En ce soixantième jour de déconfiture, il n’y a pas grand-chose
de neuf dans l’actualité. On parle beaucoup de souveraineté économique y compris chez les libéraux comme
notre Président. Je suis circonspect et je ne crois pas franchement à une France
d’après différente de celle d’avant et, entre nous, je ne vois pas l’intérêt de
continuer à produire des milliards de masques à plusieurs euros si le virus
disparait alors que les Chinois se mettent rapidement à en produire pour
beaucoup moins cher.
Se mettre en capacité de mettre sur pied une usine de masque
est une chose mais on ne peut pas en produire tout le temps. Par ailleurs, si
les mêmes Chinois sont capables de produire des smartphones à quelques
centaines d’années, pourquoi nous ferions nous chier à en acheter made in France
a un prix triple ?
Il faut rester raisonnable et avancer prudemment. Commençons
par ne plus importer de fraises pour Noël ou par cesser de faire parcourir des
milliers de kilomètres à du pâté de campagne surtout qu’il ne verra pas la mer
en chemin.
Il faut arrêter de dire que la covid et la pandémie sont
dues au libéralisme et au libre-échange. Un Chinois a mangé un pangolin enculé
par une chauve-souris et ça a dégénéré dans son coin. Ensuite, un touriste a
ramené ça dans nos contrées et le mal était fait. On ne va quand même pas empêcher
les touristes chinois qui ont plein de pognon grâce à la vente d’iPhone et
maintenant de masque de le dépenser chez nous pour nous permettre d’acheter des
masques et des iPhone.
D’ailleurs, en aparté, j’ai une réclamation à faire :
la reconnaissance faciale de mon iPhone fait en Chine si je porte mon masque
fait en Chine.
J’espère que le monde d’après sera fait de moins de
politiciens qui écrivent des tribunes débiles pour changer le monde d’après par
rapport à avant, ou l’inverse, je ne sais plus trop. Il nous faut une économie
et une écologie raisonnables, avec moins de transport de marchandise et d’étalement
urbain, une densification des petites villes de province pour arrêter des
mégapoles où s’entassent des bureaucrates encravatés et en masqué alors qu’ils
pourraient faire du télétravail près d’un bistro de province destiné à mourir
si rien ne change.
S’il faut sans doute tirer des conséquences de la pandémie,
ce n’est pas comme Macron qui engueule le président de Sanofi parce qu’il
réserve son futur vaccin aux américains qui ont investi dans la recherche mais
aussi en se mettant des paires de baffes pour ne pas avoir investi à leur
place. S’il faut le faire, c’est autrement, je ne sais pas comment, j’entrevois
des contours mais je ne fais pas de tribunes… Je vais donner un exemple :
avec la pandémie, je parle beaucoup de télétravail et c’est un des aspects
auquel il faut réfléchir. Les gens en télétravail vivent mieux, ils passent
moins de temps dans les transports donc leurs trajets sont moins nocifs à l’environnement.
Le télétravail permettrait de supprimer la construction de tours énergivores
avec tous leurs ascenseurs et climatisations, sans compter le coût économique
et environnemental de la construction. Ne me dites pas que 90% des salariés des
bureaux du quartier de La Défense ne pourraient pas bosser de chez eux…
Vous allez me dire que si on arrête la construction de
tours, cela fera moins de travail pour les ouvriers. Vous pensez que ça l’amuse
vraiment, l’ouvrier, de risquer sa vie dans le bruit à 150 mètres de hauteur ?
Vous pourrez me dire que cela serait mauvais pour les commerçants du centre
commercial local. Vous croyez que ça amuse vraiment la vendeuse de chaussures
de regarder des pieds et de lécher des clientes qui vont acheter des pompes qu’elles
mettront trois fois ?
Il faut tout peser, tout analyser, pour réfléchir à un
meilleur monde et pas profiter de l’arrivée d’un virus venu à pied par la Chine
pour parler de souverainisme économique sans trop savoir ce que l’on va mettre
dedans. Ce n’est pas que je sois opposé à une forme de patriotisme économique qui
me fait dire que l’on ferait mieux d’acheter français quand on peut, si l’écart
de coût et de qualité ne nous empêchent pas d’acheter ailleurs, qui me fait
dire qu’on a intérêt à défendre les entreprises françaises quand elles sont
capables de faire aussi bien que leurs concurrents d’outre-frontière. Il faut
mettre un peu d’intelligence dans tout ça.
Je parlais des ouvriers qui construisent des tours et des
vendeuses de chaussures aux Quatre Temps. Je pourrais parler de toutes les
professions. La priorité n’est pas de leur donner du travail coûte que coûte
pour enjoliver des indicateurs économiques. Il y a d’autres pistes. Améliorer
la formation pour leur permettre de faire autre chose en est une mais je n’y
crois pas. Depuis qu’il y a du chômage de masse, en France, on parle de
formation mais le temps de former les gens parce qu’il faut que la machine d’Etat
se mette en route, les métiers ont changé et d’autres sont plus compétents en
ayant appris sur le tas. Les recettes du monde d’avant ne feront pas le monde d’après.
Alors ratissons large, il y a le partage du travail et donc des revenus, une
amélioration de redistribution par l’impôt progressif, le revenu universel,… Un
tas de choses défendues par ma famille politique de longue date mais qui ne
fait pas recette dans les urnes et qui ont été balayées par les alternances et
qui seront balayées par les alternances, alternances aussi provoquées par une
gauche progressiste qui ne fait que défendre les idées du monde d’avant celui d’avant,
alternances aussi provoquées par une gauche de gouvernement qui a arrêté la
machine à penser au nom de quelques doctrines.
Il faut changer. Dans ce billet, par exemple, je défends un
patriotisme économique, un Etat assurant mieux la répartition des revenus mais
aussi du libéralisme, du libre-échange. Achetons des smartphones produits en
Chine parce qu’ils sont moins chers parce que plus de monde peux en acheter. Il
y a quelques temps, on parlait beaucoup des centres d’appel délocalisés, une
aberration économique, les lascars parlent mal la langue, ne sont pas habitués
à nos modes de vie. Le coût serait bien moins élevé pour les entreprises si les
opérateurs pouvaient faire le boulot de chez eux, dans nos villes et nos
campagnes. Mais l’Etat ne peut pas tout faire, laissons les entreprises innover…
L’Etat à mieux à faire comme instituer une retraite
universelle en fonction des années de travail et des montants cotisés mais la
gauche s’est efforcée, l’an dernier à combattre une réforme, certes mauvaise
sur les principes mais qui permet d’arrêt des corporatisme, de prendre en compte
l’évolution du monde du travail, j’en parlais avec mes vendeuses de chaussure,
mes ouvriers et mes opérateurs de centre d’appel. La gauche ne doit pas se
tromper de combat dans ses tribunes pour le monde d’après.
Il y a un aspect dont je n’ai pas parlé mais pour lequel il
est évident que le monde d’après droit tirer les enseignements : la santé,
l’hôpital mais aussi la dépendance et les personnes âgées. Je m’exprime d’autant
plus librement que je n’y connais rien. Hors pandémie, les gens seraient-ils d’accord
de payer plus d’impôt pour maintenir des lits en réanimation qui restent vides ?
La réponse est dans la question, il me semble… Je n’ai pas de solution mais je
constate que toutes les réformes faites depuis que le sujet m’intéresse ont été
un échec. Rappelez-vous du carnet de santé qui a précédé la carte Vitale… Voir
la santé dans une logique économique est une aberration par ailleurs
contreproductive. La facturation à l’acte est une connerie. Tout est une
connerie. Il faudrait un billet entier pour exprimer mon idée… Disons que les
médecins devraient tous être libéraux mais ne pouvoir exercer que dans des
administrations gérées par les collectivités territoriales ou un truc comme ça.
Voire le contraire. Je ne sais pas. Mais tout est à revoir.
Tout est à revoir dans le monde d’après mais on sait que
cela ne sera pas fait parce que du populisme et du capitalisme financiers reprendront
les droits.
Mais, de grâce, arrêtez les tribunes montées en urgence et
arrêtez de les signer.
Sauf la mienne.
Je suis d'accord mais je ne peux pas signer une non-tribune piégée par une contrepeterie vieille comme le monde en plein milieu et que tu relis trois fois (en vain) pour trouver les autres...
RépondreSupprimerJe ne suis pas amateurs de contrepèterie mais celle là est la base comme la belge, "il fait beau et chaud".
Supprimerje n'ai même pas lu cette tribune ayant vu quelle dénonçait 40 ans de politique : du foutage de gueule quand on voit que les signataires étaient où pendant ces 40 ans ? C'est comme ces socialistes que je ne citerai pas : ils ont défendus la politique de Hollande parfois de très près même quand ça conduisait à "fermer des lits" dans les hopitaux..
RépondreSupprimerSinon tu parles de la réforme des retraites, moi je suis toujours pour, et qu'on mette un bonus en €/années de départ avancées (5 ans) à taux plein donc amplifié par le super bonus aux profession de santé ayant été actifs dans cette pandeméie (mais pas aux cadres dans les bureaux/direction): que ce soit l'aide soignant, l'infirmière, le medecin, laborantin, infirmiers, chercheurs, pompiers du samu, securité civile, logisticiens des hopitaux et même par avance aux étudiants en médecin/eleve infirmière qui ont bossé lors cette crise... La nation leur doit bien ça, et je met au défi d'autres de dire "on mérite la même chose": non. Là on parle de gens qui ont 2 ou 5 étages de hierarchies au dessus d'eaux (et inutiles à 50% vu l'eccart avec l'allemagne sur les memes types d'hopitaux) et qui on abbatu un sacré boulot et nous ont évité 100 000 morts.
Les tribunes me font rire. ET oui pour les soignants. Il parait qu'ils auront droit à une médaille.
Supprimer« Il faut tout peser, tout analyser, pour réfléchir à un meilleur monde »
RépondreSupprimerCela ne servira à rien : le monde s'est toujours construit "au petit bonheur", en se foutant comme de l'an 40 de nos pesées, analyses ou réflexions.
Au pire, quand un monde se construit effectivement à partir d'une réflexion préalable et volontariste, cela donne le nazisme ou le communisme : merci bien.
On est parfaitement d'accord ! Mais je m'adresse plus aux groupes de personnes qui pondent des tribunes pour refaire le monde de demain. Ils y mettent d'importe quoi et ne pensent pas à faire un truc cohérent et pouvant attirer des électeurs. Je suggère donc qu'ils réfléchissent avant de se lancer dans la surenchère de promesses idiotes...
SupprimerVous leur demandez beaucoup…
SupprimerOui et non. Il sont la risée de bande qui était proche du PS dans les réseaux sociaux... Mais je ne demande rien. Je fais mon billet de blog qui aura peut-être 300 lecteurs, il est trop long pour que les gens prennent le temps de me lire (ce dont je me fous un peu) et aucun type écrivant une tribune ne le lira.
SupprimerBon, à part ça, je vous signale qu'on est samedi : est-ce que les déconfinés du 3ème âge et leur jeune infirmière vont se remettre à picoler devant leurs écrans ce soir ?
SupprimerBien sûr !
SupprimerÇa sent fort le retour des bourrins socialistes Montebourg et Royal pour 2022 pour un souverainisme de gauche (dont je ne sais pas kézaco) contre le souverainisme de droite Lepeniste. Quant à la signature de tribunes, c'est bien de la pignolade de gauche bobo en plein préparatifs de vacances d'été. Sinon, d'accord pour dire que la fabrication de masques ne durera que le temps de la trouille, son usage ne sera pas permanent et l'économie déteste les stocks. Pour la médecine toussa, il faut reconnaitre qu'un hopital flambant neuf sans personnel, ne sert à rien... à part à la propagande. C'est bien d'ouvrir le numérus clausus et arrêter les concours d'entrée bêtifiants. La gauche au pouvoir avait oublié de la faire, c'est mal.
RépondreSupprimerOn est d'accord ! Je ne crois pas au retour de Royal. Ses anciennes troupes ne peuvent plus la blairer.
SupprimerCe qui est fou, c'est que Royal estime qu'elle a une légitimité à être présidente de la République du seul fait qu'elle a fait l' ENA.
Supprimer