« Le gouvernement envisage de supprimer la réglementation qui bride
le nombre de débits de boissons en France. » Nous dit le
Parisien. En d’autres termes, ils souhaitent supprimer la fameuse licence
IV ou faciliter son acquisition. C’est une excellente idée mais la lecture de l’article
me laisse perplexe quant aux motivations du législateur.
Cette mesure avait été mise en place à une autre époque pour
des raisons de santé publique pour mieux contrôler la vente d’alcool. Les
bistros sont maintenant en grande perte de vitesse et les pochetrons achètent
leur bibine dans des supermarchés. La licence IV est donc obsolète, ce qui
compte – éventuellement – est d’avoir des lois pour restreindre la vente d’alcool
aux mineurs et à des gens en état d’ébriété manifeste (mais ce n’est pas l’objet de mon billet).
Supprimer la licence IV peut paraitre libéral : l’ouverture
de commerces doit être libre. Il n’empêche que cette suppression n’empêche pas
le respect de la loi et de la réglementation concernant les débits de boisson à
consommer sur place… En outre, si on peut considérer que les municipalités devraient
pouvoir choisir les commerces qui s’installent
chez eux pour une question d’aménagement du territoire, ce n’est en aucun cas à
l’Etat ou ses représentants de prendre les décisions.
Les libéraux seraient probablement contre ma proposition de
contrôler les commerces par les mairies mais dans un périmètre de 300 mètres autour
de chez moi (et donc de la station de métro), j’ai une Caisse d’Epargne, un
Crédit Agricole, un Crédit Lyonnais, un Crédit Mutuel, une Banque Populaire, neuf
ou dix restaurants dont quatre pour bobos, trois opticiens, au moins trois agences
immobilières, des magasins de chaussure,… et j’en passe, tout comme les
commerces dans la galerie marchande d’Auchan à 300 mètres. Mais pas un seul
marchand de journaux ou libraire. Oups ! Je m’égare.
Toujours est-il que j’ai beaucoup parlé des taxis et de leurs
licences : le problème des bistros est identique. On peut même dire qu’il
est plus simple : avec les taxis (et les VTC), il y a un problème d’usage
de la voie publique, notamment pour le stationnement.
En gros, la licence est intégrée à la valeur du fonds de
commerce. En région à forte densité de population (ou de touristes…), le coût
du fonds de commerce est abominable. Un jeune qui débute ne peut pas en acheter
un et, pour être patron, est obligé de le louer avec un contrat précaire
généralement très favorable au propriétaire… Ce bordel participe en l’entassement
du capital : un de ces jours, tous les bistros de Paris appartiendront à
quelques grosses sociétés.
Voilà pourquoi, dans les bistros comme les taxis, ce sont
surtout les propriétaires qui gueulent… Ils risquent de perdre une rente…
Mort aux fonds de commerces qui détruisent l’économie !
Hop ! Hop ! Hop ! Vive les jeunes qui débutent et qui montent
leurs affaires.
En outre, le fonds de commerce, contrairement à la licence,
est intimement lié à un local qui a lui-même un coup élevé. Vous imaginez un
type qui monte un bistro et fait les travaux nécessaires (avec les spécificités :
des toilettes – aux normes PMR – et un comptoir). S’il n’est pas propriétaire
du local et qu’il est viré à échéance du bail, il perd ses investissements.
Reprenons le sujet à l’envers. Le patron d’un bistro, du moins le gérant, celui
qui paye un loyer pour un fonds de commerce qui comprend – pour résumer – une location
d’un local et une licence. Il a un contrat d’un an et n’a aucune garantie de la
pérennité de sa situation. S’il bosse bien, son chiffre d’affaire va augmenter.
Le propriétaire du fonds pourra donc légitimement augmenter le loyer, tout
comme le propriétaire des murs. Par contre, le gérant ne peut pas investir dans
son bistro puisqu’il n’a qu’un contrat d’un an, il n’est pas sûr d’avoir un
retour sur investissement. Tout ce qu’il peut faire est de négocier avec le
propriétaire du fonds pour faire les travaux. Or le propriétaire du fonds est
généralement un brasseur chez lequel est obligé de s’approvisionner le gérant…
Ce système de tarés (ne venez pas commenter sur les détails,
je m’en fous) fait que personne ne peut ouvrir un bistro ni même en tenir un
sans être pieds et poings liés avec des lascars plein de pognon.
Libérer les licences permettra de donner un bon coup de
pieds dans ce bastringue !
C’était mon billet libéral de gauche du jour.
t'as bien fait de relire le chapitre sur l'accumulation du capital
RépondreSupprimerfaut juste garder les règles de distance avec les écoles
Pourquoi ? Le problème est la vente d'alcool aux mineurs. Si on juge que ça doit être interdit, faut le faire ! Rien à voir avec la distance.
Supprimerj'ai quand même du mal à imaginer un bistrot à la porte d'un lycée
SupprimerIl y en a plein ! Quand le lycée est construit après le bistro... Et la limite de proximité est trop courte pour être dissuasive. Je le comprends.
Supprimerla suppression, de la licence va permettre plein de nouvelles créations , c'était de cela dont je voulais parler
Supprimermais j'arrête de polluer ton blog
J'approuve ton billet et ta proposition de bon sens.
RépondreSupprimerVil libéral de gauche !
SupprimerIl faut avoir le moral pour ouvrir un troquet.
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