En salle

01 décembre 2014

Homophobie (t'de ch'val)

"Non vous vous trompez, je ne connais aucun mec de gauche homophobe." disait un copain de gauche dans les commentaires de gauche dans son blog de gauche. 

Trempant (pas ma bite, abruti) dans un milieu de gauche professionnellement et bistrotièrement, je peux affirmer qu'il a dit une belle connerie. 

Moi-même, des fois, je me demande si je ne suis pas homophobe. Pas plus tard que hier, je prenais le train. Deux jeunes types s'assoient à côté de moi. Ça aurait été un mec et une femme, je me serais dit : tiens ! Un couple. Ou je ne me serais rien dit, je m'en fous. Toujours est-il que j'entends leur conversation. J'ai vite compris qu'ils habitaient le même appartement à Paris et qu'ils avaient passé le week-end ensemble chez l'un d'eux. Je trouvais éminemment sympathique de voir de types que j'imaginais colocataires pour des raisons financières voyager ensemble. Ou plus exactement, je m'en foutais mais trouvais étrange qu'ils se fassent chier à passer le week-end ensemble alors qu'ils vivent ensemble. Néanmoins, je le répète je m'en foutais. Néanmoins (je le répète beaucoup, disons "en revanche" ou "cependant" les gens parlent fort dans le train. Et j'ai compris. C'était un couple de mecs (et j'en ai eu la conversation en arrivant à Montparnasse, lorsqu'un a dit "enfin seuls à la maison"... J'ai eu de mauvaises pensées mais une légère érection en comprenant ce qu'il voulait dire).  

Toujours est-il qu'un type comme moi voit une gonzesse et un mec qui voyagent ensemble et me dis que c'est un couple en n'y pensant même pas quand ce sont deux mecs qui le font m'interpelle. 

Je vous passe les bistros où les mecs sont par nature homophobes, y compris les homosexuels. 

Au bureau, il y a quelque temps, on nous a annoncé l'arrivée d'un nouveau collègue. Je rappelle que je bosse dans les services centraux d'une grosse boîte, où une large majorité de lascars est à gauche. Le collègue avait déjà bossé dans l'équipe une quinzaine d'années avant, avant mon arrivée. Les plus vieux ont rien dit mais les plus jeunes (enfin ceux qui étaient là à l'époque) ont annoncé le truc. Genre : tu vas voir, il est spécial, un peu maniéré et toussa. J'ai vite compris à quoi ils faisaient allusion. 

Alors qu'on ne tente pas de me convaincre que mes collègues de gauche ne sont pas un tantinet (voire plus) homophobes. Ça fait plusieurs années et il a mis du temps à s'intégrer. Il a quelques années de plus que moi, une petite dizaine. Au début, on allait déjeuner ensemble avec des collègues, à la cantine. Un jour, j'ai arrêté de manger à la cantine. J'avais un pb de santé (pour l'anecdote, une inflammation de la couille droite, ça me faisait chier de marcher jusqu'à la cantine, je ne pouvais pas). Le gars s'est retrouvé à manger tout seul parce que je ne faisis plus le tour des bureaux pour chercher tout le monde. Il était exclu par les autres qui ne faisaient pas les rabatteurs pour que l'équipe mange ensemble. Il a fini par prendre ses repas avec une autre équipe du même service. 

Un jour, alors qu'il n'était pas là, en réunion, un chef a dit : X va vous introduire dans tel service pour telle action. Con comme je suis, j'ai répondu : j'aimerais autant qu'X ne m'introduise pas. Je n'aurais pas dû mais vous me connaissez. Les collègues ont "rigolé jaune", très gênés. Je ne faisais qu'une plaisanterie au premier degré. Une grosse vanne de beauf, comme je fais dans Twitter. 

L'autre jour, un autre collègue a fait une plaisanterie dans le même genre. Assez bonne d'ailleurs. Je me suis rendu compte qu'avec une simple vanne, j'avais ouvert les vannes de l'homophobie. Dans le boulot, j'ai la réputation de deconner sur tout même au sein de crises, tout en restant très pro. A cause d'une de les vannes de premier degré, un type (jeune, sympa,...) s'est autorisé à en faire. J'avais ouvert la vanne à vannes. 

Alors, j'ai recadré le collègue : le gros con qui sort des blagues nauséabondes, c'est moi. La tienne était drôle mais arrête.

Qu'on ne me dise pas qu'il n'y a pas d'homophobes à gauche. 

Alors je vais raconter deux histoires. 

La première : dans Facebook, l'autre jour, une copine a diffusé une photo de si fins d'une dizaine d'années deguisé en fille pour je ne sais plus quelle occasion. J'ai fait un commentaire du genre : c'est quoi cette tarlouze ? Je ne pensais pas à mal, tarlouze est un mot d'argot qui désigne un type qui a ouvertement un comportement féminin. Elle m'a répondu que ce était pas politiquement correct. Mais qui est homophobe dans cette histoire ? Le gros con qui lance une vanne ou la mère qui a peur que son fils soit homosexuel ?

La deuxième : moi. Du fait que je sois un célibataire endurci, des hordes de gens s'imaginent que je suis homosexuel, genre refoulé. Que cela soit au bistro au boulot ou dans les réseaux sociaux.

Je le sais. J'ai entendu des réflexions. De la part des proches de la vraie vie, elles m'amusent parce qu'ils s'en foutent, comme moi quand je lance des grosses vannes. A ce sujet, d'ailleurs, on pourrait se demander pourquoi je m'autorise à lancer des grosses vannes et l'interdis aux autres. Ou plus exactement ne les tolère pas de la bouche des gens qui ne sont ouvertement pas "pas homophobes".  

Parce que j'en ai pris plein la gueule.
Tous les soirs, au bistro. Tous les jours, au bureau. Un célibataire est obligatoirement homo. 

Qu'on ne me fasse pas croire que personne, à gauche, n'est homophobe.

Cela étant, un trou est un trou. 

Et je finis par le demander si tous les types qui se déclarent pas homophobes ne le sont pas. 

Ça marche aussi avec le racisme. 

26 commentaires:

  1. "J'ai eu une légère érection en comprenant ce qu'il voulait dire" : ben si deux mecs te font avoir une légère érection tu devrais t'inquiéter un peu. P'tet que tu tentes ton coming-out ce soir?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben non, ça m'a fait rigoler d'écrire ça... Cela étant, je comprends que tu puisses penser que je fasse mon coming out.Et c'est très drôle. Tu ne serais pas un tantinet homophobe ?

      Supprimer
  2. Non, non, je voulais juste te faire sourire. Au vu de mon "immense" vécu et après t'avoir observé attentivement, je te décerne bien volontiers et sans aucun doute ton diplôme d'hétéro pur jus.

    RépondreSupprimer
  3. A lire ton billet, je m'aperçois que j'ai plus de copains ou amis célibataires que mariés.
    Docteur Freud, qu'en pensez vous ?

    RépondreSupprimer
  4. On peut bien décréter que telle pensée, telle parole cépabien, il n'en reste pas moins vrai que la nature humaine est ce qu'elle est et ce ne sont pas des lois à la con qui changeront quoi que ce soit, sauf bien sûr à transformer une société normale en société policière.
    L'être humain est ainsi fait qu'il se défie naturellement, sans nécessairement pernser à mal, de tout ce qui est différent, sort de la norme de la société dans laquelle il vit. Ca n'implique pas un jugement de valeur, juste un réflexe de méfiance. Les gentils bisounours peuvent bien sortir des textes, il n'en reste pas moins vrai que si vous vous trouvez dans le vestiaire d'une salle de sport, ou d'une entreprise, lorsqu'il y a un ou une homo, et bien la gêne s'installe tout naturellement, qu'on soit de droite ou de gauche. Le moindre regard du type ou de la nana peut être mal perçu. Et je ne vous raconte pas lorsque le type ou la nana lance une oeillade. Ca ne fait pas pour autant des autres types et nanas des homophobes, ils réagissent juste naturellement.
    En fait, seuls l'appel au passage à l'acte et le passage à l'acte devraient être sanctionnés. On ne peut pas obliger les gens à lutter contre ce qui est inhérent à la nature humaine, tout comme on ne peut pas obliger les hommes et femmes à vibrer d'un amour inconditionnel pour tous les bipèdes (sans jeu de mots) de la terre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord. Mais ce que je conteste est le fait que l'on a hisse affirmer la pureté des gens de gauche et en conclure comme le disait Didier quelque part hier que tous les gens de droite sont des raclures homophobes.

      Supprimer
    2. Pourquoi un regard ou une oeillade d'un homosexuel vers un hetero devrait être mal perçu par l'hetero? N'est ce pas la meme seduction a la francaise qu'on nous vante quand une femme a le ras-le-bol d'etre ouvertement reluquee et de se prendre des commentaires alors qu'elle a envie juste d'etre tranquille? Puisque ce n'est pas un harcelement que de montrer a une autre personne qu'on la baiserait bien ou de lui dire ce qu'on pense d'elle (plutot que de garder ses fantasmes et ses pensees pour soi qui n'ont rien d'anormaux en soi), pourquoi un hetero aurait peur de recevoir les memes hommages d'un homo?

      Supprimer
    3. @ Koltchack,

      Quelques questions:

      - "la nature humaine est ce quelle est": ah bon, elle vous a envoyé un mail pour vous expliquer ce qu'elle est précisément? Veinard.

      - "ce ne sont pas des lois à la con qui changeront quoi que ce soit": pourquoi non seulement les voter, mais encore s'y soumettre, dans ce cas?

      - "transformer une société normale en société policière": c'est quoi une société normale? Je connais le concept de société normée, mais société normale, je sais pas ce que c'est.

      - "L'être humain est ainsi fait qu'il se défie naturellement, sans nécessairement pernser à mal, de tout ce qui est différent": certes, mais ne pensez-vous pas qu'il s'adapte aussi au changement, donc que sa défiance "naturelle" à l'égard de la nouveauté ou de la différence n'est qu'une étape transitoire dans un processus d'adaptation permanent qui, lui, est intellectuellement construit?

      - "seuls l'appel au passage à l'acte et le passage à l'acte devraient être sanctionnés": c'est une affirmation qui relève d'une société normale, ou d'une société policière?

      Si vous êtes en train de dire qu'il faut mettre en taule un pédé qui vous drague, alors je dois vous répondre que je ne fais aucune différence entre les deux.

      - "On ne peut pas obliger les gens à lutter contre ce qui est inhérent à la nature humaine": peut-être pas, mais on peut aussi lutter contre le cancer, non? Ou le vieillissement et, soyons fous! la mort.

      Tout ce que vous nous dites est très bien, mais mon Dieu, comme c'est pétri de croyances figées dans un bloc de gélatine: quand on tapote, ça vibre mais ça reprend mécaniquement sa forme immuable. On doit beaucoup s'emmerder dans votre monde bien rangé.

      Heureusement que vous communiquez en direct avec la nature humaine, ça distrait.

      Supprimer
    4. Jouez au con, ça vous va si bien.

      Supprimer
    5. Moi au moins, j'y joue.

      A part ça, rien d'autre?

      Vous décrivez l'être humain comme prisonnier d'une nature humaine dont vous êtes le grand interprète (le grand interprêtre devrais-je dire).

      Bon, c'est votre droit le plus strict et je n'ai rien à en dire, car je n'ai rien à surajouter à vos bêtises.

      Mais dans le lot de vos pensées confuses, il y a l'idée - toujours- de sanction contre celui qui n'entre pas dans le cadre. Ici, visiblement, l'homo, que vous présentez comme un dragueur de vestiaire qui distribue à la ronde des œillades équivoques aux beaux mâles hétéros qui se déshabillent dans la vapeur des douches.

      (bonjour le cliché)

      Faudrait dépasser le stade du service militaire et commencer à aborder la question autrement que sur le plan du harcèlement sexuel.

      Les homos ne sont pas des hypersexuels par nature: vous ne risquez rien, ils ne vont pas vous sauter dessus après un match de tennis, vous savez?

      La gène que vous décrivez lorsque vous vous imaginez en présence d'un homo, elle ne vient pas de l'homo, mais de ce que vous avez dans la tête.

      Vous avez compris ça, ou pas?

      PS: si vous avez la nature humaine au bout du fil, dites-lui de nous rajouter 50 piges d'espérance de vie sans maladie dégénérative ou autre, ça vous rendra utile, au lieu de dire des conneries.

      Supprimer
  5. Merci pour la sincérité de ce billet qui dit tout haut ce que nous sommes nombreux à penser tout bas, de gauche, de droite, d'ici ou d'ailleurs.
    Quant à moi, j'avoue (Ô horreur) que les blagues sexistes et homos me font rire et que je ne suis pas la dernière à en faire.
    Suis-je homophobe pour autant?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais bien sûr que si, elle l'est absolument, la petite ! Et, grâce à vous, la voilà démasquée, la bougresse !

      (En plus, je suis presque sûr qu'elle est de droite et secrètement amoureuse de Dupont-Dupond…)

      Supprimer
    2. En plus elle doit gouiner avec mme Dupont.

      Supprimer
    3. Arrêtez ou je rends sur vos mocassins à glands.

      Supprimer
    4. Tout en étant homophobe : c'est du propre !

      Supprimer
    5. Tant que vous ne vous acharnez pas sur les glands à coups de mocassins, ça ira.

      Supprimer
    6. Diantre! Que vous êtes prévisible!

      Supprimer
  6. "Un célibataire est obligatoirement homo", je ne pense pas non plus, par contre c'est obligatoirement un veinard.

    RépondreSupprimer
  7. L'homophobie est un privilège (ou une tare, devrais-je dire) d'esprit étriqué. Dans mon monde à moi, qui ressemble autant au pays de Candy qu'à celui merveilleux d'Alice, il n'y a ni homosexuels ni hétérosexuels, il n'y a que des individus avec des attributs qui leur sont propres et qui ne me concernent que marginalement.
    Je veux dire qu'il est impossible d'être machinphobe quand on ne regarde pas autrui comme machinsexuel. C'est si difficile ? Apparemment oui. Et c'est encore pire dans les pays où les machinsexuels tombent sous le coup de lois atrocement machinphobes.
    La phrase suivante de Tschok me convient parfaitement :
    "La gène que vous décrivez lorsque vous vous imaginez en présence d'un homo, elle ne vient pas de l'homo, mais de ce que vous avez dans la tête."

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...