Voilà un joli sondage qui est sorti : Juppé gagnerait les primaires ouvertes à droite face à Nicolas Sarkozy. Ce sondage n'a aucune valeur prédictive, évidemment (deux avant...), mais il amuse. J'avais bien une idée de billet (il me fallait le faire, je n'ai rien glandé depuis avant-hier) mais je n'avais pas l'entame.
C'est le blogueur de droite, Jacques Antoine, qui me la donne. Allez-le lire tout en m'excusant : mon iPhone ne me permet pas de faire de jolis liens. Et revenez.
Ça me rappelle un de ses billets de 2012. Alors qu'il penchait plutôt pour Mme Le Pen, selon moi (il pense ce qu'il veut), il avait fait un billet pour prier les électeurs de droite de voter pour M. Sarkozy car les socialistes sont dangereux, mangent les enfants et sodomisent les écureuils, voire les koalas.
Aujourd'hui, il nous explique que les Français sont aveugles pour avoir voté pour Hollande et les sympathisants de droite du même métal pour préférer Alain Juppé. Je vais lui demander s'il n'est pas lui-même aveugle pour ne pas constater l'état de notre pays après un quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas une question de débat droite - gauche, la question, ici, n'est pas de savoir quelle est la bonne politique mais de trouver un type pour la mener. Et, pour se faire élire.
Ça me rappelle la primaire socialiste. La question n'était pas de savoir quelle politique est la meilleure mais de trouver le meilleur candidat pour battre Sarkozy. Les sympathisants ont trouvé ! On ne sait pas si la France ira mieux mieux après Hoĺlande qu'avant, la question n'est pas là.
Je n'aime pas les sondages faits longtemps à l'avance mais il ne me parait totalement idiot de penser qu'aucun candidat de gauche, quel qu'il soit, pourrait gagner en 2017, si Hollande et Valls échouent, si le chômage n'a pas diminué, si la balance du commerce extérieur ne s'améliore pas, si les comptes de l'Etat ne sont pas un peu moins dans le rouge. Ceci est aussi un message pour mes amis de gauche. En 2017, si Valls ou Hollande n'est pas élu, le président sera de droite. Électoralement, ça ne sert à rien de dire dans un blog quelle politique il faut mener.
Revenons à notre sondage : il montre que les électeurs de droite pensent, contrairement aux militants UMP, que Nicolas Sarkozy n'est pas le meilleur candidat pour la droite. Je suis d'accord avec eux et ce point de vue me désole : la chance de la gauche (la mienne, pas la vraie, hein !) est bien moindre si Alain Juppé est candidat.
Ce qui nous ramène à la primaire du PS en 2011. Martine Aubry avait gagné le parti au congrès de 2008 et semblait mener DSK à la victoire. Sa victoire était contestée par les partisans de Ségolène Royal. En fait, elles étaient à égalité. Mais c'est un autre bonhomme qui a été candidat puis élu.
Hors sujet, il me semble que Nicolas Sarkozy, en se présentant comme candidat à la présidence de l'UMP, a fait une grossière erreur. Il pourra sembler à certains qu'il n'avait pas le choix s'il voulait revenir. Il finira par se transformer en premier opposant aux socialistes. Il connaîtra le destin de Jean-François Copé : la "ringardisation".
Avec ce sondage, les sympathisants de droite montrent :
1. Sarko a échoué quand il était président. C'est indubitable. Il ne faut pas qu'il revienne.
2. Il finira réellement embourbé dans ses histoires judiciaires et plombera la droite.
3. Son projet est mauvais (diminuer fortement le nombre de profs ? Les parents jugeront. Ils constatent tous les jours. Les types sensibilisés à l'économie verront que c'est une aberration de diminuer les moyens de l'éducation. Les profs ne croiront pas qu'ils seront augmentés en conséquence). Il a perdu la main. Il nous refait 2007. Il a échoué au bout de cinq ans. Il nous refait 2012. Il a échoué à se faire élire. L'ami Sarkofrance en a fait un billet.
4. Il n'est pas le meilleur candidat. Les électeurs de droite sentent que les Français continuent à être exaspérés par le personnage, ses méthodes,... Ils ne veulent pas prendre le risque qu'on en revienne aux mêmes clivages.
Nicolas Sarkozy est lui-même coincé. Prenons le mariage pour tous. S'il se prononce contre (ou pour la suppression de la loi), il perd toute crédibilité. La loi est difficilement abrogeable et l'électeur centriste dit : basta. S'il se prononce pour, il perd l'électorat de la vraie droite, celle qui mettra le sujet au centre du débat.
Je résume : il est grillé et les sympathisants de droite le savent. Martine Aubry a subi le phénomène inverse chez les socialos. Remplaçant DSK sur le fil, elle a adopté une posture gauchiste, en 2011.
A droite, Nicolas Sarkozy représente peut-être la politique qu'il vous faut mais...
Au premier tour, les gens de droite n'oublieront pas son échec et préféreront l'original à la copie : Marine Le Pen (la victoire de la gauche serait assurée au second). Au second tour, s'il passe le premier, on aura un remake de 2012. Aléatoire. Entre pépere et l'excité, hein ! Hollande fera le coup de la force tranquille et tout ça (sauf, je me répète, s'il a franchement échoué). Si C'est Valls le candidat, il aura aucun mal à faire passer l'autre pour le pire ringard. Et parier pour l'affrontement de deux candidats de droite au second est hasardeux.
Nicolas Sarkozy ratera sa stratégie visant à apparaître comme l'homme providentiel parce qu'il a déjà échoué. C'est peu comme si un candidat se présentait à un poste pour une fonction pour laquelle il a été viré faute grave.
A la primaire de la droite, je voterai Sarkozy.
Je vous signale que, juste avant de donner le lien du billet de Juan, vous l'avez appelé " l'ami Sarkozy".
RépondreSupprimerIl ne vous le pardonnera jamais, et notre bouffe est foutue.
Arg.
SupprimerEt, en plus, Jacques Étienne est mystérieusement devenu Jacques Antoine !
RépondreSupprimerPour ce qui est de Juppé, je pense qu'on peut le considérer comme étant déjà installé à l'Élysée ; comme, en leur temps, Raymond Barre, Jacques Delors, Édouard Balladur ou Lionel Jospin…
Vous avez oublié Mme Royal.
SupprimerJe sais tout ça, j'en ai fait des billets.
Il n'empêche que tous ces lascars ont été donné favoris par les membres de leurs partis, tout comme l'est Sarko.