Hier, en fin d'après-midi, François
Hollande a annoncé la grâce totale de Jacqueline Sauvage.
Immédiatement, la plupart du personnel politique, de l'extrême
gauche à l'extrême droite l'a félicité. Les militants de gauche
ont fait pareil dans les réseaux sociaux (je ne suis pas abonné à
assez de militants de droite pour me faire une idée). Les
résocioteurs propres des juristes, au contraire, se sont offusqués
et je les comprends.
Pour ma part, en tant que militant de
gauche (et citoyen et tout ça), j'essaie de mettre la justice au
dessus de tout : le président de la République n'a pas à
s'occuper des histoires juridiques et un partisan de la république
irréprochable doit veiller à la séparation des pouvoirs.
Evidemment, l'histoire n'est pas si grave que cela. Pépère n'a pas
effacé le crime de la dame, il n'a pas prononcé une amnistie, il
n'en a pas les pouvoirs et heureusement. Il a prononcé une grâce ce
qui dispense la dame d'exécuter sa peine.
Il n'empêche qu'il faut rappeler
l'histoire. Jacqueline Sauvage a été condamné deux fois par deux
juridictions différentes pour le meurtre de son mari. La défense a
construit une histoire autour de la femme battue, histoire qui n'a
rien à voir avec la vérité, du moins avec la véritée telle que
retracée par les jurés. Madame Sauvage n'a pas tué son mari parce
qu'il la violentait ou le faisait avec ses filles.
« À deux
reprises par la suite, la juridiction de l’application des peines a
rejeté, sur la base des dossiers qui lui étaient soumis, une
demande de libération conditionnelle anticipée. Les lobbies
féministes ont à nouveau, embouché les trompes pour insulter les
magistrats qui avaient fait leur boulot.
Nouvelle campagne
au moment des fêtes, on nous a prévenus à grands cris que
Jacqueline Sauvage n’aurait pas d’autorisation de sortie pour les
passer en famille. En omettant de dire que c’était pour une bonne
raison : elle n’en avait pas fait la demande ! »
La décision de François Hollande, si
elle est explicable pour sa cote de popularité, est inexcusable.
J'ai lu plein d'argumentaires, comme celui de ma
copine Elodie. Je vous invite à le lire parce que, au fond, elle
ne semble pas savoir pourquoi elle remercie le Président. Et on ne
sait pas si elle a subit ces machins pendant 47 ans. Il n'y a aucune
preuve.
Il y a trois ans, on a beaucoup parlé
du bijoutier de Nice qui a tué d'une balle dans le dos son
cambrioleur qui s'enfuyait. Il passe maintenant aux
assises. A l'époque, dans les blogs, on s'était engueulé entre
blogueurs de droite et blogueurs de gauche. Ceux de droite criaient à
la légitime défense et nous hurlions à l'assassinat même si,
certains d'entre nous, comprenions l'exaspération de ce type. Comme
tout le monde peut comprendre l'exaspération de cette dame. Nous
n'avons pas plus de raison de croire l'une ou l'autre. On leur fait
confiance. Ils sont criminels mais victimes. Alors, on ne peut
qu'espérer la clémence de la justice, peut-être parce que, au
fond, ça pourrait nous arriver. Je pourrai tuer de sang froid un
type qui fait du mal à ma famille ou à moi, par exemple en
finissant systématiquement mon verre de bière au comptoir pendant
que je vais pisser.
J'entends déjà certains crier de me
voir oser comparer la petite dame battue par son mari et le bijoutier
plein aux as, surtout à gauche, parce que à gauche il faut être
féministe et lutter contre les riches. Je m'en fous. Je me bats pour
la justice.
Il y a un autre argument employés par
nos sauvagistes. Madame Sauvage n'a pas eu le courage de se plaindre
à quelqu'un d'autre (la pauvre dame incapable de trouver du courage
pour aller voir la police mais en ayant pour pratiquer la chasse
assiduement et terrasser des bestioles – et son mari – trainant
dans le passage). La faute à qui ? Si on manque de structures,
de moyens,... il faut agir. Vous ne croyez pas que cette grâce est
une insulte à toutes les femmes qui ont osé faire quelque chose
pour se sauver, pour sauver leurs proches ?
Mais n'en parlons plus. Cette femme est
libre. Je dis souvent : « je ne veux
pas rouvrir le débat » mais c'est la première fois que
j'évoque ce sujet depuis longtemps... et je donne tous les éléments
pour lancer des discussions.
Dans les réseaux sociaux, nous sommes
relativement peu à critiquer François Hollande (pour ce truc). A part les "juristes", je
vais « nous » classer en trois catégories, même si, au
fond, il n'y en a qu'une seule : mes potes.
Il y a tout d'abord les réactionnaires.
Voir par exemple le billet de mon ami l'abominable Woland qui en a
fait un
billet de blog. Vous pourrez aussi regarder les publications de
Koltchack dans Facebook. Je ne vais pas résumer leurs propos. Ils ne
sont pas d'extrême droite comme vous pourriez le penser en lisant ce
gros mot qu'est « réactionnaire ». Ils sont, au
contraire, anti populiste. Sans être leur porte parole, disons
qu'ils critiquent le traitement de l'actualité, d'une affaire
judiciaire que des avocats ont réussi à mettre en avant, la faisant
reprendre par des journalistes pour faire pleurer le peuple, d'une
manière bien plus rusée que ceux du bijoutier de Nice.
Il y a ensuite de vieilles
connaissances de Twitter, des gens que je croise depuis des années,
qui ont sûbi ma défense de François Hollande et du gouvernement et
avec qui une confiance réciproque s'est développée. Sans doute
aiment-il la manière avec laquelle j'ai foutu les pieds dans le plat
pour ce bazar parce que, elles-mêmes, s'interrogeaient.
Et il y a surtout des copains, soutiens
de François Hollande de la première heure qui ne comprennent rien à
cette décision qui va à l'encontre de tout ce en quoi ils ont cru.
François, tu as fait une grosse
connerie. Tu avais un dernier quarteron de soutiens historiques. Tu
viens de les perdre. Remets-toi. Ta décision est inexcusable.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer(Tu peux supprimer le commentaire précédent, celui avec le compte "Les amis..." ? Merci !)
RépondreSupprimerMais je tiens à écrire quand même que je suis absolument d'accord avec toi et que ça me fait plaisir de le lire ! Merci ! Bises
Ouf !
SupprimerJe n'ai pas d'avis sur le fond du fait divers. En fait, si je me laissais aller, je dirais volontiers que, à mes yeux, un homme a parfaitement le droit de tabasser sa femme si elle l'emmerde trop ; et que, en retour, une femme a parfaitement le droit de buter son mari si elle en a marre de prendre des jetons.
RépondreSupprimerLà où je ne suis plus trop d'accord avec vous (et nous voilà argumentant "à front renversé"), c'est lorsque vous accablez le président de la République : en faisant usage de son droit de grâce, dont il est le seul détenteur d'après la Constitution, il est pleinement dans son rôle.
Il n'a qu'à tout gracier, alors.
SupprimerJe remercie le Président car je pense que 10 ans, 5 ans, ou 47 ans de violences pour une femme qui a déjà purgé une partie de sa peine, méritait de sortir. C'est mon avis et je ne prétends pas avoir raison bien au contraire.
RépondreSupprimerTu noteras aussi que je ne suis pas hyper fan de la grâce présidentielle dans son absolu et que je n'ai pas d'avis tranché...
Ah Ben si tu ne prétends pas avoir raison, je suis d'accord avec toi.
SupprimerUn de tes commentaires est perdu dans les tuyaux : Tu noteras aussi que je ne suis pas hyper fan de la grâce présidentielle dans son absolu et que je n'ai pas d'avis tranché...
SupprimerLes guillotinés pas gracies non plus.
SupprimerCette grâce, prononcée sous la pression bien grasse de quelques excités des vrais faux combats, par un type, Président de is république sortant et sous la pression d'aucun enjeu, me dégoûte profondément.
RépondreSupprimerSi le Président avait également le droit d'aggraver une peine jusqu'à l'échafaud, à l'opposé, je n'ose imaginer le sort de quelques êtres bien dégueu, voire même celui de Madame Sauvage, personne très très trouble, comme le rappelle Nico, si un autre petit lobby gueulant encore plus fort, avait réclamé sa tête.
J'ai dit ça moi ?
SupprimerPouce levé ou pouce baissé, César graciait ou exécutait
RépondreSupprimerCe fait du prince m'énerve
Pareil.
SupprimerFrançois Hollande ne pouvait faire mieux que ce qu'il a fait.
RépondreSupprimerHélène dici
Pire non plus.
SupprimerJe partage ton avis.
RépondreSupprimerJe suis très mal à l'aise devant cette décision. Et encore plus mal à l'aise devant la manière que certains ont de dénigrer les arguments de ceux qui sont génés par cette grâce, en utilisant un pathos assez malhonnête pour décrédibiliser en faisant pleurer dans les chaumières.
On ouvre des brêches, beaucoup. Le buraliste du Tarn qui a pris 10 ans pour avoir tué un mec qui venait le dévaliser, ou le bijoutier de Nice que tu rappelles, avaient aussi une famille, des gens qui les aiment, et ont du mal à passer Noel en prison. On fait quoi pour eux ? On fait quoi pour les autres ?
Mal à l'aise, vraiment...
Bah.
SupprimerPerso ça me va parce que cette dame reste condamnée quoi qu'il arrive, autrement dit justice a été faite de toute façon. La seule chose que ça change c'est dans l'exécution de la peine, et je trouve qu'elle a bien assez payé, n'oublions pas qu'un de ses fils s'est suicidé car il ne supportait plus le contexte familial, donc il y a comme qui dirait un faisceau de preuve concernant la violence de la victime (c.a.d. le père, ne l'oublions pas).
RépondreSupprimerDonc pour moi c'est plus une décision humanitaire qu'un camouflet envers la justice (envers le JAP à la rigueur). C'est bien la seule raison à mes yeux qui justifie une grâce présidentielle, on est loin de l'amnistie accordée par Chirac à Guy Drut qui pour le coup mérite bien le qualificatif de "fait du prince" car elle s'oppose frontalement à l'institution judiciaire.
Tu es trop bon.
SupprimerQu'est-ce qu'on regrette Giscard et l'affaire Ranucci....
RépondreSupprimerL'affaire fut vite tranchée.