Dans le train qui ramenait en Bretagne,
hier, après la rédaction de mon (mauvais) billet, je lisais un tas
d'analyse dans la presse et les blogs à propos de la prestation de
François Hollande et de l'échec de sa communication depuis son
élection. Je crois que c'est Suzanne, du Merle Moqueur qui a une des
meilleure explication : on
ne comprend pas François Hollande. Tous les autres textes
m'amusaient beaucoup parce que les rédacteurs se croient plus
intelligents que les autres, normal, et que les arguments donnés
sont en contradiction entre les articles, je ne peux que rigoler.
Alors, je me suis posé la question
autrement : aurait-il pu réussir sa communication ? Je me
suis donc apporté la réponse : non. Il n'aurait pas pu
réussir. Il aurait tout juste pu éviter quelques boulettes. Par
exemple, dès le lendemain, il nommait un ministre du redressement
productif. Cette appellation, qu'il a préféré à ministre de
l'industrie, était ridicule et faisait perdre de la crédibilité.
Mais ce n'était qu'une bricole.
Ainsi, nos analystes ont oublié ce
fait : il était impossible de réussir. Je vais donner trois
raisons et vous pouvez en ajouter d'autres.
La première :
l'information en continu. Les chaînes d'information en continu et
l'usage d'internet pour suivre l'actualité se sont progressivement
développés et les politiciens n'ont pas su le gérer. Il y a une
vraie fracture vers 2005, peut-être avant. La date importe peu mais
je me rappelle très bien que le porte parole du gouvernement était
Jean-François Copé. J'ai commencé à bloguer peu après. Les
médias, bien obligés de vivre, ont donné plus d'espaces à la
politique (politicienne) et le « personnel politique
traditionnel » n'a pas su gérer la transition.
La communication du gouvernement et du
président sont devenus difficiles à gérer et les partis politiques
(y compris le PS jeudi soir, nous révélait Le Lab) ont été
obligés de diffuser des éléments de langage. Les interventions des
politiciens sont devenues des caricatures.
François Hollande s'est exprimé à la
télé, jeudi soir. Environ un électeur sur 5 l'a écouté. C'est
rien. On a donc quatre électeurs sur cinq qui n'ont un retour que le
brouhaha courant fait par les médias qu'ils suivent.
Ainsi, d'ailleurs, aucun des analystes
que j'ai vu a parlé des 35 ou 37 millions « d'inscrits »
qui n'étaient pas devant le poste.
La deuxième : Nicolas
Sarkozy a changé la pratique de la présidence avec ce qu'on a
appelé l'hyper-présidence.
Rappelez-vous "avant". On
avait des Présidents qui étaient un peu des rois fainéants. Ils
laissaient le Premier Ministre et intervenaient à l'occasion genre :
je décide, il exécute. Nicolas Sarkozy a fait l'inverse. C'est sa
personnalité. Il avait le même fonctionnement avant, quand il était
ministre de l'intérieur (mais on pourrait remonter à la prise
d'otage dans une maternelle à Neuilly sur Seine). En a suivi le "un
fait divers une loi".
On s'est tous précipités dedans.
François Hollande a été obligé de plonger dedans et n'a pas su en sortir, d'autant qu'il a été obligé un premier ministre qui a rapidement eu une image de second rôle ou de technocrates (quelles que soient les qualités de Jean-Marc Ayrault, que je ne conteste pas).
On s'est tous précipités dedans.
François Hollande a été obligé de plonger dedans et n'a pas su en sortir, d'autant qu'il a été obligé un premier ministre qui a rapidement eu une image de second rôle ou de technocrates (quelles que soient les qualités de Jean-Marc Ayrault, que je ne conteste pas).
Et la presse poussait dessus. A l'été
2012, il prend quinze jours de vacances et on le fait passer pour un
fainéant. Cette presse idiote qui ne disait rien quand les
prédécesseurs partaient trois ou quatre semaines, ce qui était
bien normal ! Tout juste a-t-elle un peu ronchonné quand Chirac
partait aux Îles Marquise aux frais de la princesse...
Le troisième : les réseaux sociaux et ces machins qui font croire aux citoyens qui peuvent être acteurs.
Rappelez-vous le bijoutier de Nice et sa page Facebook qui a fait un carton. Le type tue un voleur. Les braves gens se précipitent : oui, il faut le défendre. Il me parait pourtant évident qu'il faut laisser la justice se faire.
C'est incontrôlable.
Quelques vraies erreurs
Il y a bien eu les couacs qui ont nuit à l'image du gouvernement et donc du président sans compter l'affaire Cahuzac et des conneries comme ça, mais, au fond, qu'y pouvait François Hollande ?
Le troisième : les réseaux sociaux et ces machins qui font croire aux citoyens qui peuvent être acteurs.
Rappelez-vous le bijoutier de Nice et sa page Facebook qui a fait un carton. Le type tue un voleur. Les braves gens se précipitent : oui, il faut le défendre. Il me parait pourtant évident qu'il faut laisser la justice se faire.
C'est incontrôlable.
Quelques vraies erreurs
Il y a bien eu les couacs qui ont nuit à l'image du gouvernement et donc du président sans compter l'affaire Cahuzac et des conneries comme ça, mais, au fond, qu'y pouvait François Hollande ?
Je vais citer deux erreurs :
La première : Hadopi. Pourquoi ne
pas avoir abrogé ce truc dès le début ? On était contre et
tout ça. Aucun prétexte pour ne pas y mettre fin, quitte a trouver
un nouveau système ensuite...
Le deuxième : l'Ecotaxe. Pareil.
On était contre, mais on fait une loi pour mieux la cadrer parce que
le contrat avec la boite était signé par les prédécesseurs.
Pourquoi avoir attendu deux ans et demi avant de sous-entendre qu'on
va l'abroger, donnant ainsi l'effet de reculer devant les bonnets
rouges ? On était contre et elle était mauvaise, les modalités
techniques de mise en œuvre étaient abominables et elle allait
coûter très cher.
J'ai des confrères qui citeraient des
affaires comme celle des pigeons, en plus. Libre à eux. Mais je
considère que les réseaux sociaux (déjà évoqués précédemment)
y ont leur part de responsabilité, tout comme, voire surtout, les
services de Bercy qui n'ont pas su évaluer les conséquences. Il
n'empêche que la communication a été très mauvaise. Il aurait
fallu envoyer chier les entrepreneurs... tout en prenant en compte
une partie de leurs revendications au cours des débats
parlementaires. L'Assemblée est là pour ça : améliorer les
textes de lois.
Et il y a une autre erreur : ne
pas avoir soutenu François Bayrou pour la législative à Pau. Elle
ne porte qu'indirectement sur la communication mais les centristes,
qui « nous » ont permis d'être élu, l'ont eu en travers
de la gorge.
Alors que faire ?
Je n'en sais rien. Je ne sais même pas
si j'ai raison pour tout ce que je viens de baragouiner en disant en
préambule que les analystes se plantaient. Pourquoi pas moi ?
Je vais donc raconter une anecdote
avant de donner des conseils avisés qui ne seront pas écoutés.
L'anecdote
Au bistro, hier, je discutais avec une
copine et deux copains. La copine lit mes blogs (salut, Karine !) et
me disais en rigolant : alors, tu vires centre gauche ?
Elle faisait allusion à certains billets. Je lui ai répondu :
non, mais je ne peux plus piffer les socialos et une partie de la
gauche de la gauche. Outre qu'ils pourraient être plus soudés avec
le gouvernement, le traitement qu'ils ont des sujets sociétaux est
un repoussoir à électeurs (j'en ai fait assez de billets pour ne
pas m'expliquer maintenant). Les trois ont approuvé.
Alors, Karine a demandé : mais
pour qui voter en 2017 ? Je lui ai répondu que c'est trop tôt
pour se poser la question d'autant qu'on ne sait pas pour qui sera
candidat...
Toujours est-il que, deux ans et demi
avant les élections, ils n'envisagent ni de voter pour François
Hollande ni de voter pour un candidat issu du PS, du FdG ou d'EELV.
Je vous laisse en tirer les conclusions
non pas sur les votes de ces braves gens qui voteront probablement à
nouveau pour le candidat du PS, mais à reculons...
Alors que faire ?
Demandais-je avant d'être interrompu
par moi-même. Je vais laisser le PS, le FdG et EELV se débrouiller,
non sans donner un conseil au PS (vous n'avez pas d'autre choix que
d'améliorer la solidarité avec le gouvernement) et à EELV (arrêtez
vos prises de position iconoclastes, ça ne sert à rien et vous
passez pour des guignols, vous auriez du rester au gouvernement
jusqu'au bout pour montrer votre capacité à être un parti de
gouvernement ; de toute manière, vu l'état de la gauche, vous
ne récupérerez pas rapidement du poids).
Je vais donner un conseil plus sérieux
au PS. Le PS a un numéro un. Il a plusieurs porte-parole. Il doit
limiter le nombre de porte-parole. Seuls eux deux doivent parler dans
les médias au nom du parti, en plus des chefs de groupe dans les
deux assemblées.
Des conseils à François Hollande
Mets-toi en repli. Tu as promis de
faire une conférence de presse tous les six mois. Tu te limites à
cela, en plus des traditionnelles interventions que tu peux faire, à
l'occasion de déplacement à l'étranger ou du nouvel an, du 14
juillet,... Mais tu ne parleras de politique intérieure qu'à
l'occasion des deux conférences de presse annuelle.
Quand ta vie privée est mise en cause,
tu fais un communiqué de presse, toujours le même, sur le thème :
j'fais c'que j'veux, c'est ma vie, j'avoue ce que vous voulez mais ça
ne vous regarde pas. Et ce dès que l'affaire sort.
Des conseils aux communicants de
l'Elysée ou du gouvernement ?
Le premier n'est pas facile d'autant
que certains des communicants sont des copains. Je vais le faire sous
forme d'une question. Pendant le machin de pépère, jeudi, vous avez
organisé une soirée à Solférino pour « riposter »
dans Twitter et les réseaux sociaux. Pensez-vous qu'il y ait un seul
impact positif pour l'image du président ou du gouvernement ?
Le deuxième ne sera pas facile à
mettre en œuvre. Le gouvernement a un premier ministre, un
porte-parole et un type en charge des relations avec le Parlement. Ce
sont les seuls à être habilités à parler de tous les sujets
généraux. Les autres membres doivent se limiter à ce qui est du
ressort de son ministère. Par exemple, l'Ecotaxe c'est bien du
ressort de Ségolène Royal mais son remplacement est du ressort du
ministre des finances et de celui du budget.
Ainsi, ce n'est pas la peine que les
ministres se déplacent dans les médias le lendemain de
l'intervention de pépère, ça ne sert à rien. C'est au secrétaire
général du PS et au porte-parole du gouvernement d'éteindre le feu
par rapport aux propos de l'opposition.
Des conseils à tous (dans les médias) !
Fermez-la !
Vous pouvez faire un sondage au près de la population à n'importe quel sujet : pensez-vous que François Hollande ait réussi pour le chômage ? Pensez-vous qu'il doit démissionner ou dissoudre l'Assemblée ?
C'est très drôle et ça vous donne du grain à moudre.
Merci le taulier pour ce billet revitalisant !
RépondreSupprimerJ'ai regardé la prestation de Pépère Hollande.
Le premier truc qui m'a gaver c'est le maître de cérémonie, une légère au coin des commissures de lèvres genre "je vais me le faire" : je les trouvé d'une nullité affligeante, sans respect (qu'on aime ou pas le bonhomme Hollande) pour le statut du Président qu'il avait en face de lui.
Hollande a su rester zen (disons). Je crois que Sarko lui aurait collé un pain 'ou un redressement fiscal).
Passons les questions et allusions à la con sur la private life, la pluie, la cravate et les frites (affligeant une fois de plus).
Ensuite vient le pseudo panel de 4 gugusse (pardon, de français censé nous représenter) pour s'adresser à Pépère.
Rien que le bio des gugusses m'ont faire sourire (pas rire, c'est sérieux le panel de franchouillard). Et là, une gestion au cas par cas.
La prochaine fois, j'invite les 5 millions de chômeurs à se pointer sur le plateau (on fera le truc au stade de france pour la place) pour demander à dieu pépère tout puissant de régler au cas pas cas les soucis de chacun (en 2 ans et demi ça devrait le faire).
Viens ensuite Calvi qui la veille n'en démordait pas "je vais lui demander expressement de nous dire "où va t'on ? Ou va la France" ? Que nenni ! Que dalle ! Un Calvi tout en grimace.
Enfin, la fameux réflexe rézosocio : 5 tweets (il me semble) auquel Pépère devait répondre : ah ben ! J'aurais préféré qu'on publie le mien qui demandait à Hollande : "Julie, elle est plutôt pétard ou pinard ?"
Au moins là, on restait dans le niveau de l'émission.
Bon séjour Breton Nicolas.
Je pense passer te voir dans le courant de la semaine prochaine.
Bon w-end.
De rien ! Et merci !
Supprimer(la semaine prochaine est courte)
« Rappelez-vous "avant". On avait des Présidents qui étaient un peu des rois fainéants. »
RépondreSupprimerJe m'étonne de lire une ânerie aussi énorme sous votre plume ! Vous pensez vraiment que de Gaulle ou Pompidou laissaient la bride sur le cou à leurs Premiers ministres ? Que Giscard a donné carte blanche à Chirac puis à Barre ? Que Mitterrand se contentait de donner paresseusement les grandes lignes à Mauroy, Rocard, Cresson et les autres ?
C'est une plaisanterie ! Tous les Premiers ministres de la Cinquième n'ont jamais rien été d'autres que des exécutants.
Pas au point de Sarkozy ou d'Hollande !
SupprimerQui parle de laisser la bride ? Ils fixaient le cap et présidaient les conseils des ministres, promulguent les lois,... Je vois mal François Mitterrand dire à Jacques Delors ce qu'il avait à faire dans le détail. J'imagine bien, par contre, Hollande donner des ordres à Sapin.
Là encore, vous plaisantez. Il suffit de lire les trois tomes (ou au moins un…) du C'était de Gaulle d'Alain Peyrefitte pour voir que le Général veillait en personne aux détails d'exécution des réformes mises en œuvre et des chantiers qu'il lançait.
SupprimerLe président trônant dans une sorte d'Olympe et se contentant d'indiquer d'un doigt souverain les grandes lignes de l'avenir, c'est une fiction complète, je crois.
Je ne plaisante pas, au contraire !
SupprimerQuand il faisait des réformes du travail (ou de la retraite), Nicolas Sarkozy convoquait les partenaires sociaux à l'Elysée pour leur annoncer le contenu de la réforme. Les autres ne faisaient pas ça.
Surtout, des trucs sont matériellement impossibles : les présidents ne peuvent pas tout faire avec la gestion des affaires étrangères, les cérémonies, les machins à long terme...
Mais ma phrase qui déclenche vos commentaires était mal branlée : je voulais dire qu'ils donnaient l'impression.
Mal branlé toi-même !
SupprimerPas du tout, je suis très bien branlé, mais par moi-même seulement.
SupprimerChirac allait à l'île Maurice et non aux Marquises : vous le confondez avec Brel.
RépondreSupprimerAh merde !
SupprimerJ'apprends par un journalisse que chirac preferait les mescs ?? :)
Supprimerbon séjour breton Nicolas
Merci !
SupprimerC'est toute l'ambiguité de la Vème république, .... et c'est une mauvaise constitution, valable un temps mais obsolète aujourd'hui qui contribue à la confusion des rôles ....
RépondreSupprimerPoint du tout. Ce qui a foutu le bordel c'est le quinquennat et le couplage des législatives avec la présidentielle.
SupprimerEntièrement d'accord : le quinquennat est une ânerie. Et qu'est-ce que c'est que cette manie française de vouloir changer de constitution tous les quatre matins ? Est-ce que les Américains ou les Anglais changent de constitution ? Non. Leurs pays sont-ils pour autant moins démocratique ou moins gouvernables que la France ? Non plus.
SupprimerOn est d'accord sur le quinquennat et surtout sur le couplage. Pur la Constitution aussi, Didier, j'en parle assez souvent.
SupprimerLes Anglais n'ont pas de constitution (et c'est aussi bien), seulement un vague texte de 1300 et des brouettes. Les USA sont aussi peu gouvernables que la France. Je crois même que c'est pire.
Les démocraties les plus dynamique ont les mandats les plus courts ....4 ou 5 ans...beaucoup de postes clés dans les entreprise ont des durées d'occupation optimales comparables, jamais plus de cinq ans.
SupprimerCela dit, très bon billet comme d'hab, un peu long, un seul réel desaccord " soutenir la candidature de Bayrou à Pau" impossible pour plein de raisons même si au deuxième tour....en plus il peut être le premier ministre de Juppé....
Merci.Dynamique ? Ca veut dire quoi ? Il y a rarement des mandats supérieurs à 4 ou 5 ans.
SupprimerPS: bienvenue au pays ...
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerOui, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire tout de suite, avec les moyens qu'on a, les sous qu'on a pas, le bon sens de la ménagère et les grandes idées auxquelles on tient ?
RépondreSupprimerLaisser le temps au temps ?
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