Hier soir, je suis arrivé à l’Aéro vers 20 heures. Ces
andouilles de Kabyles s’engueulaient entre eux. La routine. Je commande un
verre. Edouard arrive, c’est un noir d’une trentaine d’années, issu de je ne
sais plus quelle ancienne colonie. On s’aime bien, je ne sais pas trop pourquoi.
Peut-être sommes nous les deux plus jeunes clients dans ce bistro (même si j’ai
une bonne quinzaine d’années de plus). JP se pointe. C’est un noir qui vient de
Guadeloupe. Un copain à Edouard mais pas trop à moi. Je lui offre un verre, on
papote et je vais aux toilettes. Quand je suis remonté, il s’engueulait avec le patron,
je ne sais pas pourquoi, une histoire de tournées, je suppose. Karim, le
patron, est un habitué de ce genre de conneries. A un moment, c’est parti,
comme souvent. Il dit à JP : « de toute manière, je n’aime pas les
noirs, c’est toujours pareil avec vous. Le patron était saoul. La routine. Je
lui envoie une soufflante pour qu’il aille présenter ses excuses à Edouard, ce
qu’il fait, et je vais voir JP : le mieux, c’est que tu te casses, de
toute manière cet imbécile est saoul comme un cochon, on en reparle demain et,
s’il ne présente pas ses excuses, on se donnera rendez-vous dans un autre
bistro.
Une espèce de routine. Nos braves militants de gauche,
militant du vivre-ensemble à condition de ne pas trop fréquenter d’étrangers ne
savent pas ce que c’est mais ces couillons d’immigrés ne peuvent pas se sentir
entre eux. Dans la tête de Karim, il y a une hiérarchie : les « souchiens »
d’abord, puis les Kabyles, puis les « autres » Arabes et enfin, les
noirs. Je ne sais pas où s’insèrent les Chinois, pourtant nombreux dans la
profession. Le plus drôle est que, comme j’ai commencé à défendre les noirs,
Karim a commencé à s’en prendre à moi, comme quoi je venais chez lui uniquement
parce que la Comète était fermée, qu’il était une roue de secours et tout ça. C’était
d’autant plus faux que La Comète était encore ouverte… Une heure après, il me
présentait ses excuses…
La Comète ! Il y avait une jeune fille, Katarina, qui
faisait souvent la fermeture avec nous. Je ne pouvais pas la blairer depuis une
anecdote que j’avais racontée ici. Elle avait dit au nouveau serveur : « pourquoi
tu ne dis pas que tu es juif, je dis bien que je suis lesbienne ». J’ai
appris ensuite qu’il n’était pas juif, ce dont je n’ai que faire, et qu’il a
été viré, pour une toute autre raison (heureusement...).
Il y a environ trois semaines, Katarina me dit que je
pourrais discuter avec eux plutôt que jouer avec mon iPhone. Je lui ai donc
répondu aimablement que je préférais mon iPhone car je ne risquais pas (ce qui
est d’ailleurs faux) d’y rencontrer des connasses bourrées. Elle a parfaitement
compris ce que je voulais dire. D’ailleurs, on ne l’a pas revue à la Comète
depuis ce que me faisait remarquer une andouille vendredi : « tiens !
au fait, on ne revoit plus la petite brune, là. » « ben, non, t’avais
pas remarqué ? C’est depuis que je l’ai envoyée chier ».
J’étais le seul à avoir noté son absence.
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de
la femme et je m’interroge. Entre les Kabyles qui ne peuvent pas supporter les
noirs et les femmes alcooliques qui refusent de se considérer comme telles, je
ne retrouve plus trop mes petits dans ce monde moderniste.
Un bon billet comme je les aime :)
RépondreSupprimerBah ! Merci.
SupprimerMoi aussi
RépondreSupprimerJ'en aime le rythme
Merci. Uns sorte de marque de fabrique.
SupprimerMa quoi ?
RépondreSupprimerJe crois que tu es le seul de mes lecteurs à ne pas avoir compris que j'étais un célibataire endurcis. Tu as une dose de connerie incroyable.
Tranche de vie, j'aime moi aussi ces billets.
RépondreSupprimerUne bonne tranche du quotidien qui donnerait presque l'impression d'une pièce de théâtre.
RépondreSupprimerLa scène de la lesbienne, mémorable..
dans ton billet manque l'anecdote sur pourquoi tu détestes cette nana. Sinon on pourrait croire que tu l'aimes pas parce que lesbienne. Ce qui n'est évidemment pas le cas de ta part.
RépondreSupprimerAh non. Je ne suis pas lesbienne.
SupprimerIl n'y a pas d'anecdote précise. Elle est bête.