« Interrogé
sur RTL quant à la situation économique française, Jean-Luc Mélenchon a refusé
d'envisager l'assouplissement du marché du travail comme une solution de
relance. "L'assouplissement, c'est un durcissement des conditions pour les
travailleurs", a dit le député européen. Le problème se pose, selon lui,
par les carnets de commande. "Est-ce que les carnets de commande des
entreprises sont pleins ou est-ce qu'ils sont vides ? Et pour que les carnets
de commandes se remplissent il faut qu'il y ait de la production". »
C’est dans le
Figaro du jour…
Je suis tombé dessus en cherchant « Mélenchon »
dans Google News pour argumenter dans le cadre d’une discussion avec des potes.
C’est la première phrase qui m’intéressait à l’origine et je vais y revenir.
Mais la dernière a généré une certaine hilarité de ma part. Outre le fait que
je me demande comment il va faire de la production (il est complètement
déconnecté, visiblement), il ne fait que défendre la politique de l’offre…
Cette discussion porte sur le fait que la gauche ne sait
plus s’adresser aux catégories populaires. Les ouvriers et les employés votent
maintenant plus pour le Front National que pour un des partis dans la moitié
gauche de l’échiquier politique. Et cette première phrase est emblématique. A
gauche, on sera bien d’accord pour protéger les salariés mais seule une
minorité de l’électorat fait partie de ces salariés qui pourraient pâtir d’un
assouplissement. Pas facile d’être à gauche, de lutter contre les privilèges
tout en devant bien admettre qu’avoir un travail dans une boite solide, où l’on
n’est pas susceptible d’être licencié dans le mois, est devenu un privilège…
« Il
propose pour l'avenir un rassemblement des forces de gauche, « quelque chose
d'extrêmement large pour donner une alternative aux français ». L'idée étant de
rassembler sous une même bannière parti de gauche, socialistes démissionnaires,
verts ou encore nouvelle donne, entre autre. "Ma vie est éclairée par le
combat", rappelle Mélenchon, qui "refuse d'être embauché dans le
tripartisme" s'étant fait jour au lendemain des départementales. »
C’est notre mode de scrutin qui a généré le tripartisme qui
en est un faux : le Front National n’a pas d’élus ; dans les «
assemblées », les débats sont entre la gauche et la droite, pas d’extrême…
La solution, pour en sortir, c’est la proportionnelle mais si on introduit une
dose de proportionnelle, le Front de Gauche perdrait une partie de ses élus et
le Front National en gagnerait des tas.
En outre, le rassemblement qu’il propose, parfaitement
honorable mais peu crédible (on attend de voir leur position commune sur l’Europe),
regrouperait au maximum 20% de la population et ferait passer le PS « dans
ces eaux-là ». Avec des votes nominatifs, tous les bénéfices iraient à la
droite. Avec des votes sur listes, des majorités seraient impossible à trouver
et on aboutirait à des coalitions « autour » de l’UMP.
Je tacle un peu Jean-Luc Mélenchon. Cécile Duflot mériterait
aussi une avoinée. C’est Le
Point qui s’en charge en expliquant qu’elle fait une Fixation sur Manuel
Valls. Encore une fois, elle se coupe complètement des électeurs sans même se
rendre compte que tout le bénéfice ira à Jean-Vincent Placé, François de Rugy
et Barbara Pompili qui sont favorables à un retour des Verts au gouvernement.
Il n’y a pas que la gauche de la gauche qui ne sache plus s’adresser
aux braves gens. Regardez cette copie d’écran de Google News, prise dans l’après-midi.
Le premier article parle de Marisol Touraine qui veut rétablir le fond de la
loi sur la prostitution. Qu’en pense le peuple ? « Ils nous font chier ».
Le deuxième article est au sujet de Manuel Valls qui regrette de ne pas avoir
baissé les impôts. Qu’en pense le peuple ? « Il nous prend pour des cons. »
La question est de savoir à qui s’adressent Mmes Duflot et
Touraine et MM. Mélenchon et Valls. Aux autres responsables de gauche, aux
militants ou aux braves gens ?
Imaginons, par exemple, que Manuel Valls s’adresse au reste
de la gauche pour dire « bon
ben ho je vais infléchir ma position, ne vous fâchez pas, hein ! ».
Est-ce vraiment de gauche de baisser les impôts et donc les moyens de faire une
jolie « redistribution » ?
N’est-il pas dans la même situation que Jean-Luc Mélenchon
qui prône la politique de l’offre sans s’en rendre compte ?
Remettez-vous !
Il ne sert à rien de s'interroger sur les raisons de la défaite. La gauche et la droite ont toujours perdu les élections locales quand ils étaient au pouvoir depuis quelques années et à chaque législative depuis 1981, sauf en 2007, il y a eu alternance. On a toujours trouvé des analystes en culotte courte qui connaissaient mieux les raisons que les autres.