Qualifier de libéral le Président, c’est refuser de voir toutes les mesures qu’il a prises afin de réduire la pauvreté, soutenir la demande et atténuer les inégalités.
Le procès en trahison libérale qui est fait à François Hollande a quelque chose de comique. Sous sa présidence, la dépense publique a atteint 57 % du PIB, record des pays de l’OCDE, les prélèvements obligatoires tangentent les 45 %, seconde place du podium, après le Danemark. Jusqu’à quel niveau faudra-t-il porter ces scores pour mériter le doux nom de social-démocrate ? 60 %, 70 %, 80 % ?
Dans notre France «social-libérale», plus de la moitié de la richesse produite est prélevée et redistribuée. Les prestations sociales en espèces versées par les administrations (retraites, allocations diverses…), représentent 25,3 % du revenu disponible des ménages, les transferts sociaux en nature (école, santé…), en représentent 21,3 %. Près de la moitié du revenu des ménages (46,6 %) est donc socialisée et provient de la dépense publique. A quoi s’ajoute, rappelle «l’économiste atterré» Christian Ramaux, auquel j’emprunte ces données, la «production non individualisable des administrations» (police, justice, armée…), laquelle est, elle aussi, à l’usage des citoyens. «C’est plus de 50 % du revenu disponible brut ajusté (RDBA) des ménages qui provient, en réalité, de la redistribution sociale», conclut-il (1). Ces transferts sociaux permettent de réduire la pauvreté, soutenir la demande, atténuer les inégalités. Les revenus primaires des 20 % des Français les plus riches sont 8 fois supérieurs à ceux des 20 % des Français les plus pauvres. Après impôts et redistribution sociale cette différence est réduite de 1 à 3. Beauté de l’hollando-libéralisme !
Les affreux sociaux-libéraux que nous sommes ont ralenti, mais n’ont pas supprimé le taux de croissance de la dépense publique, lequel est passé de 5,1 % en 2011, à 3,5 % en 2015. Ils ont stabilisé, mais non réduit, le niveau de la dette publique qui s’élève à 97 % de notre PIB (2 200 milliards d’euros). Leurs gouvernements n’ont pas pratiqué une politique d’austérité comparable à celle de leurs voisins. Ils n’ont pas supprimé 500 000 postes de fonctionnaires, comme l’a fait David Cameron en Grande-Bretagne, les effectifs de la fonction publique, en France, ont continué au contraire à augmenter. Ils n’ont pas réduit de 5 % à 15 % les salaires et les pensions de retraite, comme l’ont fait leurs homologues de droite, en Espagne, au Portugal, en Italie. Ils n’ont pas institué 7 millions de mini-jobs à 400 euros par mois, comme l’a fait Angela Merkel en Allemagne, portant le nombre des travailleurs pauvres à 16 % de la population active. Ils n’ont pas réduit la durée de l’indemnisation du chômage de 36 à 12 mois, comme l’a fait Gerhard Schröder. Au contraire, sous leur joug dé- régulateur, cette indemnisation demeure fixée à 24 mois, sans dégressivité. Sous la férule des sociaux-sadiques qui nous gouvernent, la France conserve le droit du travail le plus protecteur des pays de l’OCDE, si protecteur, au demeurant, que 90 % des embauches se font en contrats à durée déterminée et que la dualité de notre marché du travail constitue un de nos principaux casse-tête.
Libérale aussi, sans doute, notre fiscalité, avec sa tranche supérieure à 45 %, son impôt sur la fortune (ISF) rétabli en 2012 dans toute son ampleur, la suppression de la première tranche du barème qui réduit les impôts de 9 millions de foyers modestes et moyens.
Libérale encore le compte personnel de formation (2,6 millions de comptes en activité), les droits rechargeables à l’assurance chômage (1 million de chômeurs bénéficiaires) ; le compte pénibilité ; la complémentaire santé pour tous ; la généralisation du tiers payant ; la prime d’activité ; les 35 heures ; la retraite à 60 ans pour les carrières longues (500 000 bénéficiaires), la refondation de l’école.
Ce qui assombrit le tableau jusqu’à rendre le président de la République inaudible, c’est son échec - provisoire ? - sur le front de l’emploi. Les gouvernements Ayrault et Valls se sont attaqués à toutes les causes, déjà anciennes, de notre chômage de masse : médiocre spécialisation en milieu de gamme de beaucoup de nos entreprises, marge d’exploitation historiquement basse, piètre qualité de notre système de formation professionnelle pour adulte, mauvais fonctionnement du marché du travail… mais les résultats tardent à venir. La reprise en France et en Europe va hâter le mouvement. Le projet de la déchéance de la nationalité pour les jihadistes a été aussi payé au prix fort. Nicolas Sarkozy en avait fait la condition de l’union nationale. François Hollande y a consenti ne mesurant pas sa charge déflagratoire au sein de la gauche militante. Faute lourde de conséquence.
Les socialistes français sont des sociaux-démocrates qui cherchent à réindustrialiser la France, pour financer son modèle social - qu’ils ont encore amélioré - promouvoir une économie de l’excellence, assurer une société du bien-vivre.
Leur source d’inspiration est la social-démocratie nordique, non le modèle anglo-saxon. Les qualifier de libéraux - au sens économique du terme, car, au sens politique et culturel, ils le sont assurément ! - c’est détruire le sens des mots pour les besoins de la polémique et «ajouter au malheur du monde».
(1) Les Economistes atterrés, Changer d’économie ! p. 130, Babel, Paris 2013.
Henri Weber
Oui, évidemment, ça crève les yeux. Mais l'extrême gauche est aveugle...
RépondreSupprimer"Sous sa présidence, la dépense publique a atteint 57 % du PIB"
RépondreSupprimerC'est faux, c'est ainsi depuis bien avant Hollande.
Pour la réindustrialisation, ce gouvernement est incapable d'appliquer l'une des lois allemandes concernant la rémunération des inventeurs salariés qui dope l'innovation et le haut de gamme allemand. Le MEDEF est l'un des principaux problèmes de la France, un ramassis de connards devant qui Hollande baisse son slip, CICE, CIR...
Le droit allemand du travail est plus protecteur que celui francais. Informe toi au lieu de faire de la propagande, bordel !
« Malgré une littérature aussi abondante que fervente sur la « distribution des revenus », le fait est que la plupart des revenus ne sont pas distribués, mais gagnés. »
RépondreSupprimerThomas Sowell
La plus grosse partie des impôts et des cotisations pèse sur la classe moyenne.
RépondreSupprimerC'est donc sur elle que repose la bonne marche de l'économie Française permettant ainsi de maintenir un semblant de pouvoir d'achat dans toutes les catégories sociales.
Combien de temps encore pourra t-elle supporter ce régime avant d'être engloutie.
Heureusement que quelques grands patrons se refusent à achever leur pays en maintenant l'emploi en France. Et merci aux PME qui sont les grandes oubliées.
Pendant ce temps, rappelez moi le pourcentage des impôts perdus dans les paradis fiscaux ?
Helene dici