Hollande alors en couple
avec Ségolène Royal, laquelle ne s’était pas abaissée à réagir publiquement de
la sorte.
Sans doute, l’appât du
gain, et un contrat de 500.000 euros, suffisait-il à justifier cette oeuvre de
démolition. Cela peut se comprendre. On est loin des états d’âme d’Emma Bovary,
qui elle n'avait rien touché. »
Pendant ce temps, une
nouvelle affaire menace Nicolas Sarkozy. Ca n’est pas une consolation. C’est
la vie politique en France.
Entendu au bar-épicerie ce matin: "François Hollande a dit qu'il allait créer de la richesse. Vu le montant du contrat pour le recueil de souvenirs de Valérie T. il aura au moins enrichi une personne." (Auguste G., ouvrier carreleur)
RépondreSupprimer"Ah, ben comment qu'il l'a lourdée aussi, elle s'est bien vengée, tant pis pour ce cochon. Toute façon, les z'hommes... " (Nathalie, dite "la grosse Nathalie")
"En juillet, on disait qu'elle avait coûté 500 millions à l'Etat. Si ça se trouve, elle va rembourser ce pognon avec son bouquin ? Quoi, je rêve ? Toute façon, les politiciens..." (Sabrina, en grattant un ticket de Loto)
"J'savais pas pourquoi j'avais voté pour Ségo et pas pour Hollande. Maintenant, je sais toujours pas mais je regrette pas". (Loïc, agriculteur)
Ils sont bavards dans vos bistros.
SupprimerVoui. Dix minutes dans un bistro le matin, devant l'écran de BFM TV, ça dégomme sévère.
SupprimerAh ! BFM dans les bistros... Je fuis. Sauf un bistro : ils coupent le son.
SupprimerLa dernière est superbe : une vraie brève de comptoir comme dans les livres !
Supprimer« Je suis évidemment convaincu de la bonne foi de François Hollande, je ne le crois pas capable, par exemple, de tenir les propose que rapporte son ex de manière méprisante. »
RépondreSupprimerC'est sûr, un grand bourgeois ne peut en aucune façon mépriser les pauvres, et un homme qui n'a jamais fait autre chose que de grenouiller dans la politique "politicienne" ne peut absolument pas être suspecté de mauvaise foi.
Pensez ce que vous voulez. C'est sans doute le président qui a le moins grenouillé. Il n'a pas été ministre pendant des années, par exemple.
SupprimerEt je n'ai pas dit qu'il ne méprisait pas les pauvres mais je le crois incapable de s'exprimer de façon méprisante. En outre, ce sont bien des mots qu'on lui reproche. Il peut les avoir sorti avec humour et sans mépris. Si en parlant de Trierweiler vous l'appelez "la pute", ce n'est pas parce que vous méprisez les putes.
C'est ce que j'ai dit dès hier : même s'il a déjà dit ça, tout dépend du contexte et des gens à qui il s'adressait. Un peu comme moi quand je parle des "salauds de pauvres".
SupprimerEn revanche, toujours si c'est vrai, ce qui ne passe pas du tout, c'est le fait d'avoir dit à Valérie Trierweiler que sa famille "craignait", alors même qu'il se trouvait invité chez eux : il y a là un mélange de goujaterie et de mépris très "grand-bourgeois".
Pour ce qui est de porter au crédit de François Hollande le fait qu'il n'ait jamais été ministre, ni secrétaire d'État ni rien du tout (donc de n'avoir jamais rien fait qui justifierait un peu son contre-emploi actuel), c'est une acrobatie argumentative que je vous laisse bien volontiers !
Si c'est vrai et sur quel ton ?
SupprimerLes effets de ce livre ne dépendent absolument pas du nombre d'exemplaires vendus : les extraits publiés sur tous les médias (et même deux simples mots, vrais ou faux, les " sans dents" ) suffisent largement.
RépondreSupprimerReste à savoir ce qu'il en restera dans quelques mois.
Il en restera peu... Les socialos vont s'engueuler.
SupprimerPitoyable histoire où VT découvre ce que cela fait d'être cocue et virée.... exactement ce qu'elle même avait fait à Ségolène Royal en 2007 quand VT est devenue la maîtresse de Hollande pendant la campagne électorale de Royal..... qu'il a quitté lors de la même campagne pour aller vivre avec VT.
RépondreSupprimerCette conne a juste de la chance que nous soyons gentils et que les histoires de fesses ne nous intéressent pas sinon on pourrait faire des billets étayés sur le sujet.
Oui. On pourrait donner quelques détails.
SupprimerCela devient comique, le nombre de blogueurs qui, depuis hier, publient des avalanches de billets pour dire que cette histoire ne les intéresse absolument pas. Je me demande si je ne devrais pas faire à mon tour un petit billet pour me foutre un peu de vos binettes…
SupprimerL'histoire ne nous intéresse pas mais les conséquences politiques, si...
SupprimerQuelqu'un disait hier (chais plus qui et chais plus où) que c’était à a la fois un assassinat et un suicide. Surement un peu exagéré...Je pense aussi que le livre sera oublié dans 1 mois, mais peut-être pas son auteur.
RépondreSupprimerPlus j'y pense plus je crois que l'incidence sera nulle à part pour elle.
SupprimerC'est un peu pour ça que je finis par Sarko (mais je n'ai pas voulu insister) : les militants ne jurent que par lui malgré tout.
Une réplique imparable pour Hollande : décréter que les implants dentaires seront désormais remboursés à 100 % par la Sécu.
RépondreSupprimerVoilà.
Supprimerdes millions de français qui ne l'auront pas lu seront convaincus que FH est un salaud
RépondreSupprimerpauvre France
"A n'en pas douter, la publication du livre de l’ex Première Dame de France, en alimentant la machine médiatique, va accompagner, si ce n'est amplifier le mouvement de désacralisation de la fonction présidentielle."
RépondreSupprimerLe problème, c'est que la machine médiatique, sans cesse emballée, courant après l'info du jour qui sera oubliée demain, si elle existe c'est bien parce que quelqu'un, un président socialiste, a cru bon d'ouvrir les canaux télévisuels et radiophoniques à la concurrence; sans compter que ceux qui ont suivi ont pensé qu'il était intelligent d'en rajouter. De fait, les différentes chaînes se retrouvent obligées de chercher le truc qui va leur apporter la primeur sur les autres, même (surtout) si c'est une connerie, les débats de fond étant relégués dans les tranches où le gros du public est occuper soit à rentrer chez lui, à faire la bouffe ou à dormir.
Quant à l'article de Dély, si la démocratie et les institutions sont réellement affaiblies par la sortie de ce ridicule bouquin, c'est qu'elles méritent d'être balayées. Rarement lu d'article aussi crétin et pleurnichard, d'autant que le Nouvel Obs ne se prive pas de publier les mêmes extraits que les autres, de commenter, de relayer les réactions des uns et des autres, histoire de vendre du papier lui aussi. Alors, le Nouvel Obs veut-il participer à la mise à mort de la démocratie et de la république ?
D'accord sur les conclusions à tirer sur l'article. La constitution est à chier. Pas d'accord sur l'aspect pleurnichard. N'oubliez pas que "nous" ne sommes pas du même camp et que nous n'en avons pas la même lecture. Ne jouez pas au Skandal de base.
SupprimerEt ho !!! J'ai rien dit encore !!! :)
SupprimerPour ceux qui douteraient de l'impact politique de ce livre - en fait, des extraits publiés dans les médias, et qui sont largement suffisants :
RépondreSupprimerhttp://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20140904.OBS8192/sans-dents-l-expression-qui-devient-un-slogan-anti-hollande.html
Très bon billet.
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerJ'ajoute que Valtrier atteint les sommets du grotesque, décrivant aujourd'hui comme un repoussoir cynique l'homme dont elle disait jusque là, qu'elle avait inspiré tous les succès depuis 15 ans et dont elle se disait folle amoureuse ... ça m'évoque les mantes-religieuses ! :DDD
RépondreSupprimerOui. C'est délirant. Tout comme sa défense depuis hier : la presse ne retient que les aspects négatifs pas toute l'admiration que j'ai pour lui.
SupprimerLa médecine...