En
ce soixante-quatorzième jour de confiture, on a reçu la confirmation officielle
de la direction générale de la boîte : nous n’aurons pas à revenir au
bureau avant le premier septembre sauf, comme on le pensait, une demi-journée
en juin pour faire nos cartons (nos nouveaux bureaux le quinze septembre et je
n’ai toujours pas compris ce qu’on ferait entre le premier et le quinze
septembre).
On
a fait une « vidéo cafét », à 13h30. Le principe : on se réunit
par visio pour prendre le café ensemble. Les participants n’étaient pas les tous
les mêmes qu’à nos « aftertéléworks » du lundi soir, ce qui fait que
j’ai revu des gens que je n’avais pas vu depuis longtemps dont une collègue
avec qui j’ai bossé il y a seize ou dix-sept ans. Nous étions dans la même
direction mais pas dans le même service depuis six ou sept ans. Il y avait aussi
l’adjoint de ma chef que j’aime bien même s’il est arrivé plus récemment.
On
a évidemment parlé du mode de vie pendant ces deux mois et demi. Plus
exactement, ils ont parlé parce qu’ils ont quelque chose à dire alors que moi…
J’ai, par contre, évoqué mon retour en Bretagne et ils ont du mal à comprendre
réellement pourquoi je vais y aller. Je crois que j’en parlais hier soir. Ils
me voient un Breton travaillant à Paris et donc logeant en banlieue alors que c’est
presque le contraire : je suis un Parisien (plus exactement, un
Kremlinois, je n’habite qu’à 600 mètres de la capitale) qui a des attaches en
Bretagne (une maire, des copains, une maison, un bistro…) et j’aime bien mon
quartier à Bicêtre.
A
la fin de la discussion, l’adjoint de ma chef n’avait pas compris. Il m’a dit :
« ne te force pas à revenir, je m’occuperai de tes cartons ». Je lui
que je revenais quoi qu’il arrive pour les élections mais même sans elles, je
passerai une partie de l’été chez moi. Il n’avait pas compris.
Avec
ça, je viens de récupérer mon linge propre. Onze semaines sans lessive, j’ai
tenu (mais pas sans acheter de caleçons…). Il faut dire que je ne mettais un
pantalon que pour sortir, tout comme un tee-shirt que j’enfilais aussi pour les
audios (pour les chaussettes, c’est différent, j’avais un large stock de
chaussettes dépareillées, donc j’ai pu assurer même si les motifs des deux n’étaient
pas toujours identiques : je pense que les clients de Leclerc ne sont pas
attachés à ces détails). Ces détails ne sont destinés qu’à mon copain Gilles M.
Odette est repartie avec un énorme sac (et je lui ai évité une partie du linge
de maison qu’elle aura les prochaines fois quand on pourra recommencer nos
échanges quasi-hebdomadaires).
A
propos d’Odette (ça je le raconte pour Patrice), elle a les pieds gonflés suite
à une infection. Elle est sous antibiotiques et pourrait être hospitalisée
quelques jours. Sinon, « les services » lui avaient annoncés qu’elle pourrait
avoir le droit à une retraite (ce qui m’étonnait vu qu’elle n’a jamais bossé
depuis les vingt cinq ans que je la connais). Elle a fait les papiers comme il
fallait. Les services en ont profité pour lui couper le RSA. En fait, elle n’aura
pas droit à la retraite mais au minimum vieillesse. Ils viennent de lui remettre
le RSA mais elle a vécu trois ou quatre mois sans aucune ressource. Déjà de
début février à fin mi-mars, elle ne vivait plus que de mon linge mais c’est du
troc : je la paye exclusivement en ballons de kirs et en machines à laver…
J’ai
fait un billet à propos des robots, ce midi.
Je ne vais pas le refaire mais, c’est un peu comme avec le télétravail, les
gens qui ne voient pas les mutations de la structure du travail et donc de la
répartition des richesses dans les prochaines années m’énervent tout comme les types
de moins de cinquante ans qui pensent déjà à leur retraite. Certaines des
mutations ont des aspects bénéfiques et d’autres moins, j’en parle souvent pour
le télétravail mais on ne peut pas deviner l’avenir parce qu’on ne sait pas quels
seront les progrès technologiques. Aussi bien, dans dix ans, des types vont
inventer un moteur qui fonctionne avec les excréments d’animaux d’élevage tout
en produisant du Muscadet. On rigolera alors bien du réchauffement climatique
provoqué par le CO2 et de la pollution de nos rivières, des algues vertes et
tout ça. Et on boira du Muscadet à la place de la bière produite à partir de
céréales dont je me fous comme de mon premier verre de sauvignon, le matin, à l’apéro.
Je ne mélange pas tout, j’expliquer : les évolutions naturelles font que
le travail deviendra de plus en plus productif, pour les robots, c’est une
évidence, pour le télétravail moins, et à périmètre constant de production, il
faudra travailler moins. J’espère que la production de moteurs à la merde de
vache nécessitera du personnel qualifié…
Dans
l’actualité, rien ne m’intéresse ! Je voudrais rappeler mon amitié à mes
copains anciens socialistes lyonnais qui de bonne foi avaient suivi Gérard
Collomb « dans LREM ». Je sais ce que c’est que cette bonne foi, j’avais
moi-même fait confiance à Emmanuel Macron. Cette fois, ils sont victimes d’une
énième connerie de Gégé qui est une véritable trahison, pour LREM mais aussi
pour le PS dont il est issu. Il a décidé de s’allier avec LR et pas n’importe
quelle branche, celle de Wauquiez, la droite dure et ridicule. Sa seule raison
est de faire barrage aux verts qui pourraient bien rafler la métropole, SA
métropole, cet échelon territorial fait pour lui, unique en France. Gégé incarnait
une forme de progrès pour moi, non seulement parce que je défendais cette
réforme territoriale qui permet d’adapter les échelons administratifs aux
aspects locaux, mais aussi, finalement, parce qu’il me semblait faire partie d’une
gauche libérale. Il s’allie avec des ringards pour faire barrage au progrès. C’est
honteux.
Côté
gouvernemental, le cafouillage ridicule de la communication gouvernementale
ridicule. Le lendemain de la conférence du premier ministre, la porte-parole du
gouvernement a annoncé autre chose, à savoir une troisième étape dans la
déconfination. Qu’ils se taisent !
Nous
sommes en week-end, le quatrième depuis le début du confinement (le cinquième
jour férié, ces jours les plus longs).
Nous
resterons confinés jusqu’à ce que je puisse boire un demi de bière au comptoir.
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