Hamster tourné vers la droite |
Michel Rocard est mort. Les hommages se
multiplient ce qui est la moindre des choses mais quand ils viennent de
types qui se présentent comme de la vraie gauche tout en revendiquant
presque une filiation, c'est lassant. J'en connais qui l'ont soutenu
en 1993 pour foutre Fabius dehors et qui ont soutenu Emmanuelli
l'année suivante pour jeter Rocard. Pour ma part, je n'ai jamais été
Rocardien, je ne l'ai jamais vraiment aimé, sauf peut-être quand il
était premier ministre mais, parmi tous les imbéciles qui sévissent
dans les réseaux sociaux, je suis peut-être un des plus proches de
sa ligne politique, que cela soit pour son rapport avec le
libéralisme, la réduction du temps de travail ou la nécessité
d'avoir un projet politique réaliste, qu'on ne peut faire gagner
qu'avec une « ouverture » vers le centre pour optenir une
majorité. Et tout ça.
Alors je dis « prout » aux
autres, avec beaucoup d'affection, néanmoins.
Je n'ai jamais été Rocardien. J'ai
été communiste mais je ne sais même pas si j'ai été socialiste.
J'ai toujours eu horreur de ces querelles de clocher, du genre plus à
gauche que moi tu meurs. Comme beaucoup, je me suis intéressé à la
politique à l'adolescence. J'ai donc appris très jeune à détester
la droite et, une dizaine de jours après mes 15 ans, François
Mitterrand se faisait élire, éjectant la vieille droite rancie et
ramenant l'espoir aux commandes. Du coup, j'ai toujours vénéré
Tonton et peu apprécié ses ennemis, ce qui ne m'a pas empêché de
voter pour Juquin, en 1988, qui se battait pour les communistes
réformateurs. C'est toujours rigolo quand on a mon âge (ou
d'autres, je suppose, vu que ça fait 10 ans que je raconte les mêmes
conneries dans mon blog) de se rappeler de ces années. Il n'empêche
que c'est con d'être né un 23 avril. Par exemple, le jour de mes 51
ans, le candidat de gauche risque d'être éjecté dès le premier
tour...
Dès 1990, Rocard a commencé à moins
m'intéresser. J'avais abandonné l'aile gauche de la gauche et ma
préférence est allée à Jospin, ne changeant plus trop de bord
depuis. Après la défaite de ce dernier, en 2002, je me suis rendu
compte que j'avais eu tout faux sur un beaucoup de points. J'ai erré
au sein de la gauche, cherchant quelqu'un à suivre, parce que dans
ce régime politique, il faut un leader. Me rapprochant de blogueurs
socialistes vers 2006 et 2007, j'ai commencé à m'intéresser au PS,
tombant ainsi directement dans le bordel du congrès de Reims, en
2008. J'ai pris acte de la victoire de Martine Aubry, ne pouvant pas
blairer Ségolène Royal et considérant Titine comme un de ces
leaders qu'on aurait pu attendre. Elle a dit tellement de connerie
qu'à la primaire de 2011, il n'y avait plus d'autres solutions :
le seul capable de gagner la présidentielle était François
Hollande.
Entre temps, Michel Rocard avait
accepté des missions pour Nicolas Sarkozy, au nom d'une ouverture
qui n'en avait que le nom. Je ne comprenais plus l'hamster érudit,
lui-même ayant montré ce que je croyais la voie avec une ouverture
au centre acceptait de travailler pour quelqu'un apparenté à la
droite dure.
Ce n'est que depuis un an ou deux qu'il
était remonté dans mon estime, endossant un costume de vieux sage
et donnant des baffes à tout le monde.
Aujourd'hui, il en distribuerait à
tous ceux qui ont passé leur vie, sauf peut-être vers 1978 ou 1979
et 1993, à le combattre, tout comme ils ont combattu Jospin et ils
combattent Hollande
Moi, au moins, j'ai plus de vingt cinq
ans dans cette ligne politique de social démocratie assumée, sans
trainer à la recherche de la gauche de la gauche pour rechercher une
virginité politique d'un autre siècle...
Michel Rocard a participé à la
modernisation de la gauche et ceux qui le pleurent aujourd'hui ne
l'ont pas compris. C'est bien triste.
Mon amitié, ce midi, à tous mes copains se reconnaissent en lui, s'en revendiquent et sont tristes, réellement, pas comme des crocodiles, dandys d'une gauche à oublier.
Moi non plus, je n'ai jamais été rocardien. Mais, pour tout un tas de raisons, j'avais une certaine estime pour le bonhomme. D'abord parce que j'habitais à Conflans et que son mandat coïncide avec mon éveil à la politique. Ensuite parce qu'il est lié au souvenir de mon grand-père. Mon grand-père faisait partie du RPR local mais, en sa qualité de président du conseil presbytéral du petit temple protestant de l'avenue Carnot, il avait noué des relations, certes superficielles, avec Rocard: quand ils se voyaient, le ton était toujours à la plaisanterie. C'est sans doute de cela dont je me souviendrai: Rocard avait un vrai sens de l'humour; il buvait volontiers des bières avec mon grand-père et avait aussi l'habitude de lui taxer des Gauloises.
RépondreSupprimerS'il buvait de la bière...
Supprimer"Il n'empêche que c'est con d'être né un 23 avril. Par exemple, le jour de mes 51 ans, le candidat de gauche risque d'être éjecté dès le premier tour..."
RépondreSupprimerVoyez le bon côté, quoi qu'il arrive, vous aurez quelque chose à fêter !
A la vôtre ;o)
Certes. Santé.
SupprimerJoli billet, qui m'apprend des choses sur toi (je te pensais davantage rocardien)
RépondreSupprimerMais après, au delà des chapelles et des obédiences, au delà de son positionnement politique (voire militant), on peut juste reconnaitre les hommes tels qu'ils étaient. Avec leurs qualités et leurs défauts.
J'aurais combattu politique Rocard si j'en avais eu l'age. Mais l'homme est respectable.
Et il y avait, je crois, une colonne vertébrale, que je ne vois plus aujourd'hui. Mais je crois qu'elle n'intéresse plus personne cette colonne vertebrale...
Je n'ai pas voulu insister sur les raisons pour lesquelles ne n'étais pas rocardien mais elles n'ont rien contre l'homme.
SupprimerRocard le RMI, la CSG qui était censée être temporaire, puis Jospin, les 35h.
RépondreSupprimerCe sont les victoires de la gauche, malheureusement, elles sont amères car l'économie s'enlise.
Un réformateur de gauche réaliste n'aura pas d'autre choix que de revenir sur ces victoires du passé, l'autre choix, c'est d'aller plus loin dans la surenchère sociale (la vraie gauche), ou faire du bricolage à la marge (Hollande).
Rocard était un type intelligent, qu'est ce qu'il aurait fait s'il était au pouvoir maintenant ?
Tu racontes n'importe quoi.
SupprimerPossible. Quelles réformes de gauche faudrait il faire à ton avis ?
SupprimerBaisser le temps de travail par exemple. Mais tu es con quand même. Tu sors. 10 ans de blog, des cons qui croient tout savoir, j'en ai vus. Tu ne m'intéresses pas.
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