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Si tu n’en as pas strictement rien à cirer, hypothèse que je
suis assez loin d’écarter, tu auras remarqué que je parle beaucoup des nouveaux
réseaux sociaux qui naissent tous les jours ou presque. L’ami Poireau pense que
Twitter est en train de se suicider avec des nouveautés qui ne sont pas
satisfaisantes. Je suis un peu d’accord avec lui mais je le développerais
différemment : les utilisateurs de Twitter sont en train de l’euthanasier.
Ou presque.
Je ne suis pas le porte-parole d’un Poireau. Nous faisons
les mêmes constats, en tirons certaines conclusions identiques ou non qui
auront la même conséquence : nous finirons par déserter plus ou moins
Twitter et nous ne serons pas les seuls.
Commençons par l’affaire du jour. Le patron de Total est
mort dans un accident d’avion. Gérard Filoche, député PS, a sorti un tweet
lamentable, ne respectant pas les usages, à savoir que quand il y a un mort, il
faut penser à ses proches et fermer sa gueule. Ainsi, nous avons peut-être le
tweet d’une personnalité politique le plus déplorable de l’histoire de ce
pataquès, malgré la présence de Mme Boutin et Morano… Toujours est-il que les
réactions ont été disproportionnées de la part ceux qui critiquent Gégé comme
de la part de ceux qui le soutiennent.
Les critiques sont idiots. On voit des cadres de l’UMP qui exigent que
le Parti Socialiste le foute à la porte. Les soutiens sont du même métal :
ce n’est quand même pas compliqué de comprendre qu’il aurait pu s’abstenir. Il
n’a pas à être défendu.
Ainsi, Twitter, dans sa globalité, a perdu toute
objectivité, toute sérénité,… Depuis deux ou trois ans, le grand public a
débarqué en masse et chaque utilisateur se permet de donner son avis. Ce n’est
pas une critique individuelle. Chacun fait ce qu’il veut. Pour ma part, je
tiens des blogs pour donner mon avis. C’est le cumul qui devient invivable :
je me fous de vos avis. Seul m’intéresse l’avis de mes potes.
Je ne me fous pas que de ça. Je me fous de vos « livetweets »
d’émissions de télévision. Je ne sais pas si vous vous rendez compte que vous
en êtes réduits à regarder votre poste uniquement pour pouvoir sortir des
conneries dans Twitter. Une psychothérapie s’imposerait presque mais, comme
toujours, chacun fait ce qu’il veut. Il n’empêche que cela m’emmerde
prodigieusement. On m’objectera que je peux filtrer #dals, #onpc,… Je préfère
filtrer Twitter et aller voir ailleurs, ou unfollower divers lascars qui ne se
rendent même pas compte qu’ils polluent.
Tiens ! Je me fous de vos hashtag. C’est quoi cette
manie de mettre des dièses devant un mot sur deux. Savez-vous au moins à quoi
peut bien servir un hashtag ?
Je me fous des informations que vous pouvez diffuser. La
plupart ont déjà fait la une des sites d’informations ou ont été l’objet d’une
alerte d’un site de presse. Les autres n’ont strictement aucun intérêt mais
vous ne vous en rendez même plus compte. Vous voyez un article, un billet, il
vous plait, vous le RT sans même réfléchir à l’intérêt de la chose. Vous me
répondrez évidemment : « et toi, le gros,
tu t’imagines que tes RT ont de l’intérêt ? » Outre le fait
que je ne vous permets pas de me tutoyer et celui que ma surcharge pondérale légère
est purement accidentelle, je ne me fais aucune illusion. Je tweete
essentiellement des billets de copains blogueurs parce que je les juge de
qualité et que je défends la blogosphère. Je ne tweete pas un article du Monde,
de 20 minutes ou du Figaro sauf si le contenu me parait suffisamment important.
Et je ne le fais, généralement, que parce que je n’ai pas le temps de faire un
billet sur un de mes blogs.
Nous allons prendre
quelques exemples de tweets.
Ma TL à l’heure où je rédige cet article. De manière
exhaustive.
Premier post : un machin publicitaire.
Deuxième post : le RT (par quelqu’un que j’apprécie)
d’un député PS qui dit : « #DirectAN #Valls en réponse à un député UMP «Ce
gouvernement agit pour la famille. Pas de faux débats, pas de fausses
polémiques !» #QAG »
Troisième post : un tweet d’une vidéo dont je n’ai
que foutre, pas le temps de regarder et pas envie de prendre le risque de
perdre du temps pour un truc qui pourrait n’avoir aucun intérêt.
Quatrième post : un tweet du parti socialiste
qui reprend une ministre qui s’adresse à l’Assemblée.
Cinquième post : un tweet du Poireau dont au
sujet duquel est à l’origine de ce billet. « Brigitte
Barèges condamnée pour avoir fait payer à la mairie sa propre promotion
http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/21/1976558-montauban-brigitte-bareges-condamnee-a-un-an-d-ineligibilite.html
… » Comme tout un chacun, il tweete bien ce qu’il veut. Il n’empêche
que…
Je vais arrêter là. Le tweet suivant n’a aucun intérêt. Les
deux d’après, par contre, reviennent à l’esprit de Twitter, celui que l’on a
connu il y a quelques années…
Le « slogan » de cette honorable société était « what are
you doing » ce qui veut dire, pour ceux qui ne sont pas
anglophones comme moi : « qu’est-ce que
tu es en train de branler ? » On mettait alors ce qu’on était
en train de faire. J’avais enregistré une phrase toute faite (« je bois une bière au comptoir »).
Progressivement, on a commencé à lancer des vannes, à papoter, on s’amusait
bien. Cela ne servait rien. Twitter est monté en charge. Des liens ont commencé
à se multiplier puis ces fameux #hashtag. Nous autres, blogueurs, voyions tout
cela d’un œil circonspect. Ce machin ne va-t-il pas plomber les blogs ? J’y
reviendrai (si je pense, je ne suis pas une machine, non plus, hein !)
mais on s’est sentis obligés d’y diffuser nos billets de blogs puis ceux des
copains. On a bien participé au bordel ambiant, comme tout le monde.
Ces échanges de liens, de hashtag, de tweets autour de l’actualité
est probablement ce qui a fait le succès de Twitter qui n’avait pas été imaginé
pour cela, je suppose. C’est amusant de voir ce qui peut faire le succès d’un
machin sur internet. Pourquoi Twitter a-t-il décollé et pas d’autres machins
comme Google Buzz, Friendfeed et tant d’autres machins que nous avons vu passer ?
Twitter allait-il
couler les blogs ?
C’est la question que nous nous posions à une époque, vers
2010 ou 2011 (mon compte Twitter date d’avril ou mai 2007, tout comme mon
compte Facebook). Même a posteriori, on ne peut pas réellement répondre à la
question sauf sur un point : les blogueurs qui sont dans Twitter ont
probablement perdu des commentaires et les réflexions suite aux billets se sont
limitées à 140 caractères.
Il y a peut-être moins de blogs politiques maintenant (je n’affirme
rien, je n’ai pas de chiffres, disons que dans mon entourage, il y a moins de
blogs). On ne peut pas affirmer que c’est à cause de Twitter, de la culotte de
ma grand-mère ou de l’arrivée de la gauche au pouvoir, donc de la sortie de l’opposition
directe des blogs les plus actifs.
Et Facebook ?
On ne peut probablement pas évoquer les évolutions de
Twitter sans évoquer celles de Facebook sans se faire engueuler par le curé. Le
problème est le même. On est noyés sous les « contenus » fournis par
des inconnus, ce qui ne correspond pas à l’usage que j’ai ou que je voudrais
avoir de Facebook qui, pour moi, reste un machin pour discuter avec des
proches.
Depuis quelques jours, les deux ou trois premières entrées
de mon machin sont bien des publications de proches mais les suivantes sont
toutes des vidéos débiles. Ça me casse les burnes sérieusement.
Google+ ?
Ah ! Google+… J’en parle ici parce que j’en ai été fan
dès la première heure et que je l’avais beaucoup étudié. Toujours est-il que les nouveaux utilisateurs –
donc tous les utilisateurs ? – ont tenté d’y reproduire ce qu’ils
faisaient dans Facebook et Twitter, à savoir une course aux utilisateurs et la
promotion de leurs propres billets de blog sans compter la diffusion de vidéos
de chats et d’informations sans le moindre intérêt.
Cela fut une erreur. Google+ est un fiasco si on le regarde
comme on regarde Twitter et Facebook.
Il ne faudra pas reproduire ces erreurs si nous basculons de
Twitter à un autre machin et la course à l’influence se terminera. Amen. Je
suis un blogueur statisticien. En septembre 2010, mon blog a eu 20638 visites.
En septembre 2014, 20067. Sources : GA. Mes 4800 followers ne servent à
rien pour mon blog même s’ils sont éminemment sympathiques, surtout la rouquine
avec des gros nichons, là.
Des candidats au
remplacement en pagaille
Depuis quelques jours, je teste, avec des potes, dont le
Poireau en question quelques outils assez proches de Twitter et de Facebook,
disons des « réseaux sociaux non spécialisés » et qui semblent
être beaucoup plus récents. Cela a commencé par Ello.co puis vinrent Tsu et Let
et Pheed m’a été présenté ce week-end.
Des quatre, c’est Tsu qui a le plus d’activité, du moins
dans mon « réseau ». Le Poireau est persuadé que c’est ce machin qui
deviendra à la mode. On verra s’il a raison dans trois ou quatre ans. Je ne
crois pas que l’on verra basculer rapidement les utilisateurs d’un machin à l’autre
si ces mêmes gens n’en font pas un usage précis, usage qu’il est impossible de
prévoir, comme cela a été impossible pour Twitter.
La fin de Twitter ?
J’aime bien parler de la fin de Twitter car on évoque périodiquement,
depuis des années, la mort des blogs.
Différentes études ont montré que les adolescents américains
désertent progressivement Facebook, notamment au profit de Twitter. Facebook
est déjà ringard même s’il poursuit sa croissance… Twitter connaitra un
phénomène de lassitude mais il est déjà probablement entré durablement dans les
mœurs.
Si Twitter finira par être détrôné, c’est probablement par
un autre bazar qui aurait les mêmes défauts. Pour qu’un machin trouve une large
clientèle, il faut que chacun puisse y faire ce qu’il imagine. Le bordel, au
sens où Twitter n’est pas utilisé comme je
voudrais qu’il le soit, se reproduira partout.
Par exemple, dans un des nouveaux machins dont je parlais,
Tsu, j’ai déjà des abonnés non francophones, dont des gens qui ne lisent pas ce
que je publie, d’autant que je ne publie presque rien. Ils s’abonnent donc
uniquement soit par connerie soit pour faire du chiffre. C’est déjà le bordel.
Pourquoi quitter Twitter pour retrouver la même monstruosité
ailleurs, avec d’autres clowns qui vont s’inventer de nouvelles règles de
savoir vivre en société et finir par faire n’importe quoi, tout comme ils
jugeront que je fais n’importe quoi.
La bêtise de Filoche et les commentaires, dans Twitter,
aujourd’hui, marquent une étape supplémentaire du discrédit de ce truc.