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Caissière de grande surface passant son lundi à la campagne. |
Ce blog aura 9 ans dans quelques jours
mais il est trop tôt pour fêter l'anniversaire. Depuis l'été, il
est un peu à la ramasse : outre le fait que j'ai beaucoup de
travail en dehors, il faut bien reconnaître que défendre le
gouvernement est devenu de plus en plus difficile, pas nécessairement
parce que je ne suis plus d'accord avec lui mais parce que je
n'arrive plus à suivre... La loi Macron et les débats sur le
travail du dimanche ont été la cerise sur le gâteau. Mais j'ai
reçu un coup de pied au cul dimanche matin en écoutant Julien Dray,
à la radio, dimanche dernier. Alors j'ai ouvert mon Word et j'ai
commencé à faire un billet de blog. Le fichier est resté ouvert
jusqu'à jeudi. Je n'avais rien à dire. Une première dans
l'histoire du blog. Je l'ai laissé en friche, ne faisant plus que
des billets à la volée, bricolés sur l'iPhone parce que mes doigts
avaient quand même besoin de s'agiter.
S'arrêter permet de réfléchir, de
faire le point. Quelques événements de la semaine ont renforcé ma
pensée. Mais revenons au départ.
Ainsi, j'ai créé ce blog fin décembre
2005. Ne me demandez pas pourquoi. Au début, je bloguais un peu tout
seul puis j'ai fini par connaître les copains, à faire des
rencontres dans la vraie vie,... L'élection de Nicolas Sarkozy nous
a soudés et on a fini par monter dans les classements de blogs,
jusqu'à ce que mon blog occupe, en octobre 2008, la première place
du classement des blogs politiques, pour trois ans ou presque. Je
prenais ça pour un jeu et pour un moyen de motiver les copains
(« des liens, bordel, des liens ! ») mais j'ai
commencé à en prendre plein la gueule de la part d'imbécile qui ne
supportait pas qu'un type modéré sans sorte, modéré et sans leur
talent, leurs idées et leur capacité à bien écrire. Phénomène
de jalousie idiote (les placards sont plein de gens qui écrivent
mieux que les autres). Bah ! La vie continuait... Pendant cette
phase, il y a eu la primaire socialiste de 2006, l'élection de 2007,
le congrès de Reims de 2008 (n'étant pas au PS, je me foutais
totalement de leurs histoires),...
Il y a eu un tournant au premier
semestre 2011, caractérisé par la montée en charge de Twitter
suite aux printemps arabes et l'affaire DSK. Je ne vais pas trop
revenir sur Twitter ; c'était encore l'objet de mon billet
d'hier avec son comportement surréaliste, ces militants du clavier
qui se comportent comme des moutons, toujours est-il que, depuis,
j'en prends plein la gueule de la part de types qui se prétendent de
la vraie gauche mais qui en sont, finalement, bien éloignés...
L'affaire DSK a eu des conséquences
qu'il ne faut surtout pas oublier, des conséquences directes, avec
des attaques très violentes de féministes alliées à des types de
la prétendue vraie gauche contre des types comme moi qui, d'une
part, considéraient la présomption d'innocence avant tout, laissant
seule la justice décider d'une culpabilité (contrairement des
zoziaux qui se croient de gauche...) et, d'autre part, avaient de la
pitié pour l'homme qui a battu le record de nombres de couvertures
de presse en quelques jours et a vu sa carrière détruite et qui, en
plus, pensaient avant tout aux copains qui croyaient en cet homme.
La deuxième conséquence est qu'on
s'est retrouvés avec un match inattendu pour la primaire, entre
Martine Aubry et François Hollande... avec également des attaques
très violentes, dans les réseaux sociaux, de la part des uns et des
autres.
On s'est réconcilié au soir du
deuxième tour mais attaques de la vraie gauche, qui soutenait plus
Martine Aubry (sans penser qu'elle remplaçait Dominique
Strauss-Kahn...), sont devenues de plus en plus lourdes. Il y a eu la
belle campagne, le discours du Bourget, la victoire, les premières
mesures,...
Cette troisième phase s'est
progressivement terminée à partir la fin de l'été 2012 quand de
plus en plus de personnes ont arrêté de soutenir François Hollande
puis sont arrivés franchement dans l'opposition.
Mais la vie continue toujours et les
réacs sont revenus sur le devant de la scène à l'occasion des
manifs pour tous mais aussi d'autres faits divers comme l'affaire
Méric, la catastrophe de Brétigny... Mais c'est un peu plus tôt
qu'ils ont commencé à changé, quand, fin 2011, ils ont compris que
François Hollande allait gagner l'élection. Alors que nous étions
tous plus ou moins potes, certains nous ont tourné le dos (en nous
faisant endosser la responsabilité des fâcheries histoire de
conserver un slip propre).
Cette période a aussi été marquée
par des trucs plus personnels, qui ne devraient pas être de gauche
ou de droite, comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes au sujet
duquel j'ai donné souvent mon avis, me battant contre des armées de
trolls incapables de donner des vrais arguments (les dangers de NDLL)
mais mentant à tours de bras, au point que l'actualité de la
semaine me donne raison : le trafic de Nantes Atlantique augment
réellement plus que celui des autres aéroports et il finira par
être saturé. Elle est bien, l'actualité de cette semaine mais
cette affaire était décourageante : les opposants ne faisaient
que s'opposer par réflexe, pour lutter contre les symboles du
capital, le gouvernement, le tout sur le fond de batailles de bonnets
rouges tirant sur le brun, les mêmes personnes aux mêmes
manifestations...
Le début de l'année 2014 a été
marqué par des débats sur ce qu'était la vraie gauche. Autant la
finir de la même manière, non ?
Je pourrais y répondre rapidement :
les vrais types de gauche sont ceux qui accord la présomption
d'innocence à DSK, Cahuzac, qui ont pitié de Thévenoud, qui
laissent leur chance à Valls et Macron... Et les types qui se
prétendent vrais types de gauche qui ne pensent qu'à les enterrer
vivants.
Mais peu importe.
Il y a eu ainsi la loi Macron et son
volet sur le travail du dimanche. J'ai pensé (et écrit) : hé
ho les gars, vous avez déjà augmenté l'âge de la retraite, la TVA
et vous voudriez nous faire travailler les dimanches, en plus ?
Faudrait arrêter de déconner, revenir à gauche, toussacoi.
Et il y a eu ce coup de pied au cul de
Julien Dray. « Il nous reste quelques
mois, peut-être même quelques semaines, pour arrêter ce qui est en
train de se passer, cette situation incroyable où la gauche passe
plus de temps à se battre entre elle (...) où chacun distribue des
brevets de gauche aux uns aux autres (...) où (se multiplient) les
polémiques stupides auxquelles on ne comprend rien (...) alors on
est de gauche quand on est pour cinq dimanches et on est de droite
quand on est pour douze dimanches. »
Et il a parlé des jeunes désespérés,
des étudiants obligés de passer leurs dimanches chez leurs parents
ne pouvant pas se faire de l'argent de poche pour payer leurs
études,... Martine Aubry avait fait une très belle chronique sur le
modèle de société mais Julien Dray l'a torpillée, dans mon
esprit, au cours d'une émission d'une heure.
J'étais déjà dubitatif de voir les
gauchistes défendre « un acquis social de 1906 » qui
découle directement de l'ancien testament et défendu pendant des
siècles par le clergé et la royauté... Il n'empêche que j'étais
contre le travail du dimanche car il ne créera aucun emploi, sauf
dans les zones réellement touristiques. Je reste contre, car je suis
contre le travail qui ne sert à rien (sauf celui des barmans).
Depuis des années, la vraie gauche
pense s'adresser au peuple mais ne fait que défendre les privilèges
de certains : ceux qui ont un emploi et risqueraient d'être
obligés quatre ou cinq dimanches par an, par exemple, comme au
moment de l'ANI, ils défendaient les salariés de grosses boites
tout en occultant les autres. Ils ont passé des mois à taper sur le
gouvernement.
Il faut changer de modèle de société.
Point. De toute manière, il change tout seul. Sachons accompagner le
changement (c'est maintenant...).
La semaine est passée. La popularité
de la vraie gauche et de Nicolas Sarkozy a baissé, celle de Valls et
d'Hollande a monté. Jean-Luc Mélenchon a mis en avant les conneries
de Zemmour faisant passer toute la gauche pour des censeurs et ses
partisans accusaient hier soir iTélé de faire passer Zemmour pour
un martyr.
Ainsi, je vais continuer à assumer mes
paradoxes. Je suis contre le travail du dimanche mais je m'en fous
d'autant plus que je ne bosse pas dans le commerce, je n'ai pas à
donner mon avis ou à militer contre. Par contre, je peux donner un
avis sur la nécessité de faire des réformes et de les afficher. Ce
n'est pas en ne faisant rien qu'on gagnera d'autres élections.
J'ai vu, dans Twitter, un extrait de l'interview de Méluche dans Closer. Il y dit, de mémoire : le travail du dimanche sera mauvais pour les femmes. Des féministes le soutiennent.
Du féminisme ? Pourquoi le travail le dimanche serait-il plus mauvais pour les hommes que pour les femmes ? En matière de féminisme, le problème n'est pas celui du travail du dimanche mais, éventuellement, celui de la surreprésentation des femmes aux caisses des magasins...
On pourrait d'ailleurs se demander si les hommes ne devraient pas lutter contre cette inégalité en leur défaveur.
Il est temps que la vraie gauche change de manière de faire de la politique.