Dans ce onzième jour de confinement, j’ai été happé par la
crise sanitaire vu qu’elle est arrivée au centre de mon boulot. On est tous
concernés par ce bordel. Certains doivent être en contact avec le public,
maintenir la production. Nous, on a passé la première semaine à s’organiser
tout en réglant les affaires courantes, affaires courantes qui ne changeait,
jusqu’alors, absolument rien à nos missions sauf que certains collègues doivent
être sur le lieu de travail alors que, nous, on peut rester en télétravail.
Un de nos clients nous a fait part, en début de semaine, d’un
problème avec ses propres clients, du moins ceux qui ne peuvent pas aller jusqu’à
nos machines, et nous a demandé de le résoudre, en tant que sous-traitant
informatique. Pas de bol, c’est tombé sur mon interlocuteur qui s’est adressé à
moi. En accord avec ma hiérarchie, j’ai répondu « ouh la la c’est
compliqué et en plus avec le confinement on ne peut pas faire de mise en
production, c’est trop dangereux et tout ça ». Il a dit « ah oui, je
comprends bien. » Parallèlement, sa hiérarchie a « escaladé »
auprès du directeur général qui a demandé aux directeurs variés de traiter le
sujet sérieusement. L’adjoint du mien a récupéré le sujet. Ca devait être mardi
ou mercredi et, entre chefs, ils ont décidé d’organiser la réunion avec tous
les services ce matin mais l’adjoint a oublié de la planifier. Je l’ai relancé
hier et, finalement, on a conclu que c’est moi qui m’en chargerai ce que j’ai
fait immédiatement.
Ce matin, en rêvassant une heure avant le début, je me suis
dit qu’en plus j’allais devoir me farcir le compte rendu de la réunion. J’ai
donc commencé à le mettre en page ce qui était facile vu que j’étais absolument
persuadé qu’il allait me laisser mener les débats ce dont j’ai absolument
horreur. Ca fait 17 ans que je bosse dans la même direction que lui mais c’est
la première fois que nous avons des « rapports hiérarchiques » (les
autres chefs me connaissent…). Et j’ai appelé une collègue pour qu’elle m’assiste.
La réunion démarre, je fais un tour de table (nous étions 16
de cinq services différents) et lui passe la parole pour qu’il fasse l’introduction.
Ca n’a pas loupé, à la fin, il m’a dit « je te laisse poursuivre. »
Ce qui m’a navré c’est qu’il m’a intronisé ainsi responsable du projet alors
que le gros du travail n’est pas dans mon équipe. C’est contraire aux usages…
Au milieu de la réunion, ça devenait un peu compliqué vu qu’on
traitait d’applications qui ne sont pas de notre périmètre, il me dit : « au
fait, Nicolas, je te laisse prendre des notes pour le compte rendu ». Quand
va-t-il comprendre que je ne suis ni un chef de projet ni un organisateur mais
un expert en un tas de sujets dont le montage applicatif de projets compliqués ?
A sa décharge, en cette période, je ne suis pas le plus chargé vu que les temps
ne sont pas à monter des projets… Sauf celui-là.
A la fin de la réunion, un lascar demande dans quels délais
on doit faire le truc. Ce à quoi je lui ai répondu qu’on lançait la chose pour
la période de confinement et qu’il faut donc qu’on soit prêts au maximum dans
trois semaines. Il me dit : on ne peut pas avant juin. Je lui ai sorti :
« bouge pas j’appelle le directeur général. »
Voila une journée bien remplie, sans compter les deux autres
réunions.
Edouard Philippe a annoncé aujourd’hui une prolongation du
confinement jusqu’au 15 avril. Au bureau, on table plutôt jusqu’au 15 mai. La
deuxième semaine se termine (au onzième jour…). Officiellement, il en reste 3
mais sans doute 7. Ce qui va nous faire passer au moins trois jours fériés
confinés. Il faudrait que ceux qui font du télétravail, puissent consacrer ces
jours au boulot plutôt et les récupérer sous forme de RTT à prendre avant la
fin de l’année. On serait peu à être avantagés mais tant pis. Désolé pour les
autres.
A 15h40, j’ai été appelé par un pote. Il fallait absolument
que je lui remette quelque chose. On a convenu d’un rendez-vous en bas de chez
moi à 16h. La flemme de rédiger un laisser passer. Pardon, une attestation. Je
suis descendu à 15h50. Comme il n’y avait pas grand monde je suis allé jusqu’au
trottoir qui longe la Nationale 7 (en prenant bien soin de ne pas mettre les
pieds sur le territoire public). Et je suis resté regarder pendant 10 minutes
sans bouger, sauf pour m’écarter quand un quidam longeait de trop près les
murs.
Les gens passaient. Quelques piétons, peu d’automobiles. On
connait tous cette ambiance, maintenant. La frénésie au travail. La quiétude
dans la rue.
Nous voila partis pour le deuxième week-end confiné.
Je trouve fou l’activité « télétravail »... j’ai fait une réunion insupportable vendredi où j’ai fini par limite insulter mon n+1 (mais quand le confinement sera fini on règlera des comptes...)
RépondreSupprimerJ’aime bien lire tes morceaux de vie professionnelle...
Ces « confecalle » vont vite me casser les couilles. Mais bon, je fais la sieste quand on me demande de faire le « café skype super sympa » à 13h30 😜😜
Heureusement, personne de fait de café skype, chez nous. On fait une audio lundi prochain parce qu'on aime bien certains trucs...
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