En salle

21 décembre 2016

Tu n'es pas de gauche !

Voila ce qu'on entend souvent quand on est de centre gauche, ce qui m'amuse toujours dans un pays où les voix de gauche ne dépassent que rarement 45% à un premier tour. La gauche a 10000 chapelles qui considèrent toutes les autres comme étant à droite. 

On l'entend de plus en plus en cette période où le PS est proche du coma et où Emmanuel Macron a le vent en poupe. C'est un peu l'argument final, quand on n'a plus rien à dire. Qu'on a soi-même perdu quelques repères, quand on se prétend de gauche alors qu'on soutient un candidat protectionniste. A la limite, ce clivage géographique est à géométrie variable. 

Un de mes commentateurs avait un très bon argument, hier. Je soutiens la même position que lui mais l'exprimais autrement et maladroitement. J'ai honte. Il parlait du Macron en question. Ce gars disait qu'il ne voulait plus considérer l'assurance chômage comme une assurance mais comme un geste de solidarité. Comment considérer un tel type comme de droite ? (Pour ma part je le disais sous la forme : ce n'est pas au travail de payer pour le chômage et la maladie mais à la solidarité national donc à l'impôt). 

"Tu es de droite" devient donc l'ultime argument. Il vise à culpabiliser l'adversaire mais c'est très con. On ne peut pas avoir honte de ses opinions. L'argument ne fonctionne pas. Il me rappelle le fameux : "tu es raciste" qui m'a valu tant de haines diverses mais insignifiantes. Ne me le sentant pas plus que de droite, cela me laisse rêveur. 

Chacun devrait poser froidement ses idées politiques. Par exemple, je suis pour le partage du temps de travail donc sa limitation légale (en heures par an, en années dans une vie) et pour la solidarité nationale s'appuyant sur la progressivité de l'impôt sur les revenus (du travail, du capital ou des successions). Je suis de gauche. Je me fous du reste. 

Souvent, on a des débats surréalistes comme cet été avec le burkini. M'étant exprimé contre le burkini, j'ai immédiatement été catégorisé comme raciste et de droite. Pour ma part, je me trouvais plutôt progressiste. Donc de gauche. Quand Nicolas Sarkozy faisait ses réformes des retraites, j'étais contre (au nom du partage du temps de travail). Ceux qui luttaient contre cette réforme qualifiaient Sarko de réactionnaires. Il y a mieux pour lutter contre des réformes. Pour autant, c'était mieux avant, quand on avait la retraite à 60 ans. 

Par contre (je sais pas contre quoi, d'ailleurs), je ne suis pas égalitariste et je le revendique. Une femme noire de 70 ans ne sera jamais l'égale d'un homme blanc de 30. Ce dernier a droit au travail et la première à la retraite. La femme aura pu porter des enfants et l'homme peux pisser debout. Ceci prouve que l'homme est supérieur à la femme (je pisse plus souvent que je fais des gosses, ce qui est aussi bien vu la quantité de bière que je bois). D'un autre côté, une femme peut faire des gosses debout. Pas moi. Je peux donc utiliser des arguments de bon sens sans vergogne. Cela fait de moi un réactionnaire social démocrate limite sarkozyste. 

Cela étant, il faut regarder tout ceci de manière electoraliste. Les électeurs vont envoyer chier tous ses moralistes de gauche qui ne font que proposer des mesures à la con, les mêmes depuis 40 ans. 

J'en reviens à mon commentateur et ses propos sur Macron, les indemnités chômages ne sont pas de l'assurance mais de la solidarité (ce qui nous rapproche de candidats qui défendent le revenu universel). Il ne propose pas une réforme vague comme la plupart des candidats (genre : on va produire des smartphones en France) mais un vrai changement de société. 

Les militants qui campent sur leurs positions, voire sur leur soutien à un parti, à un personnage, devraient y réfléchir. 

Pour ma part, je ne soutiens pas Macron mais je me bats pour le progrès. Je suis de gauche. Le service civil obligatoire est, par exemple, peut-être une solution. En aucun cas un progrès. Je ne sais même pas ce que dit Macron à ce sujet, pour vous dire si je m'en fous. 

Je n'aurai jamais honte de mes opinions mais certains devraient avoir honte de pousser le pays dans des bras opposés au progrès. 

Et le progrès n'est pas de permettre aux femmes de porter le voile mais de ne pas le porter. 

A chacun de définir ce qu'est le progrès, néanmoins. 

11 commentaires:

  1. C'est pas un drame. Moi non plus je ne suis pas de droite pour les vrais.

    Et alors ? Ces gens là ne représentent rien, et ne seront jamais en mesure d'être en responsabilité. Ceux sont des lâches, toujours en opposition, car c'est facile de ne pas avoir la responsabilité de familles et de vrais gens humains dans les mains.

    Il est bon ton billet là encore. Le titre est porteur mais il est moins, car l'important n'est pas d'être de gauche, de droite ou de progrès. Il est d'être soi même. Et d'être responsable.

    Ces gens qui jugent et qui n'auront jamais à n'exercer aucune fonction (je pense à Filoche par exemple, Melenchon ou Le Pen sont aussi de ceux là) n'ont finalement que peu de valeurs. Et les fanas qui le soutiennent non plus.
    Mais c'est vrai qu'ils font du bruit...

    RépondreSupprimer
  2. Tu devrais lire " réinventer le progrès" échanges entre Laurent BERGER et Pascal CANFIN.

    P.CASTOR

    RépondreSupprimer
  3. Billet plein de bon sens, j'approuve.

    RépondreSupprimer
  4. Le progrès cela serais que les citoyens participent et prennent leurs responsabilités en étant acteurs, se respectent les uns les autres, acceptent la différence pour la différence, en respectant cette même différence car c'est dans notre diversité historique, humaine, culturelle que l'on trouve notre richesse et nos valeurs. Le progrès celas serais qu'une femme ou une personne de couleurs puissent accéder aux hautes sphères politiques et même entrepreneuriales s'en qu'on crie au scandale, preuve d'une grande maturité dans les mentalités. Le progrès, cela serais de ne plus avoir de sexisme, d'homophobie, de racisme en tout genre. Le progrès cela serais de bannir les étiquettes des partis qui cloisonnent les idées innovantes et visionnaires.Le progrès cela serais d'arrêter d'exercer la politique de l'autruche et de prendre les citoyens pour des cons. Le progrès cela serais de protéger nos enfants d'un avenir lourd d'incertitudes. Le progrès, cela serais de faire de la protection de la nature et de l'environnement plus qu'un cheval de bataille, une évidence pour demain.Le chemin de la sagesse est long, si long! Le progrès, on en a tellement besoin, avancer dans le bons sens et garder le cap!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On ne peut pas forcer "ce" progrès... Si les électeurs veulent voter pour escrocs, tant pis ! Il faut donc bien un candidat qui incarnent le progrès tout en suscitant l'adhésion.

      Supprimer
  5. Tu n'es pas de gauche !
    Expression favorite de tout ceux qui a gauche continuent a voir le monde d'aujourd'hui par le petit bout de la lorgnette et inutile de leur conseiller des lunettes grand angle car, même sur le nez ils continueront a nier l'évidence d'un monde en mouvement certes perfectible mais avec ... les " outils " d'aujourd'hui .
    vincent

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...