Régulièrement, quand le monde
politique est proche de la crise, les copains blogueurs proches du
Front de Gauche appellent à rejoindre le
mouvement pour une 6ème République, lancé par Jean-Luc
Mélenchon, ce qui me fait sourire : comme si une nouvelle
Constitution a faire baisser le chômage... Ce matin, un commentateur
ventripotent du Plessis-Hébert, faisait remarquer dans les
commentaires de mon blog : « Et
qu'est-ce que c'est que cette manie française de vouloir changer de
constitution tous les quatre matins ? Est-ce que les Américains ou
les Anglais changent de constitution ? »
Il a parfaitement raison au sujet de la
première phrase. De la deuxième aussi plus ou moins (les Etats-Unis
sont quasiment ingouvernables – du moins réformables – et
l'Angleterre n'a pas vraiment de Constitution). On peut néanmoins en
déduire que s'il n'y a pas de changement chez eux c'est aussi parce
que les changements sont plus difficiles à réaliser ou que la
Constitution n'a pas besoin de changement, ce qui peut ne pas être
le cas chez nous.
Je crois, en outre, que les difficultés
institutionnelles de la France viennent du fait que les élections
législatives soient couplées avec les présidentielles, comme le
rappelait un autre commentateur encore plus réactionnaire ! A
mon avis, ce n'est pas un problème Constitutionnel (le couplage des
deux n'est pas dans les textes fondateurs) mais institutionnels.
La Constitution, la nôtre, est
mauvaise. La preuve : on la change tous les quatre matins, comme
dirait l'autre.
Alors, je vais vous proposer un
exercice pratique. Nous sommes dimanche, je me repose. C'est à vous
de bosser plutôt que de traîner dans des commerces qui devraient
être fermés. Comme matériel de travail, voilà le
texte de la Constitution. La question est : faut-il une
modification de la constitution pour supprimer les Conseils Généraux
ou cela peut-il être fait par la loi ? Ne vous positionnez pas
comme juriste mais comme simple citoyen qui se pose la question.
Vous avez une demi-heure.
Ma réponse
Vous trouverez la réponse au début
de l'article 72 : « Les
collectivités territoriales de la République sont les communes, les
départements, les régions, les collectivités à statut particulier
et les collectivités d'outre-mer régies par l'article 74. Toute
autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas
échéant en lieu et place d'une ou de plusieurs collectivités
mentionnées au présent alinéa. »
La réponse est donc : oui. La loi
peut créer une autre collectivité pour reprendre les fonctions des
conseils régionaux et généraux. Cela étant, on y comprend rien,
je vous invite à lire le reste de ; l'article 72 et les
suivants jusqu'au 75-1, ils concernent tous l'organisation
territoriale de la France et je suis souvent amené à les consulter,
en tant que citoyen, quand je parle d'organisation territoriale.
Le 75-1 est très drôle : « Les
langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. ».
Que peut donc bien faire le juriste avec ce genre de connerie ?
Ca veut dire quoi ?
Revenons à nos Conseils Généraux.
Fins observateurs tels que je vous connais, vous aurez remarquez que
la Constitution ne parle pas de Conseils Généraux. Pourquoi devoir
modifier la Constitution pour les supprimer ? La réponse est
donc excessivement simple.
Mais la question n'est pas là. Relisez
les articles que j'ai cités et vous remarquerez que la Constitution
dit, une ligne sur deux, que le machin doit être prévu par la loi.
Donc la Constitution se repose sur la loi pour définir ce pataquès.
Dans ce contexte, on peut en conclure que la Constitution ne sert à
rien et que les guignols qui ont fait la rédaction initiale et les
évolutions successibles étaient saouls.
La Cinquième ?
S'il fallait la modifier, ça serait
pour retirer tout ce qui sert à rien ou qui nécessite d'être
modifié de temps en temps au gré des projets politiques. En
supprimant un tas de trucs, de fil en aiguille, nous en arriverions à
dire qu'il faut des députés élus au suffrage universel direct et
que l'Assemblée les regroupant avait la décision ultime dans la
loi. En grattant un peu, on trouverait la nécessité d'un président
qui puisse dissoudre l'assemblée quand elle chie dans la colle et
faire le guignol sur les Champs-Elysées le 14 juillet. Et hop !
Voila une belle constitution que j'ai faite.
D'ailleurs, regardez les textes
fondateurs du Royaume Uni et ce qui sert de Constitution aux rosbifs,
que je vais traduire de l'anglais au français : il y a un roi
ou une reine et deux chambres et c'est bien tout, bordel.
J'abuse un peu, je crois qu'une
Constitution doit mentionner l'existence d'un chef de gouvernement
responsable devant l'Assemblée parce qu'il faut bien un gugusse pour
organiser le job mais cela se discute.
La Sixième ?
Selon les principes dictés par moi
ci-dessus, vous comprendrez aisément que, finalement, je suis opposé
à la Sixième. Je suis favorable à l'ultime République, celle où
les textes prévoient uniquement l'élection de représentants du
peuple pour voter les lois (lois qui peuvent prévoir d'autres
élections).
Si je vais sur le site web du mouvement
pour la sixième, ils ne proposent qu'une la création d'une
constituante, ce qui ne veut rien dire vu qu'elle n'aurait aucune
légitimité. Ils sont drôles. Pour renforcer la démocratie, ils
voudraient imposer un truc. Si vous lisez bien leur machin, vous le
rejetteriez en masse vu qu'il a un contenu politique dans les
explications.
En d'autres termes, ils veulent faire
une nouvelle machin en prenant en compte uniquement un argumentaire
en provenance de la gauche de la gauche sans s'occuper des 75% de la
population qui ne sont pas d'accord avec eux...
L'Ultime ?
Article 1 : des élections au
suffrage universel direct sont organisées au maximum tous les cinq
ans pour élire des députés qui détiennent le pouvoir législatif.
Ils sont au minimum au nombre de 500, ils peuvent être élus à la
proportionnelle sur des scrutins de liste au niveau national ou d'une
des subdivision la nation prévues par la loi ou élus dans une
circonscription par un scrutin nominal à au moins deux tours. Une modification des conditions d'organisation du scrutin, prévue par la loi, ne peut être prise en compte qu'après l'élection de la prochaine Assemblée (qui aura donc la possibilité d'annuler les modifications).
Article 1bis : la loi doit prévoir
l'existence d'au moins une autre Assemblée et le fonctionnement
conjoint des deux, la première ayant toujours le dernier mot.
Article 2 : la loi détermine les
modalités de désignation d'un Président, d'un roi, d'un pape,... qui aura notamment la
possibilité de dissoudre l'Assemblée au minimum un an après l'élection d'une nouvelle.
Article 3 : peuvent voter à
l'élection prévue à l'article 1, tous les gens nés sur le sols du
pays il y a au moins 18 ans ou de parents répondants à ces deux
conditions. Les autres
élections prévues par la loi peuvent avoir un collège électoral
différent.
Alors, ce n'est pas une belle
Constitution, ça ?
Donc Monsieur GOUX n'a qu'à moitié raison.
RépondreSupprimerEt les sénateurs ?
C'est l'objet de mon article 1 bis.
SupprimerJe l'avais sauté, l'article pas le sénat
SupprimerJe l'avais sauté, l'article, pas le Sénat
SupprimerJe prenais le mot "constitution" au sens large, pour ce qui concerne l'Angleterre. Cela dit, je me demande d'où vous sortez que les États-Unis sont ingouvernables, eux qui font avec constance la preuve du contraire depuis deux cents ans…
RépondreSupprimerVous vous souvenez de beaucoup d'action du gouvernement États-unien à part faire la guerre ?
SupprimerDepuis leur indépendance, les États-Unis ont fait beaucoup moins la guerre que la France, l'Angleterre ou l'Allemagne. Et, par deux fois, s'ils l'ont faite, ce fut pour venir nous tirer du pétrin.
SupprimerÀ part cela, je ne comprends pas trop ce que vous entendez par "actions". Il me semble qu'avoir pu devenir un pays prospère, dans lequel les libertés fondamentales de l'individu, comme celles de la presse, ont toujours été respectées, ce n'est déjà pas si mal.
Sinon, comme "action", on pourrait parler du plan Marshall, qui à permis à l'Europe de se relever de ses ruines. Ou encore d'avoir largement contribué (parfois en faisant la guerre, certes) à éradiquer le communisme, l'autre grande tyrannie du XXe siècle.
Ce n'est déjà pas si mal, non ?
Oui, mais ce n'est pas le sujet. Le gouvernement fédéral n'a quasiment aucun pouvoir sur le plan intérieur. La Constitution, là-bas, s'attache plus au droit des citoyens et à l'organisation des pouvoirs (lisez-la nôtre...).
SupprimerElle est vue comme un texte sacré depuis la création de la Fédération et ça ne l'empêche pas d'avoir été modifiée plus de 23 fois.
Le Président des USA a très souvent des chambres aux mains de l'opposition : il ne peut rien faire à l'intérieur.
magnifique. Et prévoir aussi un cahier de mission de service public des assemblées?
RépondreSupprimerCa ve
SupprimerOups. Ca veut dire quoi ?
SupprimerEt si on débordait la gauche de la gauche par sa gauche, en organisant une pétition pour une VII ème République, en sautant la VI ème ?
RépondreSupprimerC'est pour ça que je passe directement à la Constitution ultime.
SupprimerOuais des clowns!
RépondreSupprimerVoila.
SupprimerClarifier les rôles du président et du chef du gouvernement, responsabilité du gouvernement devant la chambre, et une loi suffit pour réformer les collectivités territoriales, ça m'irait bien (rien à voir avec la Constitution) mais surtout choisir enfin si l'on veut un régime parlementaire, ou présidentiel mais pas cette espèce de régime qui est tantôt l'un ou l'autre selon les circonstances et la cohabitation .
RépondreSupprimerCelle là est très bien ,sans ses défauts...
A ben t'as changé de pseudo ?
SupprimerLes rôles de tout un chacun sont parfaitement bien définis, d'où, a priori, l'hostilité de Didier Goux, par exemple, à tout modification, sujet sur lequel je le rejoins, à un détail près : il faudrait supprimer toutes les modifications faites et revenir à un truc plus clair. La seule solution étant une Constitution épurée, je ne vois pas d'autres solutions.
Qui gouverne ? Le président ou le premier ministre? Ce dernier ne gouverne réellement qu'en période de cohabitation .... ou lorsque le président décide de prendre un peu de hauteur ....
SupprimerC'est bien le problème.
SupprimerOn est d'accord !!!
SupprimerLa 5ème est très bien mais il faut clarifier le rôle du président et celui du chef du gouvernement , choisir si l'on veut un régime présidentiel ou parlementaire et pas ce truc où selon les résultats des élections , on a tantôt l'un tantôt l'autre, voire selon la popularité du président .
RépondreSupprimerPour la réforme des collectivités territoriales , une loi ou des lois devraient être suffisantes, pas de modifications de la Constittution .
Ton commentaire était resté coincé dans les tuyaux !
SupprimerSi on supprime toutes les modifications faites, on supprime l'élection du président au suffrage universel. On parlait des USA avec Didier. A la limite, c'est le pire des système (ou le meilleur selon ce qu'on regarde : ils s'en sortent très bien au niveau de l'économie) mais on a un régime présidentiel où le Parlement peut tout bloquer...
Pour répondre à la question posée quand tu parles des langues régionales, le rédacteur de la 5° constitution était représenté dans le Canard Enchaîné avec un entonnoir sur la tête.
RépondreSupprimerC'est tout à son honneur.
SupprimerQui ? Le Canard ?
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