En salle

30 mars 2017

Voter pour les sondages, des programmes ou des idées ?

Raisons de voter
J’entends (ou lis…) souvent la même réaction de la part des copains socialistes quand « on » exprime des réserves sur leur poulain, Benoît Hamon : « moi, je ne vote pas en fonction des sondages ». Comme s’ils étaient persuadés qu’on n’avait pas d’idée politique, que l’on votait pour celui qui semble le plus près de la victoire pour virer la droite.

En l’occurrence, ils n’ont pas tout à fait tort : si je vote, ce qui n’est pas gagné (bien au contraire), mon choix se portera sur Emmanuel Macron pour garantir sa présence au second tour ou sur Jean-Luc Mélenchon si les sondages me laissent penser qu’il pourrait être devant François Fillon. Je suis joueur.

On lit beaucoup de bêtises au sujet des sondages, la première étant qu’ils se trompent toujours. Je pourrais les défendre. J’ai fait des études de statistiques, je sais mieux que beaucoup ce qu’est la représentativité d’un échantillon et une marge d’erreur. Mais j’ai la flemme. Ceux qui disent qu’ils se trompent sont généralement ceux qui se forgent une idée de l’état de l’opinion en écoutant deux ou trois guignols autour d’eux. C’est important aussi, je suis le premier à faire des billets inspirés par une conversation de bistro, mais il faut toujours relativiser.

Qui est le « on » dont je parlais. Disons que « nous » sommes des électeurs habituels du candidat présenté par le parti socialiste, dégoutés par ce parti et pas convaincus par Benoît Hamon avec plus ou moins des raisons de penser que le programme d’Emmanuel Macron serait mieux que celui des autres. Pour ma part, je m’en fous un peu, je ne crois pas aux programmes. Par contre, je suis partisan de la recherche d’une majorité au centre. Ca fait près de 40 ans qu’à chaque élection nationale (sauf en 2007), on a un changement de majorité, cette fameuse alternance. Cinq ans d’espoirs, deux ou cinq de haine. La routine. Passons à autre chose. Si le clivage droite gauche existe toujours, il y en a tellement d’autres, de clivages, comme celui entre les européistes et les nationalistes, que l’on finit par s’en foutre.

Les copains qui nous critiquent sortent toujours des arguments du genre : ah ben tu n’es plus socialiste. Ils ont raison. Je n’ai jamais été socialiste et expliquez donc aux électeurs de Benoît Hamon qu’ils vont voter pour le candidat qui, par définition, voudrait la collectivisation des moyens de production et autres cochonneries qui permettent la création de richesse… Vous verrez.

Les copains nous disent : ah ben tu n’es plus à gauche. Je suis fatigué de me justifier. Je crois bien que j’ai rappelé hier que je n’étais pas un partisan de la propriété privée. En plus, exprimé comme ça, ça sonne comme une insulte. C’est ballot. J’ai plein de copains de droite et quand on milite, on est là pour rassembler, pour former une majorité.

Et Benoît Hamon n’a pas su le faire. Les sondages le montrent. Ils permettent de constater que la campagne ne prend pas. Mais l’observation « du reste » permet de voir aisément que les électeurs ne veulent plus de ce petit monde socialiste. Par exemple, la une de Google News, ce matin, portait sur un meeting avec Martine Aubry et lui au cours duquel ils auraient passé leur temps à fustiger les autres, comme si ça faisait bander les électeurs. Le plus drôle est que la copine qui m’a dit pour la dernière fois que je votais en fonction des sondages, Amandine pour ne pas la citer, le faisait en réponse à un de mes commentaires  à une publication de Jeff où il tapait sur Emmanuel Macron. Je lui disais qu’il ferait mieux de défendre son candidat.

Taper sur l’autre n’avance à rien. On me dit souvent : hé ho Macron, il veut supprimer 120 000 fonctionnaires, il est de droite et tu vas voter pour lui. Je m’en fous, j’ai d’autres reproches à faire à Macron. D’ailleurs, j’ai décidé que je ne voterai pas pour lui mais j’ai oublié la raison (et comme je le disais en début de billet, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis). Depuis 1980, le nombre de fonctionnaires a augmenté de près de 40%. Or beaucoup d’entreprises publiques ne le sont plus et n’emploient plus de fonctionnaires. Ou alors : le nombre de personnel administratif des hôpitaux augmente plus vite que celui des soignants. A peu près. On a donc un problème. Je vais reprocher à Emmanuel Macron de faire du Sarkozysme en donnant ce genre d’objectif chiffré (raison de plus pour ne pas voter pour lui, tiens !). Mais arrêtons d’utiliser ce genre d’argument. Il y a d’autres choses importantes, comme la manière avec laquelle le service public contribue à la répartition des richesses, à la diminution des inégalités,…

Ainsi, si je ne vote pas en fonction des sondages, je ne vote pas, non plus, pour des slogans. On voit des lascars hurler contre la promesse de Macron de supprimer la taxe d’habitation. On a l’impression qu’ils le font uniquement parce que c’est Macron. Ils ne connaissent strictement rien aux finances publiques, moi non-plus d’ailleurs, mais ils gueulent.

Ils m’amusent d’autant plus à sortir des slogans ou des promesses qu’une grande partie d’entre eux n’ont pas soutenu Benoît Hamon à la primaire et défendaient un autre projet. Il faut tuer les primaires mais c’est un autre sujet. Ils n’ont pas compris (contrairement à Hollande mais à ses dépens…) que l’opportunité de l’application d’une promesse politique pourra dépendre des circonstances économiques. Ca me rappelle la droite en 2007 qui a pris des mesures économiques (le fameux TEPA) et qui a été obligée de revenir sur une grande partie suite à la crise de 2008.


Je ne vote pas en fonction des sondages ou des programmes. Je vote en fonction de mes idées. La première est qu’aucun candidat ne me séduit. La suivante est peut-être que la campagne est mal barrée pour le Parti Socialiste. Et les sondages me confortent dans cette idée.

7 commentaires:

  1. Mais quelles peuvent bien être les idées d'un gros type qui déclare balancer entre Macron et Mélenchon, dont les programmes sont aussi opposés l'un à l'autre qu'il puisse se faire ?

    (Réponse prévue du taulier : « Je ne suis pas gros ! »)

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    1. Mais si, je suis gros.

      En l'occurrence, mon idée pour Mélenchon est de me foutre de la gueule de Fillon s'il est derrière, comme je dis dans le billet. Je ne vote pas pour ses idées mais pour les miennes. Par exemple, s'il y a un deuxième tour Fillon Le Pen, je serais bien capable de voter pour Le Pen, avec l'idée que si elle devient présidente, elle n'aura pas de majorité au parlement (sauf si je change d'avis).

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    2. Comment voulez-vous, après ça, que vos bons amis de la vraie gauche vous prennent au sérieux, eux qui le sont tellement ?

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    3. Je suis déjà grillé. En plus, je me fais engueuler quand je like un truc de Woland, Aristide ou Rémi Usseil dans Facebook... Néanmoins, ils sont vicieux ces trois, ils adorent quand je raconte des conneries pour exciter Grandpas ou Corto. Ils vont passer pour des gauchistes auprès des vroitistes.

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  2. Moi, je crois que je vais voter DSK en fait.

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