Pierre Larrouturou revient sur la semaine de 4 jours. Je suis d’accord avec la nécessité de poursuivre la baisse du temps de travail mais je n’aime pas les slogans genre la semaine de 4 jours.
Par exemple, je veux bien faire 32 heures en trois jours dont un en télétravail. Ça me ferait 36 heures avec les quatre heures de transport. 3 journées de 8h à 20h, c’est jouable.
Mais il faut arrêter avec les slogans. A part 32h payées 39... et encore.
Vous prenez un chef dans une petite brasserie parisienne, il faut bien qu’il assure 5 services du midi... Chaque boulot a ses spécificités. Chaque personne ses besoins (pour la part, il me faut aller en Bretagne m’occuper de ma mère)(d’un autre côté, quand j’y passe trop de temps on s’engueule). D’un autre côté, comme je passe mes congés près d’elle, je veux bien renoncer aux congés payés à condition d’avoir des semaines de deux jours 25 semaines par an. Et tout ça m’emmerde, je n’aurais pas les moyens de faire un aller retour Paris Bretagne toutes les semaines.
Restons pragmatiques et luttons contre les slogans démobilisateurs. J’ai un collègue qui est obligé de faire 45 heures par semaine en mai et juin (chacun son job). Ses chefs sont tolérants le reste de l’année mais il faut qu’il fasse ses 5 jours par semaine (et en plus il n’a pas le droit au télétravail à cause de problèmes d’accès à certains serveurs impossibles hors du bureau). Les quatre jours lui iraient donc bien sauf deux mois par an.
Voilà un slogan : la semaine de 4 jours sauf deux mois par an...
Revenons sur mon cas personnel. Je pourrais faire mon boulot en 3 grosses journées mais les impératifs professionnels font que j’ai plus besoin d’être présent 5 jours par semaine hors mois d’août et vacances de Noël mais quelques heures par jour seulement (ça ne m’irait pas du tout vu que pour aller au bureau, ça me coûte deux heures par jour, autant faire des grosses journées).
Restons sur mon cas. Je suis seul pour un job (cadre supérieur dans une usine de vélo et expert en généralités). Mon travail n’est pas nécessairement partageable. Les cimetières sont remplis de gens indispensables mais il n’y a pas beaucoup de types en France qui ont 32 ans d’expérience dans les distributeurs de billets tant chez les éditeurs de logiciels, les banques, les constructeurs et les organismes interbancaires. Mon patron verrait d’un mauvais œil une baisse de mon temps de travail... et s’il doit l’organiser, je ne serais plus indispensable dans mon cimetière et ne pourrais plus revendiquer de gagner plein de pognon.
Arrêtons donc les slogans. Ça mobilise certains mais faut fuir d’autres.
La réduction du temps de travail est nécessaire pour un tas de raison, parce qu’il faut accompagner l’automatisation, parce que nous ne sommes pas nés pour travailler, parce qu’on a un problème de répartition des revenus, parce qu’il nous faut des heures de loisir (de bistro) mais du pognon pour se le permettre.
C’est un sujet trop sérieux pour le laisser tomber dans des slogans.