Animatrice à forte poitrine. |
Depuis les événements parisiens de début janvier, on cherche
des solutions pour lutter contre l’islamisme radical ou plus exactement pour que
des connards arrêtent d’égorger nos fils et voiler nos compagnes jusque dans
nos bras. Certains préconisent de faire chanter la Marseillaise à l’école. On a
vu beaucoup de types dire aux profs ce qu’ils devaient faire, à ce propos… 65
millions de pédagogues. Le gouvernement a lancé récemment un site contre le
Djihadisme et Nicolas Sarkozy exige que l’Etat réembauche les flics qui ont été
virés au cours deux précédents quinquennats.
Je vais donc apporter ma pierre à l’édifice, en hommage à Suzanne
qui s’est sacrifiée pour la patrie, sur les thèmes « les joyeuses colonies
de vacances » et « hé ho, parler du vivre ensemble, ça commence à bien
faire, faisons le réellement. »
Rétablissons l’éducation
populaire.
Je sais, je l’ai déjà dit, c’était dans le titre. Il n’empêche
qu’une famille qui touche des bons CAF et des chèques vacances et qui en
profite pour envoyer son môme passer une semaine à faire du poney et une autre
à faire du kayak, le tout agrémenté de rafting, de canyoning, de parapente et
de putes de luxe ! Je dis : stop.
Ne déconnez pas, ceci est un billet de fond. De la vallée,
en particulier.
Ne déconnez pas, le pognon en question vient des cotisations
familiales que vous payez et des œuvres sociales de votre entreprise, donc
indirectement de vous. Savoir que mon pognon est utilisé pour que des gosses de
tarés puissent faire du cheval en engraissant des sociétés privées, certes
sympathiques, me révolte. Je suis révolté.
Tiens ! J’ai une cousine qui habite à la Réunion. Une
vraie cousine, hein ! Elle est même née à Loudéac, pour vous dire.
Toujours est-il qu’elle a trouvé un mec et vit maintenant au bout du monde.
Elle a eu des enfants que je fréquente grâce à Facebook. L’ainée, ma petite
cousine, a passé ses vacances au ski dans les Alpes aux frais de la princesse.
C’est grotesque ! Le jour où ses parents seront mutés en métropole, elle
aura tout le loisir d’aller se faire chier dans des stations de ski surpeuplées
et de ce pochetronner au vin chaud.
Quand on était gamin, nos vieux nous envoyaient dans des
colonies de vacances, on allait jouer au foot sur la plage, faire des cabanes
dans les forêts, construire des barrages dans les rivières, aider les paysans à
traire leurs vaches et s’entrainer avec leurs filles. C’était sain. On prenait
l’air (et des cuites quand les moniteurs avaient le dos tourné). On apprenait à
connaître la France. Une année c’était les Pyrénées, une année les Cévennes, l’autre
le Cantal, la suivante les Vosges et ensuite la Normandie, les Alpes. J’ai même
passé des vacances dans la Sarthe, pour vous dire !
On découvrait la France en suivant des rivières, en se
levant à trois heures du matin pour tenter de voir un cerf dans les bois,… Les
samedis, en hivers, on allait dans les supermarchés pour récolter de la
nourriture pour les plus pauvres, on organisait des spectacles pour les fils de
bouseux qui n’avaient pas le droit de sortir, on récupérait des bouquins pour
les redistribuer dans des écoles, les filles branlaient les petits vieux, tout
ce qu’il faut pour rendre service.
On aimait la France, quoi ! Parfois, on partait à l’étranger
mais assez rarement (étant Breton, aller à l’étranger, ça fait des frais de
route). On aimait tout le monde. Le soir, dans la tente, on s’aimait soi-même,
d’ailleurs.
Résultat : on aime la France et, aujourd’hui, je n’ai
pas la moindre envie d’assassiner un dessinateur de presse. C’est bien la
preuve, tiens !, que ce que je préconise est bon. Il me reste à travailler
la méthode et à rédiger la suite du billet. Et vous à la lire, mes pauvres.
Rétablissons l’éducation
populaire.
Pourquoi parle-je d’éducation populaire ?
Le problème du pognon dépensé pour des activités débiles certes
ludiques me préoccupe depuis plus de vingt ans, à l’époque où j’étais au
conseil national d’un mouvement d’éducation populaire. C’est simple : on nous
demandait d’envoyer des mômes en vacances ou de faire des activités avec eux le
week-end pour pas cher mais on n’avait aucun financement pour le faire si on n’avait
pas un joli projet éducatif. A l’époque, on parlait en francs. Si on organisait
une colo de trois semaines avec des belles activités pour 4000 francs, on en
avait 1000 de subvention. Si on faisait une colo dans la foret pour 2000 francs,
on n’avait pas un radis de subvention… Et les clients nous boudaient.
Progressivement les colonies sont mortes… au profit de « séjours
spécialisés ».
Lundi, j’étais avec Tonnégrande, qui n’est pas qu’un ivrogne
de comptoir mais aussi le directeur départemental d’une des plus importantes
structures d’éducation dans le pays et on parlait de ce qu’il fallait faire
pour les jeunes, il me décrivait ce qu’il faisait quand il était jeune et qu’il
fallait refaire aujourd’hui, ce que je dis plus haut : arrêter les
vacances de luxe et le pognon dépenser pour des conneries et envoyer les mômes
camper en forêt, faire des cabanes, préparer leur bouffe ensemble,…
J’ai sorti le truc : ben oui, quoi, l’éducation
populaire. Il a acquiescé !
Voila une partie de la définition de Wikipedia pour éducation
populaire : « L'action
des mouvements d'éducation populaire se positionne en complément de
l'enseignement formel. C'est une éducation qui dit reconnaître à chacun la
volonté et la capacité de progresser et de se développer, à tous les âges de la
vie. Elle ne se limite pas à la diffusion de la culture académique, elle
reconnaît aussi la culture dite populaire (culture ouvrière, des paysans, de la
banlieue, etc.). Elle s'intéresse à l'art, aux sciences, aux techniques, aux
sports, aux activités ludiques, à la philosophie, à la politique. Cette
éducation est perçue comme l'occasion de développer les capacités de chacun à
vivre ensemble, à confronter ses idées, à partager une vie de groupe, à
s'exprimer en public, à écouter, etc. »
Evidemment, « éducation populaire », ça fait un
peu ringard, aujourd’hui. Genre Front Populaire et Franches et Francs
Camarades. Il n’empêche que cette définition me va bien. Trouvons un autre mot.
« Colonies de vacances » ne fait pas plus moderne et le scoutisme est
passé de mode, ce qui est bien dommage. Evitons « camps de rééducation »
qui pourrait pourtant plaire à une certaine gauche…
Rétablissons l’éducation
populaire. (et arrêtons les sous-titres identiques)
Ce que je propose, c’est :
Petit 1 : d’arrêter de dépenser du pognon pour financer
des activités coûteuses en vacances, telles que je citais au début.
Ah ! Je vois deux objections.
La première : oui mais tous les enfants ont le droit de
faire du cheval et du rafting. Non. Faire du cheval et du rafting n’est pas un
droit fondamental.
La deuxième : ah mais c’est sympathique le cheval et le
rafting, c’est bien de gauche, c’est écolo, on aime bien les petits jeunes qui
montent des centres équestres et des machins de rafting. Je m’en fous : ce
sont des entreprises commerciales comme d’autres. J’aime aussi beaucoup les
petits jeunes qui ouvrent des bistros et ne reçoivent pas de financement
public.
Petit 2 : récupérer le pognon pour en faire bon usage
comme rétribuer ma contribution et financer les points que je détaille
ci-après.
Petit 3 : certains proposent de rétablir le service
civique. Bouh quelle horreur surtout qu’il faudra l’organiser, mettre un
encadrement. Je propose que l’année des 16 ans, on oblige (sous une forme à
déterminer, on ne va pas leur foutre des coups de pied au cul, non plus) les
mômes à partir trois semaines dans un truc d’éducation populaire à renommer
(TEPAR, tiens ! c’est presque pétard en verlan, ça leur fera plaisir). Du
genre : le tour de la Bretagne en vélo. L’année des 17 ans, on offre une
formation BAFA de premier niveau sous engagement de participer pendant trois
ans à quatre semaines (pas nécessairement consécutives, en gros 30 jours par
an) à l’encadrement (bénévole, andouille) des centres et activité « TEPAR »
que je détaille ci-après. L’année des 18 ans, on leur offre une formation BAFA
de spécialisation (en cheval ou en rafting si ils veulent).
Petit 4 : on réhabilite les associations d’éducation
populaire qu’on appelle TEPAR pour rigoler. C’est-à-dire qu’on vérifie leurs
homologations, leurs certificats d’utilité publique, qu’on les audite et les
contrôles.
Petit 5 : qu’on assouplisse la législation sur les
centres de vacances pour les TEPAR (je suis un peu hors sujet mais cette
législation est parfois délirante alors que les responsables des associations
sont souvent plus compétents que les législateurs).
Petit 6, le plus important et là où je voulais en venir :
qu’on rende obligatoire pour les municipalités ou les intercommunalités, l’organisation
de centre de vacances avec les associations TEPAR en capacité de recevoir pour
une somme modique de recevoir tous les mômes de la collectivité territoriale
(qui le désirent, évidemment).
Ce n’est pas un beau plan, ça ? Les plus curieux des
lecteurs auront noté que le petit 1 torpille d’emblée une partie de la réforme
des rythmes scolaires. J’assume.
Au boulot !