En salle

20 mai 2020

Conf 65 - Jour ordinaire de folie au travail


Élevage bovin en Suisse — WikipédiaEn cette soixante-cinquième jour après le début du confinement, j’ai encore eu une journée de dingue. Rien que sur un seul sujet, j’ai reçu près de 60 mails dans ma boîte principale sur un total de 102. Dans la dernière ligne droite d’un projet important, les gens ont complètement oublié les usages voire mes bonnes manières. J’ai assisté à une nouvelle démonstration de la folie collective.

Ce matin, j’avais quatre réunions à 10h30 dont deux sur ce sujet mais sur des thèmes différents. Quand j’ai reçu l’invitation à une d’entre elles, je lui ai répondu qu’il faisait erreur car les participants étaient pour la plupart à une autre réunion. Il m’a indiqué que sa réunion à lui était importante et il a fallu que je lui rappelle que sa réunion ne pouvait déboucher à rien si on n’avait pas le résultat de l’autre et il me fait la gueule depuis.

C’est dingue comment les gens pensent leurs travaux prioritaires par rapport à ceux des autres. Ce soir, il a fallu que je me plaigne à la responsable du projet pour mon entreprise en mettant en copie ma cheffe et que je lui dise qu’il fallait absolument arrêter. L’expertise est chez nous et on fait ce qu’il y a à faire mais on ne peut pas recevoir 60 mails dans une journée pour un seul projet informatique. Des outils de communication modernes existent… Du coup, un de mes fournisseurs m’a indiqué que je n’avais pas répondu à un de ses mails qui était urgent : il était perdu dans la masse. La réponse m’a pris trente secondes mais elle conditionnait des plannings de livraison pour les mois à venir, la possibilité d’assurer le besoin d’un client dans des délais raisonnables et le travail des gens qui vont installer et tester l’application.

Du coup, je ne suis allé à aucune de ces deux réunions. A l’une, j’ai délégué deux collègues, un jeune compétent et un vieux briscard expérimenté comme moi qui saurait prendre les décisions s’il y en avait à prendre (mais il n’a pas mon statut : s’il refile des baffes comme moi, il sera viré). Je suis allé à une autre, planifiée, elle, depuis une semaine, avec deux collègues pour un problème d’architecture applicative beaucoup plus passionnant que les délires opérationnels de gens qui ne savent pas travailler. A trois, on a pu réfléchir à la mise en œuvre d’une demande de clients qui cherchent de la valeur ajoutée. On n’est pas payés pour organiser des réunions à 30 personnes et pour lire ou envoyer des mails mais pour faire gagner de l’argent à l’entreprise qui le fait en permettant à ses clients d’engranger plus de pognon…

Je crois qu’en trente ans de carrière, je n’avais jamais vu autant de gens plongés dans le même délire. Pourtant, individuellement, ils sont irréprochables sauf à la marge : ils font leur boulot. C’est le collectif qui est parti en vrille.

Je ne sais pas si cela est lié à la crise sanitaire. Sans doute un peu. Les gens ne pouvant pas discuter avec leurs collègues proches stressent encore plus voire paniquent. Pas moi…        Pour ce qui concerne l’épidémie, j’ai peu regardé l’actualité aujourd’hui. Je vais quand même dire deux mots sur le deuxième tour des municipales tout en restant prudent : il me semble que ce deuxième tour doit se tenir au moins pour tourner la page et ne pas tomber dans une impasse institutionnelle. Contrairement au premier, nous avons l’habitude des gestes barrière et le danger me parait moins grand. Surtout, il faut qu’on montre qu’on est capable de recommencer à vivre…

Ce qui m’amène naturellement aux bistros : il est temps de rouvrir (dans des conditions patati patata). On est en train de dépasser les sommets de ridicules. Je suis sorti faire des courses, cette après-midi, en faisant un petit détour pour m’obliger à marcher. Il y avait plein de petits groupes de gens ne respectant pas spécialement les consignes, notamment des jeunes de seize à vingt ans (je n’ai pas demandé leurs papiers, hein !) qui discutaient. Certains avaient descendus des chaises de chez eux parce qu’il n’y a pas assez de bancs publics. Une ambiance estivale, un jour ensoleillé, veille d’un jour férié pour des gamins confinés chez eux (donc l’Ascension est plus un prétexte) depuis deux ou trois mois.

Je connais des coins où on devrait pouvoir s’asseoir dans de moins mauvaises conditions de distanciation tout en buvant des bières.

P.S. : la nouvelle version de Blogger fonctionne très bien sur iPhone ce qui devrait pouvoir nous permettre de nous affranchir d'applications spécifiques.

6 commentaires:

  1. "
    Je connais des coins où on devrait pouvoir s’asseoir dans de moins mauvaises conditions de distanciation tout en buvant des bières."
    Je suis entièrement d'accord. Mais faut dépasser les cent bornes.

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  2. Ah... c'est marrant je dirais plutôt l'inverse comme s'il y avait eu un vrai apprentissage. Moins de boucles de mail à répondre à tous interminables mais plus d'échanges sur le tchat de Teams et assez naturellement (je pense notamment à une session de Bsto dont la conversation a perduré parce que chaque fois que quelqu'un tombait sur une étude ou une news en lien avec le sujet il est venu le partager là
    ... et c'était bien le bon endroit). Donc plutôt du mieux de ce côté en fait

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    1. Les conversations Teams fonctionnent bien au sein des équipes (je ne parle pas des équipes Teams mais des équipes du travail) mais pas entre les équipes. Ce n'est pas dans la culture d'avoir des équipes Teams différentes des équipes du boulot, du moins chez nous. En outre, on a un vrai problème au boulot c'est que les équipes ne concernent pas une seule entreprise mais plusieurs et que nos informaticiens rament beaucoup pour faire des passerelles entre les Teams.

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  3. En l'occurence pour le cas du brainstorming qu'on continue d'alimenter c'était du total inter-equipes et c'est juste la conversation de la réunion initiale qui a servi de réceptacle, de façon assez spontanée...bon après arrivera bien un jour où on se fera rattraper par notre DSI sur toutes ces reunions que l'on ne ferme jamais mais pour l'instant je trouve que c'est une utilisation maline de continuer à échanger et mettre a dispo les fichiers relatifs au sujet dr la réunion dans la réunion sans s'emmerder à créer des équipes et des canaux toussa. C'est plus agile et sur des micro projets ou des démarrages de trucs pas encore structurés c'est largement suffisant...

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    1. Teams est aussi fait pour ça : on n'a pas à fermer les réunions.

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