Je résume : les propos du premier ministre n’étant pas conformes aux textes fondateurs du Parti Socialiste, ça va chier. Tout cela serait bien évidemment à mourir de rire si cela ne montrait pas qu’il y a des militants du Parti Socialiste qui pensent que c’est le Parti Socialiste qui gouverne la France.
Ce problème est évidement à rapprocher de mon billet d’hier et à celui de mon copain Jeff du blog « Perdre la Raison » (voir ma bloguerolle) avec qui nous avons un léger désaccord qui se règlera devant la première bière venue, surtout si la serveuses a des gros nichons, auquel je dois une réponse (quand il parle des primaires, dans son billet, je suppose que c’est une allusion à certains de mes propos).
Alors reprenons en commençant par le rôle des partis politiques selon la Constitution : « Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. » En d’autres termes, les partis sont là parce qu’ils sont nécessaires à l’organisation de la démocratie. Mais, n’en déplaise aux militants, ce ne sont pas les partis politiques qui se présentent aux élections et ce ne sont pas les projets des partis politiques qui deviennent les lois mis en œuvre par les exécutifs.
Les électeurs votent pour des hommes et des femmes selon différents critères, comme la tendance politique, le degré de confiance, un programme et éventuellement un bilan. En 2017, si les électeurs de gauche veulent virer Hollande, ils pourront le faire.
Les candidats ne peuvent pas porter directement les projets des partis car ils sont rarement les candidats d’un seul parti. Par exemple, François Hollande était le candidat des partis associés au processus de la primaire et était celui qui aura à mettre en place une majorité encore plus large, notamment en englobant EELV au nom d’un accord par ailleurs conclus sans lui et formant le premier couac du retour de la gauche. C’est Martine Aubry, candidate malheureuse à cette primaire, qui a fait cet accord, au nom du parti socialiste et il constitua une très grosses entorse au rôle des partis prévu par la Constitution puisque la démocratie est portée par les candidats, pas par les partis.
A ce stade, je sens qu’une aspirine est nécessaire.
Mais Martine Aubry a fait une autre entorse, avant d’être candidate, quand elle était nouvelle premier secrétaire, quand elle a mis en place un programme pour le PS qui devait servir de socle à celui des candidats. Cela ne voulait rien. Elle a néanmoins eu le large de mérite de mettre le parti en ordre de marche pour conquérir le pouvoir et, à travers ce programme, d’unir les militants derrière un projet.
De cette difficulté à faire la différence entre les textes du PS et la loi française, le militant PS est par ailleurs un peu perdu quand survient un problème philosophique ou autre qui lui fait se gratter les couilles. Depuis quelques jours, avec cette histoire de déchéance, on a le retour du débat entre le droit du sol et le droit du sang qui n’est que strictement politique : il ne sert qu’à opposer la droite à et la gauche. Quand des Français ont un gamin, celui-ci devient Français, quel que soit son lieu de naissance. C’est un beau principe. C’est le droit du sang, pourtant. Un truc de droite. Un truc né en France qui ne peut avoir d’autre nationalité devient Français. C’est beau. C’est le droit du sol. Un truc de gauche. Tout cela m’amène deux réflexions. La première est que d’introduire le « droit du sol » dans ce débat sur la déchéance est un peu une fumisterie vu que l’on confond les principes philosophiques et les principes législatifs. Le droit du sol est que si un type né en France n’a pas de nationalité, notamment parce que ses parents ne sont pas français ou qu’il ne peut obtenir celle de ses parents, il devient français. Cela n’a rien à voir avec le fait de pouvoir lui sucrer sa nationalité ensuite… La deuxième est que, à force de s’arc-bouter sur « des principes », on oublie de les mettre dans leur contexte.
J’ai l’air con, comme ça, mais avant de pondre des jolis paragraphes sur le droit du sol, je lis le code civil.
Les partis politiques sont nécessaires, tout comme les militants, y compris, comme moi, en dehors des partis, pour l’organisation de la démocratie, pour la contribution à la réflexion globale, mais aussi à la promotion des programmes, des idées, des candidats… Je ne suis pas militant au sein d’un parti. La distribution de tract me gonfle ce qui me permet d’avoir un maximum de respect pour ceux qui passent des journées à aller au contact des électeurs et la contribution à la réflexion aussi, pour des raisons exprimées en partie dans ce billet mais aussi du fait de l’absence de recul de beaucoup de monde. Par exemple, je suis un partisan de François Hollande. Si j’entends quelqu’un dire quelque chose que pourrais dire François Hollande, je vais évidemment apprécier ses propos mais ce n’est pas parce que je suis partisan de François Hollande mais parce que François Hollande pensons à peu près la même chose. Prenons un fan de Martine Aubry ou d’Arnaud Montebourg (pour ne citer que les deux autres gros candidats à la primaire). La même réflexion que celle qui s’applique à moi pourrait s’appliquer à leurs fans. Mais quand je ne suis pas d’accord avec François Hollande, je ne le soutiens pas. Je ne dis rien. Je vais au bistro en disant « il fera beau demain ». Beaucoup de militants, au contraire, se mettent à défendre, d’autant plus fort qu’ils savent qu’ils ont tort, mais peu importe. Toujours est-il qu’ils deviennent convaincus par une idée parce que c’est leur idole qui l’a sortie et se mettent à la défendre d’autant plus fort. Par moi.
Ce n’est pas une critique ou une reproche et peut-être que je me trompe quand je parle de moi ! Mais ce n’est pas l’objet du billet, qui est la bêtise du militant du Parti Socialiste, qui pense qu’un principe moral doit être inséré tel quel dans la loi, qui pense que les partis politiques font la politique du gouvernement et s’imaginent que c’est le congrès du Parti Socialiste qui doit faire la politique de la France.
N.B. : Bon, je critique les militants du PS.Mais, les autres, ne rigolez pas trop longtemps... Vous devriez plutôt vous remettre en cause.
Cette fois, les militants PS viennent d'assigner le premier ministre de la France à une instance interne de leur parti, instance par ailleurs présidée par in proche du Président.
J'espère que la serveuse sera blonde aux yeux bleus
RépondreSupprimerAh les gros nichons sont plus importants.
Supprimerc'est juste ;-)
SupprimerLe droit du sol, c'est le droit de devenir automatiquement Français à 18 ans, à condition d'en faire la demande, qui ne peut être refusée, si on est né en territoire français : métropole, DOM-TOM, ambassade de France à l'étranger, avion d' Air France lorsque c'était une compagnie à 100 % nationale (je ne sais pas si c'est encore vrai aujourd'hui)...et même en Corse !
RépondreSupprimerJe crois que le droit su sol a été institué par les rois de France qui voulaient pouvoir lever des conscrits pour leur armée dans les territoires nouvellement conquis : le type qui ne parlait pas français, qui ne savait même pas que son village était passé sous domination française, se retrouvait dans l'armée...
C'est surtout une notion que les gauchistes utilisent sans savoir de quoi il s'agit, les cons.
SupprimerCe qui est bizarre, c'est que (comme vous le faites remarquer dans votre article) beaucoup de gauchistes s'imaginent que la France n'applique pas aussi la loi du sang ( par filiation) , qui leur paraît être un truc nazi...Ils doivent croire que les enfants des ambassadeurs de France doivent demander leur naturalisation...
SupprimerIls sont tous tarés.
SupprimerMais c'est aussi une des raisons pour laquelle je ne suis pas d'accord avec votre billet du jour : Hollande a raison de torpiller (surtout que c'est sa seule chance). Les électeurs n'ont pas la même connerie que les militants. A 94%, ce n'est plus un sondage mais un plébiscite.
La nationalité n'apparaît dans la loi française qu'en 1889, et elle recouvrait un caractère culturel et ethnique. Pour l'ancien régime, il n'y avait que deux statuts, celui de régnicole, c'est à dire né de parents français et né en France. A côté, existait le statut d'aubain, littéralement relevant d'un autre ban, c'est à dire d'un autre droit que celui de la couronne. En fait, le droit du sol n'a jamais existé sous l'ancien régime, en revanche, suite à demande formulée les aubains pouvaient devenir français grâce à une lettre de naturalité. Celle-ci était généralement accordée en fonction des mérites du demandeur, qu'ils soient d'ordre économiques, civiques, voire militaires. Jusqu'à présent, l'étude partielle des archives a relevé l'existence de 6000 de ces lettres entre 1660 et 1789.
SupprimerSinon, sous l'Ancien Régime la conscription n'existait pas, on devenait soldat en signant un engagement de 3 ou 6 ans, qui passera ensuite à 4 ou 8 ans. A côté, il existait des régiments étrangers. L’effectif de l’Armée du Roi de France est composée pour un quart d’étrangers, tels les gardes Suisses, les régiments Allemands ou Irlandais, les régiments de cavaliers légers Hongrois, etc. Tous les étrangers peuvent accéder aux plus hauts grades, comme le Maréchal Maurice de Saxe.
Encore un billet où il y a des nichons et des couilles mais pas seulement ou pas queue comme on dit maintenant ...parfait
RépondreSupprimerVoilà.
SupprimerOui, dense mais parfait.
RépondreSupprimerVoilà.
Supprimerau fait j'avais oublié l'essentiel :
RépondreSupprimerSi vous êtes président, y aura-t-il des primaires pour 2017 ?
"Oui. C'est un principe désormais inscrit dans le temps et l'espace politique. Nicolas Sarkozy devrait se l'appliquer, mais il ne serait pas sûr d'être désigné. Je comprends sa prudence…"
François Hollande le 15/10/2011
http://www.perdre-la-raison.com/2014/11/francois-hollande-primaires-2017.html
J'avoue ne pas comprendre cet engouement pour les primaires. C'est un truc complètement étranger à la culture politique de la France républicaine, qui a été, c'est un comble, piqué à ces abrutis d'américains. Chez eux, c'est naturel en ce qu'il n'y a que deux formations qui s'affrontent, il convient donc de désigner celui qui apparaît comme le plus fédérateur dans la masse de ceux qui prétendent incarner le parti. Mais chez nous, c'est juste une perversion en ce que le candidat sortant de la primaire est censé incarner non seulement son parti mais également les partis qui ont fait le choix de se fédérer. Si on reste dans l'optique purement démocratique, c'est un abaissement de la démocratie.
RépondreSupprimerRaisonnement pas faux mais tordu. Le problème est que les dirigeants politiques sont des cons. Voir les résultats de la présidentielle en 2002.
SupprimerEn outre, le fait qu'il n'y ait que deux partis là bas est il bien démocratique ?
Si c'est ce qui leur convient, oui. Ceci dit, il y a des tas de petits partis, mais leur taille ne leur permet pas de pouvoir présenter des candidats, comme l'American Nazi Party par exemple.
SupprimerAh merde.
SupprimerMais c'est déjà plus ou moins le cas bien qu'on essaie de nous faire croire le contraire. Les gamins de français sont français. Et les gamins nés en France on des conditions relativement rigoureuses pour devenir français. Même si un réac pourra trouver cela con, il me semble normal qu'un type né en Feance et y ayant passer 18 ans ait le droit de demander à être français.
RépondreSupprimer