Illustration honteusement piquée à Romain Blachier |
Je ne lis pas le blog de Jean-Luc
Mélenchon (au bureau, il ne passe pas et, sur smartphone, les
billets sont trop longs à suivre) mais j'y suis abonné. Le titre de
sa dernière parution
m'a amusé : «
Depuis 10 ans, l’Europe est illégitime ». Il est en plein
dans un des objets de mon billet d'hier... qui a eu de nombreuses
réactions négatives (une dans Twitter et deux dans les
commentaires).
Alors, je vais lui expliquer :
l'Europe est parfaitement légitime puisqu'elle a été décidée par
un referendum en 1992, modifié à la marge depuis : le traité
de Maastricht. Le traité de Maastricht disait : « bon,
les gars, on va faire une monnaie en commun, l'Euro, mais il sera
interdit aux Etats de jouer avec elle, comme en laissant courir la
dette et les déficits, pour ne pas appauvrir les autres pays. »
En 2005, on a fait un referendum pour
changer cela et se donner une Constitution. Les gens qui ont milité
« contre » et qualifient la situation actuelle
d'illégitime sont des "escrocs" d'autant que la situation de l'Europe
n'a pas cessé de se dégrader depuis l'échec de ce referendum,
provoquant l'annulation d'une Constitution, principalement par la
faute des « nonistes français » (et hollandais) qui ne
se rendent même pas compte que ce n'est pas un « non de
gauche » qui a gagné, puisque la gauche est par nature
internationaliste, mais un non souverainiste porté essentiellement par la droite de la droite.
Comme me disait l'ami Sarkofrance, les
« nonistes » parlaient d'un « plan B » pour
justifier leur position. On l'attend toujours.
J'invite les opposants à l'Europe à critiquer Maastricht, la vraie source des maux, celle qui a imposée des contraintes. Mais c'est facile de chercher "Mélenchon Maastricht" sur Google. La vérité est que, en 1992, il était pour (ce dont il ne se cache) mais constate un plantage, comme la plupart des observateurs. Il milite néanmoins contre tout changement, il s'y oppose fortement, comme en 2005.
J'appelle ça une posture politique. Et presque de l'escroquerie intellectuelle.
Où Mélenchon se trompe, c'est que ce n'est pas l'Europe qui est "illégitime" (comment le pourrait-elle, d'ailleurs ? L'Europe EST, c'est tout), mais l'Union européenne, cette monstruosité bureaucratique qui, Vladimir Boukovski dixit, ressemble de plus en plus à la défunte Union soviétique. Le simple fait qu'un Blachier y applaudisse des deux mains prouve qu'on a raison de s'en méfier, et même un peu plus que ça.
RépondreSupprimerOui, Mélenchon dit des conneries.
SupprimerPour le reste, on n'est pas d'accord. L'Europe reste une démocratie et devrait beaucoup plus ressembler aux Etats-Unis qu'à l'URSS. D'ailleurs, le niveau de démocratie au niveau fédéral est assez faible, comme en Europe. Par contre, il y est beaucoup plus lisible vu qu'ils élisent le président, ces braves gens. Mais ce sont bien les représentants des Etats qui décident, comme en Europe.
Vous racontez n'importe quoi : aux États-Unis, tout le monde (ou presque) est élu, y compris les juges, les chefs de la police, etc. Aucun fonctionnaire nommé n'a le pouvoir d'édicter des règlements stupides, comme cela se passe à Bruxelles.
SupprimerDe plus, je viens de lire le billet pitoyable de votre ami Blachier, qui sanglote d'émotion au souvenir du jour où les Français (et les Hollandais, et les Irlandais, et la tête, et le bec, Aloueeeette) ont dit NON à une chose qu'on leur a aussitôt imposée par une autre voie. Ce dont il semble, votre mi-apparatchik, se féliciter hautement.
miNI-apparatchik, pas mi…
SupprimerIl n'est pas apparatchik, il ne bosse pas au parti et à un boulot à plein temps en dehors de la politique.
SupprimerJe ne raconte pas n'importe quoi, je dis "au niveau fédéral". Pour le reste, élire des flics et des juges n'est pas de la démocratie et ce ne sont pas des fonctionnaires qui font des réglements stupides, à Bruxelles, ou, du moins, pas particulièrement plus qu'à Washington où des fonctionnaires ont totalement la main sur la monnaie. Et les types du FBI et de la CIA, ils sont élus ? Tu parles d'un fonctionnement démocratique.
Les réglements stupides de Bruxelles sont au moins votés deux instances : une représentant les Etats et l'autre représentant le peuple. Comme à Washington (sauf que, de mémoire, ce n'est pas en fonction de la population des Etats).
Restons-en là.
RépondreSupprimerSi vous voulez.
SupprimerDidier, vous êtes rigolos. Comme nous sommes d'accord sur un tas de sujet, presque complices, vous semblez oublier, à l'occasion, que nous avons des visions diamétralement opposées de la politique.
SupprimerGoux n'est qu'un vrai Français, il reste dans l'abstraction et l'institutionnel. Il semble que le racisme allemand se lève.
RépondreSupprimerDidier Bous
Ta gueule.
SupprimerC'était une Constitution qui remplaçait, justement, les traités commerciaux imbitables qui nous enculent.
RépondreSupprimerComment fonctionne l'Europe?
RépondreSupprimerL'Europe n'est pas contrôlé par les peuples mais par l'European Round Table of Industrialists qui est un lobby créé à la demande de la Commission Européenne.
Cette Table ronde est créée, au début des années 1980, à l’initiative politique de deux commissaires européens : d’une part, François-Xavier Ortoli, qui deviendra ensuite PDG de Total et président du CNPF international, l’ancêtre du Médef, d’autre part, le Belge capitaine d'industrie Étienne Davignon. Ce sont eux qui vont demander à Pehr Gyllenhammar, le patron suédois de Volvo, de rassembler une quarantaine de grands groupes, de réunir ces patrons au sein d’un « club ».
Delors,en 1991, on le voit en direct à la télé qui déclare : « Moi, au milieu des années 1980, la Table ronde des industriels m’a demandé de faire une Europe sans frontière, j’ai fait une Europe sans frontière. Elle me demande aujourd’hui de faire la monnaie unique et de bâtir des autoroutes, je vais faire la monnaie unique et bâtir des autoroutes. » On découvre sur un plateau de télé les cuisines de l’Union européenne, et Jacques Delors qui répond « oui oui oui » à toutes les demandes des industriels...
Pour être plus exact l'ERT n'est pas un lobby puisqu'il ne fait pas "pression" sur les parlementaires ou les commissions, il écrit les propositions de lois et les envoie au Parlement avec l'accord de la Commission. En fait avec l'ERT on a donné aux milieux économiques et financiers les clés de l’Europe.
C'est un petit cercle bien organisé, une oligarchie disons-le, qui est parvenus à « construire l’Europe ». Les milieux d’affaires ont simplement bien compris leurs intérêts de classes, ils les défendent avec intelligence, ils renforcent leurs solidarités au sommet, ils obtiennent le soutien sans faille, ou presque, des pouvoirs publics.
Et pour l’Union européenne, le dispositif est souvent le même : la Table ronde publie un rapport, par exemple, sur la nécessité de la mise en place d’une monnaie unique. Ensuite, la Commission européenne nomme un « groupe de travail » constitué d’« experts indépendants », où vous retrouvez en fait des membres de la Table ronde, et ce même « comité de sages » fournit un rapport qui reprend l’essentiel des propositions de la Table ronde. Enfin, la Commission adopte une série de mesures tirées dudit rapport.