Il s'est mis à pleuvoir comme vache
qui pisse, ce matin. Ca sent la fin des vacances. Il me reste une
semaine. Je vais la passer à Paris. Alors, je suis allé à la gare
chercher mon billet retour (il faut, de toute manière, que je sois
rentré demain pour la soirée de blogueurs à la Comète). J'aurais
pu le faire par internet mais le type de la gare est particulièrement
sympathique et gentil. Un dernier vestige du service public. J'espère
qu'il ne lit pas mon blog et ne voit pas que je le traite de vestige.
Une gare sans train mais avec un service pour les clients. Les
usagers.
Je pense pourtant qu'il lit mon blog.
Il sait que je fais de la politique et que je fréquente les bistros.
D'ailleurs, nous avons parlé des bistros, de ceux que j'avais
fréquenté pendant mes vacances et ceux qu'il avait vus. Nous étions
d'accord : les bistros se meurent, il n'y a plus de client. A un
moment, il m'a dit : « Ils doivent se faire chier les
jeunes s'il n'y a plus de bistro. » Je lui réponds : « ah
non, s'il n'y a plus de bistro et s'il n'y a personne dans ceux qui
restent, c'est parce qu'ils n'y vont plus. »
Il m'a alors sorti : « ben
oui, j'suis con, t'as raison. »
Ben oui, j'ai raison. J'ai toujours
raison. Ou alors, quand je n'ai pas raison, c'est que j'ai tort. Ce
n'est pas très grave. Outre la connerie et l'abus de produits non
recommandables, il y a plusieurs... raisons... d'avoir tort. En
politique, il y a l'idéologie qui nous fait passer à côté de
conneries et nous empêche de prendre un sujet sous tous les angles.
Tiens ! A Loudéac, il y a une
gare mais il n'y a pas de train. Les transports publics sont faits
par des compagnies de cars privées – sujet à la mode –
organisées par les collectivités territoriales, le Conseil
régional, en l'occurrence. Des purs gauchistes se croyant écolos
pourraient se lamenter qu'il n'y a plus de train. En étant
pragmatique, on ne peut que les traiter de réactionnaires, ce qui,
ici, n'est pas une insulte. L'important est que le public puisse être
transporté. Un car est plus rapide qu'un vieux train et pollue
beaucoup moins qu'une vieille micheline. Certes, c'est moins
sympathique. On a une gare et pas de train. Je suppose que la gare va
fermer. Elle est probablement maintenue sous oxygène pour que l'on
puisse dire que la SNCF maintient un point de vente en Centre
Bretagne. Un jour, un technocrate quelconque verra que le seul
chiffre d'affaire de la gare de Loudéac ne permet plus de payer le
salaire des employés qui se relaient au guichet et le point de vente
fermera. Nos gauchistes hurleront.
Pourtant, ils ne prennent pas le train
à Loudéac et ne vont jamais à la gare. Ils réservent leurs
billets par internet à l'occasion et, s'ils sont vraiment obligés
de prendre le car alors qu'ils préféreraient aller avec leur
voiture à la gare de Saint Brieuc ou de Rennes, ils achètent le
billet au chauffeur. Et ils font des billets – s'ils sont blogueurs
– pour lutter contre la loi Macron qui permet à des gens qui n'ont
pas de pognon de voyager en prétendant qu'elle est contre les
valeurs de gauche.
Amen. Je prends mon billet à la gare.
Après je vais boire un coup au bistro, à l'autre bout de la
commune. Et je tombe sur un copain, ancien patron de bistro...
Gauchiste. Je lui dit que j'ai réservé un billet pour Paris via
Saint Brieuc. Il me demande pourquoi je prends le car pour Saint
Brieuc alors que ma mère et un copain pourraient m'y amener. Je lui
ai dit : « bah, avec la pluie, ce n'est pas drôle et, en
plus, on met le même temps en car qu'en voiture à cinq minutes
près ».
Il m'a alors sorti : « ben
oui, j'suis con, t'as raison. »
Laissons tomber les gares, les
bistros,... et revenons au blog.
Hier je faisais un billet à propos de
mon blog qui était cité par les Inrocks à l'occasion d'un article
au sujet du copain Romain Pigenel. Ce billet était raté. Outre le
fait qu'il contenait un nombre incroyable de fautes d'orthographes et
petits lapsus, assez drôles avec du recul, je ne parlais que de moi,
oubliant Romain et les copains blogueurs. On formait une sacré
équipe, ce qui nous a permis de gagner la bataille politique de 2012
sur le web, sans même savoir si cela sert à quelque chose. Je les
salue donc tous, y compris ceux qui se sont fâchés avec moi pour
des raisons futiles notamment celui d'oublier que je puisse avoir
raison. Et pas peu.
Tiens ! Cette semaine (ou la
précédente), l'un d'entre eux me disait que je m'engueulait avec
tout le monde. C'est une erreur. Certes, il m'arrive d'envoyer chier
le gens ou de faire des billets ou commentaires désagréables mais
je ne me fâche qu'exceptionnellement ou, plus précisément, s'il
m'arrive de faire la gueule, cela dépasse rarement les quelques
heures.
Ce n'est pas spécifiques aux blogueurs
de gauche mais ils ont une sacrée manie de se fâcher avec ceux avec
qui ils ne sont pas d'accord car ils refusent d'admettre qu'ils ne
puissent pas avoir raison malgré des années de croyance, de
politique, de militantisme, confondant ce qu'ils pensent être bon
pour le peuple, pour la France, ce pour quoi ils ont raison, les
opinions ne se discutent pas, et ce qui est politiquement acceptable,
réalisable,... C'est peut-être pour cela que j'ai à peu près
autant de copains à ma droite qu'à ma gauche : je refuse de me
fâcher pour un désaccord.
Dans son article, les Inrocks
expliquaient pourquoi j'avais été retenu par Romain pour participer
à la campagne de François Hollande : j'étais « à peu
près son seul soutien assuré sur la toile à l’époque. »
J'étais effectivement assez d'accord avec le positionnement
politique de Pépère et je le reste, ce qui est bien facile mais il
y avait autre chose. Si un copain m'avait demandé ce que je foutais
avec ce type hasbeen, sans charisme et tout ça, j'aurais répondu :
« c'est le seul à pouvoir gagner contre Nicolas Sarkozy en
2012. »
Il m'aurait alors sorti : « ben
oui, j'suis con, t'as raison. »
D'ailleurs, la suite m'a donné...
raison. Non pas qu'il était le seul à pouvoir le faire mais qu'il a
pu le faire et on a un peu tendance à l'oublier. Quatre ans après,
on a un peu tendance à s'en foutre mais dans quelques temps, il
faudra se poser la question : « qui peut battre la
droite en 2017 ? »
Reposez la question après moi.
Parmi les copains de la bande de 2017,
je ne vais en citer qu'un, Sarkofrance, parce qu'ils sont trop
nombreux. Ce matin, il fait
un
billet où il tire le bilan – politique – des vacances. Il
parle de l'évolution des blogs, du sien, de la politique,... Il
dit : « J’écris parce que j’espère aussi que
quelqu’un reprendra Sarkofrance au moment des élections de 2017.
J’en parlerai plus tard. Je ne sais pas comment aujourd’hui
pouvoir envisager de faire campagne. » Visiblement son fonds de
commerce est à vendre.
Juan, il faut se battre, il faut
bloguer, pour empêcher le retour de cette droite. Il faut faire
campagne, continuer, distribuer des baffes,
argumenter,...
On peut ne pas
être d'accord avec le ligne qui semble majoritaire au PS. N'oublions
pas de regarder ce que pourrait faire le camp d'en face si cette
ligne majoritaire n'est pas élue et ne pas oublier que les lignes
minoritaires ne sont pas élues.
D'ailleurs,
la gauche de la gauche, comme le PS, a un air de déconfiture.
La
raison doit l'emporter.