C'est l'objet du billet de Gauche de Combat donc j'en fais un billet ce qui permettra à Bembelly de prendre le retrait. Mais, à la différence d'hier, je suis d'accord avec lui. C'est inadmissible qu'une majorité de gauche n'admette pas le burn-out parmi les maladie professionnelle parce que c'en est une. Par définition.
Ce n'est pas une dépression comme une autre. Imaginons que je sois un blogueur professionnel. Si vous me suivez depuis quelques années, vous aurez constaté que j'ai prodigieusement diminué ma rédaction de billets et de mes commentaires dans les blogs des copains. Dans le temps, j'y passais une majorité de mon temps de loisir. Depuis 18 mois, j'ai beaucoup plus de boulot et donc moins de temps de loisir. Mais, le temps de loisir qu'il me reste est occupé par d'autres activités. J'aime toujours faire des billets et lire ceux des copains. D'ailleurs, je fais un billet. Par contre, il règne une ambiance déplorable dans les blogs et Twitter (d'ailleurs je passe beaucoup plus de temps maintenant dans Facebook). Surtout actualité politique est déplorable. Tiens ! Je suis en train de faire un billet contre ma majorité. Hier, je la défendais, en réponse à GdC parce qu'une partie de la gauche oublie qu'il faut aussi donner des moyens aux forces de l'ordre. Enfin, je ne suis pas d'accord avec la manière avec laquelle les politiques et les geeks traitent le sujet du numérique parce qu'ils pensent que des startups et du haut-débit sauveront l'économie française alors que le problème est au cœur de nos entreprises.
Vous comprendrez donc que je vais sur internet à reculons. Je reviens sur l'ambiance déplorable dans les blogs. Avant quand j'épinglais un blogueur, c'était le blogueur que j'épinglais, pas la personne. Et il me le rendait bien. On rigolait quoi. Maintenant les attaques portent sur les personnes. C'est peut-être lié au succès de Twitter : des imbéciles se prennent au sérieux.
Je fais un burn-out de blogage. J'y vais à reculons. Ce n'est pas une dépression. Je vais très bien quand je fais autre chose. J'y vais presque par obligation mais aussi parce que j'aime ça. Mais bloguer n'est pas mon métier.
Les gens ne savent pas ce qu'est le burn out. Je vais citer trois exemples. Le premier est hors sujet (mais est arrivé deux minutes avant que je tombe sur le billet de Gauche de Combat).
1. Je suis parti du bureau en même temps qu'une directrice de ma boîte. On a parlé de nos horaires de travail délirant (aujourd'hui, j'ai fait 10h20 - 19h20 avec une pause déjeuner d'un quart d'heure). Ensuite, elle m'a dit que nous allions perdre nos moyens pour faire des visioconférences dans des grandes salles. Je lui ai répondu qu'on utilisait la visio pour diffuser des projections pas pour "nous regarder" et que les moyens techniques nous permettent de le faire dans des petites salles. Elle a compris le message. Elle n'avait pas percuté. La courses aux nouvelles technologies rendent les gens fous et ils zappent ce qui existe (dont la possibilité de faire des réunions en restant à son bureau).
2. Toujours aujourd'hui, une cliente m'a dit qu'elle avait refusé d'avoir les moyens techniques pour accéder à sa messagerie professionnelle en dehors des locaux de l'entreprise. Je lui ai répondu poliment qu'elle était conne. Avoir ma messagerie pro dans mon iPhone me permet de travailler dans le métro et au bistro ce qui me permet de passer moins de temps au bureau. Cela n'a rien à voir avec le burn out alors qu'elle avait peur de succomber. C'est bien en traitant mes mails le samedi "cool" et le matin en prenant mon café que j'évite d'aller à reculons au bureau du peur de découvrir une impressionnante quantité de travail à faire avant ma première réunion de la journée.
3. Les gens confondent le burn out avec le harcèlement. Cela me rappelle quand j'avais un téléphone professionnel. Le chef m'appelait à des heures incroyables (j'ai fini par l'envoyer chier mais j'avais les moyens de le faire, c'était un copain, mais peu de gens ont les moyens de le faire : la pression et tout cela). Le harcèlement peut être source de burn out mais un téléphone professionnel peu se couper et on n'est pas obligés de consulter ses mails professionnels après avoir couché les enfants.
J'ajouterais bien un quatrième point. Avec l'évolution du monde du travail, les cadres sont incités à faire de plus en plus de reporting. Cela est très chiant, prend du temps et se fait en plus du travail normal. C'est logique et explicable mais crée des contraintes abominables, des redondances, des incompréhensions,... Par exemple dans mon job, on devrait être là pour répondre aux besoins des clients et on passe notre temps à expliquer pourquoi on n'a pas le temps d'y répondre.
Cela étant, on peut faire des billets de fond mais personnel sur le burn out sans se contenter de dire "bouh c'est mal la gauche refuse d'accepter le burn out comme maladie pro." On peut aussi faire des billets pour dire "le flash ball c'est mal, Cazeneuve est de droite" en expliquant comment la police pourrait s'en passer. Surtout quand on passe une partie de son temps de blogage pour décrire chaque meurtre de noir par la police américaine pas équipée de flash ball.
D'où mon burn out de blogage.
Le burn out "pas de blogage" est par définission une maladie professionnelle. Un point c'est tout. Il faut l'admettre. Et ceux qui ne l'admettent pas sont les mêmes que les ploucs de Centre Bretagne qui ne comprennent pas que la dépression est une maladie.
Je n'ai pas, pour ma part, besoin de lire un livre qu'on m'impose pour le savoir.