Mot de passe perplexe |
Périodiquement, des
conseils tournent sur le web pour la gestion des mots de passe que
nous avons pour accéder à différents services. Ils me laissent
toujours perplexes pour différentes raisons (par exemple, avoir des
machins mnémotechniques pour s’en souvenir n’est pas à la
portée du grand public et des andouilles avec une mémoire de serin,
comme moi : diversifier les mots de passe oblige à les noter
quelque part, ce qui introduit une faille dans la sécurité). Ce
week-end, un article a fait le buzz : le premier lascar a avoir
donné des conseils reconnaît s’être planté… Il est temps de
faire le point sur le sujet voire de donner des éditer aux éditeurs
d’application, aux responsables de la sécurité,… Faire le point
nécessite nécessairement de rappeler quelques énormités.
En préambule, je
précise que ce billet n’a pas vocation à donner des conseils aux
utilisateurs mais uniquement à entamer une réflexion auprès de mes
trois ou quatre lecteurs.
Commençons par la
première énormité : je me fous des mots de passe. Je suis
abonné à un tas de services mais il reste peu de mots de passe
importants. J’en mets deux de côté : le code confidentiel
pour ma carte bancaire et celui pour l’accès à la gestion de mes
comptes bancaires. Je mets de côté aussi ceux liés à mon boulot
(mais le problème est le même). Il me reste mon mot de passe Google
parce que c’est celui de ma messagerie et de mes blogs, hébergés
par cet honorable géant mondial. Les autres usages de mon compte
Google (mon navigateur Chrome, ma personnalisation Google News,…
ont peu d’intérêt). Il reste aussi le mot de passe Twitter et le
mot de passe Facebook. Ils sont importants parce qu’ils me
permettent de m’exprimer en ligne mais aussi parce qu’ils
représentent la clé de mon authentification en ligne. Par exemple,
je veux signer une pétition sur le web, j’utilise mon compte
Facebook.
La première
énormité : j’ai trois mots de passe important (messagerie,
Twitter et Facebook) mais je ne les utilise jamais. Ils sont connus
du navigateur de mon PC à la maison, le même que celui que
j’utilise au bureau et chez ma mère, et de mon iPhone. Ce qu’il
faut sécuriser est donc l’accès au smartphone et au navigateur.
Tiens ! Je vais quand même donner ceux conseils : mets un
mot de passe pour l’accès à ton PC personnel (il y en a un au
bureau, je suppose) et un code pour ton smartphone (ou un truc de
sécurisation offert par l’industriel). Le deuxième est un
rappel : un mot de passe est strictement personnel.
Je résume le
premier constat : les mots de passe pour l’accès aux
applications ou services étant mémorisés par les systèmes que
vous utilisez, ce sont ces systèmes et l’accès à ces systèmes
qu’il faut s’efforcer de sécuriser. Que les éditeurs y
réfléchissent (ce qu’ils font, d’ailleurs). J’ai cité des
mots de passe importants, comme celui pour l’accès à ces systèmes
(dont le code confidentiel de la carte bancaire qui permet, par
exemple, d’accéder à la puce de la carte). N’en oublions pas
certains :
-
celui d’accès à la messagerie parce que c’est la messagerie que vous utilisez pour ouvrir les comptes (par exemple, si votre mot de passe de messagerie est divulgué, n’importe quelle andouille pourra utiliser votre compte Facebook en y tapant : « mot de passe oublié », il recevra alors sur votre messagerie un lien pour y accéder ; pour la même raison, le code pour l’accès au smartphone est important : certaines procédures de sécurité passent par les SMS),
-
celui d’accès aux comptes bancaires (les raisons semblent évidentes mais il y en a de nouvelles : les banques préparent « l’Instant Payment » - Google est votre ami : de l’ordinateur du commerçant, vous vous connecterez à l’application de votre banque pour déclencher une espèce de virement instantané).
Le fait que je
signale certains mots de passe comme très importants ne veut pas
dire que d’autres ne le sont pas. Donnez moi votre mot de passe
pour le site des impôts et je vous ferai une farce amusante. Par
ailleurs, vous ne connaissez pas – et moi non plus – ce qui se
cache derrière, les procédures utilisées par les éditeurs pour la
sécurisation… parfois victimes de hackers méchants.
Par contre, il y a
des mots de passe sans intérêt. Pas plus tard qu’hier, il a fallu
que je renouvelle mon abonnement au Canard Enchaîné. Pour payer
« en ligne », il faut ouvrir un compte sur le site du
Canard, donc utiliser un mot de passe. Je ne vois pas l’intérêt.
C’est presque une faute de l’éditeur. Hier, il a fallu que je
renouvelle aussi mon abonnement à OVH qui fournit le nom de domaine
pour mon blog : je n’ai pas eu besoin de me connecter à mon
compte chez eux.
Si je ne vois pas ce
qu’un pirate pourrait faire de mon compte au Canard Enchaîné (à
part pour changer l’adresse pour voler mon journal, ce qui serait
un peu con pour un fraudeur : mettre sa propre adresse…), je
ne sais pas quelles sont les mesures de sécurité mises en œuvre
par le prestataire du Canard. Il a donc fallu que j’applique les
principes habituels de sécurisation : mot « compliqué »
et unique (pas utilisé par d’autres services). J’y reviendrai.
Ma première
préconisation, pour les éditeurs : ne mettez des mots de
passe que quand c’est utile. Pour payer un abonnement, on n’a pas
besoin de mot de passe mais d’un numéro d’abonné et d’un
numéro de carte…
Je parlais des
principes habituels de sécurisation. Prenez le code confidentiel de
votre carte bancaire. Il est hyper simple. 4 chiffres. Pas de
caractères alphabétiques, pas de signes cabalistiques,… Un type
vous pique la carte : il peut faire trois essais. Après, ces
terminés. Il a donc en gros 3 chances sur 10000 de trouver votre
code. Basta. Ce qui importe est que personne ne voit votre code quand
vous le saisissez. Ca devrait être pareil avec les mots de passe
pour toutes les applications.
Ma deuxième
préconisation, toujours pour les éditeurs. Sécurisez le
stockage, la saisie et le transport des mots de passe et ne faites
pas chier les utilisateurs. Je ne parle pas des geeks qui me lisent
mais du grand public. Je vais traduire pour lui. Si vous êtes né en
avril, vous pouvez utiliser « Avril » comme mot de passe.
Un potentiel fraudeur ne saura pas que vous utilisez un « mois »
comme mot de passe et n’aura donc aucune chance de tomber dessus en
trois essais. Par contre, il faut bien que ce truc ne soit connu que
de vous et que vous ne l’utilisiez que pour un seul service (s’il
est piraté, les hackers sauront alors quel mot de passe vous
utilisez pour d’autres services…). Je me répète : ceci
n’est pas un conseil, vous ne savez pas quel dispositif de sécurité
est « mis derrière » par l’éditeur.
Ma troisième
préconisation, encore pour les éditeurs : n’utilisez pas
votre propre système d’authentification (de gestion des mots de
passe et tout ça). Prenez celui d’un tiers, notamment d’un géant
mondial comme Google, Facebook ou Twitter. Je parlais de pétition.
Si vous signez une pétition sur Change.org, vous vous identifiez par
votre compte Facebook et basta. Pas besoin d’avoir un mot de passe
chez Change.org.
Je disais que les
mots de passe étaient mémorisés par les systèmes. Du coup, vous
ne les utilisez quasiment jamais et vous les oubliez… Vous les
utilisez quand vous changez de système (et quand le nouveau système
est incapable de se récupère ce qu’utilisait l’ancien) ou quand
on vous oblige à le changer (ce qui est très fréquent dans le
domaine professionnel mais pas dans le public). Cela relativise
l’importance des mots de passe pour le grand public et donc les
recommandations que l’on voit périodiquement, par les autorités,
les experts. Je suis désolé, mais les gens s’en foutent et
vous n’y changerez rien.
Enfin, je parlais de
mon abonnement au Canard Enchaîné et du fait que j’ai été
obligé de créer un compte. Je suis en vacances et je l’ai fait à
partir du PC de ma mère (mais avec un navigateur Chrome « à
mon nom »). En fait, c’est l’abonnement de ma mère… J’ai
donc choisi un mot de passe au hasard que j’ai scrupuleusement noté
sur la facture que j’ai imprimée pour qu’elle puisse le
connaître. Ce n’est pas prudent mais bon hein. L’an prochain, je
serai à nouveau en congés que l’abonnement arrivera à
expiration. J’aurai oublié le mot de passe et ne saurai pas où ma
mère à stocké l’impression et elle l’aura oublié (d’autant
que l’impression ne sert à rien vu qu’on a reçu un justificatif
par mail, il suffit de chercher dans la messagerie si on a besoin de
la facture). J’aurai également oublié que j’ai créé le compte
avec mon navigateur et pas le sien et donc que mon navigateur aura
mémorisé le mot de passe. J’irai donc sur le site du Canard et
cliquerai sur « mot de passe oublié ». L’application
m’enverra donc un mail avec un lien pour me permettre de le changer
et de me connecter.
Ma dernière
préconisation, éternellement pour les éditeurs, mais seulement
d’applications ou de site où on ne se connecte
qu’occasionnellement : supprimez les mots de passe. Mettez sur
le site une zone pour saisir l’adresse mail de l’abonné. Vous
lui envoyez un lien par mail. Il clique dessus et il est authentifié.
Je ne vais pas
résumer ce billet. Faites en bon usage. Et surtout, prenez du
recul par rapport aux mots de passe, ce ne sont pas vraiment eux qui
font la sécurité vu qu’ils sont mémorisés par des systèmes que
vous ne maîtrisez pas.
Vous ne maîtrisez
que l’accès à votre PC et à votre smartphone. Quant aux
éditeurs, qu’ils nous préparent la sécurité du futur plutôt
que de traîner au bistro.
Le lecteur fidèle que tu as se demande si la reconnaissance par le gland ne serait pas plus sécurisé
RépondreSupprimer(Mais peut être que les deux trois autres que tu as auront d'autres idées :-) )
Sinon un bon billet que je lirai a un autre moment (apéritif + résume du foot, je crois que demain je ferai un mot de passe abcdef30 qui sera tres con)
Essaie avec le gland.
SupprimerMoi, je n'ai qu'un seul mot de passe pour tout. Je sais que c'est très mal, mais je m'en fous. Au moins, comme ça, quand un machin dont j'avais totalement oùblié l'existence me demande mon mot de passe, je ne suis pas pris au dépourvu.
RépondreSupprimerA cela près qu'un coup on vous demande un mot de passe à 6 digits (et surtout pas plus), un coup à 8 digits (et surtout pas moins) un coup avec des lettres majuscules et minuscules, un coup avec des caractères spéciaux, un coup avec des chiffres et des lettres mais surtout sans caractère spécial.... Comment voulez-vous n'avoir qu'un seul mot de passe dans ces conditions ?
SupprimerPersonnellement j'ai opté pour le coffre-fort virtuel avec un mot de passe qu'il faut que je me souvienne à tout prix.... et tous les autres sont à l'intérieur...
Didier,
SupprimerC'est mal. Mais vous êtes parfait quand je veux illustrer le grand public. Ou le gros public.
Alain,
SupprimerSur quel critère faire confiance à coffre fort machin ? Moi, je file mes mots de passe à Google. Elle a un tas d'ingénieurs compétents et si elle a une faille de sécurité, elle coule.
Ici deux à trois mots de passe : la banque, le compte Google et le tout venant.
RépondreSupprimerChrome est une vraie cafteuse. Faudrait faire un tutoriel pour rester cacher.
il faudrait un mot de passe (optionnel) pour ouvrir Chrome.
SupprimerUne armoire à mots de passe ( serin je suis aussi) mais toujours un moyen mémo technique de le répondre (si je perd la clef principale de l'armoire keypass, un peu de pub ne nuira pas)
RépondreSupprimerEt un mot de passe pour chaque site, pas question que Google n'en sache plus que tout ce qu'il sait déjà. Je sais c'est dl'utopie, mais j'adore ça.
Faire confiance à une armoire qu'on ne connaît pas...
SupprimerElle est open source. Forcément un autre à la clef. Mais bon j'ai rien à cacher 😉 et puis c'est bien rangé 🤔
SupprimerEt il n'y a aucune sécurité.
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