On commence à en
savoir plus sur les intentions d’Emmanuel Macron pour la Région
Parisienne. Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait de
billet sur la réforme territoriale. Il faut dire que ce machin est
tellement compliqué et rencontre tellement d’opposition que les
gouvernements successifs sont obligés d’avancer par petite touche
ce qui, d’ailleurs, est probablement plus efficace d’un point de
vue pratique que de faire une révolution.
L’idée n’est
pas neuve mais de Gaulle avait été obligé de démanteler le
département de la Seine en 1964 pour différentes raisons dont,
notamment, le fait que le préfet était alors très puissant, plus
puissant que le Premier ministre, dit-on. Après plusieurs vagues de
décentralisation, beaucoup de prérogatives des représentants
locaux de l’État sont transférées aux collectivités
territoriales mais avec la densité de population en région
parisienne et le nombre d’échelons de décisions est devenu
délirant. On va essayer de lister avant d’aller au bistro.
Il y a l’État qui
joue un rôle particulier en Ile-de-France par rapport aux autres
régions vu qu’il copilote les transports en commun, d’une part,
en étant propriétaire des deux principaux opérateurs (la RATP et
la SNCF) et, d’autre part, comme dirigeant de la Société du Grand
Paris (le machin pour les futures lignes de métro du Grand Paris
Express et d’autres aménagements).
Il y a la Région
qui fait le job… d’une région et gère notamment le STIF,
propriétaire des infrastructures de transport ferré et du matériel
roulant utilisés par la RATP et la SNCF.
Il y a la métropole
du Grand Paris, l’EPCI (genre de communauté de communes) à
fiscalité propre, sur un peu plus du territoire des quatre
départements centraux.
Il y a ces quatre
départements.
Il y a les
territoires (établissements publics territoriaux), subdivision de la
métropole du Grand Paris.
Il y a les communes
et les arrondissements de Paris ce qui, si je compte bien, fait six
plus l’État en espérant que je n’ai rien oublié (sans compter
les quartiers, très importants pour l’aménagement ou l’animation
de proximité, et les cantons et les circonscription législatives
qui jouent un rôle essentiellement lors des élections). Pour que
mon billet soit complet, il faudrait que je décrive à quoi servent
tous ces machins mais vous en foutez et je n’ai pas que cela à
faire, non plus (d’autant que je risque de raconter des conneries).
C’est le bordel !
L’idée de réorganiser tout ça n’est pas neuve, disais-je.
Nicolas Sarkozy et ses gouvernements avaient mis en place la Société
du Grand Paris. François Hollande et les siens ont fait la Métropole
du Grand Paris. Emmanuel Macron (je ne vais pas dire « et les
siens », il décide tout) veut « supprimer » les
départements.
Je mets des
guillemets car je ne sais pas trop ce que ça veut dire. J’imagine
que les départements vont rester en tant que subdivision
administrative de l’État (et pour que je puisse continuer à
habiter dans le 9.4) mais que les Conseils départementaux (ex
Conseils généraux) vont disparaître et que leurs responsabilités
seront transférées à la Métropole du Grand Paris et à ses
territoires, dont Paris.
Tout n’est
évidemment pas décidé mais « En
retenant cette solution, M. Macron pourrait se targuer d’avoir
arbitré entre les forces politiques en présence en évitant
qu’aucune ne prenne le pas sur l’autre. Tous les grands acteurs
politiques du territoire obtiendraient des gages les empêchant de
perdre la face. Mme Pécresse se voit renforcée, Anne Hidalgo
obtient le maintien de l’échelon métropolitain qu’elle a
toujours défendu. Patrick Ollier, président (LR) de la MGP, la voit
survivre malgré les critiques dont elle fait l’objet de la part de
bon nombre de grands élus, à l’exception des maires. »
En d’autres termes, seuls les élus départementaux vont gueuler
mais comme j’habite dans une banlieue rouge insoumise, c’est
plutôt rigolo.
Tiens ! Je vais
faire un apparté. Cet article
de Slate a pour titre « Et Macron acheva
de dépolitiser la France » (vous pouvez lire, c’est
relativement intéressant et ça n’est pas dans le style habituel
du site). Il est un peu partagé dans les réseaux sociaux mais seuls
les insoumis ronchonnent… Les autres, comme moi, constatent un fait
que l’on peut, certes, déplorer.
Avec la suppression
des trois départements autour de Paris (et le fait que la capitale
soit un département), Macron continue la dépolitisation de la
France notamment en supprimant les derniers fiefs rouges.
(J'ai une question subsidiaire, Manu : que va-t-on faire des parties du Grand Paris qui ne sont pas dans un des quatre départements ?)
Je viens de calculer que cela touche directement plus de 7 millions de personnes cette zone. Il ne faut pas s'étonner que ce s oit un gros bordel à reformer. Et j'imagine très bien les appétits de quelques vieux politicards.
RépondreSupprimerTu poses la question des limitrophes. C'est un peu la question que l'on se pose vers Rennes. Une fois que tu sépares l'agglo du département, quel est le poids des communes ou communautés de communes ?