Suite à mon billet d’hier, à propos de la « gauche
passéiste », j’ai continué à lire mes camarades de gauche qui ronchonnent
après le premier ministre quand je suis tombé sur ce
billet de la camaradette @iboux. Elle se demande de quelle gauche parle
Manuel Valls et apporte des éléments de réponse dont : « La gauche passéiste pour laquelle Hollande a concocté un
programme qui a emporté l'adhésion des électeurs face à celui de Sarkozy ? »
On a l’impression qu’elle sous-entend que Valls et Hollande
auraient trahi les électeurs mais je me demande à quel point on pourrait se
demander si se tromper à ce point sur les intentions des électeurs n’est pas
une trahison. Je me comprends.
Un de ces jours, il va falloir réécrire l’histoire de la Cinquième
République ! Un président qui serait élu parce que son programme est
meilleur. On croit rêver.
Petit 1 : François Hollande a été élu parce que la
droite était au pouvoir depuis dix ans, a échoué, et que les Français ne
voulaient plus de ces gens-là.
Petit 2 : le petit 1 est surtout valable pour l’ancien
président qui énervait tellement les gens et a montré tant d’incompétence que
tout le monde voulait le foutre dehors.
Petit 3 : François Hollande a été élu parce qu’il avait
promis de s’attaquer aux déficits ce qui a fait que François Bayrou a dit :
« je vote pour lui ». Ce qui veut dire : « nous sommes
centristes et nous n’avons pas de raison de voter systématiquement à droite et
il est urgent de virer l’autre qui est mauvais et divise la France. »
Le petit 2 était tellement fort que François Hollande a été
donné gagnant avec 20 points d’avance dans les sondages mais cette avance a
fondu au fil de la campagne pour tomber à un peu plus de trois points. Nous
avons donc un candidat qui a perdu un petit cinquième de ses électeurs potentiels
de second tour pendant la campagne. On y trouvera plusieurs raisons dont,
évidemment, le fait que les sondages donnent n’importe quoi. Il n’empêche qu’il
n’est pas interdit de penser que les électeurs aient été effrayés par certains
points du programme bien trop à gauche parce que l’aile gauche de ce qui allait
devenir la majorité les a imposés au candidat.
On pourrait ajouter un certain nombre de faits. Depuis de
Gaulle, par exemple, aucun candidat sortant n’a été réélu hors période de
cohabitation. En 2012, la gauche a fait 45% au premier tour comme à peu près à
chaque élection présidentielle sauf 2007.
Cela étant, le Parti Socialiste est en crise. L’ami
Nathanaël revient longuement
sur cette mauvaise passe, le jeu de
chacun,… Il évoque rapidement « désarroi des militants PS qui ne savent plus sur quel
pied danser, coincés entre leur désir de voir « leur » président réussir et le
sentiment diffus que la méthode n’est pas la bonne. » Le PS est
probablement un bon parti d’opposition mais est dans le cirage quand il est au
pouvoir.
Je disais hier, et je le rappelle souvent, que je ne suis
pas membre du PS. Si je le rappelle, ce n’est pas pour me désolidariser, c’est presque
le contraire, même. Je n’ai pas la responsabilité de convaincre des électeurs
de voter pour lui, je n’ai pas celle de faire passer mes idées au sein de débats,…
Et je ne comprends rien aux guerres internes. Nathanaël pense qu’elles sont
issues du referendum de 2005. Il a fait des ravages au sein du parti mais je
crois que le clivage est autre, maintenant. Par exemple, Manuel Valls était
opposé au traité de 2005 mais avait fait campagne pour le « oui » par
discipline de parti vu que le « oui » l’avait emporté lors du vote
interne. C’est d’ailleurs assez cocasse de voir ce qu’est devenue la discipline
du parti par rapport à celui qui est actuellement premier ministre.
Depuis que je fréquente beaucoup de militants socialistes,
disons lors de la création des leftblogs début 2008, mais aussi que je lis des
blogs de toute la gauche, je suis frappé par le décalage entre :
Petit 1 : la politique que l’on aimerait voir mener
dans le meilleur des mondes,
Petit 2 : la politique que l’on pense que devrait mener
son parti,
Petit 3 : la politique que l’on pense qu’il est
réellement possible de mener en fonction de la conjoncture, des circonstances
internationales,
Petit 4 : la politique qu’il faut vendre aux électeurs.
Prenons un exemple : le nucléaire.
Petit 1 : le nucléaire est potentiellement dangereux,
pas spécialement gratuit, pas durable,… Il faut sortir du nucléaire au profit d’énergies
renouvelables.
Petit 2 : il faut engager la recherche et organiser la
sortie progressive du nucléaire.
Petit 3 : il faut favoriser la recherche, encourager le
développement d’énergies renouvelables et préparer la fermeture d’une ou deux centrales.
Petit 4 : il faut favoriser la recherche, préserver
notre indépendance énergétique mais ne pas sortir du nucléaire avant d’être
sûrs d’avoir de quoi le remplacer.
C’est mon point de vue, pour illustrer la conversation, il
est discutable mais ce n’est pas l’objet du billet. Les débats sur la sortie du
nucléaire entre la primaire et l’élection de 2012, avec le fameux accord entre
les verts et les socialos a été désastreux, électoralement, donnant une grande
impression d’amateurisme. Les Français ne veulent pas d’une sortie du nucléaire
mais d’un gouvernement qui assure la pérennité de l’approvisionnement en
énergie, la sortie du nucléaire est la cerise sur le gâteau. En outre, la
mesure pourrait choquer les ouvriers qui travaillent dans le secteur
et leur donner un doute quant à la durabilité de leur emploi…
Faut méditer.
L’ami Jeff, du blog Perdre La Raison, nous fait un billet pour
taper sur Valls. Il commence ainsi : « Bien, je crois que le ci-devant Manuel Valls a poussé
le bouchon un peu loin, trop loin ces derniers temps pour qu'on ne lui rappelle
pas que s'il est là c'est parce que le Parti Socialiste dont il changerait
volontiers le nom l'y a mis. » C’est un peu le problème de l’œuf ou
de la poule mais ce n’est pas le PS qui l’a mis là, mais François Hollande. Il
termine ainsi : « Il
n'a rien à faire à la tête du gouvernement sauf à vouloir mener une politique
qui n'est pas socialiste et donc pas celle souhaitée par les électeurs de
gauche le 6 mai 2012 quand ils ont voté François Hollande. »
Ce qui nous ramène à ce que je disais en début de billet
(Jeff est membre du PS, pas moi, au fait, ce que je rappelle pour relativiser
mes propos) : quelles sont les raisons qui ont fait que les électeurs ont
voté pour François Hollande ? François Hollande a-t-il été élu avec les
seules voix de gauche ?
Alors, je préfère la conclusion de l’ami
El Camino : « Passéisme,
modernisme, socialisme, pas socialisme, je m'en fous de tout ça, je n'ai pas
voté en 2012 pour un parti qui tombe en ruine mais pour sauver un pays qui
tombait en ruine alors démerdez-vous les socialistes pour vous entendre et
penser à la France parce qu'à ce rythme de conneries,à la présidentielle de
2017, le nain et ses alliés en bottes allemandes vont péter les scores dans les
urnes. »
Il n’est pas le seul à s’en foutre.
L’opposition interne n’a que trop duré. C’est bien François
Hollande qui a été élu. Si le PS veut rester conforme à lui-même, à savoir un
parti de débat (pour être gentil,…), il peut l’être.
Benoît Hamon arrivera peut-être à obtenir le graal :
devenir Premier Secrétaire du Parti Socialiste. C’est son problème et je m’en
fous.
Pareil, je me fout du PS.
RépondreSupprimerPareil, je rejoins l'ami El Camino.
Et merde ! J'ai plus de bière !
Ah merde.
Supprimerje reprendrai bien ma carte rien que pour voter CONTRE Hamon
RépondreSupprimerbref faut lire el camino
RépondreSupprimerOui.
SupprimerQuand comprendront ils ,les frondeurs que ceux que l'on attend du gouvernement ce n'est pas qu'il fasse à priori gagner la gauche mais qu'il fasse d'abord gagner la France !!! et cela demandera du temps, le nier est une faute .
RépondreSupprimervincent
Ils peuvent ne pas être d'accord.
SupprimerIls le peuvent effectivement, ce que je veux dire c'est qu'il est plus facile de brosser l'électeur dans le sens du poil ... .
Supprimervincent
Soyons sérieux deux secondes .
RépondreSupprimerTous les membres du PS sont persuadés qu'ils perdront les élections de 2017 , et chacun ne pense plus qu'à se "positionner" pour sa reconquête et être le leader en 2022 :
-certains , jetant à la poubelle tout ce qu'ils ont dit et fait depuis 2012 , et notamment certains anciens ministres de Hollande ( Montebourg, Filipetti, Batho, Hamon ) , font le pari que le centre de gravité se situera plus à gauche qu'aujourd'hui ( selon le principe de Guy Mollet : " le PS, ça se conquière par un discours de gauche et ça gouverne au centre") ,
- d'autres ( comme Valls ) que, comme dans tous les autres pays européens, le passage au blairisme , au schroederisme , au zapatérisme ou au mattéisme est inévitable , n'est plus qu'une question de temps, et que la tentation du mélenchonisme aura été définitivement tournée par les Français en 2022 .
Tous sauf un. Pépere.
SupprimerIl tolère le bordel car il aura un prétexte poyr dissoudre quand Sarko sera president de l'UMP. Il pourra le nommer premier ministre. Ca sera le bordel. Hollabde reelu.
Certes, mais c'est un calcul qui n'a rien à voir avec le Bien Commun. C'est une manoeuvre digne de la IVème.
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