10 mai 2020

Confiné prédéconfiné - ce que j'ai appris en huit semaines

Banc public en béton avec ou sans dossier - LEBEAU Moulages Beton
Banc public en béton sur lequel on
pourra boire des bières avec les copains

En ce cinquante-cinquième jour de confinement,  je fais un deuxième billet confiné. Les confrères dont ce qu’ils pensent être leur dernier billet (Elodie, Seb, Cyril,…) mais l’ambiance n’est pas spécialement à la fête : le virus est toujours dans le coin, on va continuer le télétravail et on ne pourra pas quitter la région. L’épidémie a repris en Allemagne et cela pourrait nous tomber sur le paletot rapidement.

En sais-je plus sur moi au bout de ces huit semaines dans mon appartement ? Je ne crois pas. Mes  seules surprises est que la bière ne me manque pas et que je peux bien vivre sans les copains et les bistros. A une époque, je craignais vraiment les quelques jours fériés où la plupart des brasseries sont fermées et que j’allais passer la journée sans voir quelqu’un de vaguement proche. Je n’aurai plus cette espèce d’angoisse de me faire chier comme un rat mort. J’ai appris à rythmer ma vie les jours sans travail et à réinventer une vie. Je parlais beaucoup au début des différences entre mes journées à Loudéac et celle à Paris. J’ai les mêmes horaires à Paris que je sois confiné ou pas. L’apéro vers 12h30 ou 13h, le déjeuner une bonne heure après… Le repas du soir à l’heure qui me passe par la tête. En semaine, par contre, j’ai des horaires plus proches de ceux de Loudéac. Allez savoir pourquoi…

Mais, au fond de moi, malgré ces heures à pianoter des billets, je n’en sais pas plus.

Je n’ai jamais apporté une grande importance aux actualités, sauf dans la perspective d’en faire une publication dans le blog, car la nouvelle du jour sera oubliée grâce à celle du lendemain. Pendant ce claquemurage, je n’ai plus aucune confiance, les informations étant démenties dans la foulée… Avant, je prenais les types du gouvernement comme des gens sérieux qui mènent une politique qui ne me plait pas mais je leur accordais une chance. C’est terminé.

J’ai beaucoup appris sur le télétravail et ma capacité à en faire chez moi  tous les jours alors que, avant, je voyais le télétravail comme le moyen d’avoir un vrai week-end quand je vais en Bretagne avec du temps à consacrer à ma mère et à la maison et huit heures assis dans un environnement assez paisible.  En complément, j’ai beaucoup appris sur les outils utilisés (c’est un domaine qui me passionne). Auparavant, je préférais travailler au bureau plutôt qu’à la maison mais une fois qu’on est dedans et que tout le monde s’y met, c’est le bonheur. L’organisation du travail est beaucoup plus simple. Imaginez que vous ayez un quart d’heure à tuer entre deux réunions, vous pouvez ne pas travailler alors que, au bureau, il faut bien tout traiter (et ne pas subir les regards des collègues qui vous voient glander). Là, vous gagnez deux heures de transport et avez les moyens de souffler.

J’ai beaucoup appris, aussi, avec ces billets confinés notamment les jours sans travail où l’on passe des heures, comme une andouille à rédiger des billets soit politiques soit personnels (j’ai essayé de faire les deux en même temps, notamment sur la fin, mélangeant politique et vie intime). J'ai appris car un lascar comme moi pourrait pondre des billets de dix pages. Tout devient un fait marquant que vous avez envie de partager. Pourquoi n'ai-je dormi que cinq heures cette nuit ? Pourquoi n'avais-je pas trop faim à midi ? La pluie tombait drue. Je n'ai pas été dérangé par les bruits des voisins. Vous êtes là, devant l'écran blanc, parce que vous vous êtes donné comme discipline d'écrire un billet par jour et vous ne savez pas par quel bout le prendre. Faut-il que je parle de l'anniversaire de l'élection de Mitterrand ? Non, chaque année je raconte mon 10 mai 1981. Vous n'avez qu'à lire les anciens billets.

Mais je note qu’on va rester confinés. Les gens qui vivent en famille ne se rendent pas compte de ce qu’est la solitude quand tu n’as aucun proche avec qui parler sans prendre le téléphone. Cette solitude est pire encore dans les maisons de retraite et les Ephad. Il y a quand même un changement pour moi. Je pourrais aller dehors, faire un petit tour le soir, en espérant tomber sur quelqu’un de connu, acheter une bière fraiche chez l’Arabe du coin et la siroter sur un banc public me déguisant en SDF… Les nombreuses personnes âgées confinées le resteront alors que pour la vie redeviendra presque normale pour un tas de gens mais pas pour nos aînés. Et ça, je l’ai appris aussi alors que beaucoup de monde ne fait qu’acquiescer quand on en parle mais n’imaginent pas ce qu’est d’être dans une chambre, de ne voir que quatre ou cinq fois une aide-soignante par jour, même si la promenade est rendue possible depuis deux ou trois semaines. Ils ne peuvent pas s’approcher pour discuter.

Pensons fort à eux.

3 commentaires:

  1. Beau billet.
    Pour les vieux,il faut savoir que tous ne sont pas en EHPAD ( et que beaucoup n'accepteraient pas d'y aller). Confinement obligé pour certains (âge+maladie associée ): ça va bien si on est un couple qui s'entend bien,suicide obligé si on se retrouve seul (e), mais à un âge où ça n'a plus d'importance.

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    1. Non seulement, ils ne sont pas tous en Ehpad mais il n'y a pas que les Ehpad (la résidence où est ma mère n'a pas le statut d'Ehpad ce qui n'empêche pas d'avoir un agrément) et ça m'énerve. Vous avez raison pour les vieux seuls (je n'en connais qu'un, le père d'un très bon copain qui s'en occupe autant qu'il peut, le pire étant que la mère est en Ehpad depuis l'été et qu'ils ne peuvent plus se voir).

      J'imagine qu'en couple mais s'entendant bien, ça ne doit pas être très facile. Dans mon billet je parle des gens qui ne se rendent pas compte des problèmes de solitude des vieux mais je pense surtout à des gens de mon âge qui vivent en couple avec leurs grands enfants.

      Et merci ! Je préfère un "beau billet", sincère ou pas, qu'un commentaire hors sujet.

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  2. Quel rapport entre la prière et la pensée ?

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