Depuis toujours
voire plus longtemps mais à partir de 1981, la fête de la musique
est organisée le vendredi qui suit le 21 juin, à Loudéac. Je
pourrais dire assez facilement que, de ce fait, elle a un caractère
bien différent que dans les autres villes mais, je n’en sais rien,
je n’y vais jamais ailleurs, j’ai horreur de la musique et des
fêtes organisées, et, à Loudéac, je me limite à un seul bistro,
le 1880. J’essaie de venir chaque année mais ce n’est toujours
possible. Faire 400 kilomètres pour assister à ça ne vaut pas
le coup, d’autant que, dans le fond, j’aime bien les soirées au
comptoir, peinard avec quelques potes ou tout seul. Mais j’aime
bien ce bistro, son taulier, ses vieux, ses accortes serveuses, ses
clients maigres et les gras. Ils font un effort, c’est la moindre
des choses que j’en fasse à un mon tour.
Surtout que j’ai
fais les comptes : hier, je n’ai pas dépensé beaucoup plus
de 30 euros ce qui veut dire que j’ai bien réussi à me faire
rincer la gueule par les passants, ce qui est quand même un des buts
du jeu, ce qui n’a rien à voir avec de la radinerie, c’est bien
un jeu. Un arrive, il ne connaît personne mais vous reconnaît
vaguement, il se présente, vous rappelle que vous avez été en
classe ensemble il y a 40 ans. Vous dites « ah oui mais c’est
bien sûr où avais je la tête, tu te rappelles de machin, je l’ai
vu tout à l’heure ». Le type tout content vous offre un
verre, vous raconte sa vie, vous faites semblant de vous intéresser
mais vous ne racontez pas grand-chose de la votre. Le type ne se rend
pas compte que vous n’avez strictement rien à cirer de ce que vous
raconter. Un autre lascar arrive, offre une tournée, raconte sa
vie,… Et ainsi de suite.
Je m’en fous, je
ne suis pas bavard. A l’oral. Plantons le décor : le bistro
était fermé. Ils avaient installé une buvette sur le parking, une
plage devant (ils sont un peu tarés), une estrade en face avec des
musiciens ou des DJ (c’était le bonheur, le type qui s’occupait
du son était mal placé, du coup, à la buvette, on n’entendait
quasiment pas la musique). La route était fermée à la circulation
et les gens pouvaient déambuler d’une « scène » à
l’autre dans la commune, par groupe de potes, en famille,… A un
moment, vers 11 heures, je suis allé pisser, fâcheuse conséquence
de ce genre de soirée. Je voulais aller derrière la scène mais il
a fallu que j’aille plus loin vu qu’il y avait du monde partout.
Au retour, j’ai tenté d’évaluer le monde. Je pense qu’il y
avait près de 500 personnes entre la rue et le parking. Disons 300
selon la police et 600 selon les organisateurs. J’en ai parlé à
mon pote Gilles qui a utilisé une méthode plus scientifique que moi
(compter le nombre de rangées de 10 personnes, le nombre de
personnes sur 10 lignes, évaluer la densité, et estimer le nombre
de tas de 100 gugusses). Il est arrivé au même résultat.
Gilles et moi avons
une situation particulière : nous sommes célibataires endurcis
et piliers de comptoirs depuis plus de trente ans alors que la
plupart des gens de notre âge se sont rangés, le temps, notamment
d’élever les gamins. Ainsi, la fête de la musique est leur sortie
bistro annuelle et, depuis qu’ils ont environ 45 ans, leur première
sortie sans les gamins, voire avec les gamins parmi les autres
clients. Nous étions avec un autre copain, qui s’était rangé sur
le tard mais avec qui nous avions été très proche avant qu’il
parte faire de l’élevage, dont celui de Cécile, serveuse accorte
du 1880. Tous les trois, nous dépassons allègrement le quintal ce
qui est, pour moi, le cas depuis plus de vingt ans alors que les deux
autres grossissent.
Tiens ! Du
coup, je me suis pesé, ce matin. 102 kg. Bientôt, j’aurai la peau
sur les os.
Mais la buvette
était petite et nous prenions forcément de la place surtout que
nous tenions à rester à proximité, une histoire de rapidité de
service. Nous avons donc passé la soirée à être bousculés par
des jeunes et vieux imbéciles tout en se foutant de la gueule
d’inconnus qui galéraient pour avoir un verre (nous avions la
chance de connaître trois des cinq serveurs, en tant que client –
voire père).
Je ne suis pas
totalement un ours. Il y a des gens que ça me plaisir de revoir, 5,
10, 20 ou 45 après, ceux que j’ai réellement connus et pas
seulement ceux avec qui on a passé trois ans à l’école ensemble…
Pour le reste, je me
disais que c’est moche de vieillir. Je parle pour eux. Pour ma
part, j’ai toujours le même âge : celui de boire des bières,
debout, au comptoir !
Un joli billet avec pleins de photos, tu n'en fait pas souvent.
RépondreSupprimerLe billet retour chez moi me touche toujours. C'est un joli billet
Plus trop le temps.
SupprimerMerci.
J'ai vu qu'il y avait beaucoup d'événements culturels ou autres dans l'année.
RépondreSupprimerVille active pour 9000 habitants.
35 mn de st Brieuc,
Vraiment sympa comme endroit.
Il y a 50 ans, j'a passé 2 mois de vacances chez mes cousins (médecin de campagne) à Eréac (40 km de Loudeac)
Chez les agriculteurs, les animaux vivaient dans les maisons, les sols étaient en terre battue et le cidre embaumait le village. C'était petit et l'inverse de la Côte d'Azur d'où je venais.
Je n'ai jamais oublié et j'ai une passion pour la Bretagne.
Hélène dici
Vive la Bretagne.
SupprimerJ'aime aussi beaucoup la Bretagne ; à condition de fuir comme la peste les endroits où ont lieu des "événements culturels", lesquels me feraient facilement prendre en grippe la plus attrayante des régions. Malheureusement, ces oasis préservées de la lèpre post-moderne se font de plus en plus rares…
SupprimerLes événements culturels y sont l'occasion de prendre une cuite. Toujours.
SupprimerDepuis quand avons-nous besoin d'occasions particulières pour boire, et a fortiori d'occasions aussi bruyantes que stupides ?
SupprimerC'est vous qui dites ça ? Avec votre journal où vous raconter tout ce que vous faites pour trouver un prétexte pour picoler...
Supprimer@Didier
SupprimerCet événement notamment semble rencontrer un réel succès.
Si je n'étais pas 1100 km je suis sûre que j'irais le voir.
http://www.passionbretagne.com/index_m.html
Hélène dici
Eh bien, moi, si j'étais sur place, je me dépêcherais de parcourir 1100 km pour être bien certain d'y échapper.
SupprimerDidier Goux est un fada, mais il me fait rire, alors je lui pardonne tout 🤣🤣🤣
SupprimerHélène dici
Fada vous-même, eh !
SupprimerOh!!! Didier, ce n'est pas si terrible d'être appelé "fada". En Provence cela veut dire "qui a vu les fées". On ne précise pas les couleurs (même si elle est verte)
SupprimerMerci pour la précision te concernant. En lisant, je me demandais si le dépassement du quintal était pour vous trois ensemble ou individuel.
RépondreSupprimerA la bonne vôtre.
Santé.
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